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Critiques de Octavia E. Butler (157)
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La Parabole du semeur

2024. Dans une Amérique en déliquescence, Lauren et sa famille tâchent de survivre face à ce monde qui sombre dans le chaos...



''La Parabole du Semeur'' est le premier livre de Octavia Butler que je lis, mais j'en entends beaucoup de bien depuis bien des années. Elle est souvent qualifiée d'autrice exceptionnelle, et ses livres d'absolument géniaux. C'est donc avec une certaine attente que j'ai ouvert celui-ci. Une attente vague par contre, je pensais lire quelque chose d'à part, de vraiment supérieur en terme de qualité, mais sans avoir de précisions sur ces attentes. J'attendais d'être surprise dans le bon sens donc. Mais malheureusement, ce livre n'a pas été un coup de cœur, loin de là. Précisons tout de suite qu'il est effectivement bon, je ne dirais absolument pas le contraire, mais il m'a laissée sur une impression de malaise qu'il m'a fallu plusieurs jours pour comprendre. Ma critique sera peut-être trop désordonnée, ou trop ordonnée au contraire, mais je vais tâcher de partager au mieux mes ressentis.



1/ Un monde flou.

Tout le début du livre se situe dans un quartier entouré et protégé de hauts murs qui le sépare du reste de la ville, du reste du monde. En sortir est potentiellement dangereux, on se rend rapidement compte que la violence est omniprésente à l'extérieur. Les chiens sont redevenus sauvages, les hommes aussi. Aucun déplacement ne se fait seul ou sans arme, tout le monde est susceptible d'être un ennemi mortel. Dès le début, j'ai donc été emportée par cette atmosphère sombre, angoissante, violente. L'intérieur de ce petit quartier apparaît comme un ultime îlot de civilisation, tandis que tout ce qui se situe en dehors est diabolisé. On dit que le président Donner veut faire si, à dit ça. On dit que les grandes compagnies esclavagent les gens. On dit qu'on est en pleine catastrophe climatique. Sauf que rapidement, on se rend compte qu'aucune information n'est réelle, vérifiée, concrète. Dans son journal, Lauren rapporte des on-dit, retranscrit les avis des gens qui l'entourent, mais jamais on ne sait réellement ce qui se passe.



On nous parle ainsi du manque d'eau dramatique, et pourtant nous ne verrons personne mourir de soif, de même qu'il est certes mentionné plusieurs fois qu'il fait chaud, mais jamais cette sensation ne sera aussi vivace que dans ''Soleil Vert'' par exemple. Même durant le long exil de Lauren vers le nord, l'eau ne sera pas un problème. A un moment, il sera bien mentionné que c'est la dernière bouteille qui est ouverte, mais sans que cela n'ait de conséquence vu que les personnages arriveront aussitôt à un lac. Dont le niveau a diminué, certes, mais qui est toujours là pour étancher la soif de quiconque y passe. Partant de là, j'ai eu du mal à saisir ce qu'il se passait réellement : est-ce que l'autrice est restée un peu floue mais que le manque d'eau est réel ? Est-ce que ce manque est naturel (alors qu'il fait chaud mais moins que dans Soleil Vert) ou alors la pénurie est-il organisée par quelqu'un ? Ou alors, est-ce simplement le résultat de la paranoïa des personnages ? Difficile d'en être sûre, il demeure un flou qui malheureusement entoure absolument tout.



On nous parle ainsi du président Donner, mais s'il est entouré de on-dit, on ne sait jamais réellement ce qu'il fait. Il veut stopper le programme spatial, mais l'a-t-il vraiment fait ? Lauren s'en choquera d'ailleurs, mais n'est-ce pas raisonnable vu la situation sanitaire et sociale ? On apprend aussi que des compagnies achètent des villes, que le père de Lauren pense qu'il s'agit d'esclavage, mais en est-ce vraiment ? Les USA sont littéralement en train de s'effondrer, c'est à se demander si une administration d'état existe encore dans de telles conditions. Bientôt (et c'est déjà étonnant que ce ne soit pas le cas), l'argent ne vaudra plus rien, ce ne sera plus que des pièces et des bouts de papier. Vivre dans une communauté sécurisée, avec de la nourriture et de l'eau, c'est en revanche une richesse qui permet de survivre, que rien ne vient jamais atténuer.

Malheureusement, Lauren ne vient jamais questionner ces on-dit, elle bâtit son regard du monde extérieur dessus. Rien n'est objectif, tout en subjectif. Et si, dans un monde normal, être rémunéré en nature plutôt qu'en argent serait effectivement choquant, je trouve ça un peu simpliste de ne pas se poser la question sous l'angle de ce monde en déliquescence. C'est d'ailleurs l'un des soucis de ce livre : quelque fois, les personnages admettent des comportements amoraux à cause de la situation présente, là où pour d'autres éléments, ils envisagent toujours ce qu'il faut faire en prenant l'ancien monde comme référence. Il en ressort donc un monde extérieur trop flou, trop subjectif, en tout cas à mon goût.



2/ Une héroïne parfaite.

