AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Nadia Busato (21)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Je ne ferai une bonne épouse pour personne

« Saisir la langue à pleines mains, fermement. »

Dès la première ligne, tu sais que cela ne va pas être un énième roman sur les états d'âme dits féminins, mais que tu vas découvrir une auteure singulière à l'univers fort qui n'hésite pas à démarrer avec une scène incroyablement incisive et dérangeante, à la Joyce Carol Oates : une housewife cuisine avec dégoût une langue de boeuf pour se conformer à ce qu'on attend d'elle, être un cordon bleu, meilleure que ses voisines.



Nadia Busato a eu l'idée de ce roman en découvrant une photographie de Robert Wiles datant de 1947 : le corps d'Evelyn McHale qui s'est jetée du 86ème étage de l'Empire State Building. «  le plus beau des suicides » avait titré Life magazine qui l'avait choisie pour sa Une. Il faut dire que cette photographie a de quoi fasciné, au point de devenir de faire d'Evelyn une icône pop célébrée par Bowie et Warhol : un visage surprenant de beauté intacte, comme endormie dans un berceau de tôle, presque souriante, trois doigts autour de son collier de perles, les jambes élégamment croisées. Comme si elle allait les ouvrir les yeux à tout moment. Sauf qu'elle est morte



« Je veux que personne ne voie mon corps, pas même ma famille. Faites-le incinérer, détruisez-le. Je vous en supplie : pas de cérémonie, pas de tombe. Mon fiancé m'a demandé de l'épouser en juin prochain. Je pense que je ne ferai une bonne épouse pour personne. Il se portera bien mieux sans moi. Dites à mon père que je ressemble trop à la mère. »



A partir de ce mot laissé par Evelyn avant de se donner la mort et de cette obsédante photographie, l'auteure a construit un roman magnétique entre biographie et fiction, entre vérité et liberté artistique. Pour reconstruire la vie d'Evelyn telle qu'elle l'a sentie, elle s'est attelée au préalable à un travail de recherche poussée.

Elle nous fait découvrir son Evelyn à travers la voix de plusieurs personnages : sa mère, son fiancée, une copine, le photographe ... comme un thriller dans lequel chaque chapitre nous apprendrait un peu plus sur Evelyn, chaque pièce s'assemblant à la suivante.



Et à l'arrivée, on se moque complètement de savoir si c'est réellement ainsi que les choses se sont déroulées tant toute la reconstruction littéraire est véridique et cohérente, dans le respect de la femme qu'a été Evelyn, quelle qu'elle fut. Nadia Busato lui a donné une voix comme à une amie.



Au final, c'est un magnifique portrait de femme, intellectuellement très poussé dans la réflexion, à l'écriture très travaillée et pourtant où affleure une émotion dingue. Un tableau fort de la condition féminine dans les années 40 où il n'est pas si simple d'être une femme lorsqu'on aspire à la liberté, à l'émancipation hors de la famille et du mariage. Qu'on essaie de s'y conformer mais qu'on sent que ça craque, que ça déchire l'âme au point de se dire que ces tremblements de l'âme vous confinent en périphérie de la vie, dans la solitude.

Coup de coeur !
Commenter  J’apprécie          798
Je ne ferai une bonne épouse pour personne

Une femme saute du 86ème étage de l’Empire State Building à New York ce matin du 1er Mai 1947 et s’écrase sur le toit d’une Cadillac stationnée dans la rue. Elle s’appelait Evelyn McHale, elle avait 23 ans. Son corps est pratiquement intact. La photo de couverture du livre est la photo prise par un jeune photographe Robert Wiles dont ce sera le seul cliché publié dans Life Magazine.



Comprendre ce qui a poussé Evelyn McHale à ce geste, elle qui n’a laissé qu’un court billet avant de sauter destiné à son fiancé, Barry Rhodes, qu’elle devait épousé deux mois plus tard :



« Je ne veux que personne ne voie mon corps, pas même ma famille. Faites-le incinérer, détruisez-le. Je vous en supplie : pas de cérémonie, pas de tombe. Mon fiancé m’a demandé de l’épouser en juin prochain. Je pense que je ne fera une bonne épouse pour personne. Il se portera bien mieux sans moi. Dites à mon père que je ressemble trop à ma mère. »



Aucune autre explication, « justification » de son acte.



A partir de quelques informations existantes Nadia Busato, à la manière d’une enquêtrice, va imaginer qui était cette jeune femme, ce qui l’a amenée à ce geste, en donnant la parole à tous ceux qui ont approché vivante ou morte Evelyn McHale pour tenter d’en dresser le portrait et de laisser les lecteurs en tirer des conclusions.



Nous ne connaissons rien d’elle mais cette photo saisissante de son visage intact avec seulement quelques effets vestimentaires déplacés, la main gauche tenant son collier de perles va marquer, à l’époque, les témoins et lecteurs mais également, aujourd’hui ceux qui liront ce récit.



L’auteure commence par écouter sa mère, dépressive, en 1927, alors qu’elle s’apprête à abandonner ses enfants (7) et son mari. Elle, elle n’a pas sauté mais à préférer fuir. Peut-être une rupture qui a marqué à jamais la petite Evelyn âgée de 3 ans.



