Les voyages graphiques de Manuele Fior
Nous ne serons jamais vraiment d'ici. Mais en partant, nous avons aussi cessé d'appartenir à l'endroit que nous avons quitté. Nous serons toujours des étrangers ici. Et avec le temps, nous le devenons également aux yeux de ceux que nous aimons. Nous croyons être libres. En vérité, nous sommes des exilés, des âmes égarées.
"Même quand je suis seule, je sens que votre regard me rejoint. Il m'arrive par vagues, de plus en plus fortes. Comme une marée de douceur infinie. Il passe à travers le mur et je reste désarmée, paralysée, en attendant la vague suivante."
Tu sais ce qui est pire que partir ?
Revenir. Te dire que tu as fait tes expériences. Et qu'il est temps de rentrer à la maison. Tout retrouver comme tu l'as laissé. Rien n'a changé à part toi-même
- La première approche est décisive, tu sais ? Si ça rate, c'est fini pour toi, le contact physique par exemple, c'est très important. Les femmes aiment être touchées ! Tu lui tiens la main, une caresse à gauche, une caresse à droite, et là tu lâches une connerie du genre...
- T'es trop belle.
- Exact.
- Et ça se termine au lit. Ensuite on se marie, on fait des enfants et on vieillit ensemble. C'était quoi déjà la première chose à faire ?
Que serions-nous s'il ne nous restait même pas les rêves?
Figure-toi que je vois le même paysage depuis que je suis née. Crois-moi si tu veux mais c'est comme si je ne ressentais pas le besoin de voir autre chose. Au contraire, le plus petit changement me dérange. Je voudrais que tout reste pareil.
J'aimerais assez me marier en Italie, mais pas avec un Italien.
- Je n'ai jamais compris ces gens qui s'amusent à déposer des cailloux sur les tombes...
- C'est une vieille tradition hébraïque. En hébreu, pierre se dit 'Even'. Qui s'écrit avec les lettres Aleph, Beth et Nun. Qui correspondent aussi à Ani-Bikarti-Niftar. Que l'on pourrait traduire par : "J'ai rendu visite au défunt."
(p. 29)
Nous ne serons jamais vraiment d'ici. Mais en partant, nous avons aussi cessé d'appartenir à l'endroit que nous avons quitté.
Nous seront toujours des étrangers ici. Et avec le temps, nous le devenons également aux yeux de ceux que nous aimons. Nous croyons être libres.
En vérité, nous sommes des exilés, des âmes égarées.
Hassan me dit souvent que je devrais retourner à la maison. Je lui réponds que je me sens libre ici. Que je suis heureux. Vous savez ce qu’il me répond ? Que ce n’est pas une question de liberté ou de bonheur mais de faire le bon choix.