Michel Lacroix parle de "Ma philosophie de l'homme"
Partie 1
Le développement personnel se définit comme l'actualisation de notre potentiel psychique, notion qui recouvre aussi bien les fonctions cognitives et affectives que la spiritualité et la parapsychologie. Pour réaliser cet objectif, il applique des méthodes de déprogrammation et de reprogrammation. Mais il n'est pas seulement une démarche de changement psychologique, il a aussi une portée idéologique, dans la mesure où il véhicule une représentation du monde et une philosophie de l'homme.
L'individu doit répondre de son existence. Le développement personnel érige en dogme la responsabilité individuelle illimitée. Un de ses postulats énonce que nous sommes maîtres de notre sort. Loin d'être déterminés par notre milieu, nous menons la vie que nous avons choisie car nous commandons à nos habitudes de pensée. Il en résulte que ceux qui sombrent dans dans la dépression, la toxicomanie ou la délinquance, ne doivent s'en prendre qu'à eux-mêmes.
Le calme règne sur le front de la lutte des classes, le monde se refuse à notre contrôle, mais, par bonheur, il reste, pour évacuer le trop plein de nos énergies, le champ de bataille des sensations fortes (...). Le changement, qui s'avère impossible à l'extérieur, est redirigé vers l'intériorité. Le mouvement est retourné vers soi-même. Cette intériorisation est très précisément l'émotion, comme l'indique d'ailleurs l'étymologie : "é-motion" signifie " qui est mis en mouvement". L'émotion est l'échappée belle permettant d'oublier que le monde est décevant.
La réhabilitation dont l'émotion fait l'objet découle de l'intérêt que l'individu actuel porte à son épanouissement. Le culte de l'émotion est la forme que revêt de nos jours le culte du moi.
Sous le regard aimant de l'autre, je déchiffre mon identité.
Quand on comprend ce rôle clé du langage dans l'édification du moi, quand on mesure la place qu'il occupe dans le processus de construction de l'identité personnelle, (...) alors la question de la responsabilité du sujet parlant apparaît dans toute sa dimension. Cette question est proprement vertigineuse. De sorte qu'on ne devrait s'approcher du langage qu'avec "crainte et tremblement".
« Comment parler peinture ? » Cette interrogation, point de départ et obstacle, tout à la fois, du Degas danse dessin de Paul Valéry (1960 : 1179), s’y trouve transformée en problème intellectuel, en objet d’étude. Essayiste préoccupé par tous les visages de l’esprit, Valéry s’est penché sur de multiples pratiques artistiques et intellectuelles au cours de sa carrière : architecture, musique, peinture, science, jusqu’à la poterie… Tendus par la volonté de spécularité discursive, esthétique et cognitive gouvernant son oeuvre, de Monsieur Teste au cours de poétique au Collège de France, ses essais mettent en scène et à l’épreuve le ballet intellectuel entre essai, fiction ou poésie et pratiques artistiques.
Le point culminant de la réalisation de soi est atteint lorsque l'individu dépasse son ego en effaçant la frontière entre le moi et le non-moi. Il vit alors, dans une joie profonde, l'expérience de la communication avec le monde. Chacun possède un potentiel de "conscience élargie" et peut faire de telles expériences de sommet. La méditation, l'extase, la transe, la mystique, le sentiment océanique constituent le point d'aboutissement du développement personnel. Ils livrent alors l'accès au "transpersonnel".
(Psychologies HS)
L'émotion-contemplation (...) implique une présence au monde caractérisée par la disponibilité. Alors que l'émotion-choc aide à survivre dans le monde, l'émotion-contemplation permet de jouir de la saveur du monde. La première est l'instrument du corps agissant, la seconde est liée au coeur réceptif.
Le pouvoir, l'attitude technicienne, la maîtrise, le contrôle, l'arraisonnement ont pour fonction, en partie, de protéger le sujet contre les émotions. Ils lui évitent d'être perturbé. Ce sont des moyens défensifs, des écrans protecteurs contre les rayonnements issus de l'extérieur. On préfère peser sur le monde que de le laisser peser sur nous. On remue pour l'empêcher de nous remuer.
Cette observation vaut particulièrement pour les relations entre individus. La présence d'autrui comporte pour chacun une menace de perturbation. D'une manière générale, nous craignons d'être interpellés par le contact d'autrui. C'est ce que suggère le mot même "altérité" : le propre de l'altérité (du latin alter = autre) est, justement, de nous altérer, c'est-à-dire de nous transformer. L'altérité nous effraie car elle possède le pouvoir de nous remuer et, partant, de convoquer des changements. D'où nos réflexes défensifs.