Soirée rencontre autour du livre : le tigre de Katmandou de Michel Peissel en partenariat avec la mairie de Chamonix
Une autre caractéristique du Mustang est le grand cas que l'on y fait de l'intelligence. Être brillant, astucieux, intelligent est l'ambition de tous les hommes. Le peuple a toujours soif d'apprendre ; les enfants sont tous encouragés à s'intéresser aux questions intellectuelles ; ceux qui ont de l'esprit sont toujours admirés, poussés. Nous nous plaisons à croire que cette caractéristique s'applique au monde entier mais ce n'est nullement le cas. En Occident, nous avons plus de considération pour le "dur labeur" que pour l'intelligence pure. Les masses occidentales apprennent plus à travailler qu'à penser ; en dépit d'exceptions, notre éducation est plus orientée vers le travail que vers la réflexion. Ce n'est pas le cas au Mustang.
Le Ta-polo, jeu de "balle à cheval", était depuis le VIème siècle le sport national du Tibet. Ce furent les tibétains qui le firent connaître à la cour chinoise. Aujourd'hui interdit par les moines au Tibet central, il n'est plus pratiqué qu'au Ladakh et au Balistan ainsi qu'au Gilgit voisin où les Britanniques le "découvrirent" en 1857. Les anglais ne tardèrent pas à l'adopter, avec la plupart des règles tibétaines et son nom tibétain de polo, avant de le diffuser dans le monde entier. Même s'il existe à travers le monde d'autres jeux de balle qui se pratiquent à cheval, le polo tel que nous le connaissons aujourd'hui est sans conteste d'origine tibétaine.
Dans notre monde occidental, constamment bouleversé par les nouvelles inventions et par les nouvelles découvertes, le jeunes harmonisent immédiatement leur mode de vie à ces nouveautés. Ils associent le génie de leur génération aux inventions de leur siècle, sans tenir compte du fait que ces inventions sont pour la plupart celles des vieux. Ils ne comprennent pas que la mode ne dépend pas de l'aspect nouveau du monde mais de leur propre jeunesse et de ce que j'appellerai leur propre arrogance.
La seule femme connue qui fût parvenue à Lhassa sous un déguisement, était une Française, Alexandra David-Néel,qui parlait couramment tibétain... Accompagnée d'une moine lamaïste, elle avait fait le voyage du Kham à la Cité sainte en 1924. Ariel avait lu son livre et savait que la méfiance du Tibet à l'égard des étrangers datait des sanglantes invasions anglaises et chinoises, qui n'étaient pas si lointaines.
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Dans la plupart des chants de montagnards, le dernier mot est crié puis suivi d'un silence qui permet à l'écho de répercuter clairement la dernière syllabe. Les rythmes des chansons Lobas sont lourds, comme leurs bottes. Cette remarque vaut pour tous les peuples montagnards, dont les rythmes s'opposent à ceux, aériens, des peuples qui vont pieds nus.
Une aventure commencée avec légèreté, truffée même d'ingrédients comiques, mais qui s'est bientôt transformée en une histoire amère, reflet des tragédies qui se sont abattues sur le magnifique rivage des Mayas, dont la destinée, comme la nôtre, fut bouleversée par l'avidité mercantile de l'homme et son incapacité à comprendre ce qui est différent.
Les montagnes étant morcelées entre l'Inde, la Chine, le Pakistan, le Népal, le Sikkim et le Bhoutan, les rares études himalayennes semblaient condamnées à progresser de façon cloisonnée et sans perspective d'ensemble. Ce que nous en savions en 1959 rappelait l'anecdote des trois aveugles et de l'éléphant :le premier prend les jambes pour des troncs d'arbres, le second prend la trompe pour un serpent, et le troisième prend la queue pour une corde.
Les petites voitures anciennes et d’autres véhicules peu maniables témoignent de la nature rigide du régime et contrastent avec l’opulence de la R.F.A. Très rapidement, nous ressentons ce qui sera l’un des pièges et l’un des aspects essentiels de notre voyage : le goût de la comparaison permanente entre l’Est et l’Ouest, la gauche et la droite, le bon et le mauvais, le meilleur et le pire.
Mais, pour l’heure, alors qu’enfin j’atteignais ces inaccessibles montagnes, elles devenaient un enjeu majeur de la politique occidentale. Caché à l’arrière d’une jeep, je me dirigeais vers le cœur même de la ville la plus controversée de la région.
Pour les Tibétains, et pour beaucoup de ceux que nous appelons les Jaunes, nous Occidentaux, sommes des "yeux jaunes" à cause de nos yeux clairs.