Citations de Nathalie Schweighoffer (39)
On peut se tutoyer maintenant, toi qui me lis. T'as fait un effort, tu me plais, t'as choisi de bouquiner le dur, pas la facilité. Tu t'es bougé le cul, enfin, alors je t'aime bien. Parce que t'es quelqu'un de bien, puisque tu t'intéresses un peu à moi. Si tout le monde faisait comme toi, yaurait plus d'enfants battus, salis, violés.
Je rêve d'un monde sans sadiques. Aide-moi. Chaque fois que tu verras un enfant, regarde-le bien, aime-le. Aide-le s'il te tend une main peureuse, donne-lui de l'amour comme on donne du pain. Sauve-le de sa misère morale, comme de la famine. Fais-le, tu peux le faire, puisque tu ne ressembles pas à ce salaud.
Le tabou. L'inceste. Vous savez le truc dont personne n'ose parler. Qui se juge à huis-clos, quand il se juge, et si mal. Je veux que vous le preniez en pleine tête. Que vous ne puissiez jamais oublier, puisque moi je ne pourrai jamais. Comme toutes les autres gosses, bousillées, fichues.
Mo j'ai la force, la rage, la violence, le couteau dans la tête pour écrire ça.
Je suis en tain de me dire, en écrivant, que peut-être, il y a un père qui lit ce que j'écris, un salopard qui fait la même chose à sa fille en ce moment. Je veux pouvoir l'insulter à cette minute où il lit. Je veux lui cracher dans la gueule. Je veux qu'il sache que sa mouflette, elle le tuerait si elle pouvait. Qu'elle aura toujours envie de le tuer, ce salaud.
C'est pour cela que je m'efforce de rassembler les souvenirs, et c'est difficile. Parce qu'à douze ans et demi, devant un salaud de père qui fait ça, on est dans le brouillard. On est dans un brouillard de merde, poisseux, immonde. On arrive pas à en parler, à se défendre. Le salaud vous enferme dans le silence, dans une prison sans barreaux. Invisible. On est obligée de se débattre toute seule la dedans, dans sa tête, sans rien pouvoir dire. Sans pouvoir gueuler au secours. Parce que tout le monde s'en fout. Le monde regarde la télé pendant ce temps. Le monde va danser, bouffer, faire la fête. Le monde se regarde faire la guerre, discute politique, râle après des conneries. Et pendant ce temps, un père viole sa fille dans une salle de bain, tout tranquillement, tout calmement.
"ma chambre n'est plus ma chambre, mon petit coin à moi, mon monde à moi, où je faisais des rêves, où je m'inventais des histoires magiques. Il a tout gâché, tout sali. C'est plus chez moi, ni à moi, c'est une chambre banale, froide avec un lit et une porte. et il ouvre cette porte, il vient sur ce lit, et il me salit"
"Il n'y a que la vérité qui lave, et encore..."
Le tabou.
L'inceste.
Vous savez le truc dont personne n'ose parler.
Qui se juge à huit- clos, quand il se juge ,et si mal.
Je veux que vous le preniez en pleine tête. Que vous ne puissiez jamais oublier, puisque moi je ne pourrai jamais. Comme toutes les autres gosses, bousillées, fichues.
Moi, j'ai la force, la rage, la violence, le couteau dans la tête pour écrire ça
Je suis en train de me dire, en écrivant, que peut- être, il y a un père qui lit ce que j'écris.. Un salopard qui fait la même chose en ce moment à sa fille......
J'ai mis des mots en noirs sur le blanc dans ce livre, mais c'est insuffisant pour le faire comprendre. Quand vous arriverez au bout de ce bouquin, votre vie n'aura pas trop changé. Juste un peu dans la mémoire.
Mais la mienne de mémoire, je ne peux pas la changer. Toute ma vie j'aurai ce mot en moi. Inceste. C'est indélébile. Rien ne le fait disparaître.
J’avais beau m’interdire de penser, dans ces moments-là, c’était impossible. Je me disais j’en ai marre, et tout de suite après, « je voudrais disparaître, mourir ». Ce n’était alors que des mots, mais cela se matérialisait de plus en plus cette idée de la mort, de la disparition, et des moyens d’y parvenir.
Il y a trois personnages en moi. L'enfant Nathalie. Elle est morte.
La garce Nathalie. Je l'exorcise.
Et moi. Je m'appelle Autrement.
De temps en temps, c'est Autrement qui vous parle, comme en ce moment. C'est Autrement qui veut que vous compreniez que vous entrez dans l'enfer dans l'inceste. Je ne suis pas un écrivain, je le deviendrai peut-être, je vous parle avec mes mots, mes cauchemars, mes visions, j'essaie de faire l'autopsie des évènements.
Avoir confiance en quelqu'un c'est l'aimer.
Alors les étoiles pouvaient bien briller,le ciel restait noir et sinistre.
lien: http://ununiverslivresque.e-monsite.com/pages/avril-2016/j-avais-douze-ans-nathalie.html
Qu'est-ce qui m'arrive ? Il est là dans son peignoir marron, debout devant mon lit, l'air bizarre, le regard dur, froid, comme si j'avais fait quelque chose de mal. J'ai rien fait de mal aujourd'hui. Pourquoi j'ai peur ? Je recule contre le mur, je m'y écrase, je tire le drap sur moi. Je devrais sûrement foutre le camp, me barrer, mais il y a le mur derrière et mon père devant... "
Les étoiles pouvaient bien briller, le ciel restait noir et sinistre.
J'en peux plus. Je suis malheureuse, j'ai mal. Si tu savais nounours...comme je suis malheureuse.
Tant de fois j’ai espéré que quelqu’un me pose la seule question, l’unique : « Dis-moi qui te fait du mal ? ».
Personne ne l’a jamais posée cette question. Ah oui ! j’oubliais. On peut pas deviner, c’est ça ? A quoi vous servez alors, les adultes ? Vous n’entendez pas les cris dans le silence ? Vous ne devinez pas le vrai derrière les mensonges ?
Tu peux rien connard. Tu joue les psy sans en être un. Je peut te raconter n'importe quoi, tu classeras le dossier avec une étiquette «crise d'ado». Tu croiras avoir fait ton boulot après ça.
Il se met à parler de Franck. Je comprend pas. Il veut savoir ce que me fait Franck, s'il m'embrasse, où il met sa main. Il veut que je lui dise la vérité sur Franck. Des tas de phrases longues, murmurées, il n'en finit pas de parler de Franck. Qu'est ce que je dois dire ? Qu'est ce qu'il s'est mis dans la tête ? J'ai douze ans et demi, j'ai rien fait avec Franck
-Que pensez vous de votre père aujourd'hui ?
-Je veux qu'il crève !
On grandit vite. On pige vite. L’enfance reste mutilée quelque part, inachevée, perdue à jamais. Les salauds, ils vous tuent dans l’œuf.
J'ai toujours eu peur des choses inconnues. Des inconnus. Et l'inconnu, en ce moment, c'est mon père !
Qu'est-ce qui m'arrive , Il est là dans son peignoir marron, debout devant mon lit, l'air bizarre, le regard dur, froid, comme si j'avais fais quelque chose de mal. J'ai rien fait de mal aujourd'hui. Pourquoi j'ai peur ? Je recule contre le mur, je m'y écrase, je tire le drap sur moi. Je devrais sûrement foutre le camp, me barrer, mais il y a le mur derrière moi et mon père devant. Qu'est-ce qu'il fait assis sur mon lit à une heure pareille ? C'est pas normal.