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Gabriel Guzman (Illustrateur)
EAN : 9781616555795
104 pages
Dark Horse (07/07/2015)
4/5   1 notes
Résumé :
Once a feared Chicago mob enforcer, Silas Smith has gone underground and found peace in seclusion. . . until his estranged daughter shows up on his doorstep with a major axe to grind. And though Silas abandoned his violent past, his former bosses are now on his trail with swcores to settle, intent on teaching Silas that crime doesn't play!

From Mike Richardson, creator of The Mask and TimeCop, Father's Day is a white-knuckle crime thriller loaded with... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome comprend un récit complet et indépendant de tout autre, initialement sérialisé en 4 numéros, parus en 2014. Il a été écrit par Mike Richardson (président de Dark Horse Comics, et scénariste), dessiné et encré par Gabriel Guzmán, et mis en couleurs par Java Tartaglia. Les couvertures ont été réalisées par Keron Grant. Mike Richardson et Gabriel Guzmán ont réalisé un autre récit ensemble : Echoes.

Une araignée se promène sur la fenêtre d'une maison au bord de la mer. Silas Smith (Anthony Cereghino de son vrai nom) l'attrape avec un verre, et la relâche sur le perron de la maison. Il contemple la vue paisible depuis ce point de vue en hauteur par rapport à la mer. Il va se rasseoir dans son fauteuil et reprend tranquillement son livre. Il est fort surpris d'entendre frapper à sa porte. Ayant ouvert, il découvre une jeune femme (Denise, 18-20 ans) plus petite que lui d'une bonne tête, avec une tenue négligée et vaguement rebelle. Il lui demande ce qu'il peut pour elle. Avec un visage énervé, elle répond à sa question en lui envoyant un coup poing dans l'estomac, ce qui le fait tomber à la renverse. Elle finit par lui dire qu'elle est venue lui apprendre que sa femme est morte, elle tourne les talons et ressort.

Silas Smith tire sur le tapis sous les pieds de Denise et c'est à son tour de tomber à la renverse. Il l'interroge et comprend qu'elle est sa fille, toujours aussi en colère après lui. Il lui demande de manière pressante de lui expliquer comment elle l'a retrouvé. Elle indique qu'après la mort de sa mère, elle a découvert une lettre de lui, et qu'elle a fait des recherches dans la région en montrant sa photographie aux gens du coin. Il demande depuis combien de temps elle s'est livrée à cette enquête. Puis il se lève rapidement et va jeter un coup d'oeil à la fenêtre. Une belle conduite intérieure noire est garée devant chez lui et plusieurs individus costauds et armés, en costume noir sont en train d'en descendre. Silas Smith attrape Denise par le bras et lui intime de sauter dans la cave pour qu'ils déguerpissent à toute allure.

Mike Richardson a fait ses preuves en tant que scénariste aussi pour des histoires mémorables de Star Wars (voir Crimson Empire avec Randy Stradley et Paul Gulacy) que pour des récits complets comme 47 ronin avec Stan Sakai. de temps à autre, il réalise un récit complet et autonome, comme celui-ci. En 10 pages, la dynamique du récit est posée : Anthony Cereghino était un assassin pour le compte d'une organisation criminelle basée à Chicago, et il était surnommé le Boucher de l'Eastside de Chicago. Il a visiblement choisi de se retirer des affaires, mais il a laissé une petite famille derrière lui : sa femme et sa fille. le lecteur n'en apprendra pas beaucoup plus du personnage ou de son histoire personnelle, si ce n'est qu'il n'a pas usurpé son surnom. de même, il n'en apprendra pas plus sur Denise. Par contre, il voit les 2 en action. L'originalité de cette histoire d'assassin rattrapé par son passé réside justement dans leurs modalités d'action. Anthony Cereghino a décidé de ne plus utiliser la violence pour se défendre. Ayant été retrouvé, il est prêt à se livrer à ceux qui le recherchent, pourvu que sa fille puisse rester en dehors de tout.

Le cas de Denise est un peu différent, puisque dès la deuxième scène d'affrontement physique, le lecteur découvre qu'elle sait très bien se défendre elle-même. Cette interversion du schéma classique dispose d'un certain potentiel : ce n'est pas le père qui protège sa fille sans défense, mais la fille qui défend son père malgré lui. Les dessins montrent d'ailleurs qu'Anthony Cereghino est resté en bonne forme physique et qu'il dispose d'une carrure imposante. Denise est nettement plus petite et moins musclée, ce qui rend le contraste plus important. Mais le scénariste ne joue pas sur cette différence, ni même sur cette inversion du schéma. En fait quand le conflit devient inéluctable, Denise passe à l'action avec inventivité et accomplit les prouesses physiques quasiment comme l'aurait fait son père. Elle s'avère être une redoutable conductrice dans une course-poursuite où leur voiture est devenue la cible de motards. Dans un autre affrontement, elle utilise ce qui lui tombe sous la main comme des armes, en l'occurrence des couverts de table, mais le résultat est identique à celui qu'il aurait été si Dereghino avait pris les choses en main. Cette similitude est apparente dans la manière dont les dessins racontent l'histoire.