Puis elle donne la parole à tous ceux qui ont connu Evelyn : une camarade rencontrée dans une organisation para-militaire, sa sœur aînée, Helen qui a reconnu son corps et exécuté ses dernières volontés, son fiancé Barry mais aussi le premier suicidé de l’Empire State Building, l’agent de police qui se trouvait à régler la circulation près de l’immeuble, les rédacteurs de Life magazine qui décide de mettre à la une cette photo



Nous ne publions pas la mort mais la beauté de ce qui nous effraie et nous fascine. Le mystère. C’est ce que nous devons respecter. Tandis que tout le reste continue, que nous laissons les choses arriver. Cette image est un final, un rideau qui se baisse, un générique de fin. (p201)



et enfin à Elvita Adams, dont la tentative de suicide en 1979 dans le même lieu a échoué.



Le dernier chapitre revient à l’intéressée elle-même qui retrace sa dernière journée, avec calme et une sorte de lucidité terrifiante. Elle-même avoue son impuissance à comprendre son geste, mais c’est la seule issue qu’elle entrevoit à sa vie.



La vraie vie ne peut se réduire à quelques paroles rapportées ou écrites, personne n’y arrive jamais. Mais les images, c’est différent. Elles ne sont pas l’histoire, qui peut se permettre d’être indulgente envers elle-même. Ni l’information, qui ne cesse de se contredire. Les images que nous imprimons dans notre mémoire sont les fragments avec lesquels nous étayons nos ruines tout au long de la vie (p160).



Au-delà d’imaginer qui fut Evelyn McLane, Nadia Busato, porte un regard sur l’Amérique d’après-guerre, sur le milieu de la presse, sur les victimes de la crise économique à différentes époques, sur la fascination de ce building qui surplombe New-York, comme surplombaient les tours jumelles du World Trade Center, symboles d’une toute puissance.



Face à cette toute puissance, des hommes et des femmes, parfois fragiles, parfois démunis devant les difficultés de la vie, New-York ville de tous les contrastes : humains, architecturaux, sociétaux. Choisir un tel lieu pour mettre fin à ses jours a-t-il une signification, qu’en penser, s’agit-il de mettre en scène ses derniers instants ? Beaucoup de questions et pas forcément de réponses, mais Nadia Busato tente de démêler les fils et les histoires.



La photo prise par Robert Wiles est le centre du récit car au-delà des personnes présentes qui virent le corps, elle fascina tout le monde. Ce jeune étudiant photographe admirait ces aînés qu’étaient Cartier-Bresson et Robert Capa, et lisait tout ce qu’il pouvait sur eux mais n’aurait jamais imaginé être celui qui serait, non pas sur une scène de guerre, mais présent sur le lieu d’un drame, être celui qui saisirait la mort dans son immédiateté, intacte, presque belle et élégante, être l’auteur d’un cliché qui marquera.



(….) il serrait entre ses doigts, sans s’en rendre compte, le volume qui l’accompagnait partout depuis des semaines. Il l’avait lu en une nuit, avait souligné des passages, copié des phrases qui semblaient s’adresser à lui et à aucun autre lecteur. Il ne suffit pas de lire des mots, il faut les comprendre, les sentir pour de vrai. Ce livre était devenu sa vie. (p165)



Evelyn gardera a jamais son secret et les motifs de son suicide resteront un mystère. Le lecteur devient également témoin, enquêteur et tente de se faire sa propre opinion mais faut-il avoir des réponses ? C’est peut-être un enchaînement de faits personnels mais aussi parfois sociétaux qui poussent à mettre fin à ses jours, d’une manière aussi spectaculaire et violente, même si quelques comportements étranges et surprenants pouvaient laisser penser à un déséquilibre, un mal-être.



J’ai beaucoup aimé la construction de ce roman, utilisant une narration à plusieurs voix, passant des proches aux témoins plus ou moins éloignés du drame mais aussi le regard porté sur l’Amérique, sur New-York, pays et ville de tous les rêves mais aussi de tous les excès, de la démesure. A travers un cliché, interroger tous les protagonistes, écouter ce qu’ils ont à dire, leurs explications, leurs versions et ce que cette vision à provoquer en eux. Car il y a les faits mais au-delà de ceux-ci il y a des existences qui resteront à jamais marquées, impactées, bouleversées.



Dès les premières pages on est saisi par la narration, par le mystère qui entoure cette femme et j’ai à maintes reprises regarder la photo, moi aussi saisie par le calme et une sorte de sérénité qu’elle dégage. Ce n’est pas l’image de la mort que l’on peut en avoir et toutes les hypothèses sont possibles.



Cela se lit comme une enquête de police, une étude psychologique et sociétale, comme un regard sur la femme dans la première partie du 20ème siècle, sur sa condition, sur son travail.



Il découvrait, comme dans un jeu de rôle improvisé à l’issue inattendue et cruelle, que Life et Time étaient comme le reste des Etats-Unis : on envoyait des femmes guerrières au front et on leur réservait, à leur retour, une place debout aux fourneaux, derrières des landaus, des bureaux ou des caisses enregistreuses. (p205)



Un roman polyphonique sur un drame de la vie, qui ne donne aucune véritable réponse mais fait un état des lieux de l’époque et à nous d’y voir tous les indices qui ont mené à ce saut vertigineux.



C’est original, bien écrit et construit, cela interroge sur ces gestes ultimes, leurs sens mais aussi sur l’utilisation qui est faite des faits divers dans les médias. Nadia Busato ne porte aucun jugement, elle restitue les faits, imagine les circonstances et nous laisse méditer sur le fait que l’on ne connait souvent jamais la vérité.



