Ce tome constitue une deuxième saison pour le personnage Cave Carson, après celle en douze épisodes, intitulée Cave carson has a Cynernetic Eye. Celui-ci contient les 6 épisodes de la minisérie (l'intégrale de la deuxième saison), initialement parus en 2018, écrits par Jon Riveira, dessinés et encrés par Michael Avon Oeming, et mis en couleurs par Nick Filardi. Il comprend également la couverture variante réalisée par Christian Ward, ainsi qu'une histoire en 15 pages, écrites par Jon Rivera, et dessinée, encrée et mise en couleurs par Paul Maybury.
Sur une autre planète, dans le palais de Star Adam, les robots serviteurs s'activent pour tout nettoyer et tout ranger avant l'arrivée des invités. Le vaisseau Mighty Mole se pose en catastrophe, abîmant un mur. Cave Carson fait remarquer à Marc Bartow qu'il lui reste des progrès à faire en conduite. Cave Carson, Marc Bartow et Chloe Carson descendent du vaisseau, et Cave Carson l'envoie dans une dimension portable de poche grâce à son œil cybernétique. Ils viennent rendre visite à Star Adam, un chanteur extraterrestre, qui avait enregistré sur Terre, avec l'aide de Cave Carson. Ils le trouvent avec une taille de géant qui tient à peine dans la pièce pourtant haute de plafond de plusieurs mètres. Star Adam confirme que la chanson Chole parle bien de son chien, cette même chanson qui a servi à Cave Carson pour choisir le prénom de sa fille. Il présente ses condoléances pour le décès de Mazra P'Thrall. Il s'excuse auprès de Cave Carson d'avoir été un ami trop absent, et il leur annonce qu'il va bientôt mourir.
Cave Carson, Chloe Carson et Marc Bartow acceptent d'emmener Adam Star dans l'espace pour y vivre ses derniers instants. Par la suite, le trio mené par Cave Carson arrive sur une autre planète où ils sont accueillis par des membres de la communauté des Lazer Monks. Ils leur expliquent qu'ils défendent ce monde contre la communauté des Nejire. Ils reconnaissent en Cave Carson, le progéniteur du mythe. Ils lui demandent de les aider contre les Nejire. Cave Carson indique qu'i ne souhaite pas se mêler de politique, et il interroge leur représentant sur de curieux cristaux. Il lui répond qu'ils proviennent de la grotte des acquisitions. Les circonstances amènent Cave Carson, Chloe Carson et Marc Bartow à pénétrer dans cette grotte, en compagnie des Lazer Monks, poursuivis par les Nejire. Par la suite, le trio visite l'épave d'un vaisseau dans des grottes sur une autre planète. Ils arrivent enfin sur une planète où se produit Adam Star, pour leur plus grande surprise.
Après la première saison, le lecteur peut revenir pour les dessins très particulier de Michael Avon Oeming, pour savoir ce qui arrive aux personnages, ou pour le ton très décalé de la narration. Comme dans les 12 premiers épisodes, il faut un temps d'adaptation au lecteur pour apprécier ce qu'il lit, et comprendre ce qui fait qu'il éprouve des difficultés à se concentrer sur l'histoire. Au bout de quelques pages, il comprend que sa désorientation est générée par la narration visuelle. Michael Avon Oeming dessine de manière descriptive, avec un degré de simplification dans les formes et un degré d'exagération. Ce parti pris apparaît de manière évidente dans les visages des personnages. Ils semblent tous être dans une tranche d'âge entre 20 et 35 ans, indépendamment de leur génération, la seule concession étant une ride horizontale barrant le front de Cave Carson. L'artiste aime bien représenter des yeux avec des iris tout ronds, ou parfois réduits à de simples points. Il représente souvent les lèvres par 2 simples traits, ou par de petits boudins, ce qui lui permet d'accentuer les expressions de visage, tout en conférant une apparence de dessin animé pour la jeunesse. Le lecteur observe toutefois qu'Oeming a diminué le degré d'intensité de ce mode de représentation, de même qu'il s'en tient à des morphologies humaines plus réalistes, avec des bouts de doigt moins carrés.
La distraction du lecteur provient d'autres éléments visuels. Pour commencer, Michael Avon Oeming se montre particulièrement inventif en termes de découpage de page, reproduisant rarement 2 fois le même. Le lecteur retrouve bien des cases rectangulaires, avec un pourtour tracé à l'encre, mais elles sont rarement sagement alignées. Il y a en a de toutes les tailles, des de la largeur de la page, comme d'autres minuscules et accolées à leurs voisines. Il y en a également une majorité dépourvue de bordure de case. Ces bordures peuvent être tracées avec un trait noir, ou un trait blanc, ou un trait de tout autre couleur, ou même plusieurs traits l'un autour de l'autre. La séparation entre les cases peut également se faire par une trame à gros points de couleur, par un simple collage sur un fond avec un camaïeu, par les ondes d'une énergie, par une route luminescente, avec des formes de patates, d'étoiles, de courbes erratiques. Le choix du découpage, de la forme des cases et de leur juxtaposition est en lien directe avec la nature de la scène. Le lecteur se retrouve également distrait par la mise en couleurs de type psychédélique, avec des couleurs vives et soutenues, et des trames de point appliquées sur une moyenne de 4 pages sur 5. La narration visuelle est rigoureuse, mais avec une forme exubérante captant une part significative de l'attention du lecteur.
