Nicolas Truong

Le nouvel extrémisme droitier cherche par cette guérilla culturelle et médiatique incessante à favoriser l’arrivée au pouvoir en France de Marine Le Pen ou de Marion Maréchal.

Les gens de gauche inventent de nouvelles idées. Quand elles sont usées, la droite les adopte.

L’effondrement de la gauche ne vient pas de la victoire des réacs, mais du fait qu’elle n’a rien à dire sur ce qui nous arrive.

Ce populisme intellectuel et médiatique n’a pas d’organe officiel et n’est pas directement associé à un projet politique, mais se diffuse largement dans tout l’espace public.

Le national-populisme a ses partisans, son credo, ses héros, ses réseaux, ses revues, ses auteurs et ses aficionados. Mais, intellectuellement, ce courant est sorti de l’opprobre.

La débâcle électorale d’Éric Zemmour est le signe d’une défaite intellectuelle et politique.

La mouvance dite néoréactionnaire s’est incrustée dans la société du commentaire. Son orientation idéologique s’est parfaitement adaptée à cette fabrique d’imposition de problématiques.

La société du commentaire risque non seulement de détourner le journalisme de sa fonction critique, mais également de se transformer en un art de la diversion politique.

Les réseaux sociaux ont rendu publiques des conversations qui restaient jusqu’alors cantonnées à la sphère privée.

Le commentariat serait une manifestation de l’importance ou de l’emprise toujours croissante des médias qui occuperaient l’espace déserté par les places publiques.

Le manque d’espaces de délibération favoriserait la centralité de la médiatisation.

Nous sommes devenus une nation de soixante-six millions de procureurs, agacé par la défiance d’un pays de commentateurs qui ne lui laisseraient pas le droit à l’erreur.

Le commentaire est une interprétation, une explication, une exégèse, une lecture d’un texte ou d’une actualité.

Le problème clef pour moi, c’est l’écrasement des hiérarchies induit par la société du commentaire permanent : le sentiment que tout se vaut, que toutes les paroles sont égales.

La société du commentaire étend son influence dans l’espace public à coups de polémiques, d’imposition de problématiques et d’analyses ‘à chaud’.

C’est un bruit de fond persistant. Un brouhaha permanent. Une entêtante musique d’ambiance qui semble placer l’information et l’opinion sous le signe de l’équivalence.