Avouons-le de suite, je n'ai pas ressenti de réelle empathie pour Lauren. C'est sans doute elle plus que tout le reste de l'histoire/ambiance qui a été source de malaise pour moi, et il m'a fallu un peu de recul pour comprendre pourquoi. Jeune fille intelligente, sensible, hyper-empathique, courageuse... elle cumule beaucoup de qualité, réfléchit beaucoup et œuvre pour le bien de tous. Son intérêt pour la religion la ferait presque passer pour une sainte, et c'est là que le bât blesse : Sainte Lauren n'est pas si parfaite que ça. Tout le long du livre, je me suis rendue compte que pour quelqu'un de très religieux, elle jugeait quand même beaucoup les gens. A vrai dire, elle juge tout, tout le monde, et tout le temps. Elle porte un regard très particulier sur le monde, biaisé pourrait-on dire, mais qui n'est pourtant jamais remis en question ou presque. Quoi que dise Lauren, elle a raison. Peut-être pas maintenant, mais à terme l'histoire lui donnera forcément raison quand même.

Ainsi quand elle parle de préparer des paquetages de survie, l'idée prend de suite une ampleur que j'ai trouvé exagérée : c'est la fin du monde, les gens se sont murés pour ne pas vivre avec le reste des humains, ils sont tous armés et prêts à dézinguer leurs prochains... mais préparer un sac, c'est trop pour eux ? Même le père - qui pourtant enterre de l'argent dans le jardin - demande à sa fille de ne pas inquiéter les gens. La communauté vit littéralement dans la paranoïa, la peur et le dégout des humains qui ne vivent pas dans leur quartier, on constate la violence qui y règne. Institutionnalisée et présentée comme étant ''pour le bien de la communauté'' mais la violence reste tout de même la violence. J'avoue que ce moment m'a fait un peu décrocher : au final, Lauren propose juste de préparer un sac de secours, pas de creuser des bunker ou de fabriquer une bombe atomique dans son jardin, et pourtant le rejet de son idée est absolue. Même quand les feux et les intrusions deviendront plus courants (avec des gens de l'extérieur qui se font tirer dessus et qui meurent), son idée ne sera pas utilisée. Et bien sûr, lorsque le quartier tombe, on se rend compte que Lauren avait raison, que Lauren avait tout compris. Cet aspect m'a paru un peu incohérent, forcé, et sa pseudo résilience à ce moment-là m'est clairement apparu comme de l'hypocrisie. Ce quartier est profondément hypocrite, les gens ne s'aiment pas, ils ont les mêmes vices que les autres humains. La seule chose qui les distingue, c'est la chance qu'ils ont de vivre entourés d'un mur, ce qui ne les empêche pas de juger et critiquer les autres humains qui se sont organisés eux aussi. Et pourtant, Lauren est l'héroïne, pas l'antagoniste. En matière de poutre dans l’œil, Lauren et son quartier sont de superbes exemples. Et pourtant, le livre ne remet jamais ça en cause, ce qui aurait pu être fait par le biais d'un personnage externe qui aurait pu intervenir pour expliquer que ces humains-là ne valaient ni plus ni moins que les autres.



3/ Sainte Lauren.

Bien que ne croyant pas en Dieu, je trouve que le sujet de la religion est passionnant, et j'aime beaucoup en parler avec des amis qui sont croyants (j'ai même un ami qui a failli devenir prêtre). Dans la pure tradition américaine, les habitants du quartier sont très croyants, mais croyants à leur façon. ''Tu ne tueras point'' semble avoir été un peu oublié au passage, et si l'on peut très bien comprendre la nécessité de défendre sa vie, on constate assez rapidement que prendre une vie ne déclenche aucune culpabilité, aucun dilemme moral. Lauren le dira elle-même plusieurs fois, qu'elle a fait ce qu'elle avait à faire, sans en éprouver de culpabilité ou de remords, comme s'il était finalement très facile de tuer. Même souci pour son père, qui bat quelque fois ses enfants, avec beaucoup de brutalité d'ailleurs, mais c'est ''pour leur bien''. Lorsque Keith et Lauren en parleront, elle ira d'ailleurs jusqu'à défendre son père. Mais battre des enfants, est-ce si bien que ça ? Est-ce moral ? Dans un monde comme celui-ci, n'est-ce pas rajouter du chaos au chaos ? Non, parce qu'ici (comme dans la réalité d'ailleurs), les américains semblent posséder une certaine dualité : on élève la religion au-dessus de tout, mais exclusivement quand ça nous arrange. Si l'autre tue, c'est un monstre, un animal, il sera châtié par Dieu. Mais si l'un des membres de la communauté tue ben... eh oh, c'était le mieux à faire hein, personne ne pourra ne me le reprocher, les autres étaient méchants et moi j'ai rendu la justice de Dieu, j'ai fait le Bien. Là encore, je trouve dans ce genre de respect de la religion à la carte, une forme profonde et dangereuse d'hypocrisie.



Mais si la religion traditionnelle est personnifiée par le père et le reste de la communauté, Lauren s'est inventé la religion. Ou plutôt non, comme elle insistera beaucoup dessus, elle n'a pas inventé, elle a découvert (se permettant même de comparer religion et sciences). D'un côté, j'ai trouvé ça vraiment intéressant qu'elle essaye de s'inventer sa propre religion, son propre code moral finalement, ses espoirs aussi. Elle y mélange des morceaux d'autres religions, des phrases pseudo-philosophiques, un délire spatial, dans un résultat que j'ai trouvé un peu niais et simpliste. Mais au final, si elle choisit d'y croire et que ça l'aide, c'est très bien. Mon souci par contre, c'est quand elle entreprend de convertir des gens, parce qu'encore une fois, sa religion est beaucoup trop simpliste. J'ai eu l'impression de lire les délires pseudo-philosophiques d'une adolescente, ce qu'elle est, et je peine à croire que qui que ce soit puisse décider d'y croire aussi, ou alors c'est que tous ces gens sont vraiment trop influençables. Les preuves de Lauren relèvent d'ailleurs de la mauvaise foi : il y a du changement, Dieu est le changement, donc comme tu constates que le monde change, ça veut dire que tu crois en Dieu. Là encore, c'est hypocrite, et Lauren l'écrit d'ailleurs dans son journal : elle veut pousser les gens à penser à sa religion, elle les convertit petit à petit, en douceur, pour qu'ils ne se rendent même pas compte qu'elle les convertit. Lauren est un gourou de secte, ni plus ni moins.



