« …Ma conviction est que, pourvu qu’ils soient bien choisis, les mots de tous les jours constituent un rempart contre la barbarie » écrit Michel Lacroix. Ce philosophe nous propose un petit livre tonique et très instructif, qui part d’un principe très simple : chaque parole qui nous est adressée produit chez nous un impact émotionnel, une « vibration psychologique », agréable ou désagréable, plus ou moins intense. Il en tire une leçon qu’il qualifie lui-même de « morale », qui vise à élaborer une « éthique de la parole ».
Il y a les paroles bienfaisantes, celles qui encouragent, qui compatissent, qui libèrent ce qu’il y a de meilleur en nous ; et il y a les paroles toxiques, celles qui humilient, qui moquent, qui enferment. L’homme n’a pas de griffes ni de cornes, comme l’a écrit Hobbes, mais il dispose du langage, qui peut être une arme redoutable. Michel Lacroix nous invite à prendre conscience de notre responsabilité de sujet parlant. Le bien et le mal que nous accomplissons, nous dit-il, dépendent de nos actes mais aussi de ce que nous nous disons les uns aux autres. Et, ajoute-t-il, la manière dont nous utilisons le langage a des incidences non seulement dans la sphère privée, mais aussi dans la sphère sociale, où il peut, mal utilisé, devenir le creuset d’idéologies mortifères. Il insiste d’ailleurs sur le fait que les combats contre les discriminations (racisme, misogynie, homophobie, et autres) se sont souvent focalisées sur le langage, tant celui-ci peut être porteur de toutes les humiliations et de toutes les atteintes à la dignité humaine.
Michel Lacroix propose huit règles pour une parole éthique, donnant chaque fois des illustrations intéressantes. La parole doit être polie, attentionnée, positive, respectueuse des absents, tolérante, elle doit être gardienne du monde, responsable du langage lui-même et enfin, elle doit être vraie.
Pour étayer ce propos passionnant et le mettre en perspective, Michel Lacroix fait des détours par la philosophie, psychologie, la sociologie, l’histoire (en s’intéressant notamment à l’art de la conversation dans les salons du XVIIème siècle), tout en restant très accessible. Il termine en incitant chacun à un travail sur lui-même afin d’améliorer sa propre façon de s’adresser à autrui. C’est ainsi, nous dit l’auteur, que nous contribuerons au mieux à ce qu’il appelle « l’écologie humaine », autrement dit l’harmonie des hommes entre eux.
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