Christophe André - Consolations
Respirer, marcher, parler, regarder : toutes choses ordinaires, dont on ne s'aperçoit de la valeur que lorsqu'on a failli les perdre pour toujours. Les rescapés d'accident, de maladies ou d'événements de vie graves racontent tous la même histoire, et la même sensation, liée à cette prise de conscience : vivre est une chance.

Du bon usage de la bienveillance
Christophe
Ne jamais oublier d'être bienveillant pour soi-même ! Cela facilitera la bienveillance envers les autres.
Observer ce qui se passe en nous, dans notre esprit, dans notre corps, lorsqu'on est dans la bienveillance, la douceur, la gentillesse ; et à l'inverse, observer ce que l'on ressent dans le conflit. Tout notre corps ne cesse de nous rappeler cette évidence : "regarde comme je souffre dans le conflit ; et comme je m'apaise et suis heureux dans la douceur et la bienveillance". C'est un enseignement limpide !
Se donner aussi le droit de renoncer ! Lorsqu'on a le sentiment que la bienveillance nous est impossible, ou s'avère inopérante dans une situation donnée, ne pas chercher la perfection : "Fais de ton mieux, et si c'est trop difficile, laisse tomber, protège-toi, contente-toi de ne pas nourrir le cycle de la malveillance, de l'agressivité, n'en rajoute pas ; peut-être que ce n'est pas le moment, que c'est trop difficile pour toi, ou trop difficile pour n'importe qui, de tenter de modifier tout ça.". Parfois, il arrive qu'on soit enfermé dans des situations épouvantables - familiales ou professionnelles. On ne s'en sortira pas par de la bienveillance, de l'amour, mais par la fuite, en fichant le camp et en sauvant sa peau, pour être bienveillant avec d'autres personnes ou dans d'autres endroits. Sincèrement, je pense qu'il y a des moments où l'on ne se sent pas assez fort pour donner durablement de la bienveillance et où l'on risque de ne recevoir que des coups.
Mais les hypersensibles disposent surtout d'une vie intérieure très riche, de mondes imaginaires intenses, depuis l'enfance. Ils ont plus que les autres besoin de moments de calme pour se reconnecter à eux-mêmes, sinon ils éprouvent un sentiment d'aliénation et d'épuisement rapide. Ils ont du mal à supporter en permanence des situations de groupe, et le besoin de se mettre régulièrement à l'écart : lors de vacances en famille, ils aspirent régulièrement à se retrouver tout seuls pour aller se balader, ou lire tranquillement dans leur coin. D'où la fréquence dans leurs rangs d'artistes et de poètes, qui sont à peu près tous des hypersensibles. Ce qui en induit quelques-uns jusqu'à la maladie psychique. Car il existe aussi une face sombre à l'hypersensibilité : le sur-risque anxieux et dépressif.
Je marche presque tous les jours environ une heure. J'aime les cathédrales de verdure. Dans ces espaces, je peux prendre ma dose de calme, de lenteur, de continuité. Ce sont des moments où j'atteins facilement un état contemplatif, une présence intense au réel. J'expérimente un sentiment d'appartenance au monde, aux saisons qui se succèdent.
Des études ont montré que deux heures mensuelles de marche en forêt améliorent nos réponses immunitaires pendant un mois. Mais, attention, je parle d'une vraie balade, sans recherche de performance, sans portable à la main ou écouteur dans les oreilles. Une marche où l'on ouvre son esprit et son cœur à tout ce qui est là.
Interview dans Psychologies Magazine, septembre 2013, dossier "Les 5 clés de la sérénité"
Il y a un grand malentendu qui empêche de goûter la joie inconditionnelle.
A tort, nous croyons qu'elle ne sera possible que le jour où nous aurons guéri de toutes nos blessures, alors que cette joie sans pourquoi est possible dès maintenant, même au cœur du tourment. Nous pouvons y accéder, là, tout de suite. Si nous attendons une vie parfaite pour y goûter, nous risquons d'attendre bien longtemps ...
Un jour un ami m'a confié : Finalement je ne suis qu'un animateur de Club Med pour mon égo. Du matin au soir, je m'éreinte pour le divertir, lui donner à bouffer, le régaler. Je suis le clown et l'esclave d'un maître jamais content.
Autant que possible, la confiance, c'est aussi cela : apprendre à accepter le monde et les autres comme imparfaits. Et la confiance lucide consiste à ne pas se mettre en position de dépendre et de souffrir de leurs imperfections.
Marchons en bavardant avec Cioran rue de l'Amertume, pour nous rendre place de la Déception, et finir ensuite dans le jardin de la Tristesse. Là, ça ira mieux : on pourra commencer à vraiment comprendre ce qui nous arrive, et passer à autre chose : emprunter le passage de l'Acceptation, nous balader avenue de l'Action.
Il n'y a rien à réussir, il n'y a qu'à agir de notre mieux. Puis lâcher tout cela, pour respirer, sourire, et vivre.
Car ce qui fait un être , ce sont peut-être moins ses actes publics que ses habitudes secrètes, moins ses intentions planifiées que ses rêveries floues. Ce sont nos états d’âme, cette part la plus secrète de nous-même, qui en est aussi la plus révélatrice.