Mina Shepard

Un homme est en train de s’introduire par effraction dans un immeuble ! D’après mes sources (Google et Wikipédia. Je me suis renseignée sur les alentours avant de venir stationner près de chez Amanda), il s’agit du siège de l’un des plus grands diamantaires du Royaume-Uni, Carmichael & Son. Rien de moins que le joaillier personnel de la reine et de toute la famille royale ! Et ça me paraît très légèrement alarmant qu’un homme s’y introduise par une porte dérobée, en pleine nuit… Je n’entends aucune alarme retentir, cependant

Intriguée au plus haut point, j’expédie Elinor d’un « Bonne soirée, je vous tiens au courant », et je prends mon courage à deux mains pour affronter le froid polaire et voir un peu de quoi il retourne. Mon gros manteau n’est pas le meilleur des camouflages pour une filature discrète, mais je vais devoir faire avec.

Je ferme ma titine à clef et fais quelques pas sur le sol verglacé en direction de l’immeuble. L’homme est déjà à l’intérieur, il faut faire vite ! Je me rapproche encore, le plus silencieusement possible, quand soudain j’aperçois un autre homme à quelques pas de distance, comme s’il était en train d’observer le premier. Un complice ?

Impossible, ils seraient ensemble, ça n’a pas de sens… Il est clairement en train de l’espionner. Un policier ? Un autre détective ?

Ouuuh, ça me paraît bien mystérieux, tout ça. Et si c’était ça, l’affaire que j’attends depuis tout ce temps ? !

Une bouffée d’excitation me traverse. J’accélère le pas pour rattraper le second homme, dont la silhouette élégante longe l’immeuble en direction de la porte empruntée par le premier, que nous appellerons « suspect n° 1 ».

À bonne distance, je regarde le second se mouvoir dans l’ombre, et ne peux pas m’empêcher de remarquer sa belle carrure et ses allures de James Bond. Même de loin, je peux voir qu’il est très, très bel homme. Brun, mâchoire carrée, très grand… sexy ! Malgré moi, ça me donne encore plus envie de le suivre, ce que je fais, me glissant sur ses traces telle une panthère, tapie dans l’ombre…

Celui que nous nommerons pour l’enquête « Bond 2 » est déjà à la porte, me forçant à accélérer. Il la franchit, et je me précipite dans l’intention de me faufiler derrière lui avant qu’elle ne se referme.

Ouf, heureusement, je n’ai fait aucun bruit ! Il ne s’est rendu compte de rien. Mais comment se fait-il qu’aucune alarme ne se soit déclenchée cette fois encore ! ? Lui doit aussi définitivement être unprivé. Un privé bien renseigné, celui-là…

Comme dans les séries télé, je bloque la porte avec mon pied avant qu’elle ne se referme.

Ouch, qu’est-ce qu’elle est lourde !

Je patiente quelques secondes pour être sûre que l’homme ne m’entende pas entrer, puis avance à pas de loup jusqu’à me retrouver moi aussi à l’intérieur… Je m’apprête à refermer tout doucement la porte, quand soudain…

– Qu’est-ce que vous fabriquez ici ? chuchote une voix masculine d’un ton particulièrement irrité.

Oh oh… Le début des problèmes !

Il y a huit mois de cela, aprés avoir terminé mes études de criminologie, j'ai quitté ma Lorraine natale, avec toute ma vie dans une seule (quoi qu’énorme) valise. J'ai tout plaqué et j'ai débarqué à Londres afin d'exercer le métier de mes rêves : détective privé.

Je sais, ça impressionne toujours.

C'était mon rêve de gosse, mon but ultime, absolu, et grâce à mon acharnement et à ma patience , je l'ai réalisé.

J'ai cru que tout cela était réel: le coup de foudre au premier regard,l'amour,la passion, la rencontre avec l'homme dont toutes femmes rêvent,celui qui est non seulement ambitieux et drôle,mais aussi plein de surprises et d'attentions.Celui qui vous regarde avec des yeux pleins d'étoiles et vous couvre de cadeaux,celui grâce auquel vous avez l'impression d'être unique au monde et exceptionnelle.

– C’est trop tard à présent, je suis déjà trop impliquée. Et je tiens à Gareth, vraiment… Je ne renoncerai pas ! Et d’ailleurs, s’il y a une chose que je n’arrive pas à comprendre, c’est vous, votre comportement : comment peut ­on trahir comme ça sa famille, son propre frère ? m’emporté­ je.

Je dois vraiment avoir tapé là où ça fait mal, car subitement Edward donne un gros coup de poing dans la boîte à gants de ma petite voiture adorée, dont le plastique se fissure. Je laisse échapper un petit cri de frayeur, mais il se met à m’aboyer dessus encore plus fort, hors de lui:

– Fermez la, vous ne savez absolument rien de rien, vous êtes à mille lieues d’imaginer de quoi il s’agit ! Alors foutez­-moi la paix une bonne fois pour toutes, retournez à votre petit train-train tant qu’il en est encore temps, et arrêtez de fouiner dans mes affaires ! Et croyez­-moi, si vous vous obstinez, la prochaine fois que vous croiserez mon chemin, je risque d’être bien moins tendre avec vous, c’est clair dans votre petite tête?

– Est ­ce que vous me menacez ? m’insurgé-­je, révoltée par sa réaction.

– Ce ne sont pas des menaces. Je vous le répète une dernière fois. C’est une situation qui vous dépasse. Il ne s’agit pas que de moi, vous courez un réel danger. Il ne croit pas si bien dire, et il ne va pas falloir une seconde de plus avant que je ne m’en rende compte par moi­-même, et à mes dépens...

À peine finit-­il sa phrase qu’un vrombissement de moteur mêlé à des crissements de pneus rompt le doux ronronnement de la pluie qui tombe. Nous nous retournons comme un seul homme, et à travers la vitre brouillée par les gouttes qui s’y écrasent, je distingue les phares d’une voiture qui fonce droit sur nous.

– Je vous avais prévenue, ils vont nous rentrer dedans ! s’exclame Edward

Je crois ma dernière heure arrivée et cède instantanément à la panique… Hurlant de tous mes poumons, je tente de me débattre et parviens je ne sais comment à gifler mon assaillant qui lâche un cri de surprise. Celui-ci me saisit alors par les épaules, m’attire contre lui et couvre ma bouche de sa main. Étrangement, la pression de ses doigts est délicate, j'ai comme l'impression qu’il ne me veut aucun mal.

Il me caresse la joue en me souriant d'une façon si charmante,avec son adorable fossette, qu'il est impossible de lui résister: je fonds comme neige au soleil.
Par pure vengeance,je mets un doigt dans la pâte à gâteau et lui en mets sur le visage,pile à l'endroit de sa fossette.

Je fonds littéralement lorsqu'il sourit et que je vois cette fossette qu'il a sur la joue, cette petite marque de fabrique qui m'a ensorcelée dès la première seconde où je l'ai aperçu.

- Je veux voir tes beaux yeux se perdre dans les miens quand je vais te pénétrer, aller et venir en toi, jusqu'à ce que je te donne un orgasme magnifique.

Qu'est-ce qu'il est canon au réveil, avec ses cheveux un peu dans tous les sens. .. Trop sexy!