La connaissance que l’on a de soi repose sur ce que les autres ignorent de nous. (p34)
Commenter  J’apprécie          120
Je ne ferai une bonne épouse pour personne

L'image de la mort, la fascination du suicide, les symboles de toute une époque tirés d'une photo restée célèbre. Pour reconstruire le destin de Evelyn Francis McHale qui se jeta du haut de l'Empire State Building, Nadia Busato, avec un rien de systématisme, multiplie les récits autour de ce geste que jamais, heureusement, elle n'explique. Au-delà de son plaidoyer contre l'asservissement féminin, Je ne ferai jamais une bonne épouse brille surtout par la chair d'une écriture apte à cerner les effondrements.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
Commenter  J’apprécie          80
Padania blues

C’est à Ogno, dans le nord de l’Italie, que vit Barbie (parce que Barbara ça fait moins chic !), shampouineuse dans le salon de coiffure de sa bourgade, qui ne rêve que de la grande ville. Être sous les feux de la rampe en devenant modèle, présentatrice TV ou encore actrice. Peu importe le travail tant qu’elle accède à la gloire et à la richesse. Pour y parvenir, Barbie a un atout de taille, le seul sur lequel elle compte d’ailleurs : son corps. Qu’elle offre sans retenue aucune, à quiconque pourrait la hisser vers le haut, la sortir de sa misère sociale et économique. Il lui faut fuir Ogno, fuir Teresa, sa mère, qui n’a pas su claquer la porte au nez de Fausto, son père qui se pointe à nouveau après des années de silence. Fuir cette vie banale et terne à en crever. Seulement, une ombre vient noircir le tableau : ses seins. Trop petits, pas assez dessinés, les mamelons pas assez précis… bref, rien ne va. Barbie le sait, le sent, entre la gloire et elle, sa poitrine est le seul obstacle. Un coup de bistouri et tout est réglé. Alors, le jour où Ric, le propriétaire du salon où travaille Barbie, propose à cette dernière et à son meilleur ami, Maicol, de se faire quelques milliers d’euros, Barbie ne voit rien d’autre que le ticket gagnant qui lui permettra d’accéder, enfin, à la vie qu’elle mérite. Et tant pis si la combine est illégale et dangereuse.



Au fil des pages, c’est tout un système qui emprisonne, qui empêche, que dénonce Nadia Busato. Parce que si ce livre est un roman, il trouve avant tout racine dans un fait-divers. Dès lors, la vie des habitants d’Ogno prend un tour tragique et universel et alors que Barbie, Ric, Maicol et les autres pourraient nous faire sourire, on assiste, impuissant, à leur déchéance précipitée par ce monde capitaliste qui veut nous faire croire que courir après la richesse est synonyme de poursuite du bonheur. Parce que, ce que nous dit Nadia Busato, c’est qu’il n’y a pas d’issue pour les gens comme Barbie, ou Maicol ; Parce que l’une est femme, l’autre homosexuel. Et que notre système actuel impose un modèle qui ne permet pas de choisir. Ils rêvent d’être comédiens mais on ne leur donne même pas les moyens d’être acteurs de leurs propres vies. Alors nous, lecteurs, on tourne les pages jusqu’au drame, inévitable. Si l’histoire de Barbie et des autres n’était pas un fait-divers, ce roman serait une véritable et incroyable tragi-comédie. Mais voilà, tout ça, c’est bien réel. De quoi avoir la rage.



Un roman qui questionne autant qu’il dénonce, dont la narration, comme sa compréhension, peut se faire sur deux niveaux.
Commenter  J’apprécie          72
Je ne ferai une bonne épouse pour personne

Traduit par Karine Degliame-O'Keeffe



"Je ne veux que personne ne voie mon corps, pas même ma famille. Faites-le incinérer, détruisez-le. Je vous en suplie : pas de cérémonie, pas de tombe. Mon fiancé m'a demandé de l'épouser en juin prochain. Je pense que je ne ferai une bonne épouse pour personne. Il se portera bien mieux sans moi. Dites à mon père que je ressemble trop à ma mère."



C'est à peu près tout ce que l'on sait de la jeune femme que vous voyez sur la photo. Evelyn McHale, 23 ans, se jeta de la terrasse panoramique de l'Empire State Building le 1er mai 1947 pour atterrir sur le toit de la limousine d'un diplomate des Nations Unies. A ce moment-là, se trouvait par hasard un jeune étudiant en photographie : Robert Wiles. Il immortalisa en un cliché qui lui pris 4 minutes, le cadavre d'Evelyn. Cette photo devient la "Picture of the week" du n° 147 du magazine de photos Life du 12 mai 1947. Ce fut l'unique photo publiée de Robert Wiles, dont on ne sait pas grand chose non plus. Pourtant, cette photo "devint iconique au point de donner naissance à une expression chez les photographes de mode, "l'effet Evelyn" pour parler de portraits de femmes dont le maintien et la grâce s'alliaient à une intensité tragique". Quelle incroyable concours de circonstance et quelle incroyable photo de femme. "Les gens. Les gens la regardaient. Vous ne comprenez pas. Regardez la photo. La cheville. La façon dont elle est délicatement posée sur l'autre. La main droite. Trois doigts serrés autour du collier. Comme si elle jouait avec les perles. Elle était morte et nous étions vivants. Sa sérénité nous séparait. Son lit d'acier et d'éclats de verre était tout ce qu'on pouvait désirer. C'était comme avoir du poison dans le sang. (...) Elle n'allait plus jamais rouvrir les yeux. Jamais? Et pourtant tout le monde la regardait comme si elle allait le faire. Il y avait quelque chose d'étrange dans l'air."

Cette photo inspira Andy Wharol (Suicide/Fallen Body) mais aussi David Bowie (Jump they say), pour ne citer qu'eux.



