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Critiques de Mike Richardson (13)
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Le Secret

Entre faux semblants et vérités inacceptables, Le secret se lit avec une vraie attention. Même si certains rebondissements semblent un peu exagérés, cela est aussi propre au registre de l'histoire, dans laquelle on suit ce groupe d'étudiants avancer inexorablement vers la mort.



Si le début de l'histoire est amusant, le récit penche progressivement dans la paranoïa propre au titre horrifique. En effet, tout au long des 4 épisodes contenus dans cet album, on suit un étudiant, Tommy, qui cherche sa petite amie disparue suite à ce canular.



Qui survivra ? Que se cache t-il dans cette maison abandonnée ? Qui y a-t-il au fond du sous-sol situé sous la cuisine ? Les fans du genre apprécieront sûrement, même si Le secret joue plutôt sur l'efficacité que l'innovation.



Si vous aimez frissonner, Le secret reste une lecture d'intérêt. Si vous êtes plutôt du genre à flipper au moindre grincement de parquet ou au moindre coup de fil étrange...
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Le Secret

Le secret rappelle ces films d’horreur dans les années 90 où il ne fallait pas faire quelque chose sous peine de réveiller le monstre sanguinaire qui tue les héros un par un (Souviens-toi … l’été dernier, Urban legend, Candyman…).



Un groupe d’ado fait une mauvaise blague au gars qu’il ne fallait pas. Ce canular téléphonique se retourne contre eux et c’est celle qui semblait la moins disposée à blaguer qui se retrouve être la victime d’un affreux bourreau.



J’ai bien aimé la chute de ce premier tome dans ce qui sera un diptyque. On plonge dans la paranoïa. C’est plutôt réussi à l’exception du graphisme qui ne m’a pas convaincu. Pour le reste, c’est très efficace.



Les ados tout comme les amateurs de films d’horreur y trouveront leur compte. On adore frissonner.
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Best Wishes

Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. Elle est parue directement sous cette forme, sans prépublication. Elle a été écrite par Mike Richardson, le président de l'éditeur Dark Horse, et dessinée et encrée par Paul Chadwick qui en a également réalisé le lettrage. Ce dernier est également le créateur et auteur de la série Concrete. Cette bande dessinée est en noir & blanc. Précédemment, Mike Richardson avait écrit 2 histoires complètes illustrées par Gabriel Guzman Father's day et Echoes (2016). Récemment, Paul Chadwick avait illustré un scénario d'Harlan Ellison 7 against chaos.



Quelque part en Italie, sur la place d'un village, Massimo et Roberta regardent une entreprise de BTP démonter la fontaine dans laquelle ils avaient jeté des pièces comme tant d'autres quand ils étaient jeunes en formulant un vœu. Ils sont convaincus que leur vœu a été exaucé et s'ils regrettent le fait que la fontaine ait été vendue, ils savent qu'elle portera bonheur à d'autres ailleurs. La fontaine est reconstruite à New York et doit être inaugurée par le maire quelques jours plus tard. Calvin Rupp est un designer graphique qui s'est installé à son compte, mais qui n'a que des commandes sans envergure de clients qui lui imposent quoi faire et comment le faire. Il appelle Rolf Briggs du prestigieux cabinet de design Nolan & Briggs, pour lui demander s'il a eu le temps de regarder son portfolio. Il a droit à une réponse sèche et négative, sans appel.



Mary Capolavoro est jeune femme avenante qui entretient une relation intime avec Josh Tiefenwasser, le quart-arrière (quarterback) de la prestigieuse équipe de football américain de New York. Elle l'accompagne dans ses dîners de gala, ses réceptions d'affaire et autres apparitions rémunérées. Le cabinet Nolan & Briggs planche sur un projet de nouveau logo pour la ville de New York, mais les édiles ont décidé de ne pas leur confier la conception dudit logo, juste l'organisation d'un concours de conception ouvert aux newyorkais. Mary n'apprécie pas trop les remarques de sa colocataire Magda concernant l'appétit sexuel des sportifs qui ne se limitent pas à une seule compagne. Le jour de l'inauguration de la fontaine à New York, Calvin Rupp est présent en espérant qu'un ami va pouvoir confier son idée de logo à Dorothy Nolan ou à Rolf Briggs. Mary Capolavoro est présente pour accompagner Josh Tiefenwasser qui se tient aux côtés du maire lors de son discours pour dévoiler la fontaine. Après le discours et le départ de la foule, Mary et Calvin jettent chacun une pièce dans la fontaine en formulant un vœu.



La couverture annonce des vœux formulés en jetant une pièce dans une fontaine et en mettant en avant trois personnages principaux. Comme à son habitude, Mike Richardson prend soin de rendre le plus explicite possible le phénomène par lequel tout arrive. L'histoire commence donc avec le déplacement de cette fontaine et 2 personnages exprimant leur conviction qu'elle dispose réellement d'un charme amenant la réalisation des vœux. Cette première séquence n'apparaît démesurée par rapport au récit, 6 pages sur 158. Puis il passe à la présentation des principaux personnages à partir de leur situation du moment. En allant vérifier qui a fait quoi, le lecteur remarque que l'histoire a été imaginée par Richardson, mais que le script a été réalisé par Paul Chadwick. Il retrouve effectivement sa délicatesse et sa sensibilité dans les dialogues, sa manière de présenter des individus normaux et de les rendre banals. Les individus échangent des propos mesurés, sans mots orduriers, sans théâtralisation. Il n'y a pas de longs discours, ou de longs soliloques, ce qui n'empêche pas le lecteur de ressentir l'empathie des personnages les uns pour les autres, leurs petites attentions, leur gentillesse.



De la même manière, les dessins montrent des êtres humains banals, sans caractéristiques physiques extraordinaire. La silhouette de Calvin Rupp ne présente pas une musculature extraordinaire ou un port altier. Il est mince sans avoir une allure de mannequin. Il porte des vêtements un peu trop larges pour lui, sans pour autant se négliger. Il adopte des postures naturelles, parfois un peu résignées, parfois attestant de son intérêt pour son activité ou pour la personne en face de lui. Le lecteur peut comparer sa silhouette et ses postures à celles de Josh Tiefewasser dont le corps est bien découplé, avec une musculature apparente ce qui est cohérent avec le fait qu'il s'agit d'un athlète. Mary Capolavoro dégage un véritable charme sans être sexualisée à outrance, avec une certaine forme de naturel dans ses toilettes et dans ses postures. Le comportement de Magda se situe plus dans la séduction, tout en restant dans un registre mesuré, sans être aussi entreprenante ou vulgaire qu'une jeune femme qui vient déranger Josh Tiefenwasser à sa table, alors qu'il est en train de diner avec Mary Capolavoro. Le lecteur ressent vite une réelle empathie douce, pour ces individus qu'ils côtoient de séquence en séquence, appréciant la gentillesse de Mary, l'assurance de Josh, ou encore le léger défaitisme de Calvin. Il sourit devant la relation entre Dorothy Nolan & Rolf Briggs, cabotinant un tantinet dès qu'il y a des personnes pour les voir.