D'autant plus que dans son entreprise, elle dispose d'un pouvoir ''surnaturel'' qui m'a semblé bien pratique : son hyper-empathie. Présentée comme un handicap, cette hyper-empathie ne se réveille pas tout le temps (ça m'a choquée à plusieurs reprises d'ailleurs), et si elle peut ressentir souffrances et plaisirs des autres, elle ne peut en revanche pas ressentir leurs peurs, leurs joies, leurs doutes... là encore, son pouvoir est ''à la carte'', et il lui permet de s'imposer plusieurs fois via un raisonnement assez simpliste : Lauren ressent la souffrance, donc si elle blesse/tue quelqu'un, elle en souffrira, ce qui veut dire qu'elle a bien pesé le pour et le contre, donc qu'elle ne peut pas se tromper. A l'image du Christ sur sa croix, l'hyper-empathie de Lauren la transforme ainsi en figure christique qui souffre pour les pêchés humains, les lavent et permet à ses fidèles de s'élever au-dessus de ceux qui sont décrit comme des bêtes.

Encore une fois, Lauren est un gourou de secte.



Enfin, si Lauren est le gourou de sa religion, elle est aussi une dictatrice ''bienveillante''. C'est particulièrement flagrant lorsque le groupe se créé sur la route : c'est elle qui commande, et si d'aventure quelqu'un l'a critique, critique ses choix, ou demande simplement à en parler, la sanction tombe : si tu n'es pas d'accord, tu peux partir. Dans un mécanisme particulièrement violent moralement, elle offre ainsi la sécurité d'un groupe à des gens esseulés, les rends finalement ''accros'' à cette sécurité relative procurée par le nombre, puis menace de jeter dehors quiconque ose remettre en doute ses choix. On le voit d'ailleurs bien tout à la fin, lorsque Mora propose de veiller avec elle, et qu'il demande s'il peut avoir une arme. Lauren lui précise qu'elle refuse, au motif qu'il ne sait pas tirer. Le souci, c'est que c'est le cas pour tous ceux qu'elle a récupéré en cours de route : personne ne savait tirer, et la question est vite éludée dans son journal par un ''ils ont appris à tirer sur la route''. Vu le peu de cartouches et leur valeur, ils ont dû tirer quoi, une fois ? Deux à tout casser ? Finalement, Mora ne sait donc tirer ni plus ni moins que les autres, et pourtant Lauren s'acharne. En cas d'attaque, c'est pourtant Mora qui a raison : s'il n'est pas armé, que fera-t-il ? Devra-t-il se sacrifier et attaquer à mains nues un attaquant armé qui le tuera ? Hurler pour réveiller tout le campement, quitte à indiquer leur position à tout le monde et à les rendre encore plus vulnérable ? Perdre du temps à rejoindre Lauren ou réveiller quelqu'un qui possède une arme, qui à perdre de précieuses secondes qui pourraient couter la vie à quelqu'un ?

D'un point de vue purement pratique, Mora a entièrement raison, et pourtant Lauren refuse tout en restant dans une position neutre. Elle pourrait refuser que Mora s'occupe de la garde avec elle, désigner quelqu'un d'autre, mais elle préfère ne pas prendre cette responsabilité. Elle préfère que Bankole s'érige comme son bras et menace Mora de le virer en lui indiquant que s'il n'est pas content, il peut se casser et rejoindre un groupe de macho. Ah, parce que ne pas être d'accord avec une femme, c'est forcément être macho ? Quoi qu'il en soit, on voit rapidement que Lauren a instillé les graines du ''obéis ou part mourir seul'', et qu'elle a si bien opérer son travail d'amadouement des autres qu'elle n'a même plus à délivrer sa menace elle-même.



____



Au final, j'ai donc trouvé que Lauren était manipulatrice et hypocrite, et j'ai eu beaucoup de mal à la voir pourtant avancer, obéie et encensée par son petit groupe.



Après quelques recherches sur l'autrice, je me suis rendue compte qu'elle et Lauren se ressemblent énormément, Lauren est la version fantasmée de Octavia Butler, courageuse messie sauvant son peuple de la fin du monde. Je ne pense donc pas que Lauren soit vraiment un personnage négatif, je pense réellement que l'autrice voulait passer un message au contraire très positif. Malheureusement, le flou de l'ambiance et du monde, les facilités énormes de Lauren, l'histoire qui lui donne toujours raison, les gens qui la croient et lui obéissent avec tant de facilité... tout ça m'a laissée un certain malaise. La violence ''bienveillante'' n'est qu'une violence comme une autre, qui ne vaut pas mieux qu'une autre. En ne se questionnant jamais dessus, le livre (et Lauren par extension) tendent pourtant à la légitimer. Encore une fois, je pense qu'il s'agit simplement d'une maladresse, que l'autrice ne voulait pas dire ça, mais moi c'est comme ça que je l'ai ressenti, et ça m'a gênée.
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Xenogenesis, tome 1 : L'aube

J’ai beau lire de la science-fiction depuis des décennies, je n’avais encore jamais osé ouvrir un livre d’Octavia E. Butler. Pourquoi ? Parce qu’elle fait partie de ces plumes présentées comme « incontournables » et souvent citées comme référence pour son message politique et la force de son engagement. Or moi quand je lis un roman c’est avant tout pour m’évader, découvrir autre chose et pas pour refaire un cours de philosophie, d’éthique ou de géopolitique (même si par ailleurs, ce sont des sujets qui m’intéressent). Je craignais donc de me retrouver face à une messagère militante et non une conteuse.

