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Citations de Michel Baglin (149)


Michel Baglin
J’écris pour tenir tête au silence établi,
pour rallumer des mots éteints par l’habitude
et les garder vivants face à cette hébétude
qui pétrifie le cœur et qui nous désunit.

(De chair et de mots - J'écris)
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Michel Baglin
Cette vie la porter
jusqu'à l'incandescence
comme un bouquet fragile
d'étincelles sauvées
dont seul l'éclat fertile
aurait un peu de sens.
La porter comme un feu
au temps des hommes nus,
comme un noyau de braise
à transmettre à tous ceux
qui refont la genèse
en paradis perdu.(...)

Cette vie l'enchanter
d'un sourire entrevu,
de ces bonheurs fortuits
du passant amusé
et des odeurs cueillies
par hasard dans la rue.
L'enchanter à l'envie,
à petits coups de coeur,
à petits coups de chance,
en quêtant l'âme soeur
ou la clarté d'enfance
dans un regard surpris.

(" De chair et de mots")
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Frères de terre

Je n’ai pas de frères de race,
j’ai des frères de condition,
des frères de fortune et d’infortune,
de même fragilité, de même trouble
et pareillement promis à la poussière
et pareillement entêtés à servir
si possible à quelque chose,
à quelqu’un, même d’inconnu,
à quelque frère de même portée,
de même siècle, ou d’avenir…

Je n’ai pas de frères de race,
ni de religion, ni de communauté,
pas de frères de couleur,
pas de frères de guerre ou de combat,
je n’ai que des frères de Terre
secoués dans la galère
des espoirs et désespoirs
des mortels embarqués,
des frères de rêve partagés
de peurs trop communes.

Je n’ai pas de frères de race,
j’ai des frères de condition,
bien différents et très semblables,
d’ailleurs terriblement interchangeables
dans l’égoïsme
ou dans la compassion…
Des frères tout pétris de l’envie
de partager leur solitude avec le pain
et parfois le bonheur insigne
d’apprendre ensemble à dire non…

Je n’ai pas de frères de race,
mais des frères dans le refus
de n’être qu’un passant,
des frères par l’art et par le chant,
et l’énergie déployée chaque jour
à tenir tête au néant.es frères à travers les âges,
la géographie et les frontières,
- et qui sait même, au-delà de l’espèce,
peut-être un frère en tout vivant…
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Je rends grâce au gros temps qui trempa mes ferveurs de marcheur.
Au crachin des grèves de Bretagne
Comme au pin s’égouttant dans un brouillard d’automne.
A ces rochers du bout des terres où l’on se risque quand se mêle aux déflagrations d’océan
L’orgueil d’être sous les bourrasques un vivant qui contemple et qui tient
A cette envie qui me prend alors de me dissoudre sans cesser d’être une proue.
A cette ivresse d’écume venue de l’enfance dans les embruns du large
A jamais absorbé avec l’alcool des vents.
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Tu vieillirais donc en distillant toujours la nostalgie sur les derniers chantiers du rêve. L'ultime passion de ta rancœur n'allumerait plus que des colères de paille.
Tes souvenirs ne feraient pas de bruit. Tes cimetières seraient peuplés d'éclairs. Blancs, comme ta vie.
Et tu mourrais comme on replie sur soi les draps, ayant éconduit les aventures offertes. Au fond d'une citadelle, d'un regret embué, d'une sagesse d'un autre age.
Sans avoir dit pourquoi, sans avoir dit pour qui, longtemps, tu auras eu si froid.
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Sillage.

Une vie, à peine un peu
d’écume dans son sillage,
guère plus de traces
que l’oiseau n’en laisse dans l’air qu’il fend.

Une vie, ce qu’il en reste,
cette traînée d’images
dans les mémoires amies
s’évaporant avec les ans.

