Citations de Micaina Coquart (36)
Attentive aux paroles
Par ton parfum diffusées,
Qui te racontent,
J’écoute, silencieuse,
Le message de tes pores :
Ils me disent ta peur
De quelques notes dispersées,
Soufflent ta douceur, anisée,
Ne taisent ta virilité
Acidulée, qui m’embrasse
Et m’envoûte.
Mets du bleu dans mes yeux
Un coin de ciel qui dilate
Mon coeur au rythme écarlate :
C’est du feu qu’est issu l’aveu
Que dire de ce jour,
Où je tremblais, abandonnée
A tes doigts, messagers
D’un dialogue sans détours
Sibérie »
Tes terres au drapé inconnu, mornes et sauvages, intimidées voudraient taire aux hommes leur richesse, héritage d’hier. Et l’on te dépouille, toi la généreuse au visage de bois ! Tes eaux m’appellent, profondes elles creusent mon ciel d’idéaux lointains. Mes nuits s’évadent de ce soleil bétonné. Miroirs glacés, éblouissent !
Rêver de reflets, Liberté, tes idoles me protègent ! Le gris de tes images parfumées illumine tes enfants tremblants de toi. Tes terres solitaires sanctifient la présence séculaire des esprits oubliés de tes fils.
Tout au plus parvenais-je, encouragée par le silence confident, à tenter de le conjuguer au conditionnel, soutenu par des «si» incantatoires.
Un jour, même, avais-je osé un futur, séduite par ses rêveuses hypothèses...
Tout changea lorsque le passé, composé de ses conséquences à venir, fut formulé d’une bouche, hésitante et frileuse...
Tes yeux déjà plongés dans les siens, tu n'es plus l'étranger, l'inconnu, mais celui pour lequel Elle osera révéler ses appétits qui déjà se dessinent dans son regard suggestif et gourmand.
Alcoolisable assoiffé, tu cèdes à petit feu, t'inclines devant cette eau de jouissance qui t'est servie, apéritive saveur de la réjouvence qui s'ensuivra.
« Physiologie du manque amoureux »
Mon Amour,
J’ai faim. Mon ventre te réclame. Son chant désolé
mendie ton étreinte lointaine.
Hésitant, ton doigt se décide enfin à appuyer doucement sur la sonnette qui se présente à lui, seul petit point lumineux au milieu de ce grand couloir déserté même par l'écho.
"J'aurais voulu..."
J'aurais voulu n'y plus penser, oublier !
J'aurais voulu n'en plus rêver, m'éveiller !
J'aurais pensé n'en plus vouloir, refuser...
« Sibérithérapie »
Sibérie, hiver, verre d’un cœur transparent,
Si ma vie, visage sans saveur, là m’attend,
Si voyage est ma devise, valeur de rêves,
Si l’heure meurt, liqueur amère libérant sa sève,
Là-bas, l’appel du loup lové de mes images
La volia oubliée, adage de mes vœux sans âge, La voilà dévoilée, hommage à l’Enneigée La lèvre étrangère s’est désentravée !
Si le temps n’est plus à ma portée,
Mes notes trop noires et crochues,
Mes silences longs et appuyés,
La clef de l’air me sera échue :
Je prendrai la mesure aiguë sans respirer.
" L’une après l’autre ses bretelles en dentelle s’affaissent au sol, et la voici, nue, toute à toi, qui déjà enfiles ton costume d’Adam. "
" Tambour me tue,
Je vis de ces sons,
Echos de mes pensées
Mesurées, affolées
Me frappent : je sens
La violence du vivre,
la joie d'être je sens,
L'offensive d'un sourire. "
"Métamorphose formulée"
Tendresse sauvage, orage de caresses,
Telle je suis, moi qui me voudrais tienne
Sensuelle banquises, frisson émotionnel,
Telle je vis, moi qui me voudrais tienne
« Lovience »
Jamais encore la mémoire l’avait tant désertée,
Une ondée électrique inondait tout souvenir,
Allant venant sur ses dunes laiteuses oubliées,
Latents ions venus sur ses lèvres mourir
D’un saoul rire immaculé sous la touche orangée
Elle fondit en baisers mouvants, ressassant son plaisir
Alors que ta bouche savoure l’un de ses monts lactés qui pointe sous ta caresse apicale, ta main attise le feu de son gémellaire mamelon, mont-à-mont jusqu’à Vénus, qui espère l’arrivée de son hôte chapeauté et col roulé.
A toutes les victimes innocentes des guerres qui font fi de la vie humaine civile.
Ci règne la sirène, pour un pleur
De peur : ci saigne ce signe gravé
Gavé d'histoire relue, rebue : l'heure
Gravite, médite, subite habituée
De l'obus, abus du langage dégagé.
Que grimpent craintes et plaintes,
L'homme gît : le char surgit,
Aiguise ses fers contre chair, plie
La loi voilée de noir, de soir, sainte
Foi ployée : nudité du droit, du froid.
Ci jouir d'un nom est ouïr le canon
Nuire, fuir, sourire et mourir, résistons !
Gravité aiguë et condescendance accentuée,
Indifférence férue de refus, déshumanité :
La vie se mire dans ces mouroirs, voit
Ces cadenas qui, en cadence, révulsent
le choix, le soi, sans cesser de valser
Sur un air guerrier à mille temps.
Les armées se croisent en un geste litigieux :
Les uns choient, meurent d'amour religieux,
D'autres rougissent du feu frère qui coule.
Ces êtres en transe prêtent l'encens des foules
A un dieu sourd aux paroles pleines d'enjeu
Immolées sous ses cieux.
Ton sang pleure ; son eau de fille
Coule en une langue absente.
Et toi, tes mots oublient
Ses gestes noyés ; les jours courent,
Tes veines pleuvent et ton cœur
Déborde de tes océans, mémoire
Profonde, vivante, brûlante et bleue.
La distance, dérive, s’enlise et s’échoue
Ton sang d’encre marine brise
Sa glace lacustre ; ton sang abreuve
L’Ondine ; et la maternité en nage
De plonger doit boire ces larmes.