Gabriel Guzmán dessine de manière réaliste, et une très faible proportion de cases sans arrière-plan. le lecteur peut donc se projeter dans chaque environnement et les percevoir par les yeux des personnages. La maison au bord de l'eau est assez simple dans son architecture, mais elle dispose d'un aménagement très masculin dans son absence de décoration, et de revêtements de sol différenciés entre celui de la pièce à vivre et celui de la véranda. L'aménagement spatial et le mobilier du diner sont assez basiques et génériques, mais correspondent bien à ce que le lecteur s'attend à trouver dans un établissement de restauration de ce type dans une partie campagnarde des États-Unis. La maison isolée dans une région désertique de Giovanni reflète également un aménagement fonctionnel de type masculin. L'intérieur cossu de la demeure du père de Lorenzo correspond à des revenus importants. La chambre de motel squattée par Denise et son père est conforme à ces constructions génériques et impersonnelles qui existent aux États-Unis. L'artiste montre une Amérique classique et banale.

Gabriel Guzmán a donc conçu une apparence spécifique pour chacun des personnages, qu'il s'agisse de leur morphologie, de leur visage, ou de leur tenue vestimentaire. le lecteur peut immédiatement les situer en termes d'appartenance à une classe de la société, ou en termes de métier. Il ne conçoit pas de plan de prises de vue très élaboré pour les dialogues, avec souvent des cases ne contenant que des têtes en train de parler. Mais elles revêtent des expressions qui sonnent juste, et le langage corporel reflète le niveau de conviction ou d'agitation émotionnelle du personnage en train de parler. L'artiste doit donc également mettre en images des séquences d'action, ce qui constitue un défi quand le récit reste naturaliste. En effet, il doit compenser l'absence de maîtrise de vitesse de la lecture, ainsi que le fait que ces séquences peuvent être réalisées en film de manière plus immersives. La première séquence de ce type correspond à l'affrontement physique entre Denise et les hommes de main dans le diner. L'artiste utilise le nombre de cases, ainsi que leur juxtaposition pour montrer la vitesse des mouvements (augmentation du nombre de cases), le côté inattendu des actions (des cases qui ne sont plus rectangulaires et qui sont un peu chamboulées), ainsi que la détermination de Denise (la gestion du temps qui s'écoule entre 2 cases). Il ne transforme pas cet affrontement en un ballet, mais il en transcrit la soudaineté, ainsi que la violence efficace. Il réussit à raconter une scène d'action avec la grammaire spécifique de la bande dessinée, sans pour autant donner l'impression d'être le parent pauvre du cinéma.

La deuxième scène d'action d'importance correspond à la course-poursuite entre une voiture et des motos. Là encore, le cinéma permet des montages choc rendant compte de la vitesse et de la dangerosité des manoeuvres, d'une manière très immersive. Il s'agit d'une séquence qui dure 9 pages, et Gabriel Guzmán construit à nouveau ses planches de manière à transcrire la vitesse, les risques pris, la tension de Denise, la brutalité des chocs, l'improvisation des manoeuvres. Il sait doser le niveau de détails pour être au point d'équilibre entre des lieux et des accessoires assez concrets, et des dessins se lisant rapidement pour ne pas ralentir le lecteur dans les séquences d'action. Mike Richardson dispose donc d'une base visuelle solide pour insuffler de la vie dans les conventions de ce genre de récit. le scénario ne s'embarrasse pas de détails inutiles. L'intrigue est bâtie de manière linéaire sous la forme d'une fuite en avant, avec des affrontements réguliers. le renversement des rôles entre la fille et le père ne génère pas une forte originalité puisque Denise sait se défendre et sait aussi mener une offensive. Richardson intègre quelques réflexions humoristiques, mais peu nombreuses, et pas toujours efficaces (à commencer par celle sur les produits d'hygiène féminine dont a besoin Denise). Il met en scène la relation fille / père sans trop s'y appesantir. le lecteur ressent que Denise ne réussit pas complètement à dépasser son ressentiment envers son père, mais qu'elle apprécie de pouvoir l'aider.

Mike Richardson a conçu un point de départ original qui renverse les conventions habituelles d'un duo père / fille, sans vraiment en tirer parti, sans creuser leur relation. Il a agencé une suite de péripéties classiques menées à tambour battant, bénéficiant d'une mise en scène vive et convaincante réalisée par Gabriel Guzmán. 4 étoiles pour un récit de genre rapide et efficace.
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