Nadia Busato a décidé d'écrire l'histoire d'Evelyn en un mélange de vérité tirée d'archives diverses et une grande part d'imagination. Elle laisse la parole à plusieurs personnes sur plusieurs époques pour rendre à la fois hommage à la jeune femme mais aussi au plus célèbre building américain, finalement, dont on sent l'omniprésence.

Un roman choral qui laisse la parole entre autres, à la mère d'Evelyn, à sa soeur, à son fiancé, au policier qui fut sur les lieux, à Robert Wiles, à la première personne qui se suicida après l'inauguration de l'Empire State (un commerçant du Queens ruiné par la crise de 1929), mais aussi à une femme noire qui survécut à sa chute vertigineuse en 1979, à trois femmes rédactrices à Life. Mais bien entendu à Evelyn elle-même. Chaque chapitre est précédé d'une explication sur l'identité des personnes que nous croisons.



Je ne connaissais pas cette photo mais je sais qu'elle a attiré mon attention, à moi aussi, comme couverture du roman. Je ne connaissais pas non plus cette auteure italienne dont c'est le premier roman traduit en français mais le deuxième paru. J'aime les photos. Ça m'intriguait. Je me suis lancée à l'aventure sans trop savoir à quoi m'attendre. Eh bien j'ai eu raison !

J'ai adoré tant la prose de Nadia Busato à travers les mots de sa traductrice que le beau portrait de femme qu'il émane de ce livre. Celui d'une femme fragile, pas facile à vivre, prise dans un labyrinthe de solitude mais qui a décidé de rester elle-même, en dehors des carcans que voulaient lui imposer la société. Une femme libre mais seule. On ne saura jamais vraiment ce qui lui est passé par la tête pour se jeter du haut de l'Empire State Building, elle a emporté son secret avec elle, mais ce pourrait être la solitude et le sentiment d'exclusion, un monde dans lequel elle ne trouvait pas sa juste place. "Il est possible de percevoir la partie d'un tout et de se sentir en même temps confiné à sa périphérie. (...) Dans mon cas, la solitude me donnait davantage le sentiment de vivre sur le bord du rivage. (...) Etre ignoré, c'est comme recevoir un coup de poing. Et ignorer les autres, c'est la même chose : on encaisse le contrecoup(...)".

"La solitude est un lieu à part : elle se trouve sur un territoire que seuls quelques-uns réussissent à atteindre et où presque personne ne veut rester. De l'extérieur, on ne la reconnait pas, elle n'a pas de manifestations épidermiques."

"Il faut être fort. Et puis un jour, on rencontre l'amour, il rend encore plus fort, et en même temps il fait mal, très mal, si profondément mal qu'il vous brise de l'intérieur."

"Tu me dégoûtes, toi et ton amour de poudre de riz, de gâteaux tout chauds et d'attente." (réflexion à sa soeur, qui attend le "prince charmant")

"A quoi ça sert d'avoir cinq paires de coeurs si tu ne peux même pas soupirer ?"(réflexion qu'elle fait en observant des vers rouges !)



Ce roman est aussi le portrait de l'Amérique de la Grande Dépression, du New Deal, mais aussi du New York d'après-guerre, avec ce monstre de béton qui ne cesse d'attirer l'attention, dont Evelyn McHale fut la 12e victime.



Nadia Busato sonde d'une plume élégante et documentée la vie d'une inconnue devenue iconique, "la plus belle parmi les ombres". Une incursion dans le monde des magazines de photos. Un roman original et magnétique dans lequel on plonge avec délectation. Une jolie découverte !

Mon seul bémol va au tout premier chapitre avec une "histoire" de langue de boeuf assez détaillée dont je n'ai pas compris l'utilité mais qui fut totalement oubliée par la suite.
Lien : http://milleetunelecturesdem..
Commenter  J’apprécie          50
Padania blues

Barbie vit dans un village, Ogno, en Italie du Nord. Il ne s’y passe pas grand chose et elle voudrait surtout en partir. Elle est belle, elle le sait, elle se sert de son corps. Un jour elle rencontrera un photographe qui reconnaîtra sa beauté et lui ouvrira les portes du cinéma. En attendant, elle travaille dans un salon de coiffure avec son meilleur ami.

Il faut avouer que les couples qui gravitent autour de Barbie ne sont pas la promesse d’une belle vie mais plutôt un lot d’amertume, de reproches et d’infidélités. Entre son père qui a quitté sa mère pour revenir des années plus tard pour reprendre sa place face à la télévision, le propriétaire du salon de coiffure dans lequel elle travaille en couple avec un homme plein de mépris et le mariage de sa meilleure amie voué à l’échec dès les premiers jours...

Il y a plusieurs temporalités dans le texte ce qui dynamise le tout et intensifie les scènes et les relations entre personnages quand on sait ce qu’ils sont devenus et d’où part leur histoire.

La langue est percutante et dynamique à l’image de Barbie qui dénote dans ce village. Barbie est une héroïne très impressionnante, dans son monde, elle connaît ses objectifs et rien de pourra l’arrêter. Il y a quelque chose de vorace dans les personnages à la recherche du plaisir mais aussi de désespéré et de leur fin comme dans le style. Ça claque mais toujours avec une grande classe.