Au fil des différentes séquences, Paul Chadwick sait donner de la consistance aux différents environnements, en représentant régulièrement les décors dans plus de 80% des cases, sans qu'ils n'écrasent les personnages. Le lecteur peut se projeter à leurs côtés dans chacun de endroits où ils se trouvent : le petit appartement de Calvin Rupp avec le rideau tendu au milieu pour séparer la partie qui lui sert de bureau où il reçoit ses clients et celle où se trouve son lit, la terrasse de café où Mary Capolavoro dessine un logo en présence de Magda, le bureau spacieux où se déroulent les réunions à Nolan & Briggs, les taxis que prennent les personnages, ou encore le bureau personnel de Mary. Régulièrement, l'œil du lecteur est attiré par un petit détail visuel qui donne son cachet à une scène : les sculptures de la fontaine, les toits en tuile sur la place en Italie, le reflet de la pluie sur le buste d'un client de Calvin Rupp, la sculpture de Le cri d'Edvard Munch dans son bureau, la forme des chaises dans le restaurant où Mary déjeune avec ses parents, les motifs de poisson sur la chemise de Rolf Briggs, la peluche pingouin sur le canapé de Mary, etc. Au travers des images, le lecteur se sent accueilli dans l'intimité des individus, dans leur quotidien, sans pour autant se sentir voyeur.



La quatrième de couverture compare le récit à une comédie dramatique newyorkaise de Woody Allen. Effectivement le fil rouge de la conception d'un logo pour la ville de New York fournit l'occasion d'évoquer la cité, mais le lecteur ne ressent pas l'impression d'une visite touristique, car les différents endroits montrés ne la célèbrent pas, ne l'emmènent pas dans un tour guidé des places et endroits les plus connus, ou dans les quartiers inattendus. Il s'agit plus d'une toile de fond. L'intrigue emprunte plus au dispositif de certains des films du célèbre réalisateur, à la fois avec cette légère touche de surnaturel apportée par la réalisation des vœux, à la fois par cette mise en scène de sentiments délicats, d'hésitations et de moments manqués. Le lecteur perçoit les élans du cœur de Mary, de Josh, de Calvin, la manière dont les circonstances les contrarient, la manière dont ils se retiennent de céder à leur inclination naturelle, la manière dont certains moments mettent ces sentiments à nu, dont d'autres moments font apparaître le décalage entre les sentiments de deux interlocuteurs. La mise en scène et le jeu des acteurs font passer ces impressions ténues, ces croisements sophistiqués, avec élégance. Malgré tout, le lecteur ne parvient à se sentir complètement impliqué par ces personnages libres de toute attache, par leurs atermoiements sympathiques et contrariés, par le décalage entre le confort de la réussite de Mary et celle différente de Josh, avec la situation plus précaire et plus déséquilibrée de Calvin.



L'intrigue semble très ténue, passant à l'arrière-plan, le lecteur se demandant parfois s'il y a en a bien une, ou s'il ne s'agit que d'une tranche de vie. La chance qui sourit à Mary Capolavoro est peut-être générée par son vœu formulé lorsqu'elle a lancé la pièce dans la fontaine, mais cela ne constitue pas un suspense, et le lecteur a tôt fait d'oublier ladite fontaine et son pouvoir. Le concours de logo amène quelques réflexions sur la nature du don artistique et la part d'imprévisible et de chance qui entre dans le fait que le grand public s'entiche d'un tel logo. Il est possible également (et même fort probable) que le lecteur comprenne très rapidement quelle est la nature du grain de sable qui s'est introduit dans la vie de Mary Capolavoro et de Calvin Rupp, ce qui désamorce toute l'étrangeté romantique du récit. Il reste alors une sympathique comédie dramatique un peu dégagée des contingences matérielles, un peu trop éthérée.



La quatrième de couverture est un peu trop enthousiaste dans sa comparaison avec une comédie de Woody Allen. Le lecteur découvre bien une histoire avec des protagonistes sympathiques et affables, servie par des dessins d'un grand naturel sans afféterie, mais pas une comédie inoubliable.
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47 Ronin

Ce tome comprend une histoire complète et indépendante de toute autre. Il contient les 6 épisodes initialement parus en 2012/2013, écrits par Mike Richardson, dessinés et encrés par Stan Sakai, avec une mise en couleurs réalisées par Lovern Kindzierski, et un lettrage effectué par Tom Orzechowski. Dans les pages supplémentaires, Richardson explique que Kazuo Koike a relu à plusieurs reprises ce projet, en lui donnant des conseils sur son adaptation.



Le 14 décembre 1703, au temple de Senga-Kuji, un vieil homme arrive pour se recueillir devant une rangée de tombes. Il allume un bâtonnet d'encens et s'agenouille. Il se présente au moine qui vient lui proposer de lui apporter de l'eau ; il s'appelle Murakami Kiken. Il accepte de raconter son histoire, bien qu'il s'agisse de sa plus grande honte. Le 17 mars 1701, le seigneur Asano Naganori fait ses au-revoir à fille Miko, puis à Ōishi Kuranosuke Yoshio, son premier lieutenant, et à sa femme. Il doit partir pour Edo, afin d'y effectuer le séjour chronique rendu obligatoire par le shogun. Le 18 avril 1701, il arrive au pied du palais du shogun. Il doit auparavant prendre des cours d'étiquette avec Kira Yoshinaka, en même temps que Kamei Sama, un autre daimyo accomplissant la même obligation.



Au cours d'un entretien, Kira Yoshinaka fait comprendre à Asano Naganori qu'il attend un remerciement pour ses leçons, sous une forme sonnante et trébuchante. Naganori est choqué par une telle demande puisque l'instructeur ne fait qu'accomplir la tâche qui lui a été assignée par le shogun. L'instructeur le prend en grippe et le rabaisse de manière humiliante à plusieurs reprises. Lors d'une ces occasions, Asano Naganori réagit, et tire son sabre dans l'enceinte du palais, ce qui est formellement interdit, et blesse l'instructeur au visage. Ce dernier en profite pour le dénoncer au shogun, et exiger que la loi soit appliquée avec sévérité. Le lendemain, le shogun ordonne la sanction prévue : Asano Naganori doit se donner la mort lors d'une cérémonie de seppuku. La nouvelle parvient au château d'Ako, ainsi que le véritable rôle de Kira Yoshinaka. Ōishi Kuranosuke Yoshio se jure de venger leur seigneur, avec l'aide de plusieurs autres samouraïs, maintenant dépourvus de maître, et donc qualifiés de rônins.