Et puis… L’Aube est arrivé. Avec son histoire de contact avec une espèce extra-terrestre (thème dont je suis friande), avec Lilith sa protagoniste qui force la lectrice à se demander si elle ferait les mêmes choix et surtout avec un récit prenant dont on ne sait jamais où il nous mène et rempli du « sense of wonder » qui m’a personnellement d’abord attiré vers la science-fiction.

L’Aube nous raconte donc l’histoire de Lilith Iyapo qui se réveille nue dans une pièce blanche sans ouvertures visibles. Elle ne sait pas combien de temps s’est écoulé depuis son endormissement ni à qui appartiennent les voix qui la bombardent de questions. Peu à peu, la vérité apparaît : elle a dormi 250 ans et la Terre qu’elle a connue a été presque détruite par un conflit nucléaire. Des extra-terrestres négociants ont sauvé le plus d’humains possibles et sont désormais prêts à réacclimater les survivants sur terre. Mais à des conditions telles qu’il serait difficile de considérer les nouveaux habitants comme des humains. Acceptera-t-elle cette proposition ? Et les autres humains aussi ?

Écrit en 1987, l’Aube garde le meilleur des récits de science-fiction de cette époque avec des extra-terrestres que leurs apparences, leurs modes de vie et leurs pouvoirs rendent réellement aliens à tout ce qu’on peut connaître. L’action est riche et rentre directement dans le vif du sujet et même si tout nous est raconté du point de vue de Lilith, l’ensemble des personnages – humains ou non – a suffisamment d’épaisseur pour qu’on se prenne d’intérêt pour leurs aventures. Mais c’est également, et c’est bien ainsi qu’on m’a vendu l’autrice, une réflexion approfondie sur la liberté et la servitude, la définition de l’humanité, les rapports entre hommes et femmes, etc. Sauf que… Octavia E. Butler ne prêche pas. Elle nous conte une histoire : celle de Lilith et de ses choix, des joies et des souffrances qui en découlent. Libre à nous de les interpréter comme l’on veut et de se dire « à sa place, aurais-je accepté ça ? » Et à la toute fin, il ne reste plus qu’une envie : découvrir la suite de la trilogie.
Lien : https://www.outrelivres.fr/l..
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Xenogenesis, tome 1 : L'aube

Où on fait connaissance avec les Oankali, des extraterrestres différents.



Une histoire d'invasion extraterrestre originale. Ces extraterrestres veulent le bien de l'humanité, mais leur mode de vie implique une symbiose avec les humains, qu'elle soit acceptée ou non. Une série de trois romans, "Xenogenesis", par la très bonne et originale Octavia Butler. Pour ceux qui aiment les histoires différentes.



Une invasion d'un autre genre, en partie bienveillante, mais qui va marquer l'humanité.



Vraiment intriguant.
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Liens de sang

Cette histoire de voyage dans le temps est surtout un prétexte, qui ne trouve pas vraiment son explication. Un prétexte pour imaginer ce qu'une femme vivant en 1976 pourrait ressentir face à l'esclavage. Un prétexte pour jeter un coup d'œil contemporain sur cette période d'horreur et tenter de comprendre, tenter de mettre des noms, des visages, des histoires sur ces pages du passé.



C'est un roman prenant, très immersif. La plume (en version traduite) est simple et accessible mais pas dénuée de finesse. C'est un roman passionnant, pour son intrigue et sa dimension historique en partie, mais surtout pour ses personnages.



La grande force de ce roman, à mon sens, c'est le talent de l'autrice pour construire des personnages très nuancés. Ils entretiennent entre eux des relations souvent profondes mais aussi complexes et ambivalentes. L'autrice interroge ces paradoxes de l'enfant des maitres qui grandit en jouant avec les enfants d'esclaves ; de la mammy, cette femme noire, maitresse de maison, gouvernante, sur laquelle on s'appuie pour faire régner l'ordre. Le paradoxe de ces femmes noires, amantes des maitres, mères de leurs enfants, aimées parfois, mais jamais considérées comme des égales. Malgré la proximité, malgré l'affection, malgré que les blancs ne soient pas toujours des sadiques, à partir du moment où il existe un rapport de domination, alors les relations sont forcément détraquées et malsaines. Il ne peut en être autrement.
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Xenogenesis, tome 1 : L'aube

1er tome de la trilogie Xenogenesis.

Plus de 2 siècles après une guerre nucléaire qui a abouti a la disparition quasi complète de l'espèce humaine, une civilisation Extra-terrestre, les Oankalis, ont sauvé quelques humains et après les avoir mis en sommeil durant tous ces siècles, sont prêts à les renvoyer sur Terre mais sous certaines conditions...

La première humaine qui aura un rôle important dans cette mission est Lilith. Réveillée après 250 ans de sommeil, elle découvrent cette civilisation et toutes ses caractéristiques souvent effrayantes mais aux pouvoirs fascinants.