Une vie, une voile, un vol,
un grain de lumière
dans les sillons du vent.
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Michel Baglin
Sois la passante, le reflet sur la cornée de l’homme qui marche.
Sois l’hirondelle dont on ne peut suivre le vol, la seconde qu’on ne peut caresser.
Sois un sillage. L’écume à la poupe des bateaux qui s’éloignent. Rien qu’un parfum, rien qu’un embrun de femme.
Ne laisse pas ton corps se dessiner trop longtemps dans l’œil des convoitises. Ne le pose dans aucun regard de vitrine. Qu’il se joue de ses formes comme un feu dans les yeux du désir. Qu’il danse déjà par le souvenir.
Passe, tu es pour un instant le sourire de la rue. Passe en mirage sur un décor trop connu. Passe en douceur, passe en fraude. Maraude entre les cœurs surpris qu’on les éveille.
Sois la rôdeuse qui devient la merveille. L’entraperçue qu’on n’en finit plus d’évoquer. Toute amante est passante en secret. Fuis pour mieux demeurer. Commence par être un regret.

Michel Baglin (De chair et de mots).
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Michel Baglin
Elles auront patienté des heures, des jours au milieu des cruches et des bonbonnes, assises sur un sac ou sur la pierre, écoutant les fontaines du temps abreuver le silence des places, l’été sous les arbres, quand l’eau promet au Sud sa fraîcheur.
Toujours ici cette besogne fut la leur. Parce qu’elles ne savent plus qu’attendre. Entre les bêtes et les gens, la vieille familiarité de choses rondes comme des outres. Parce qu’elles ne savent plus qu’attendre, avec derrière elles des charrettes, des gosses, d’autres femmes, les manèges laborieux de la poussière et de la pauvreté. Parce qu’elles ne savent plus que se parcheminer sous le fichu noir des paysannes. Et là, comme autour d’un feu, absorbées par le chant de la flamme liquide qui danse sur les jarres, remplir le jour de leur possible éternité.

Michel Baglin (Les Chants du regard).
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L'autre, c'est lui, là bas. Toujours là bas Parce qu'ici,
c'est moi, c'est toi, c'est nous, c'est du pareil au même.
L'autre, c'est la peur remontée du fond des ages qui
fabrique un étranger.
Qui fait serrer les fesses, et puis les poings, et puis les
rangs.
C'est quelqu'un qu'on attendait pas,quelqu'un qui
vient de loin,
quelque autre qui s'est invité dans nos jeux de miroirs
et s'y réfracte.
Il diffère, on le compare. Il se distingue, on sen méfie.
Et parce qu'il nous ressemble trop, les différences
s'exaspèrent.
L'autre se tient là bas, au delà d'une frontière.
Il est le nom d'une peur commune aux êtres dissemblables,
qui porte les peuples, depuis toujours aux solidarités
de clan, de tribu, de meute.
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Michel Baglin
Je rends grâce au poète en nous qu’une simple vague fascine,
à cette part résiduelle qui nous ressemble encore au bout de nos fatigues et des journées perdues,
à cette part que nous voudrions croire aussi irréductible qu’elle est rebelle aux injonctions des modes,
rétive aux rêves qu’on affrète pour nous perdre
et qui nous fait chercher des mots pour tenter dans la foule
d’aller réveiller en chacun le poète qui s’est tu.
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Il y avait dans tes rues tous mes quartiers d’automne. Ma tristesse d’écolier quand septembre décline et les frayeurs confuses. Un sourire de tes yeux emportait les dernières digues avec les premiers chagrins.
L’hiver encore. Ses soleils fonctionnaires aux ordres des interrupteurs. A l’horizon des corps solitaires, ton couchant cent fois pressenti.
Ô savoir l’aventure condamnée, l’espoir pauvre comme un avenir sans surprise! En pleine floraison, le dessèchement des feuilles inscrit dans les calendriers…
Voilà. Le ciel va neiger. L’angoisse est froide et lourde, comme une dalle dans la poitrine. Ce monde qui s’en va était un dernier lit.
La lune a trébuché.
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Il rentre au soir les jambes lourdes, et plus encore le cœur, des mots qui n'ont pas servi.
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Une femme est escale.
Il l’aime
parce qu’elle ne console pas, ne promet pas.

Seins aigus, corps loyal, elle pèse de tout son poids de caresses
et de désirs pour incarner l’amour.
Elle est l’arbre et la foudre, la sueur aux yeux
et
le vent qui exalte.

L’étreindre est s’aviver.
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Les nomades.