Avant de se lancer dans l'adaptation d'une histoire classique japonaise par des occidentaux, le lecteur s'inquiète un peu sur ce qui sera perdu dans l'interprétation par des créateurs d'une autre culture. Dans le dossier en fin de volume, Mike Richardson explique c'était un projet qui lui tenait à cœur, et qu'il aura mis plusieurs années pour réussir à le faire aboutir. Il explique le rôle de Kazuo Koike qui n'est pas qu'un simple alibi d'authenticité apposé sur la couverture. Richardson avait développé une relation de travail et de confiance avec ce mangaka à l'occasion de la publication de Lone Wolf & Cub par Dark Horse. Il explique également le choix de Stan Sakai comme artiste, du fait de sa familiarité avec l'époque féodale japonaise, dans laquelle évolue le héros de sa série Usagi Yojimbo, également publiée de longue date par Dark Horse. Dans une courte interview, Sakai explique que c'est la première fois qu'il dessine une histoire aussi longue qu'il n'ait pas écrite lui-même. Pour ses lecteurs habituels, il est même étonnant qu'il n'est pas réalisé le lettrage, alors que c'est la tâche qu'il réalise sur la série Groo de Sergio Aragonés & Mark Evanier. Sakai indique également qu'il est lui-même familier du récit, comme la plupart des personnes de culture japonaise.



Le lecteur qui n'est pas familier de la série Usagi Yojimbo peut trouver les dessins un peu simplistes. Les yeux et la bouche des personnages se réduisent souvent à deux points et un trait. Le contour des vêtements et des visages peut sembler malhabile, manquant d'assurance dans la forme. Le langage corporel et les expressions des visages sont parfois un exagérées pour mieux faire passer les émotions. Lors des combats au sabre, il apparaît parfois des giclées de sang, mais de forme arrondie, et sans volonté de gore, et les blessures ne sont jamais montrées au lecteur. Stan Sakai réalise donc des dessins tout public, avec une volonté de transcrire les émotions de manière apparente, sans aller jusqu'à la parodie.



Sous réserve qu'il ne soit pas rebuté par cette apparence tout public, le lecteur constate également que Mike Richardson ne s'est pas trompé sur les qualités de Stan Sakai. Pour commencer, ses talents de chef décorateur, d'accessoiriste et d'habilleur sont visibles dans chaque case. Le lecteur éprouve la sensation de déambuler en ce début du dix-huitième siècle au Japon. Il peut observer les constructions, leur façade, leur toiture. Il remarque l'omniprésence du bois comme matériau de construction. Il apprécie que l'artiste prenne de la hauteur de temps à temps pour faire admirer un aménagement, comme le jardin intérieur de la résidence de Kira Yoshinaka en ouverture du chapitre 7. Il détaille l'aménagement des jardins du château d'Asano Naganori. Il contemple le dénuement des aménagements intérieurs des maisons traditionnelles. Il regarde avec curiosité les rares meubles. Il laisse errer son regard sur les vêtements des personnages, des kimonos aux uniformes des samouraïs servant le même maître, ainsi que les motifs des vêtements des femmes dans la rue et leurs ombrelles. Dans les notes en fin de volume, les auteurs expliquent qu'ils se sont inspirés des illustrations de Ogata Gekko pour définir les caractéristiques visuelles de leur récit.



Au fil des séquences, le lecteur est également fortement impressionné par les talents de metteur en scène de Stan Sakai. Il sait aussi bien rendre compte de la forme d'intimité inhérente à un dialogue. Le lecteur ressent la solitude de Murakami Kiken, le poids de sa faute, la solitude du moine qui vient lui adresser la parole, l'isolement de ce monastère. Il apprécie que les dialogues ne se limitent pas à une suite de cases avec uniquement des têtes en train de parler, mais que les personnages face des gestes, qu'ils changent de position, qu'il soit possible de voir le décor derrière eux. Le dessinateur est tout aussi à l'aise pour les séquences d'une autre nature. Le lecteur se rend compte que même si les personnages peuvent paraître un peu frustes dans leur apparence, ils se conduisent en adulte. Sakai sait gérer des scènes complexes, que ce soit un individu aviné en train de se faire humilier par un samouraï sous les yeux des badauds, l'intrusion de la maison de Kira Yoshinaka par les 47 rônins, ou encore l'arrivée des samouraïs du shogun pour prendre possession du château d'Asano Naganori.



Même s'il est un peu rétif au départ quant à la représentation des personnages, le lecteur prend conscience qu'il se sent vite immergé dans cette reconstitution historique de qualité, et éprouve la sensation de côtoyer ces personnages. Lovern Kinzierski réalise une mise en couleurs de type naturaliste, sans abuser des effets spéciaux infographiques, avec des dégradés discrets, rehaussant discrètement la saveur des dessins. Le lecteur se rend compte que les auteurs ont choisi de conserver quelques procédés théâtraux dans leur mise en scène, ou dans la réaction des personnages, mais sans en abuser. Il apprécie donc qu'ils aient su trouver le juste milieu entre une narration à l'occidentale, et la conservation d'un esprit culturel japonais. De fait la lecture est fluide, sans l'impression d'une adaptation trop littérale ou trop éloignée.



Sur la quatrième de couverture, il est indiqué que connaître cette histoire, c'est connaître le Japon. Il est assez difficile d'en prendre pleinement conscience pour un lecteur occidental qui n'en est pas familier, mais il est sûr que cette histoire fait partie du patrimoine culturel japonais, et qu'elle est basée pour partie sur des faits historiques. Même si le lecteur a déjà une idée de la trame du récit, ou en a déjà vu une adaptation cinématographique, il découvre un récit maîtrisé avec des faits clairement exposés, et facilement intelligibles. Il découvre des personnages attachants, mis à part Kira Yoshinaka dont la fourberie est un peu sur-jouée. Il comprend également l'état d'esprit culturel qui incite les rônins à se comporter de la sorte. Mike Richardson et Stan Sakai savent montrer en creux les règles d'une société et la manière dont elles s'imposent à ses citoyens, la manière dont elles façonnent leur vie. Cette dimension du récit conforte le fait qu'il s'agisse d'une reconstitution historique soucieuse de véracité.