Sa première tâche sera d'éveiller un groupe d'humains et de les préparer en vu de retrouver la terre.

Mais la tâche se révélera très ardue car l'âme humaine peut-être très destructrice fâce à l'inconnu, la différence, et surtout dotée d'un instinct de domination au risque de ne pas survivre.

Ce roman de SF aborde des sujets très marqués par la vie de l'autrice, afroaméricaine qui a vécu dans un ghetto noir de Californie entre ségrégation et exclusion et en même temps très contemporains puisqu'ici on comprend vite que l"Eveil" dont il est souvent question fait appel au wokisme dans son sens premier : Celui d'éveiller les consciences vers une nouvelle organisation sociale et métaphysique.

Les personnages sont complexes et animés de contradictions qui questionnent et bousculent nos réflexions.

Peu d'action dans ce roman, c'est surtout la psychologie des personnages qui est mis en avant ainsi que les relations interpersonnelles et la légitimité des situations. Difficiles de savoir comment apprécier ces extra-terrestres dont le comportement oscille entre domination, manipulation, empathie, bienveillance et sincérité...

Écrit en 1987, la modernité imprégne pourtant bien ce roman, notamment au travers de la définition du genre humain remis en question par la structure familiale des Oankalis.

Cette histoire est vraiment riche et il m'est difficile d'en dire plus tant de sujet sont abordés, percutants et passionnant dans la réflexion qu'elle nous propose.

Je ne connaissais pas cette autrice décédée en 2006, elle laisse une oeuvre ambitieuse où l'imaginaire est au service de l'intelligence. Je compte bien suivre cette aventure dans le tome 2.

A découvrir !
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Xenogenesis, tome 1 : L'aube

Une nouvelle fois, un grand merci au Nocherdeslivres grâce à qui je découvre cette auteur.

Un peu matinée de Jack Vance, un peu peut-être de Zelazni, et au-delà de tout cela une voix unique.

J'ai été d'emblée captée par le récit. Octavia E Butler nous plonge sans préambule dans le vécu de Lilith (quel magnifique, emblématique, prophétiquel prénom). Avec elle on s'interroge, on s'inquiète, on se révolte. Pour elle, on tremble. Pas un instant je n'ai décroché. À tel point qu'en cours de lecture je me suis empressée de commander le tome 2, absent de ma médiathèque.

Comme j'ai aimé que rien ne soit simple. Qu'on ne puisse ni haïr les Oankali ni adhérer à leur projet. Et qu'il en soit de même pour les humains. Qui restent si désespérément, si totalement, si absolument humains.

Je n'ai qu'une seule question : quand donc diable les éditions d'Au Diable Vauvert vont faire paraître le troisième et dernier tome ?
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La parabole des talents

« La Parabole des talents » débute à peu près à la fin de « La Parabole du semeur ». Pas de coupure chronologique donc, mais un changement de narration, puisque nous est donné à lire le journal de Lauren Oya Olamina dans un long flash-back (nous sommes en fait en 2090) et à l’aune du ressenti de sa fille Larkin, alias Asha Vere.

La première communauté Semence de la Terre a vu jour sur la propriété de Bankole, La Chênaie. La vie s’organise autour de la nouvelle religion promulguée par Lauren. Mais en cette année 2033, un nouvel ennemi se fait jour en la personne de Jarret, le nouveau président des États-Unis, extrémiste de droite prônant l’élimination (entre autres) des sectes païennes hors de l’Église chrétienne d’Amérique.

La dystopie proposée par Octavia E. Butler est profondément sombre : pays en cendres, racisme, es-clavagisme, régression du droit en général et celui des femmes en particulier… à bien des égards, « La Parabole des talents » fait écho à « La Servante écarlate », avec notamment la prédominance de la reli-gion étatique et la mise sous le joug des femmes.

Cependant, l’ouvrage d’O. E. Butler met avant tout en lumière la religion, la foi, la vocation à se dé-passer et à prendre des risques pour accomplir sa mission sur terre.

Les propos d’Olamina, poétiques dans le premier tome, sont ici beaucoup plus prosélytiques : tous les événements, toutes les pensées de la narratrice sont tournés vers le développement et la diffusion de ses croyances. La destruction de la communauté, l’esclavage subi durant pratiquement deux ans, le vol de sa fille, même la mort de son mari, sont transformés par Olamina en des briques supplémentaires pour l’élévation de sa religion.

L’auteure ne fait pas dans la dentelle et soumet le lecteur à toutes les horreurs possibles et inimaginables : perte de liberté, torture, viol, vol de tous les biens, kidnapping d’enfants, « rééducation » imposée… Mais ce n’est pas cette violence dans les propos qui m’a le plus gênée. En fait, je n’ai pas réussi, lors de cette lecture, à adhérer, même provisoirement, à la religion et à la « vérité » d’Olamina. Malgré ses promesses humanistes, malgré son respect des autres, malgré sa « noble » mission, tout mon être s’est hérissé à la lecture des mots « religion » et « vérité » accolés.

« La Parabole des talents » est un roman écrit en 1998. Constater, en cette fin de 2021 que Octovia E. Butler a commis un texte si visionnaire est proprement alarmant. La lectrice, et au-delà, l’être humain que je suis, a peine à adhérer à l’idée que l’éducation, la santé, le progrès, l’intérêt pour les autres… ne puissent se concevoir qu’au sein d’une religion, fût-elle « pacifique et humaniste ».