Commenter  J’apprécie          40
Padania blues

Dites donc mais c'est que j'ai vraiment bien aimé !! outre un langage ordurier et olé olé pas forcément nécessaire et quelques passages de dissections politiques et sociales très pessimistes, j'ai vraiment adoré ce franc parler, les rêves de Barbie et son hypothétique avenir dans la téléréalité (avenir + téléréalité ? ça va vraiment ensemble, ça?!), sa vie dénuée de sens et de but à part refaire ses seins et coucher avec tout ce qui bouge, elle, qui s'accroche à corps et à cris à une célébrité qui n'existe que dans sa tête, rêvee, idolâtrée, fantasmée à n'importe quel prix. Et puis le drame. Ce livre me rappelle ces phrases toutes faites que les gens se tatouent, persuadés que c'est LE bon choix , du genre " il faut vivre ses rêves et pas rêver de les vivre". Cul cul la praline, Padania blues est la traduction d'une jeunesse tatouée à son tour dans une province perdue, sèche, dévitalisée où l'ennui creuse le fossé de la bêtise, infiniment.
Commenter  J’apprécie          30
Je ne ferai une bonne épouse pour personne

“L’histoire du plus beau suicide”, imaginé à partir de la photographie réelle qui orne la couverture du roman. La mort spectaculaire d’Evelyn McHale, une jeune femme qui s’est jetée du haut de l’Empire State Building, le 01 mai 1947 pour atterrir sur le toit d’une limousine. Un jeune photographe passant par là a immortalisé son corps brisé, ce qui est devenu l’une des photos les plus célèbres du monde, objet de chansons, de poèmes, et de nombreux détournements commerciaux (j’ai même vu un coussin …).



Nadia Busato, sous la forme d’un roman choral qui donne la parole tantôt à la mère d’Evelyn, tantôt à son fiancé, sa soeur, le policier, le journaliste, ou le photographe, tente de percer le mystère entourant la mort de cette jeune femme, dont on ne sait rien, si ce n’est son suicide, et une lettre laissée juste avant de sauter dans le vide :



Je veux que personne ne voie mon corps, pas même ma famille. Faites-le incinérer, détruisez-le. Je vous en supplie : pas de cérémonie, pas de tombe.



Mon fiancé m’a demander de l’épouser en juin prochain. Je pense que je ne ferai une bonne épouse pour personne. Il se portera bien mieux sans moi. Dites à mon père que je ressemble trop à ma mère.



Ecrit avec beaucoup de sensibilité, ce roman tente de percer le mystère d’une mort inexpliquée : une belle jeune femme de 23 ans, fiancée, qui avait la vie devant elle, se jette dans le vide sans aucun signe avant-coureur. Le seul indice réside peut-être dans la dernière phrase de sa lettre : dites à mon père que je ressemble trop à ma mère. Une mère dépressive, qui a quitté sa famille quand Evelyn était encore enfant. Nadia Busato nous dresse le portrait d’une jeune femme très fragile psychologiquement, sujette aux crises d’hystérie, dont le comportement m’a parfois semblé à la limite de la bipolarité. A travers le récit (imaginaire) de ses proches, l’auteure nous fait découvrir les possibles raisons derrière le “plus beau suicide du monde”, dans un texte empathique et sensible.



Si j’ai commencé le livre avec bonheur, je me suis un peu lassée vers la fin du livre, en ayant la sensation de ne pas en apprendre assez sur Evelyn. Certains chapitres m’ont paru trop longs et pas assez centrés sur l’histoire de cette jeune femme, et j’ai refermé le livre avec une certaine frustration : il y a finalement beaucoup de non-dits dans l’histoire et Nadia Busato ne nous livre pas d’explications sur un plateau. C’est au lecteur de se faire sa propre idée sur les raisons du suicide d’Evelyn. L’auteure, au-delà de l’histoire personnelle de la jeune femme, nous dresse un vibrant portrait de l’Amérique, de la crise économique et de la place des femmes dans la société de l’époque.



Je suis restée fascinée par la superbe photo de la couverture, le point de départ du roman, si belle et si tragique que l’on oublie qu’elle représente un cadavre … La jeune femme, les pieds croisés, la main sur son collier de perles, semble endormie et – enfin – apaisée.



Un très bon roman donc, qui n’est pas passé loin du coup de coeur pour moi, mais il m’a manqué un petit je-ne-sais-quoi …



“Je ne ferai une bonne épouse pour personne”, Non saro mai la brava moglie di nessuno, Nadia Busato, Editions de la Table Ronde (Quai Voltaire), 2019, 263 pages
Lien : https://histoiresdenlire.be/..
Commenter  J’apprécie          30
Padania blues

Barbara, dite Barbie, est une très jolie coiffeuse d’une ville moyenne de la banlieue de Milan qui ne rêve que d’être repérée par un photographe ou un agent et épouser un homme riche. Son meilleur ami et collègue coiffeur, Maicol, a des rêves similaires. Leur patron Ric en a lui aussi assez de sa vie étriquée dans ce coin du Pô où il semble le seul à assumer son homosexualité…Un roman corrosif et sarcastique qui écorche l’Italie du Nord, son béton, son machisme et l’hypocrisie de ses mœurs, et un peu tout le monde finalement.
Commenter  J’apprécie          20
Padania blues

Il y a Barbie et il y a Maicol, le choix des prénoms est déjà un reflet de l’importance de la TV dans la vie des gens. Le culte de la célébrité…

Le culte du corps aussi lorsque c’est le seul atout qu’ils ont. La quête de la perfection esthétique, le corps comme dont on sert pour atteindre son but, le corps dont se servent les autres… pour assouvir des désirs et comme marche pied vers un autre univers.

Ce roman qui se déroule en 2011 avec l’avènement de la TV réalité en plein marasme économique… On n’est pas encore dans le monde des influenceurs (et écoles d’influenceurs… si si ça existe).