De page en page, le lecteur se rend compte que cette adaptation de l'histoire traditionnelle des 47 rônins est à la fois fidèle à l'original et la culture dont elle est issue, et également narrée pour un lecteur occidental. S'il ne connaît pas déjà cette histoire, c'est un excellent moyen de la découvrir, en bénéficiant d'une narration tout public, qui ne se fait ni aux dépens de la qualité de la reconstitution historique, ni à ceux des techniques d'une bande dessinée.
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Le Secret

Jouer à composer au hasard des numéros téléphoniques pour dire aux interlocuteurs "je connais ton secret", tout en leur donnant rendez-vous devant une statue à minuit, ça peut paraître drôle. Oui mais voilà qu'un mec répond à cette invitation. Cachés, les jeunes le voit arriver au lieu de rendez-vous dans une vieille camionnette. Son visage est masqué par une capuche. Le lendemain, l'homme appelle Pam sur son portable, celui-là même qui a servi aux appels... Puis Pam disparaît. Un an plus tard, Pam n'a pas réapparu. Son petit ami Tommy espère toujours la retrouver. Un jour, il aperçoit de nouveau la camionnette. Et c'est le début de l'horreur...

Une BD qui fait froid dans le dos, comme les meilleurs films ou livres du genre. Mike Richardson a su créer une atmosphère étouffante, glauque à souhait, un récit montant en intensité pour finir dans l'horreur.

Les illustrations à la peinture de Jason Shawn Alexander accroissent encore davantage l'aspect lugubre et angoissant.

Un excellent album coup de poing !
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Echoes

Ce tome contient une histoire complète et indépendante de tout autre, de 87 pages de BD. Il est paru initialement en 2016, sans prépublication. L'histoire est écrite par Mike Richardson, dessinée et encrée par Gabriel Guzmán, avec une mise en couleurs réalisée par Java Tartaglia. Richardson et Guzmán avait déjà réalisé Father's day en 2014.



L'histoire commence le 7 novembre 1986. Le jeune Fred Martin (6 ans) s'est réfugié dans un placard alors que son père Steve s'apprête à flanquer une dérouillée à sa mère Patti, en l'accusant de lui avoir mal répondu. Le petit Fred finit par sortir du placard et il tente d'estourbir son père avec un cendrier. Steve lui retourne une mandale et l'envoie valdinguer ce qui lui fait perdre connaissance. Le 03 mars 2017, Fred Martin adulte demande sans ménagement à la nana dans son appartement de prendre ses cliques et ses claques. Puis il va prendre un café un peu plus loin à bord de sa voiture de sport. Il s'énerve après le cafetier qui lui a fait un compliment pour sa voiture, et lui apprend qu'il a fait 2 ans de taule pour avoir agressé une personne. Après avoir payé, il reprend sa voiture et se rend à son rendez-vous : un petit loueur d'hydravion biplan. Il prend en charge son passager et le pilote jusqu'à Hornby Island, malgré la grosse tempête qui commence à se lever.



À Honrby Island, Fred Martin refuse d'écouter les conseils d'un agent du port, et il repart à bord de son hydravion en pleine tempête. Les éclairs font rage et son hydravion est aspiré par une sorte de tornade. Il reprend connaissance dans un lit d'hôpital et le présentateur à la télé évoque Ronald Reagan comme étant le président en exercice. L'infirmière lui explique qu'il sort d'un coma d'une durée indéterminée. Le médecin vient lui expliquer le traumatisme dont il a souffert. Il doit ensuite répondre à des questions étranges posées par Bill Jennings et Tom Ellis, 2 agents du FBI. Ils ont du mal à comprendre pourquoi d'après sa carte d'identité il serait âgé de 6 ans, et pourquoi il est domicilié à une adresse où il n'y a qu'un terrain de stationnement. Ils commencent à s'énerver quand ils lui demandent d'expliquer comment il peut être en possession de billets de banque datés de 1990, soit 4 ans dans le futur. Après un tel interrogatoire, Fred Martin décide de prendre la poudre d'escampette sans demander son reste.



La quatrième de couverture révèle pas mal de l'intrigue et le lecteur est un peu surpris du temps qu'il faut au scénariste pour que son personnage principal effectue son retour dans le passé, c'est à dire 8 pages à l'intérêt discutable puisqu'à aucun moment il ne donne l'impression de vouloir faire croire au mécanisme de voyage dans le temps. Le lecteur prend donc son mal en patience en profitant des dessins. Gabriel Guzmán avait déjà réalisé une belle prestation pour Father's day. Il réalise des dessins de type réaliste avec un bon degré de détails descriptifs en évitant le plus souvent les personnages en train de parler sans arrière-plan. La chambre de Fred Martin est décorée d'un papier peint avec des motifs enfantins (celui visible sur la couverture), et le lecteur aperçoit une peluche de Gremlin, une d'Alf, une poupée Mafalda et une boîte à repas avec Snoopy. Le salon des Martin est bien aménagé, avec un canapé confortable, une table basse sur laquelle se trouve un joli bouquet, des rideaux aux fenêtres et bien sûr un cendrier sur la table basse. La chambre d'hôpital dispose de tous les appareils de monitoring d'époque. L'aménagement et le mobilier du diner dans lequel travaille Patti Martin sont également d'époque, et réalistes. Par la suite, le lecteur peut observer les outils dans le garage pour automobiles où Fred Martin trouve un job. Puis il regarde le mobilier fonctionnel du bureau du commissaire et les accessoires nécessaires à l'exercice administratif de sa fonction.



Gabriel Guzmán détoure chaque forme avec un trait fin, ce qui lui permet de conserver une bonne lisibilité à ses dessins, même avec une forte densité d'informations visuelles. Il représente les personnages de manière réaliste, avec des morphologies normales, des tenues vestimentaires ordinaires et variées, des expressions de visage naturelles et diversifiées. Le lecteur éprouve l'impression d'observer des individus qu'il pourrait croiser dans la rue aux États-Unis. L'artiste prend soin de montrer leurs postures, leurs mouvements, et la manière dont ils interagissent avec ce qui les entoure, accessoires, mobilier, obstacles, autres personnages. Alors qu'il y a très peu d'action, la narration visuelle s'avère intéressante dans la mesure où elle permet de se projeter dans chaque endroit, et de côtoyer des individus réalistes au comportement plausible. L'artiste s'avère très convaincant pour faire apparaître l'affect émotionnel lors des interactions entre les personnages. Le lecteur peut voir l'agacement de Fred Martin vis-à-vis de sa conquête d'une nuit, la sollicitude professionnelle de l'infirmière pour Fred Martin, le trouble de Fred Martin lorsqu'il se retrouve à côté de lui-même enfant, le désarroi de Patti Martin face à cet étranger qui semble familier sans qu'elle ne le connaisse.