L'exubérance de Michael Avon Oeming et de Nick Filardi est en phase avec le ton du récit. Ils rendent apparente la richesse de l'univers, les forces sous-jacentes invisibles à l'œil nue, les effets psychotropes de plusieurs substances, l'altération de la perception de la réalité quand ce qui est observé défie l'entendement par sa nouveauté, ou par des propriétés qui ne sont perceptibles que pour partie par l'œil humain. De séquence en séquence, le lecteur se retrouve comme hypnotisé par des spectacles parfois grandioses, parfois absurdes, et toute la gamme entre les deux : l'étoffe luminescente habillant le corps géant d'Adam Star, l'effet psychotrope du chant d'Adam Star, les distorsions de l'espace provoquées par sa mort, les réseaux cristallins de la grotte des acquisitions, la vision altérée de Marc Bartow, la flore étrange de la planète où se trouve l'épave de vaisseau, l'espèce de virus intelligent en forme de méduse, Lena le lémure, etc. Chaque épisode est un festival de visions inattendues, avec à plusieurs reprises une perception altérée de la réalité, par l'ingestion de substances psychotropes, en particulier par Marc Bartow.
Par rapport à la première saison, Jon Rivera a choisi une construction plus simple sur la base de plusieurs aventures successives, de planète en planète, avec un début et une fin mettant en scène Adam Star. Il a également choisi de s'en tenir à une distribution réduite, essentiellement le trio : Cave Carson, Chloe Carson, Marc Bartow. Il indique dès le premier épisode comment Marc Bartow peut être présent malgré ce qui lui est arrivé dans la première saison, avec une explication en phase avec la logique de la série. Il continue de développer l'histoire personnelle de Cave Carson et ses relations avec sa fille. Le premier épisode se focalise sur la relation d'amitié de Carson avec Adam Star. La deuxième histoire met en scène l'alliance de 2 peuples, faisant écho au rapprochement opéré par Carson en épousant la princesse d'un autre peuple. L'épisode 4 fournit l'occasion à Carson de réévaluer sa relation avec sa fille Chloe. La dernière histoire est l'occasion pour lui de retrouver un ami perdu et de se réconcilier avec lui. Ces épisodes ne se limitent pas à une succession d'aventures échevelées, car le personnage principal évolue au fil des tribulations et prend du recul sur ses choix de vie. Chloe et Cave Carson gagnent en épaisseur et le lecteur ressent de l'empathie pour ce père embringué dans des situations qu'il ne maîtrise pas, et pour cette fille adulte capable d'assister son père, sans servilité.
Au fil des épisodes, le lecteur remarque également que Jon Rivera fait preuve d'une inventivité aussi grande que celle de Michael Avon Omeing et Nick Filardi, en ce qui concerne les péripéties. Il note quelques hommages très discrets, un dessin évoquant Jack Kirby en mode cosmique, une ambiance proche de celle de Nexus de Mike Baron & Steve Rude, une mention de la dimension Meta de Shade the Changing Man, personnage créé par Steve Ditko. En prenant un peu de recul, il se rend compte que le scénariste parle également de thèmes personnels. Les propriétés psychédéliques de la voix d'Adam Star constituent une description de la puissance de la musique, de sa capacité à transporter l'auditeur dans un autre monde. L'histoire suivante montre des individus totalement asservis aux us et coutumes de leur société et de leur civilisation. L'histoire suivante met en scène une étrange faune reproduisant un schéma comportemental dicté par une civilisation qui n'était pas la leur et qu'elle ne remet pas en question. La dernière histoire aborde la notion de pardon de manière intelligente.
Le tome se termine avec une histoire courte dessinée par Paul Maybury qui revient sur une autre époque passée de la vie de Cave Carson et en particulier la naissance de son inimitié avec Bulldozer Smith, un des membres de son équipe. Elle est écrite par le même scénariste, ce qui fait que le lecteur compare tout naturellement l'intensité de la narration avec les 6 épisodes, ce qui confirme son impression sur l'apport significatif de Michael Avon Oeming et Nick Filardi dans l'intensité de la narration.
À l'issue de la première saison, le lecteur n'était pas entièrement convaincu de revenir pour la deuxième. Ayant rapidement feuilleté ce tome, la tentation est trop forte de se replonger dans la riche narration visuelle de Michael Avon Oeming et Nick Filardi. Ces artistes n'ont rien perdu de la force graphique de leurs planches, se montrant inventifs à chaque page. Une fois qu'il s'est adapté à cette richesse visuelle, le lecteur apprécie de retrouver Cave et Chloe Carson pour de nouvelles aventures interstellaires échevelées, et se rend compte que le scénariste sait insuffler de la vie à ses personnages, et qu'il parle de thèmes personnels avec une réelle sensibilité.
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