Nadia Busato joue avec l’idée de naïveté, ses personnages qui connaissent pourtant la triste réalité sont suffisamment naïf pour avoir encore des illusions.

En parlant d’illusion, on est dans le monde des apparences, des trompes l’œil et des faux espoirs. Comme s’il suffisait par exemple qu’on ne nomme pas certains actes de prostitution pour que ce soit moins sordide.

...

J’ai bien aimé comment Nadia joue avec le temps. Il y a bien sûr cette sorte de compte à rebours avec un an avant » « un mois avant » « une semaine avant », mais il y a aussi dans la construction de la narration. Elle raconte un évènement en quelques paragraphes, puis elle raconte la suite. Quand elle finit de tricoter son récit hop elle défait tout et reprend en allant chercher plus profondément les tenants et les aboutissants de ce qui s’est passé. C’est surprenant parce qu’on se dit «elle a déjà raconté de truc » à oui mais là c’est plus complexe.
Lien : https://latelierderamettes.w..
Commenter  J’apprécie          20
Je ne ferai une bonne épouse pour personne

Une enquête passionnante sur la suicidée la plus connue des Etats-Unis.

Ici pas de voyeurisme, du factuel avec une formidable reconstitution de l’Amérique d’après guerre, pas de parti pris non plus, la vie de la suicidée défile sous nos yeux.

Pourquoi Evelyn, une jeune fille de vingt-trois ans, a-t-elle choisi de sauter depuis l’l’Empire State Building ?

En donnant la parole à ses proches (sa mère, sa sœur ou son fiancé) l’auteure restitue la vie d’Evelyn. Le personnage fort, sa mère, s’est éloignée de son foyer : pour vivre autrement et ne pas avoir un septième enfant. Une première cassure dans la vie d’Evelyn. Elle était différente de sa sœur : plus solitaire, rebelle. Comment expliquer ses gestes fous lors d’un mariage ou pendant son service militaire ?

Quelle est sa vraie place au sein de sa famille ou dans la société ?

Quelles fêlures ont incitées cette jeune fille qui devait se marier quelques semaines plus tard à se donner la mort ?

Beaucoup de questions et une première réponse de la jeune femme dans le mot qu’elle laisse derrière elle : «Dites à mon père que je ressemble trop à ma mère ».

Une plongée au cœur d’une époque difficile pour les femmes : l’après guerre les cantonne souvent à un rôle d’épouse modèle.

Cette enquête révèle autant la vie d’Evelyn qu’une période : instructif et passionnant.

Ajoutez à cela une écriture fluide et une construction de roman de type chorale, chaque proche d’Evelyn intervient alternativement dans ce récit.


Lien : http://www.despagesetdesiles..
Commenter  J’apprécie          20
Padania blues

Le bonheur est-il vraiment à portée de main ? Non, si on en croit l’écrivaine Nadia Busato. Avec ce roman traduit de l’italien par Karine Degliame O’Keffe, elle nous entraîne dans les pas de Barbie, une fille ordinaire qui s’imagine ailleurs, entièrement autre. Elle possède pourtant un emploi stable dans le salon « Hair & Beauty » tenu par Ric. Puis, elle reproche à sa mère d’être entièrement soumise à son époux, un homme qu’elle juge d’une inanité crasse, qui parle à sa télé et qui gobe les slogans du président de la Ligue du Nord, toujours en train de militer pour l’indépendance de la Padanie. Enfin, elle songe à son avenir. Décemment, elle ne peut pas végéter dans un bled fiché dans la Vallée du Pô où il ne se passe rien et où personne ne vient jamais. Elle s’imagine loin de là, mariée à un footballeur ou présentatrice de programmes télévisuels. Quant à sa vie sexuelle, elle ne rime à pas grand-chose. Il lui faut des hommes qui l’aideront à atteindre son objectif. Néanmoins, pour être au top, elle aurait une ou deux choses à modifier. Son reflet dans le miroir lui renvoie l’image d’une femme acceptable, mais qui ne correspond pas aux critères des top-models qu’on découvre dans les pages glacées des magasines. Elle devrait s’offrir une belle paire de seins. Toutefois, il lui manque l’argent nécessaire pour l’opération. Le fait divers n’est pas loin.
Commenter  J’apprécie          10
Padania blues

Barbie vit à Ogno, une petite ville paumée de la vallée du Pô, entre champs et usines. Elle est née là et n'a jamais quitté ce coin. Elle passe son temps à rêver d'autre chose, tout en travaillant dans un salon de coiffure, à regarder son père, ce looser culotté, scotché toute la journée devant la télé, revenu au bercail après deux ans d'absence, comme si de rien n'était. Ou plutôt depuis que l'Ukrainienne l'a jeté. Elle regarde sa mère qui courbe l'échine sans rien dire, encaisse, comme si c'était normal. Barbie est coquette. Une vraie caricature de l'Italienne obsédée par son look. Elle a un complexe : ses seins. Elle sait son effet sur la gente masculine. Elle rêve de rencontrer un photographe qui la rendra célèbre. Mais en attendant, elle travaille au salon de coiffure avec son meilleur pote, Maico. Ils échafaudent des plans et entretiennent leur culte du corps. Quitte à prendre des risques.