Mike Richardson sait qu'il peut se reposer sur l'artiste pour raconter l'histoire et inclure les éléments visuels nécessaires sans qu'il n'ait besoin d'attirer l'attention dessus au travers des dialogues. Il a choisi de raconter son histoire de manière naturaliste, sans sauter une seule étape. Le lecteur découvre donc une mise en place qui ne lui semble pas très dense et qui passe par des points de passage obligés ne méritant pas forcément d'être autant développés. De savoir que Fred Martin a fait 2 ans de prison n'apporte pas grand-chose, puisque le lecteur peut constater par lui-même que c'est un gars costaud, avec un visage dur et un langage corporel parfois menaçant. Consacrer 5 pages au vol en hydravion rend le récit plus naturaliste, mais n'aide pas à rendre plus crédible cette projection de Fred Martin dans le passé. Tout au plus les dessins descriptifs et réalistes de Gabriel Guzmán attestent que cela sera la seule intervention du surnaturel dans un récit se déroulant dans un monde tout à fait normal.



Les choses changent à partir de la page 10 du récit. Le lecteur a bien compris qu'il faut encore que Fred Martin se rende à l'évidence de sa présence dans le passé, et qu'il regagne une liberté d'action bien qu'il ne puisse justifier de son identité ou de quelque possession que ce soit. De ce point de vue, l'interrogatoire par les 2 agents du FBI permet à Fred Martin de comprendre sa situation et au lecteur de découvrir les règles du jeu de ce retour dans le passé. Mike Richardson insiste encore une fois pour montrer comment Fred martin arrive à se faire quelques centaines de dollars avec sa connaissance du futur, à nouveau dans un moment un peu gauche. Puis il aborde enfin le cœur du récit. Par contraste avec Father's day des mêmes auteurs, cette histoire n'inclut pas de scène d'action et repose plus sur des mécanismes psychologiques. Il y a bien sûr la première question : que va faire Fred Martin ? Les 2 premières pages ont bien fait comprendre au lecteur que l'enfant de 6 ans a été traumatisé par la violence de son père exercée sur sa femme. La scène suivante a permis de comprendre qu'il n'a pas réussi à dépasser ce traumatisme et à se construire pour s'en libérer et le laisser derrière lui.



À partir du moment où Fred Martin pénètre dans le diner ou travaille sa mère, la narration naturaliste prend tout son sens. Le protagoniste ne va pas simplement prendre une arme à feu pour descendre son paternel, puis s'enfuir. Le lecteur le regarde donc prendre contact avec sa mère qui ne se doute pas de qui il est, puis aller vers lui enfant en train de faire ses devoirs à une table du diner. Enfin, il voit son père Steve agripper fortement le bras de sa mère et la contraindre à l'écouter. C'est une scène étrange de par son évidence, et son caractère inconvenant. Voilà le fils devenu adulte qui peut juger leur comportement avec des yeux d'adulte et plus d'enfant. Loin de se comporter en voyou, Fred Martin adulte se positionne en tant qu'ami de sa mère et de lui-même enfant. À l'opposé d'un récit d'action, cela devient plus un drame psychologique, sans être larmoyant. Le lecteur se retrouve bien en peine de deviner quelle décision va prendre Fred Martin et comment il va agir. visiblement il souhaite d'abord se faire une idée avec des yeux d'adulte, puis se décider. Dans le même temps, les individus autour de lui réagissent à sa présence. Il n'est pas un observateur détaché et intouchable. Le scénariste introduit une deuxième source de tension : le temps est compté pour Fred Martin adulte. La narration produit alors un autre effet surprenant : le lecteur a du mal à se projeter dans Fred Martin, même s'il ressent de l'empathie pour lui, sa version enfantine et sa mère, mais dans le même temps il est obligé de s'interroger sur ses propres choix dans une telle situation. La situation de femme battue de Patti ne peut pas durer, mais comment faire ?



Pour la deuxième fois, Mike Richardson et Gabriel Guzmán associent leur talent pour une histoire courte. Le scénariste prend le partie de jouer la carte du réalisme, quitte à devoir raconter des scènes de manière un peu maladroite. Le dessinateur effectue un excellent travail de description et de mise en scène d'une réalité plausible et concrète. Les choix narratifs empêchent le lecteur de vraiment s'identifier au personnage principal, mais l'oblige à considérer le dilemme moral dans lequel il se trouve et à chercher une façon d'agir pour faire cesser une situation intolérable, tout en essayant de faire le bonheur de quelqu'un à sa place. 4 étoiles pour une histoire ambitieuse, dans laquelle le lecteur ne se sent pas entièrement impliqué.
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Father's Day

Ce tome comprend un récit complet et indépendant de tout autre, initialement sérialisé en 4 numéros, parus en 2014. Il a été écrit par Mike Richardson (président de Dark Horse Comics, et scénariste), dessiné et encré par Gabriel Guzmán, et mis en couleurs par Java Tartaglia. Les couvertures ont été réalisées par Keron Grant. Mike Richardson et Gabriel Guzmán ont réalisé un autre récit ensemble : Echoes.



Une araignée se promène sur la fenêtre d'une maison au bord de la mer. Silas Smith (Anthony Cereghino de son vrai nom) l'attrape avec un verre, et la relâche sur le perron de la maison. Il contemple la vue paisible depuis ce point de vue en hauteur par rapport à la mer. Il va se rasseoir dans son fauteuil et reprend tranquillement son livre. Il est fort surpris d'entendre frapper à sa porte. Ayant ouvert, il découvre une jeune femme (Denise, 18-20 ans) plus petite que lui d'une bonne tête, avec une tenue négligée et vaguement rebelle. Il lui demande ce qu'il peut pour elle. Avec un visage énervé, elle répond à sa question en lui envoyant un coup poing dans l'estomac, ce qui le fait tomber à la renverse. Elle finit par lui dire qu'elle est venue lui apprendre que sa femme est morte, elle tourne les talons et ressort.



Silas Smith tire sur le tapis sous les pieds de Denise et c'est à son tour de tomber à la renverse. Il l'interroge et comprend qu'elle est sa fille, toujours aussi en colère après lui. Il lui demande de manière pressante de lui expliquer comment elle l'a retrouvé. Elle indique qu'après la mort de sa mère, elle a découvert une lettre de lui, et qu'elle a fait des recherches dans la région en montrant sa photographie aux gens du coin. Il demande depuis combien de temps elle s'est livrée à cette enquête. Puis il se lève rapidement et va jeter un coup d'œil à la fenêtre. Une belle conduite intérieure noire est garée devant chez lui et plusieurs individus costauds et armés, en costume noir sont en train d'en descendre. Silas Smith attrape Denise par le bras et lui intime de sauter dans la cave pour qu'ils déguerpissent à toute allure.