Voilà bien longtemps que je n’avais pas réagi aussi violemment, de façon quasi allergique, à un roman… Preuve s’il en est du talent d’O. E. Butler…

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La Parabole du semeur

La parabole su semeur est vraiment un très beau roman ! La plume, acérée et efficace, d’Octavia Butler nous entraîne dans un univers quasi apocalyptique. Violent et sans concession, le roman nous amène à suivre la trajectoire de l’attachante Lauren, fille de pasteur ultra-empathique qui tente de semer l’espoir à travers une sorte de Bible spirituel qu’elle rédige. Le danger est omniprésent, notamment à travers des drogués accros à un produit qui les rend pyromanes. Face à cet élément destructeur, il est montré à quel point faire preuve de pitié et de solidarité est difficile dans un contexte où les liens humains se délitent. Le livre est une ode au soutien et à la résilience.
Lien : https://lageekosophe.com/202..
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La Parabole du semeur

C’est l’un des meilleurs livres que j’ai lus cette année ! J’ai adoré et j’ai hâte de lire la suite ! On retrouve dans La parabole du semeur les codes des romans de fin du monde, mais on va plus loin. Le livre se démarque tout d’abord par son héroïne. Une jeune femme noire, forte, qui porte l’histoire. Il se démarque également par ses thèmes, traitant autant de l’esclavage, que de handicap invisible et même de religion. Et surtout le livre d’Octavia Butler se démarque selon moi par son style. Ça fait plaisir de lire un roman d’anticipation aussi bien écrit ! Bref, c’est pour moi un sans faute !
Lien : https://ledevorateur.fr/la-p..
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La parabole des talents

Le livre prend plus de temps à s'installer que le premier tome (presque 600 pages ici, soit 200 en plus que dans La parabole du semeur), et on peut un peu mieux prendre la mesure de ce qui se passe dans les États-Unis à cette époque, pour comprendre les enjeux, pour visiter plusieurs communautés, voir ce qui les soude ou les divise. La religion prend une place d'autant plus importante qu'il ne s'agit plus de quelques paroles disséminées mais bien de préceptes ancrés dans la vie quotidienne. Moins de violences que dans le premier sur l'ensemble du livre, bien qu'on n'échappe pas du tout à une nouvelle forme de violence, encore plus pernicieuse, parce qu'approuvée par l'État-Religion - attention donc encore une fois, le contenu est très explicite et peut heurter la sensibilité.



Plus brouillon dans sa temporalité et dans les différents points de vue que le premier livre qui se donnait sous forme de journal intime au jour le jour, écrit par Olamina, La parabole des talents se présente à la fois comme la suite de ce journal intime, avec des extraits d'écrits de son mari Bankole, et un texte de narration qui se situe dans le futur de ces évènements, de la bouche de la fille devenue femme, qui cherche à comprendre ce qui a animé ses parents, cette nouvelle religion, à comprendre son propre parcours à elle. Sans oublier, bien entendu, les passages-éclair de la philosophie/foi de Semence de la Terre.



J'ai trouvé que ce livre apportait des solutions au premier : La parabole des semeurs était tout dans la survie, l'instant, la course, l'instinct, la peur, la fuite, le manque de perspectives d'avenirs, tandis qu'ici on trouve un peu d'espoir, de solidarité, de construction, d'apprentissage, de volonté, de force et de foi. Une utopie qui se forge dans le creuset du totalitarisme et de la barbarie. Les Semences de la Terre finiront-elles par aller se disséminer dans les étoiles ? En tout cas, impossible de ne pas faire le rapprochement avec ce qui se passe déjà / pourrait se passer si rien ne change à un niveau politique, social, économique et environnemental. Quant à la parabole des talents (l'originale), je m'y connais pas vraiment niveau étude biblique, mais selon mon interprétation et en regard de l'histoire écrite par Octavia E. Butler, elle résume bien l'histoire du monde : aux riches le droit d'exploiter planètes, gens et biens, et aux pauvres, aux marginaux et aux exclus le droit de crever tous seuls après épuisement complet (en tout cas c'est ce qui ressort ici).



(voir la critique intégrale sur le blog)
Lien : https://lecombatoculaire.blo..
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La Parabole du semeur

Ce qui frappe avant tout, dans ce bon roman d'anticipation paru en 1993 et qui sera suivi de sa suite, La Parabole des talents, c'est la simplicité réjouissante qu'y déploie Octavia E. Butler.

Cette simplicité n'est pas seulement celle que nous pourrions confondre avec une efficacité narrative après tout habituelle dans la plupart des ouvrages de ce genre, comme par exemple le dernier que nous avons évoqué dans cette série intitulée Au-delà de l'effondrement, Zone 1 de Colson Whitehead, du moins lorsqu'ils sont écrits par des auteurs nord-américains.
Lien : http://www.juanasensio.com/a..
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Liens de sang

Certainement un des meilleurs romans sur l'esclavage! C'est un voyage constant dans l'espace et le temps, presque sans effort. L'élément de science-fiction tend à s'effacer au fur et à mesure de la lecture pour laisser place au réalisme cru du quotidien des esclaves sur la plantation de Tom Weylins dans le Maryland au 19ème siècle. L'écriture est très épurée, pas de grandes métaphores ni d'envolées lyriques. Butler évite tout sentimentalisme et tout discours moralisateur pour laisser le lecteur former son propre jugement.



