Dans la politique de l'établissement, c'était la vie et surtout l'envie des résidents qui primait. Les soignants parlaient de projet de vie, respectaient leur rythme et leurs habitudes. Pas de levers aux aurores pour la distribution des traitements dans cette maison. Les aides-soignantes accompagnaient les résidents au moment de leur réveil, au petit déjeuner ou la toilette selon leur préférence du jour. La structure accueillait des personnes âgées dépendantes mais pas forcément malades.
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J’écris « une » car les femmes continuent à occuper la majorité des postes paramédicaux. C’est dommage d’ailleurs. Je trouve que la mixité dans les services permet d’équilibrer les équipes et de lutter contre les énergies négatives, grâce à l’humour masculin notamment.
je dois justifier les 1 600 euros mensuels contre lesquels j’échange mes compétences de soignante, mon efficience, mon savoir-faire, ma dextérité, mon sens de l’organisation, ma collaboration auprès d’une équipe soignante, mon savoir-être, mes sourires automatiques, ma disponibilité auprès des personnes qui en ont besoin, mes connaissances en pharmacologie, physiopathologie et autres processus dégénératifs liés à l’âge.
Ce matin, mon seul moyen de supporter la pression que je me mets, c’est d’essayer de limiter l’écart creusé entre l’heure et mon plan de soin. Donc je m’imagine des œillères et j’avance, laissant derrière moi couler au goutte à goutte encore un peu de mes valeurs soignantes axées sur le relationnel, l’empathie et la dignité de la personne. Même la dimension psychiatrique est négligée, faute de temps.