Mike Richardson a fait ses preuves en tant que scénariste aussi pour des histoires mémorables de Star Wars (voir Crimson Empire avec Randy Stradley et Paul Gulacy) que pour des récits complets comme 47 ronin avec Stan Sakai. De temps à autre, il réalise un récit complet et autonome, comme celui-ci. En 10 pages, la dynamique du récit est posée : Anthony Cereghino était un assassin pour le compte d'une organisation criminelle basée à Chicago, et il était surnommé le Boucher de l'Eastside de Chicago. Il a visiblement choisi de se retirer des affaires, mais il a laissé une petite famille derrière lui : sa femme et sa fille. Le lecteur n'en apprendra pas beaucoup plus du personnage ou de son histoire personnelle, si ce n'est qu'il n'a pas usurpé son surnom. De même, il n'en apprendra pas plus sur Denise. Par contre, il voit les 2 en action. L'originalité de cette histoire d'assassin rattrapé par son passé réside justement dans leurs modalités d'action. Anthony Cereghino a décidé de ne plus utiliser la violence pour se défendre. Ayant été retrouvé, il est prêt à se livrer à ceux qui le recherchent, pourvu que sa fille puisse rester en dehors de tout.



Le cas de Denise est un peu différent, puisque dès la deuxième scène d'affrontement physique, le lecteur découvre qu'elle sait très bien se défendre elle-même. Cette interversion du schéma classique dispose d'un certain potentiel : ce n'est pas le père qui protège sa fille sans défense, mais la fille qui défend son père malgré lui. Les dessins montrent d'ailleurs qu'Anthony Cereghino est resté en bonne forme physique et qu'il dispose d'une carrure imposante. Denise est nettement plus petite et moins musclée, ce qui rend le contraste plus important. Mais le scénariste ne joue pas sur cette différence, ni même sur cette inversion du schéma. En fait quand le conflit devient inéluctable, Denise passe à l'action avec inventivité et accomplit les prouesses physiques quasiment comme l'aurait fait son père. Elle s'avère être une redoutable conductrice dans une course-poursuite où leur voiture est devenue la cible de motards. Dans un autre affrontement, elle utilise ce qui lui tombe sous la main comme des armes, en l'occurrence des couverts de table, mais le résultat est identique à celui qu'il aurait été si Dereghino avait pris les choses en main. Cette similitude est apparente dans la manière dont les dessins racontent l'histoire.



Gabriel Guzmán dessine de manière réaliste, et une très faible proportion de cases sans arrière-plan. Le lecteur peut donc se projeter dans chaque environnement et les percevoir par les yeux des personnages. La maison au bord de l'eau est assez simple dans son architecture, mais elle dispose d'un aménagement très masculin dans son absence de décoration, et de revêtements de sol différenciés entre celui de la pièce à vivre et celui de la véranda. L'aménagement spatial et le mobilier du diner sont assez basiques et génériques, mais correspondent bien à ce que le lecteur s'attend à trouver dans un établissement de restauration de ce type dans une partie campagnarde des États-Unis. La maison isolée dans une région désertique de Giovanni reflète également un aménagement fonctionnel de type masculin. L'intérieur cossu de la demeure du père de Lorenzo correspond à des revenus importants. La chambre de motel squattée par Denise et son père est conforme à ces constructions génériques et impersonnelles qui existent aux États-Unis. L'artiste montre une Amérique classique et banale.



Gabriel Guzmán a donc conçu une apparence spécifique pour chacun des personnages, qu'il s'agisse de leur morphologie, de leur visage, ou de leur tenue vestimentaire. Le lecteur peut immédiatement les situer en termes d'appartenance à une classe de la société, ou en termes de métier. Il ne conçoit pas de plan de prises de vue très élaboré pour les dialogues, avec souvent des cases ne contenant que des têtes en train de parler. Mais elles revêtent des expressions qui sonnent juste, et le langage corporel reflète le niveau de conviction ou d'agitation émotionnelle du personnage en train de parler. L'artiste doit donc également mettre en images des séquences d'action, ce qui constitue un défi quand le récit reste naturaliste. En effet, il doit compenser l'absence de maîtrise de vitesse de la lecture, ainsi que le fait que ces séquences peuvent être réalisées en film de manière plus immersives. La première séquence de ce type correspond à l'affrontement physique entre Denise et les hommes de main dans le diner. L'artiste utilise le nombre de cases, ainsi que leur juxtaposition pour montrer la vitesse des mouvements (augmentation du nombre de cases), le côté inattendu des actions (des cases qui ne sont plus rectangulaires et qui sont un peu chamboulées), ainsi que la détermination de Denise (la gestion du temps qui s'écoule entre 2 cases). Il ne transforme pas cet affrontement en un ballet, mais il en transcrit la soudaineté, ainsi que la violence efficace. Il réussit à raconter une scène d'action avec la grammaire spécifique de la bande dessinée, sans pour autant donner l'impression d'être le parent pauvre du cinéma.



La deuxième scène d'action d'importance correspond à la course-poursuite entre une voiture et des motos. Là encore, le cinéma permet des montages choc rendant compte de la vitesse et de la dangerosité des manœuvres, d'une manière très immersive. Il s'agit d'une séquence qui dure 9 pages, et Gabriel Guzmán construit à nouveau ses planches de manière à transcrire la vitesse, les risques pris, la tension de Denise, la brutalité des chocs, l'improvisation des manœuvres. Il sait doser le niveau de détails pour être au point d'équilibre entre des lieux et des accessoires assez concrets, et des dessins se lisant rapidement pour ne pas ralentir le lecteur dans les séquences d'action. Mike Richardson dispose donc d'une base visuelle solide pour insuffler de la vie dans les conventions de ce genre de récit. Le scénario ne s'embarrasse pas de détails inutiles. L'intrigue est bâtie de manière linéaire sous la forme d'une fuite en avant, avec des affrontements réguliers. Le renversement des rôles entre la fille et le père ne génère pas une forte originalité puisque Denise sait se défendre et sait aussi mener une offensive. Richardson intègre quelques réflexions humoristiques, mais peu nombreuses, et pas toujours efficaces (à commencer par celle sur les produits d'hygiène féminine dont a besoin Denise). Il met en scène la relation fille / père sans trop s'y appesantir. Le lecteur ressent que Denise ne réussit pas complètement à dépasser son ressentiment envers son père, mais qu'elle apprécie de pouvoir l'aider.