L'histoire débute dans un contexte contemprain en Californie en 1976. Elle est racontée du point de vue de Dana, une jeune afro-américaine mariée à Kevin, un homme blanc, tous deux en proie avec leurs propres préjugés raciaux. Outre la relation avec Kevin, c'est surtout la relation de Dana avec son ancêtre Rufus qui retient particulièrement l'attention. Jusqu'où doit-elle aller pour protéger cet aieul quand sa propre vie en dépend? Butler montre à quel point l'esclavage est un héritage commun de tous les Américains; il continue à définir leur identité et menace de faire irruption dans le présent. Butler pousse alors la métaphore à son extrême, et ce avec brio.

Un classique à lire absolument.
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Liens de sang

Quelle claque ce livre !



Je sais enfin ce qui est arrivé à Dana de #liensdesang .



J'ai acheté ce livre suite à la série de @disneyplusfr qui nous a laissé en plan à la fin de la première saison.



Pour le coup, je ne regrette absolument pas cette expérience.



Imaginez-vous être Noir à notre époque et vous retrouver vous ne savez comment, plus de 200 ans auparavant sur les traces de vos ancêtres du temps de l’esclavage.



Si vous aimez ce thème et les lectures qui font réfléchir alors celle-ci est faite pour vous!



Ce livre est totalement bluffant et très instructif. Malgré la laideur des faits qui s’y déroulent il s’en dégage un espoir et un amour incroyable. Les personnages sont en proie à des sentiments totalement contradictoires et l’auteur nous en explique magnifiquement la cause.



Gros coup de ❤️ pour cette histoire que je ne connaissais pas du tout.



J’espère vraiment la faire découvrir à bon nombre d’entre vous car vraiment elle vaut le détour.


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Xenogenesis, tome 1 : L'aube

Sur terre, les hommes ont mené la guerre ultime, celle qui a éteint toute vie. Quelques hommes ont cependant été recueillis par les oankali et endormis le temps pour eux d'assainir la terre.

Lilith sera la première éveillée, la première femme comme dans les écritures. Elle est enfermée dans une pièce dont seule la parole la délivrera, et l'ouvrira à la rencontre de l'autre radicalement autre, effrayant autant qu'intrigant. Les oankali, bipèdes multi-tentaculaires, ont pour but de s'unir génétiquement aux hommes avant de les reconduire sur la terre régénérée.

Lilith est sans doute, parmi les hommes réveillés plus tard, la plus curieuse de l'autre, elle s'attachera même à un jeune ooloi, un ooloi étant celui qui transmet l'amour spirituel et sensoriel entre deux oankali, ou deux êtres humains

Presqu'aussitôt après leur réveil, les hommes forment des clans, se battent, tentent de violer les femmes comme si cette violence était la signature de l'humain



Ce superbe roman suscite d'innombrables questions auxquelles nulle réponse n'est donnée puisqu'il n'y en a pas et que seul le pouvoir autoritaire affirme ou rejette.

Et parmi ces questions, les essentielles : qu'est ce qu'être humain ? la nature humaine est-elle si exceptionnelle qu'il convienne de préserver sa pureté à tout prix?

Certes les oankali influencent les hommes pour qu'ils aillent dans le sens de leur projet, mais ces contraintes ne sont-elles pas la source même de la vraie liberté ? D'une liberté qui marche vers un but en s'appuyant sur les contraintes et non une liberté qui part en tout sens, guidée par des pulsions souvent destructrices.
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Liens de sang

Voilà un roman qui explore très habilement le thème pourtant délicat du voyage dans le temps. J'ai été littéralement transportée dans cette période d'esclavagisme, m'attachant aux personnages, vibrant avec eux à chaque retentissement (et il y en a!). Les sentiments sont entremêlés et subtilement dépeints: peur, révolte, pitié, fraternité...une vaste palette qui vous pousse à poursuivre la lecture. Une lecture difficile à arrêter tant le rythme est soutenu et tant l'écriture surprend; Octavia Butler sait décrire le pire avec sensibilité, elle sait dénoncer sans pour autant fustiger et surtout, sans jamais tomber dans le pathos.

Un livre à lire absolument, le livre idéal à offrir aux personnes qui souhaitent s'initier à la SF. En bref, un vrai petit bijou.
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Novice

Les vampires sont à la mode, mais on est loin ici de l'univers romantique de Stéphénie Meyer ! Octavia Butler revisite le mythe en nous les présentant comme organisés en une société matriarcale complexe et vivant en symbiose avec les êtres humains. L'histoire de Shori, première femme vampire, née d'une manipulation génétique entre un humain et un vampire, sert aussi de prétexte à la dénonciation de thèmes chers à la romancière américaine décédée en 2006 : le racisme, la non acceptation des différences et le sexisme.
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La Parabole du semeur

Un roman post-apocalyptique fort, à l'ambiance chrétienne assumée, qui remet le mysticisme et la force de la religion au centre des préoccupations du quotidien, pour un groupe qui tente de survivre après un holocauste dont on ne sait pas grand chose...

Fascinant, d'une austérité qui confine à l'ascétisme, ce bouquin fut un grand succès du genre, et son auteur reste un cas particulier (une femme, noire de surcroit, qui écrit de la SF !!! Seigneur !)
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Liens de sang

Quel livre !