Leurs leçons sans doute étaient sues, leur sagesse de passants patiemment mûrie. Les regardant caresser le ventre de l'instant, nous savions peut être que leur errance chargée de mots utiles n'oubliait rien. Mais nous les voulions vagabonds que seul le rythme porte, qui prennent racine dans le courant.

Nomades, ils étaient la métaphore heureuse de nos vies déniaisées, épaulées seulement aux haltes de l'amour.
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Je rends grâce aux oyats sur la dune que les pèlerins de l’été vont piétiner.
A l’arbre sentinelle et à son ombre grêle sur le désert qui gagne.
Aux herbes asphyxiées qui s’échinent dans le ghetto des fissures.
Au rare bleuet survivant aux génocides des champs.
Au sang des coquelicots, ces réfugiés des terrains vagues.
Aux terrains vagues où la vague résiste sous la houle des graminées.
Après le passage des grandes marées, je rends grâce à ce qui reste.
A la fleur de sel sur le sable mazouté.

***

Je rends grâce au poète en nous qu’une simple vague fascine,
A cette part résiduelle qui nous ressemble encore au bout de nos fatigues et des journées perdues,
A cette part que nous voudrions croire aussi irréductible qu’elle est rebelle aux injonctions des modes,
Rétive aux rêves qu’on affrète pour nous perdre
Et qui nous fait chercher des mots pour tenter dans la foule
D’aller réveiller en chacun le poète qui s’est tu.
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Michel Baglin

Détours par le coeur

Je rends grâce au temps perdu, le nez au vent,
aux rêveries qui finiront bien par faire un jour le monde meilleur,
aux jours chômés, aux jours de grève et à la moindre seconde volée au chapelet de nos pointeuses.
A ces instants qui ont creusé nos puits
et que l'on dit enfuis quand ils ne cessent de nous poursuivre.
A tes épaules légères qui n'avaient qu'à frissonner dans l'air du soir pour que nous existions.
Je rends grâce à toute parenthèse,
au temps retrouvé, le nez au vent, dans une odeur de foin coupé et de vacances,
à la madeleine de Proust comme aux cours mal pavées,
aux anfractuosités des jours où l'écume se recueille et sédimente.

( " L'alcool des vents")
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Sur l'île de Sieck, les herbes poursuivent les vagues, les prairie descendent doucement mourir dans l'écume. Les hommes l'ont désertée, abandonnant leurs maisons de pierre à la générosité des ruines et aux lapins.

Cette solitude criblée de mouettes me consola des plages et m'investit. Proche comme un baiser, le ciel épousait la poitrine verte de Sieck et sa respiration lente. J'embrassai l'île et mon enfance découvrit son désir.
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Col relevé, les mains aux poches, passait l’ennui du soir des solitaires.
Celui qui jouerait un peu plus loin, un peu plus tard, dans les vieux théâtres de l’ivresse, quand l’alcool farderait des rêves qui ne tiennent plus debout.
Un peu plus loin, un peu plus tard, quand seuls demeureraient les yeux morts des voitures et des feux des carrefours pour égrener la nuit des rues.
Un peu plus loin, un peu plus tard, quand il ne resterait plus que des vitrines en veilleuse, des ruelles qui résonneraient comme des déambulatoires pour des dieux soûls.
Avec cette lune qui attend toujours, dans le canal, un rendez-vous.
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Devant ces feuilles noircies, de guerre lasse il en convient:
rien ne s'accomplit que par des points
de suspension, des pollens livrés aux vents.
Même si la graine parfois mène au fruit
par le chemin des branches, des fleurs, des hasards
et le travers des saisons.
Il en convient comme il admet
qu'il n'est de pages vraiment tournées,
jamais. Seulement de l'encre qui s'efface.
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Michel Baglin

Une vie, à peine un peu
d'écume dans son sillage,
guère plus de traces
que l'oiseau n'en laisse dans l'air qu'il fend.

Une vie, ce qu'il reste,
cette traînée d'images
dans les mémoires amies
s'évaporant avec les ans.

Une vie, une voile, un vol,
un grain de lumière
dans les sillons du vent.

(" Un présent qui s'absente",2013 )

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