Mike Richardson a conçu un point de départ original qui renverse les conventions habituelles d'un duo père / fille, sans vraiment en tirer parti, sans creuser leur relation. Il a agencé une suite de péripéties classiques menées à tambour battant, bénéficiant d'une mise en scène vive et convaincante réalisée par Gabriel Guzmán. 4 étoiles pour un récit de genre rapide et efficace.
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Dark Horse Heroes - Omnibus Volume 1

tome comprend les épisodes avec lesquels l'éditeur Dark Horse Comics a créé son propre univers partagé de superhéros. Il contient les 2 premières histoires, à savoir World of Power, et Will to power, avec un résumé sous forme de texte Windows to power (8 pages) résumant les principaux événements survenus entre les 2. Ce concept de série anthologique a bénéficié d'une nouvelle version bien construite : Catalyst Comix de Joe Casey (2013/2014).



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- World of power : contient les 4 miniséries de 4 épisodes nommées sur la base des villes fictives où se déroulent l'action, initialement parues en 1992. Chaque épisode commence par une page déroulant les événements survenus dans la région de Cinnabar Flats dans le Nevada, écrite par Mike Richardson, dessinée et encrée par Lee Weeks. Arcadia - Les scénarios sont de Jerry Prosser. L'épisode 1 est dessiné par Chris Warner, le 2 par Joe Phillips, le 3 par Adam Hughes, et le 4 par Derek Thompson. Golden City - Les scénarios sont de Barbara Kesel, et les dessins de Tim Hamilton (épisode 1), Chuck Wojtkiewicz (épisode 2), Brian Arthorp (épisode 3) et Jan Duursema (épisode 4). Steel Harbor - Les scénarios sont de Chris Warner et les dessins de Paul Gulacy (épisode 1), Ted Naifeh (épisode 2), Chris Warner (épisode 3) et Vince Giarrano (épisode 4). The Vortex - Les scénarios sont de Randy Stradley, et les dessins de Doug Mahnke (épisode 1), Eric Shanower (épisode 2), Paul Chadwick (épisode 3) et Bob McLeod (épisode 4).



En 1931 dans une région désertique du Nevada, une navette spatiale a atterri et s'est enfouie profondément dans le sol. De nos jours à Arcadia, un personnage cagoulé, avec un costume moulant et un X sur sa cagoule, barrant son œil gauche, s'attaque à la corruption des élites. La ville est également le théâtre d'action de l'équipe des Pit Bulls, d'un apparition spectrale appelée Ghost et des attaques d'une créature appelée Monster. Golden City est une cité utopique, grâce à la gouvernance de Grace, une femme dotée de superpouvoirs, à la tête d'une équipe de superhéros lui obéissant au doigt et à l'œil, régnant de manière incontestée en despote éclairée. À Steel Harbor, la guerre des gangs fait rage dans le quartier du port, mêlant des individus comme Barb Wire, The Machine, l'équipe Wolf Gang et Motorhead. Enfin dans le désert du Nevada, la base militaire voit passer des superhéros comme la Division 13, Hero Zero et King Tiger.



Depuis plusieurs décennies, le marché des comics est dominé par un genre surreprésenté, celui des superhéros. En particulier, Marvel et DC Comics détiennent la plus grosse part de marché depuis des décennies, en vendant surtout des histoires mettant en scène des superhéros dont ils détiennent les droits de propriété intellectuelle, dans des univers partagés qui leur sont propres.



Il est donc très tentant pour chaque éditeur indépendant de reproduire ce modèle. C'est ainsi qu'en 1993, l'éditeur Dark Horse Comics lance une série de 4 miniséries successives (chacune de 4 épisodes) pour inaugurer sa propre ligne de superhéros dont il détient les droits. Parmi eux, certains ont eu droit à plusieurs séries successives, avec un succès plus ou moins important, dont le vigilant X (voir X Omnibus volume 1), Barb Wire (qui a même mené à un film avec Pamela Anderson : Barb wire), ou encore Ghost (voir Ghost Omnibus volume 1). Ce tome propose de découvrir les débuts de cet univers partagé. Pour réaliser ce lancement, les responsables éditoriaux ont choisi une forme originale. Ils devaient trouver un moyen de déployer rapidement leur ligne de comics pour retirer le plus vite possible les bénéfices du concept d'univers partagé. Pour ce faire, ils créent un groupe de scénariste baptisé du nom de Team CGW (Comics greatest World, l'appellation originelle de cette ligne de superhéros), composé de Mike Richardson, Randy Stradley, Barbara Kesel, Jerry Prosser, et Chris Warner. Ce sont d'ailleurs eux qui écrivent les miniséries de lancement. Ensuite, ils bâtissent une histoire tenant à la fois de l'origine secrète (pour la provenance des superpouvoirs), du crossover par ville, et de l'histoire globale.



Le lecteur plonge donc dans un récit à la forme très particulière qui a pour objet de lui faire faire une visite de découverte dans les 4 villes (une base militaire pour la dernière) fictives de cet univers partagé. Bien évidemment, la flopée de héros présentés fait qu'ils n'ont pas beaucoup de temps pour exister. En fonction de sa sensibilité, le lecteur peut retenir le justicier X, au costume pas très intelligent avec ce X qui indique qu'il est borgne, et ce cadenas à bon marché qui ferme un collier autour de son cou. Impossible de s'intéresser aux membres très génériques de l'équipe de Pit Bulls, ou à Monster très générique aussi. Par contre l'apparence de Ghost retient tout de suite l'attention ainsi que sa condition de spectre, à priori originale. Barb Wire attire l'œil pour sa plastique, et Motorhead pour son apparence étonnante et son patronyme qui évoque un groupe de hard rock unique en son genre grâce à Lemmy Killmister. À Arcadia, c'est le mode de gouvernement qui retient plus l'attention avec la gouvernance unilatérale de Grace. Steel Harbor se résume à un terrain d'affrontement pour des gangs, une ville totalement inhabitable dans la réalité au vu de l'ampleur des destructions quotidiennes. Le mystère de Cinnabar Flats en fait une réserve inépuisable d'individus dotés de superpouvoirs, avec des représentants à la crédibilité très compromise, même au regard des critères de séries de superhéros.



Avec le temps qui a passé, le lecteur s'attache plus au dispositif narratif et au pari éditorial qu'aux personnages ou aux intrigues qui sont toutes esquissées afin de pouvoir être reprises dans des séries ou miniséries par la suite. Les dessinateurs effectuent tous un travail professionnel, avec un degré de simplification propre aux comics de superhéros. Parmi eux, le lecteur apprécie les rondeurs des contours d'Adam Hughes (même s'il n'a pas encore développé son art de la pin-up), ainsi que les dessins âpres de Vince Giarrano. Paul Gulacy et Eric Shanower sont en petite forme. Les caractéristiques graphiques de Paul Chadwick sont immédiatement reconnaissables. Pour la plupart, il s'agit de dessinateurs qui travaillent à l'époque régulièrement pour sur des séries publiées par Dark Horse.



