Gombrowicz, en fait, est le fils de Dostoïevski d'abord, un monstre qui descend dans les zones troubles de l'être pour en resurgir, hilare, comme après un plongeon en eau profonde, dans un grand appel d'air.
Dostoïevski, non seulement parce qu'il est la seule personne qui ait appris quelque chose en psychologie à Nietzsche (ce qui n'est pas mal déjà), mais encore parce qu'il ouvre des gouffres, qu'il écrit vite, moderne, intense, que, comme le dit Claudel, qui paraît pourtant à des années-lumière de là, mais qui l'admire, ses romans sont des "compositions symphoniques". Voyez comment il anime ses polyphonies, incroyablement variées, ses perspectives plurielles, ses points de vue, comment il théâtralise ses dialogues, ses scènes, multiplie ses coups de théâtre, les coups d'éclat. Voyez sa façon incomparable de rester à vif, voyez ses personnages qui se débattent dans des mouvements d'amour-haine, d'attraction-répulsion, voyez ces impatients qui veulent tout tout de suite, ces protagonistes hallucinés qui s'humilient ou font irruption dans une assemblée et jettent au visage de tous leurs quatre vérités, voyez ces malades mentaux, déséquilibrés, violeurs, assassins, débauchés, corrupteurs, envieux, velléitaires, obsédés, bouffons minables, ces démons mesquins capables de dégradations et de destructions, voyez ces addictions, crispations, obsessions, crises, cauchemars, délires, angoisses, fureurs, voyez ce Stravoguine en proie à la fascination du vide glacé, vertigineux, infini. Tous, tous ces personnages paroxystiques vont jusqu'au bout, jusqu'à l'os.
C'est tout cela qui s'insinue dans les visions de Gombrowicz et dans sa prose qui prend à Dostoïevski sa façon, non seulement de pénétrer les ténèbres, les profondeurs abyssales et les cloaques, mais encore la façon de passer du tragique à la farce, de l'incandescence à l'ennui. La façon de jouer avec le lecteur, même. Les Frères Karamazov ne commence-t-il pas par une courte introduction qui se termine ainsi: "Bon voilà toute l'introduction. J'en conviens parfaitement, elle ne sert à rien du tout, mais, puisqu'elle est écrite, qu'elle reste. Sur ce, au fait." L'homme des profondeurs, l'homme de la densité presque impénétrable flirtant avec la fantaisie de Laurence Sterne, qui l'eût cru?
PP. 133-134
Quand Warhol entre en scène,l'intellectuel dont on parle dans le milieu de l'art,c'est Marshall McLuhan,universitaire canadien auteur de la "Galaxie Gutemberg" et de"Pour comprendre les média" qui vient d'étonner le monde en déclarant qu'a l'ère des médias le monde est un village et que le "médium est le message".
Prenons Marylin Monroe.La plupart des tableaux qu'en a tirés Warhol ont pour origine une photographie publicitaire réalisée pour le film "Niagara",tournée en 1953;La photographie a été recadrée pour mieux ressembler a une icone.