Oubliez la carte postale de l'Italie glamour, voyez au-delà des apparences. Nadia Busato nous entraîne dans un univers malsain, l'envers du décor de l'Italie dite riche, de l'Italie du Nord. Nous sommes en 2011, une certaine Italie de Berlusconi, de la téléréalité, de la crise économique. Derrière le glamour, le noir ! L'autrice réduit au carton-pâte le décor de péplum et en fait une bouillie pour raconter un drame. Cette histoire de Barbie, diminutif de Barbara (révélé assez tard dans le récit), elle la tire de faits divers. Elle a tout rassemblé pour en faire une seule histoire, celle des femmes italiennes réduites à l'état d'objet sexuel sans même qu'elles s'en aperçoivent. Elles rêvent de Cinne Città, de la grande vie, des flashs et du glamour mais la réalité est la prostitution., la drogue et un bidon d'essence... Voilà en vrai ce qu'offre la Ligue du Nord. Du rêve, du mirage mais pas du tout d'arriver à réaliser ses rêves d'épanouissement personnel. Avec la bénédiction de la gente masculine, pour une grande partie. Le machisme italien en prend pour son grade sous la plume de Nadia Busato.



Le style est cru, clash, violent. On s'en prend plein la poire (pour dire les choses poliment !). La fin est un coup de poing. Attention à l'oeil au beurre noir !



Je me suis laissée entraîner dans ce drame sans pouvoir rien faire, si ce n'est de regarder les personnages aller au casse-pipe. Une lecture avec laquelle j'ai eu des hauts et des bas, avant d'être rattrapée au vol par la fin qui m'a laissée pantoise.



Un roman qui ne va pas faire des heureux dans le monde du tourisme de Padanie. :)
Lien : http://milleetunelecturesdem..
Commenter  J’apprécie          10
Padania blues

Etre une femme ce n'est pas facile et Barbie peut vous en parler. Dans ce Roman, L'actrice nous embarque dans une ambiance un peu malsaine de drogue, de sexe dans le Nord industriel de l'Italie, la Padanie.



Une ambiance qui plaît ou qui gêne mais qui de toute les façons fait ressortir des émotions face à cette lecture.



La description du décor, de l'environnement des moeurs, m'a donné l'impression que nous étions dans une partie assez pauvre de la ville, OGNO. J'ai pour ma part apprécié ce sentiment de suivre plusieurs copains, l'impression de les connaître, d'avoir envie de trouver des solutions... alors qu'il y a en difficilement car les personnages, presque tous, se détruisent.



Barbie alias Barbara est le personnage principal, un personnage assez complexe et immature et irréfléchi sur certains points. Elle amène toutefois un sentiment de tristesse qui nous pousse à tenter de trouver, lors de notre lecture, des solutions. Elle est extrêmement impulsive, ce qui peut malheureusement la desservir.



La rancoeur, l'amertume, la violence font également partie intégrante de ces lignes et d'ailleurs il y a comme une mise en garde de la part de Nadia Busato en début de livre, note de l'autrice dit comme suit ;



"Tout ce que vous allez lire est vrai. Surtout ce qui paraît le plus absurde ou cruel. Surtout la rancoeur et la violence. Rien n'est faux, ni les mensonges ni les lettres d'amour. Les personnages aussi sont réels même si j'ai modifié leurs noms et donné à l'un d'entre eux celui d'une poupée. Quant au viel Inri, il s'appelait bien ainsi."



J'ai apprécié ce roman qui est le deuxième de l'auteure, le premier étant " Je ne ferai une bonne épouse pour personne" qui est paru le 2 mai 2019 chez la même maison d'éditions soit La Table Ronde.



La plume est fluide, délicate et intéressante. Je me suis plongée assez facilement dans cette histoire.

"Il est 16 heures. il reste encore deux semaines, seize jours pour être exact, avant la catastrophe. Dans cette histoire les chiffres ont leurs importances."



Le titre m'intriguais énormément, que signifie Padania Blues. Pour le savoir, je vous laisse le soin de le découvrir en vous procurant ce livre de Nadia BUSATO.
Commenter  J’apprécie          10
Je ne ferai une bonne épouse pour personne

ça démarre avec un suicide : celui d'une jeune comptable de 21 ans, Evelyne Francis Mac Hale, le 1er mai 1947 et une photo, celle de son corps encastré dans une voiture de diplomate garée au pied de l'Empire State Building, prise par un jeune photographe, Robert Wiles.

Evelyne allait se marier et a laissé une lettre. Nadia Busato va aller à la rencontre de la jeune femme à travers différents témoignages. Sur un sujet certes macabre, l'auteur compose le portrait de femmes dans la société américaine, de leur place ou plutôt de leur absence de place dans celle-ci, du poids des conventions sociales. Elle nous parle aussi de l'image : celle qu'on donne, celle que les autres voient, celles qu'on peut publier ... Un très beau premier roman ...
Commenter  J’apprécie          10
Je ne ferai une bonne épouse pour personne

Evelyn Francis McHale s’est suicidée en se jetant du quatre-vingt-sixième étage de l’Empire State Building le 1er mai 1947. Les médias qui ont relaté la mort de cette jeune femme de vingt-trois ans n’ont apporté aucun éclaircissement sur les raisons qui l’ont poussée à commettre l’irréparable. Pourquoi et à quel instant quelqu’un décide-t-il de mettre fin à ses jours ? Nadia Busato revient sur ce fait divers en fouillant le passé de cette héroïne tragique, en reconstituant partiellement ses motivations et sa jeunesse et en comblant les vides par une imagination fébrile. Très vite, il ressort que jamais elle n’a subi violences ni brimades. Simplement, elle se sentait mal dans sa peau, dans son corps, et ne se voyait pas épouser un charmant jeune homme qui lui faisait la cour et se félicitait de la demander en mariage. Barry Rhodes, le fiancé en question, était un ancien combattant et avait été étudiant au Lafayette College d’Easton en Pennsylvanie. Selon les témoignages de tous, il représentait un excellent parti. L’auteure parle ici d’une époque et d’un monde qui n’existent plus, avec ses traditions et un rythme particulier. Le récit (terrible) se déroule selon un schéma imparable, donnant la parole aux proches de la suicidée, faisant de ce roman une polyphonie d’une extrême précision et chargée d’empathie. A côté de la douleur, il y a surtout l’incompréhension. Et si la vérité était ailleurs ? Evelyn croyait faire une mauvaise épouse et refusait l’engagement matrimonial. Aux chaînes conjugales, aurait-elle choisi la liberté ? Celle de mourir plutôt que de subir un système au sein duquel les femmes sont enclavées !
Commenter  J’apprécie          10
Padania blues