Ce démarrage en trombe de l'univers partagé Dark Horse aboutit à un récit choral, pas pénible à lire, mais souffrant de sa nature de tour d'horizon qui n'a le temps de s'appesantir sur aucun personnage, avec des dessins satisfaisants, sans que les artistes n'aient le temps de sortir du système de production à la chaîne. Entre 3 étoiles (pour la qualité de l'histoire) et 4 étoiles pour le témoignage historique du lancement de cet univers partagé.



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- Windows to Power - Ce texte est écrit par Chris Warner. L'auteur hérite de la tâche ingrate de raconter succinctement les principaux faits survenus dans des épisodes annexes entre les 2 histoires principales. Cela ne présente finalement aucun intérêt et la lecture en est assez fastidieuse. 1 étoile.



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- Will to power - Il s'agit cette fois-ci d'une minisérie en 12 épisodes. Chaque chapitre s'ouvre sur une page écrite par Mike Richardson et dessinée par Brian Apthorp retraçant étape par étape des moments clefs dans la vie du superhéros Titan (Frank Wells). Se succèdent Jerry Prosser (scénario) & Mike Manley (dessins) pour les épisodes 1 à 3, Chris Warner (scénario pour les épisodes 4 à 6) & Jim Somerville (dessins é4), Tomm Coker (dessins é5), Andrew Robinson (dessins é6), Barbara Kesel (scénariste) & Terry Dodson (dessins) pour les épisodes 7 à 9, Randy Stradley (scénariste) & Chris Warner (dessinateur) pour les épisodes 10 à 12.



Le superhéros Titan (Frank Wells) en a eu marre d'obéir aveuglement aux ordres de Grace à Golden City. Il a décidé de se mettre au service du gouvernement des États-Unis et d'accomplir des missions. La première l'amène à Arcadia, où il fait face à X, un individu sans superpouvoirs mais qui lui donne du fil à retordre, puis à Monster, et à d'autres. Il accomplit ensuite une autre mission à Steel Harbor où la guerre des gangs continue à faire rage, et il se heurte bien sûr à Barb Wire et aux autres. Au fur et à mesure des conflits, il prend de l'assurance, se rend compte qu'il a soif de plus d'autonomie et que ses pouvoirs semblent augmenter. Il finit par devenir un risque pour la sécurité de l'état, refusant d'obtempérer aux ordres, et Grace (en provenance de Golden City) doit intervenir. Bien sûr, tout finit où ça a commencé, c’est-à-dire sur le site de Cinnabar Flats dans le désert du Nevada. En début de chacun des 12 épisodes, une page de prologue revient sur un moment déterminant de la jeunesse de Frank Wells.



Après avoir suivi le prétexte des 2 extraterrestres de ville en ville lors de la première histoire, la narration change de forme, en suivant un personnage principal, évoquant fortement une déclinaison de Superman qui n'aurait pas l'équilibre parfait de la personnalité de Clark Kent. Or tout le monde sait bien que le pouvoir corrompt et que le pouvoir absolu corrompt absolument, selon la maxime de John Emerich Edward Dalberg-Acton. La montée en puissance des dérives violente de Titan se fait graduellement, sans possibilité de retour en arrière, sa personnalité devenant de plus en plus détestable. Les évocations de son passé en font un individu aigri sans beaucoup de nuances, tout étant à charge des maltraitances plus ou moins graves qu'il a subies. Le lecteur retrouve successivement les différents superhéros présentés dans la première histoire. Jerry Prosser raconte une histoire de ville corrompue assez classique, sans beaucoup de surprise mais bien construite. Il est plus difficile de s'intéresser à une guerre des gangs d'individus dotés de superpouvoirs détruisant et saccageant leur environnement au point qu'on ne voit pas comment une population civile pourrait survivre longtemps à un tel déchaînement de force. Barbara Kesel s'en tire un peu mieux en faisant apparaître les qualités et les défauts de Grace en tant que despote éclairée, par contre la succession d'affrontements repose sur les clichés les plus éculés des récits de superhéros. Dans la dernière partie, Randy Stradley favorise son personnage King Tiger, les autres affrontements étant aussi convenus, et les atermoiements de l'entité du Vortex lassant très vite.



Parmi les différents dessinateurs, Mike Manley réalise des pages de comics de superhéros très traditionnelles, sans réussir à rendre compte de la noirceur urbaine d'Arcadia. Des 3 épisodes suivants, c'est Andrew Robinson qui réalise des dessins donnant l'impression qu'il y croit un minimum. Terry Dodson relève le niveau avec des dessins propres sur eux et une approche plus élégante, peut-être pas la plus appropriée à l'histoire, mais très agréable à l'œil. Chris Warner donne l'impression de s'impliquer le plus dans le récit, avec des dessins plus nerveux qui sont plus en phase avec plus de détails et un meilleur rendu des énergies libérées et des coups portés.



Au final cette deuxième partie se lit rapidement et facilement, mais elle n'apporte pas grand-chose aux superhéros de cet univers partagé (sauf un peu pour King Tiger). En outre l'histoire d'un superhéros de type Superman qui prend la grosse tête et perd son self contrôle n'est pas très originale et le lecteur est incapable d'éprouver un début d'empathie pour Titan. 2 étoiles.
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Le Secret

Un vrai récit d'horreur aussi stressant qu'un film du même genre !Une jeune fille disparait un soir, quelques temps après avoir joué à un jeu de canular téléphonique. Dans un premier l'enquête de police se porte sur un de ses copains solitaire, Tommy Morris. Mais Tommy est persuadé pouvoir retrouver son kidnappeur et la sauver. Un an plus tard il se retrouve par hasard devant la maison du présumé agresseur...
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Le Secret

Avec une parfaite maîtrise du rythme et du hors champ, ainsi qu’un usage original et efficace de la typographie, [les auteurs] rendent un bien bel hommage au récit d’horreur. Et risquent bien de vous empêcher de fermer l’oeil de la nuit.
Lien : http://www.bodoi.info/le-sec..
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Le Secret

Le secret est une bande dessinée qu’on m’a gentiment offerte. Malheureusement, je m’attendais à beaucoup mieux. Une histoire simple et banale avec des personnages pas assez travaillés selon moi. Des

graphismes corrects mais sans avoir eu le gros coup de cœur. Avis mitigé pour ce livre.
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Le Secret

Mike Richardson, connu entre autre pour « The Mask », nous offre un scénario digne de la renommée de ses plus grands films. Même si l’intrigue en elle-même est simple, on plonge littéralement dans l’enquête qui émane horreur et angoisse.
Lien : http://www.bdencre.com/2013/..
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Le Secret

Un très bel album, qui pèche par son manque d'originalité, mais qui se rattrape très largement avec son efficacité !
Lien : http://www.sceneario.com/bd_..
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