Je ne connais rien à la danse. Pire, même, je crois que je n’y comprends rien. Et cela pèse sans doute sur ma réception de ce roman graphique qui, lui, en est totalement imprégné. L’album se termine d’ailleurs, dans une partie appelée Inspirations, par le portrait de trois figures de la danse, Rudolf Laban, Mary Wigman et Kurt Jooss. Et je me demande, sans pouvoir répondre à cette interrogation, si l’ouvrage ne s’inspire pas, pour représenter la danse, de la « Labanotation » inventée par le premier, manière de noter des chorégraphies… mais qui, pour des candides, donne un résultat assez ésotérique.
Je n’adore pas ce genre de dessins, et je n’ai rien compris aux passages sur la danse. Forcément, cela me met dans une situation difficile par rapport à cet album qui est entièrement consacré à cette dernière.
En revanche, j’ai vraiment trouvé l’histoire intéressante. Ce jeune allemand, venant d’une Allemagne à peine sortie de la guerre et encore profondément marquée par cet épisode de l’histoire, et débarquant à New-York, se retrouve plongé dans un milieu marqué à la fois par une ébullition permanente, mais qui souffre également d’une sorte de ghettoïsation. Anthony, jeune danseur noir, en est d’ailleurs une sorte d’incarnation, rejeté des circuits ouverts aux blancs. Mais Patty, pour sa part, souligne également le machisme d’un milieu artistique qui pourrait pourtant paraître d’avant-garde, mais qui ne lui renvoie que condescendance lorsqu’elle ose présenter un projet. Elle ne supporte plus ces hommes, dont le chorégraphe dont elle est l’assistante, qui la renvoie à ses chères études, en l’appelant « ma p’tite », « mon chou », « ma jolie ».
Dans la difficulté qu’il y a à arriver quelque part d’inconnu – New-York, pour le jeune Essenien, c’est un autre monde -, il y a aussi toute la difficulté de la différence, que l’on soit homosexuel ou femme.
Uli aime Anthony, mais celui-ci le rejette, parce qu’il mène un autre combat, celui d’un noir à New-York.
Jacob aime Uli, mais ce n’est pas lui que ce dernier espère.
Patty attend de la reconnaissance.
Et chacun se débat comme il peut avec ses blessures, ses espoirs et ses difficultés.
Une belle histoire de vie, donc… Même si, pour moi, elle a été rendue compliquée par la dimension graphique de la danse, et que je ne peux pas ne pas le dire…
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