Certains faits divers inspirent les écrivains, et Nadia Busato s’empare de l’un d’eux, dont je ne vous parlerai point pour garder le suspens et ne pas gâcher votre plaisir de lecture.



À travers cette histoire portée par une écriture viscérale, l’auteur nous livre le portrait d’une femme d’aujourd’hui, née sous une mauvaise étoile qui aspire pourtant à quitter sa condition modeste et cet endroit paumé, pour enfin briller sous les feux de la rampe.



Un récit profond, qui ne manque pourtant pas d’humour, et d’esprit une bonne manière pour traiter en dérision certains sujets malgré leurs côtés dramatiques. Car ici tout est vrai et si ça peut paraître d’un prime abord drôle, c’est on ne peut plus tragique.



Face au paraître, aux dictates de la mode, certaines femmes sont prêtes à tout pour ressembler un tant soit peu à certaines mannequins ou actrices, croyant qu’elles pourront accéder au bonheur suprême, mais parfois la route vers ce qu’elles croient être le Paradis peut prendre un détour par l’Enfer.



En choisissant Barbie comme prénom pour notre coiffeuse, l’auteure souligne à quel point les stéréotypes ont la vie dure. Tout comme pour Maicol et son statut d’homosexuel.



Padania Blues, une véritable tragi-comédie qui nous renvoie en pleine face, tel un miroir, l’actualité où le paraître et les préjugés ne cessent de faire des dégâts dans les vies des plus fragiles.



C’est féroce, magnifiquement écrit, bien loin des contes de fée, et hélas trop proche des contes de faits divers puisque c’est bien arrivé un jour.

Commenter  J’apprécie          00
Padania blues

Un magnifique roman sur des personnages désabusés, prêts à tout pour quitter leur vie monotone et sortir de leur condition.Ils aspirent à la grande vie. Barbara , dit Barbie, se rêve en starlette italienne, mariée à un footballeur. Son meilleur ami se voit en couple avec un photographe célèbre. Ils travaillent t dans un petit salon de coiffure de la banlieue de Milan et aspirent à mieux. Entre désillusion, cruauté, coups bas... Un roman cru qui relate un fait divers sordide. Coup de coeur pour Barbie !
Commenter  J’apprécie          00
Je ne ferai une bonne épouse pour personne

Evelyn Francis McHale s’est suicidée en se jetant du quatre-vingt-sixième étage de l’Empire State Building le 1er mai 1947. Les médias qui ont relaté la mort de cette jeune femme de vingt-trois ans n’ont apporté aucun éclaircissement sur les raisons qui l’ont poussée à commettre l’irréparable. Pourquoi et à quel instant quelqu’un décide-t-il de mettre fin à ses jours ? Nadia Busato revient sur ce fait divers en fouillant le passé de cette héroïne tragique, en reconstituant partiellement ses motivations et sa jeunesse et en comblant les vides par une imagination fébrile. Très vite, il ressort que jamais elle n’a subi violences ni brimades. Simplement, elle se sentait mal dans sa peau, dans son corps, et ne se voyait pas épouser un charmant jeune homme qui lui faisait la cour et se félicitait de la demander en mariage. Barry Rhodes, le fiancé en question, était un ancien combattant et avait été étudiant au Lafayette College d’Easton en Pennsylvanie. Selon les témoignages de tous, il représentait un excellent parti. L’auteure parle ici d’une époque et d’un monde qui n’existent plus, avec ses traditions et un rythme particulier. Le récit (terrible) se déroule selon un schéma imparable, donnant la parole aux proches de la suicidée, faisant de ce roman une polyphonie d’une extrême précision et chargée d’empathie. A côté de la douleur, il y a surtout l’incompréhension. Et si la vérité était ailleurs ? Evelyn croyait faire une mauvaise épouse et refusait l’engagement matrimonial. Aux chaînes conjugales, aurait-elle choisi la liberté ? Celle de mourir plutôt que de subir un système au sein duquel les femmes sont enclavées !
Commenter  J’apprécie          00
Je ne ferai une bonne épouse pour personne

Bof. J'ai trouvé l'ensemble assez ennuyeux, avec des phrases alambiquées au possible.



Pas mauvais en soi, mais sans grand intérêt non plus.
Commenter  J’apprécie          00




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Nadia Busato (48)Voir plus

Quiz Voir plus

Au Moulin Rouge

Le Moulin-Rouge, fondé en 1889, est situé sur le boulevard de Clichy dans le 18e arrondissement, quartier:

Montparnasse
Pigalle
Les Halles

10 questions
68 lecteurs ont répondu
Thèmes : Paris (France) , cabaret , moulin rouge , nuits blanches , danse , culture générale , littérature , peinture , cinema , adapté au cinémaCréer un quiz sur cet auteur

{* *}