Pascal Teulade

A la ferme, tous ses camarades lui répètent sans cesse:

"Tu sens mauvais!"

Alors par un matin gris, Gaspard s'en va. Il a envie de trouver quelqu'un qui ne lui ferait pas de reproches.

- Allô ?
- C'est toi, mon Jonas ?
C'était sa mère.
- Alors qu'est ce que tu racontes ?
Cette fois, sa mère ne lui demanda même pas s'il était en Angleterre. S'il était passé, il l'aurait dit. Et il n'aurait pas cette voix.
Ne sachant que dire, il lança :
- Il a neigé... Et tout est blanc comme notre maison ! C'est très joli.
- Tu as de la chance !
- Et puis j'ai rencontré des jeunes très gentils.
- Comme tu as de la chance !
Jonas répéta aussi cette phrase.
- J'ai de la chance.
Puis la mère se mit à lui donner des nouvelles de son village.
Jonas n'écoutait pas. Il eut un sentiment terrible : celui d'être devenu un étranger, un étranger à la France mais aussi un peu à ses parents. Ses parents qui disaient ''tu as de la chance''. Il se rendit compte que le téléphone ne lui servait plus à grand-chose. Il s'entendit simplement dire, juste avant de raccrocher :
- Oui, Maman, j'ai toujours l'adresse du cousin !

La neige était arrivée par hasard. Il la trouvait triste et agressive. Comme presque tout ce qui l'entourait depuis son départ. Elle n'était pas son alliée. Bien au contraire. Et elle retirait les couleurs des dunes, du sable.

A quinze ans, on ne pleure pas devant les autres. Mais seul, on a le droit. Comme un enfant. Il pleura comme s'il devait se débarrasser de toutes ses larmes d'enfant et les laisser sur sa plage d'Erythrée.

Jonas lut un peu, regarda beaucoup. Et rêva aussi. Jonas avait quinze ans. Et à quinze ans, on est un homme. On est aussi un enfant.

" Qui est-ce ? "
Une voix caverneuse souffla :
" C'est la Mort ! "
Un peu sourde, la vieille insista : " Qui ? "
" La Mort ! " répéta la voix en articulant bien.
" Aurore ! " comprit la paysanne, " quel joli nom ! "

Il ressassait toujours "L'armée d'Érythrée est une prison. On ne sait jamais quand on en sort. Si l'on désobéit ou si l'on veut partir, on est battu, enfermé, oublié... " "Torturé... l'horreur" marmonnait parfois une cousine qui, elle aussi, avait fait l'armée.

Agathe se retrouve devant une montagne rouge.
"Je vais l'escalader"
Soudain la montagne se met à bouger.
"c'est un tremblement de terre !"

Je t'aime parce que parce que parce que parce que tu es ma maman. Et voilà !

Le roi est embêté ; comment embrasser, une tétine à la bouche?

.... et tous les grands sont là.
Ils prennent leurs voix de grands qui savent tout et disent :
" Les petits, vous ne savez pas grand-chose du monde"

Il est une fois un roi. Un tout petit roi qui ne veut pas grandir. Il a une tétine. Elle est douce, elle est ronde et jamais il ne la quitte.

Il trouve que faire un cadeau à sa maman, c'est bien compliqué !

Le jour se lève à peine et tout le monde, dans la maison de Lucie, est déjà réveillé.

Connaissez-vous Timothée?
C'est un singe comme vous et moi.
Sauf que lui, c'est le plus malheureux du monde