Il lui fallait souvent s'arrêter pour marquer son respect aux nobles qu'elle croisait. De toute manière, elle ne se rendait nulle part en particulier et n'avait d'autre but que de représenter sa famille parmi l'aristocratie anglaise. Telle était sa mission : frayer avec les personnes de son rang en montrant, par ses manières posées, sa bonne éducation ainsi que la qualité de son lignage.
Elle se sentait pareille à une feuille tombée dans un ruisseau et ballottée par les flots. Le courant l'emportait et elle n'avait aucun moyen d'éviter les rochers sur lesquels elle risquait de s'écraser.
Pour rien au monde elle ne serait retournée dans la grand-salle pour demander un lit à ses ravisseurs. Elle n'était pas impuissante. Elle subviendrait à ses propres besoins en utilisant sa tête. Le principal était de ne pas subir. Ne jamais subir.
1439
l'air sentait le printemps. Deirdre leva la tête et respira la brise. Les yeux clos et le sourire aux lèvres. Elle sentait le parfum de bruyère porté par le vent.
Mais cette odeur lui évoquait aussi un souvenir qu'elle avait jusqu'alors cantonné dans les tréfonds de sa conscience, le souvenir d'un autre printemps, deux ans auparavant ,où un homme l'avait séduite avec des bouquets de bruyère et des paroles suaves. des paroles mensongères.
- Voilà trop longtemps que tu rumine ta colère Deirdre.
Une femme qui redoute de décevoir son mari en ne lui donnant pas d’enfant est aussi admirable qu’une autre décidée à lui plaire en cédant à tous ses désirs…