J’ai eu du mal à en voir le bout, ma lecture s’est étalée sur plusieurs semaines. Et c’est loin d’être parce que je ne l’ai pas aimée, c’est même tout le contraire. Ma lenteur s’explique parce que j’ai émotionnellement eu beaucoup de mal à avancer, je devais parfois reprendre mon souffle, j’en avais mal au ventre et des angoisses à l’idée de poursuivre ma lecture. On parle quand même d’une femme racisée aux Etats-Unis en 1970 qui se retrouve propulsée au temps de l’esclavage et voit donc tous les droits acquis réduits à néant, devant se plier « aux règles » de l’époque (et donc renier son statut d’humaine) pour survivre ! Je n’ai absolument pas réussi à m’identifier aux personnes blanches de cette histoire, sauf peut-être Kévin, le mari de Dana (une personne qui a donc conscience de l’Histoire).



Ce livre m’a fait passer par toute la palette des émotions mais j’ai surtout ressenti beaucoup de colère et d’injustice, et un dégoût profond et sans commune mesure contre Rufus. Si son père est une ordure, le jeu passif/agressif auquel il s’adonne et le fait de se « cacher » derrière de pseudos bons sentiments pour se donner bonne conscience m’a donné la nausée.



L’autrice fait tout son possible pour décrire avec justesse la réalité de l’esclavage et j’ai trouvé ça (tristement) brillant : la mise en scène de différentes personnes (femmes, hommes et enfants) permet de comprendre les divergences de point de vue des personnages et de redonner de l’humanité et surtout de la visibilité à ces nombreuses personnalités qui sont trop souvent représentées par des nombres dans les décomptes historiques.



La place des femmes, et de la femme instruite, est aussi questionnée : en plus du racisme, le sexisme est donc aussi interrogé dans cet ouvrage.



Je vous invite vraiment à lire ce magnifique ouvrage (si vous avez le cœur bien accroché car il reste difficile sur certains passages).
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Xenogenesis, tome 3 : Imago

Après L’Aube et L’Initiation, voici la fin de la trilogie Xenogenis d’Octavia E.Butler. Comme pour l’épisode précédent, si vous n’avez pas encore lu les deux premiers tomes, faites immédiatement demi-tour et revenez une fois que vous aurez achevé votre lecture.





Ça y est ? Vous êtes à jour ? Bien. Imago se situe environ cinquante ans après la fin de L’Initiation et comme dans le précédent livre, nous suivons ici la destinée d’un autre enfant de Lilith, Jodahs, le premier ooloï façonné, c’est-à-dire le premier hybride humain/extra-terrestre du troisième genre propre aux êtres venus d’ailleurs. Avant lui, ce qu’il reste de l’Humanité, rendue stérile pour éliminer ses tendances « hiérarchiques » autodestructrices n’a que deux choix : s’hybrider avec les extra-terrestres et fonder de nouvelles familles ou s’exiler sur Mars dans une colonie strictement humaine – et fertile, mais sur une planète en cours de terraformation. Pourtant une fois de plus, Octavia E. Butler nous raconte une intrigue au ras du sol, quelque part dans les tropiques et à l’échelle de quelques individus. Et qui plus est, elle nous le raconte uniquement du point de vue de Jodahs. Celui-ci quitte l’enfance et apprend à devenir adulte en se débattant, comme son frère Akin avant lui, entre ses parts humaines et extra-terrestres, mais également avec son rôle d’ooloï. Troisième genre, ni mâle ni femelle, mais également le syncrétisme des deux, l’ooloï est à la fois le guérisseur, l’ingénieur en chef des modifications des membres de la famille et le catalyseur du foyer. Mémoire génétique vivante à la fois du passé des extra-terrestres et de celui de la planète Terre où il est né, mais également adolescent tiraillé par les pulsions de la puberté, l’envie d’indépendance et un besoin d’intégration forcené, Jodahs va être l’agent de liaison idéal. Il va réparer les failles au sein de ses propres familles (celle dont il est issu et celle qu’il va construire) et pour offrir une nouvelle voie d’intégration aux façonnés et à la population terrienne dans son ensemble.

Conclusion de la trilogie, Imago est le plus court des trois romans. Et pourtant c’est également l’un des plus denses et une fin amplement satisfaisante à cette exploration. C’est celui qui a le protagoniste le plus éloigné de l’humanité telle que nous la connaissons, mais également par rapport à son frère Akin, celui dont les tourments et les solutions sont les plus « humaines ». Et une fois de plus, Octavia E. Butler va surprendre par son invention et la façon dont elle explique les capacités particulières des ooloïs… Si vous souhaitez découvrir Octavia E. Butler et ses thématiques, tout en vous plongeant dans une pure histoire de science-fiction à l’ancienne, cette saga, Xenogenesis, est l’endroit parfait pour commencer.
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Liens de sang

Un roman SF qui te propulse dans l'histoire c'est vraiment cool.

Dana est une jeune femme noire qui vit dans les année 70 et qui se retrouve d'un coup propulsée au siècle dernier dans une Amérique esclavagiste. Elle fera des allers-retours d'époque à chaque fois que Rufus, un ancêtre blanc esclavagiste, sera en danger au cours de sa vie. Ça paraît un peu perché au début mais c'est assez fou de confronter les deux époques. Elle se rend alors compte de comment étaient traités ses ancêtres, et comment c'était marqué dans les mœurs de chacun. Ça pose aussi le doigts sur le cas des Tantes, ces femmes qui se faisaient bien voir des blancs et travaillaient dans les maisons, qui étaient considérés comme des traitresses. On se rend compte que leurs sorts était tout aussi précaire et qu'elles faisaient cela par survie.

En bref j'ai beaucoup appris de ce livre et je suis content d'avoir passé quelques jours dessus.
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