Mehdi Belhaj Kacem@la Generale_Mehdi de cinq à sept_#5 Transgression
Car vous savez désormais que si le porno masculin est d’une bêtise presque ineffable, d’autant plus qu’à être un mec on est soumis au processus et à l’automaton érotique qu’il révèle, la presse féminine est la pornographie des corps adjectivés de même… Le désir féminin, réfléchi dans sa « presse » comme le masculin se réfléchit dans la sienne, le cliché est connu, enveloppe tout, traverse tout. Il a une saisie globale de lui-même, tandis que le masculin, c’est le moins que l’on puisse dire, se localise, se focalise. L’homme est suspendu à sa jouissance, c’est l’essence de son désir, la femme atomisée dans la schize omnivore de son désir, où elle trouve l’essence de sa jouissance. Ou pas : on a baptisé ça l’hystérie.
Je garderai mon cerveau bio, lequel me servira à écrire, comme je le fis dans le passé, des livres qu'aucune Intelligence Artificielle, aucun ordinateur quantique, aucun cyborg augmenté de toutes parts ne sera en mesure de seulement esquisser.
La "démocratie" a réussi ce miracle d'interdire à tous ses citoyens ce que les fascismes les plus durs n'avaient pas réussi à faire: interroger l’au-delà de l’État lui même, au risque de rencontrer le vide
Il y' a chez Heidegger une totale forclusion de la science, des arts autres que le seul poème (rien sur la musique, presque rien sur la peinture), et des autres procédures génériques (rien sur l'amour, et quant au politique...). Le criticisme allemand, fort de son génie philosophique, a glissé avec Nietzsche et Heidegger dans la posture prophétique jetant ses décrets sur tout, et manquant de curiosité minimale pour les pensées autre que la philosophie
Quand untel reproche à Deleuze de "mal écrire", c'est qu'il ne comprend rien au concept: l'écriture de Deleuze est toute entière au service du mouvement conceptuel, le plus ample - au niveau, disons, des harmoniques -, de toutes les créations philosophiques importantes du vingtième siècle. Ceux qui lui reprochent de mal écrire sont ceux qui ne savent tout simplement pas lire la philosophie, et donc n'y comprennent rien, en général.
Artaud a cette phrase terrible, atroce, insoutenable, qu’on peut en effet mettre sur le compte du délire, de la psychose, etc. – la « passion d’Artaud », a dit cliniquement Lacan l’une des très rares fois où il a daigné s’exprimer là-dessus, lui qui avait diagnostiqué en 1937 ou 38, je ne sais plus, qu’Artaud « n’écrirait plus une ligne » –, ce passage se trouve dans les cahiers d’Ivry, ceux sortis en fac-similé – justement –, et je crois bien n’avoir jamais rien lu de si bouleversant. C’est une phrase où un abîme éthique est en jeu : « Je ne veux pas être bien, parce que je me / reposerais / et que je serais / soulagé dans le mal / Je veux être mal dans / le mal / et mal tant qu’il y aura du mal / Je ne veux pas être bien / Tant qu’il y / aura un atome / un soupçon de mal / je veux souffrir / toujours ».
Vous n'en menez pas, de part et d'autre, très large; vous vous rencontrez tous deux mal en point, et ces rencontres font un peu club des célibataires, à deux; un peu mortuaire. Vous n'êtes pas au sommet, l'un et l'autre, de vos formes respectives, pour des raisons qui seront aussi, ici, laissées dans l'ombre. Vos charismes, qui ne sont pas, de façon générale, rien non plus, ne brillent pas de leur meilleur éclat; vous êtes même plutôt ternes, et c'est cependant à ces rencontres, contre toute attente, que vous prenez goût. Vous vous prêtez main forte, sans en avoir l'air, l'air même dégagé, pour autant que vos états, plutôt mélancolique, pour l'une, plutôt dépressif, pour l'autre, s'y prêtent. Vous vous réchauffez, en somme, d'une ambiance plutôt grise. Vous vous y faîtes, et faîtes même surtout ça.
Le désir amoureux, c'est toujours le désir de manger l'autre par les symboles. L'événement, c'est cette tension cannibalistique
Lacan sera au XXIe siècle ce que Nietzsche a été pour le XXe siècle : une véritable explosion, libération de la pensée.
L'impasse de la jouissance, coïncidence impossible de l'usage, c'est la dépression. La mélancolie, la belle mélancolie, était une maladie du désir; la dépression est une maladie de la jouissance. Elle est l'affect même du nihilisme, et le réel du nihilisme démocratique.