Mathieu Dejean

« L'univers culturel et politique de la droite a pour ainsi dire disparu des bancs et des amphis de Sciences Po », écrivent les deux politologues, qui concluent : « En vingt ans, la société française ainsi que sa jeunesse se sont droitisées mais les étudiants de Sciences Po sont restés dans la même matrice de gauche tout en se radicalisant. » Ces données confirment à petite échelle un retournement sociologique observé depuis le début des années 2000 : ce ne sont plus les moins dotés en patrimoine, revenus et diplômes qui votent à gauche, mais les plus instruits, une sorte de « classe éduquée», quand la droite, elle, continue d'attirer les plus hauts revenus et patrimoines. D'où l'inquiétude grandissante sur l'impuissance politique de la gauche tant qu'elle sera coupée des classes populaires, écœurées notamment par la conversion au néolibéralisme du Parti socialiste au début des années 1980.

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Dans un reportage de I'ORTF datant de 1971, un élève interrogé dans l'enceinte du bâtiment dit son désarroi face à l'atonie de l'institution : « C'est très ennuyeux, c'est très surfait, c'est très artificiel. » Le journaliste le relance : « Alors pourquoi y êtes-vous? » L'élève répond, en souriant : « Ah bah je me demande. Parce que j'y croyais, j'y croyais après Mai 68. Je croyais qu'on recevait une formation politique ici, spécialisée, et en fait, apparemment c'est l'endroit où l'enseignement est le plus dépolitisé, et c'est là où l'idéologie dominante est le mieux transmise ».

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