AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Patrick Coudreau (9)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
Maître des eaux

C’est embêtant, l’épreuve du premier roman.

Pour le français Patrick Coudreau, la chose s’avère épineuse. Traître même.

Trois recueils de poésie à son actif et cet ancien journaliste se décide à passer à la prose. De son travail naît Maître des eaux, court roman publié aujourd’hui par La Manufacture du Livre pour la rentrée de janvier.

Volontiers décrit comme une histoire de revanche familiale, le récit de Patrick Coudreau nous invite à Brissole, un petit village français comme il en existe tant. Un lieu de secrets et de mesquinerie où revient pourtant Mathias Grewicz, enfant meurtri qui ne rêve que de confronter ceux qui ont démoli sa vie.



Un roman paysan

À Brissole, la famille Grewicz a jadis prospéré. Avec leur enfant, Mathias, et le grand-père, Ladislas, la vie aurait pu être un long fleuve tranquille. Mais le grand-père croit posséder un don, celui de commander à l’eau. En le surprenant à détourner une petite source, Mathias comprend que lui aussi peut en faire autant. Ces fantaisies vont finir par coûter cher aux Grewicz, conspués par leurs voisins et les autres pays, bien français eux, merci m’sieurs dames, et surtout bien médiocres. Ces juifs-là, avec leurs magies et leur réussite, c’est forcément louche. Jean Préret en est convaincu, et d’autres amis à lui aussi, de bons gars qui pensent que les Grewicz leur vole le succès qui leur revient de droit. La jalousie, comme toujours, mène au drame et bientôt les parents de Mathias et son grand-père trouvent la mort. Bien des années plus tard, le garçon choisit de revenir à Brissole pour se venger de Préret et de sa bande, de tous ces gens qui ont choisi de regarder ailleurs quand ses parents sont morts. Sauf que les choses ne se passent pas comme prévues et que Mathias se retrouve le gibier de Préret, Fivaire, Bernoux et Lotrain. Une seule personne tente de l’aider, une gamine qu’il ne connaît pas mais qui n’a aucune intention de le laisser crever comme une écrevisse que l’on ébouillante.

Sur le papier, Maître des eaux à de nombreuses cartes à jouer : la description du monde paysan, la rancune comme moteur d’existence, la cruauté du monde ou encore la magie de l’eau.

Patrick Coudreau entraîne le lecteur dans cette chasse à l’homme dès les premières pages qui voient un Mathias fuir à toutes jambes Préret et ses acolytes. Pendant longtemps, l’auteur français décrit patiemment son petit monde qui fonctionne en vase clos, dressant un portrait au vitriol du paysan français qui apparaît grossier dans l’accumulation des tares, ou, du moins, dans leur représentation rébarbative. Le paysan est médiocre, misogyne, violent, fourbe, raciste et fasciste. Rien que ça.

Et si certaines comparaisons s’accommodent fort bien de la traque qui se déroule sous nos yeux, notamment la nostalgie de l’Occupation et du travail des Nazis pour éliminer les juifs (et qui permet à Coudreau de justifier fort intelligemment le surnom d’Écrevisse donné à Mathias par les paysans pour le ravaler au rang de bête), d’autres semblent franchement forcées. Comme ses allusions aux actes pédophiles et/ou incestueux de Préret, véritable caricature sur pattes qui a, semble-t-il, tous les vices.

De l’autre côté, Mathias s’avère un héros falot qui n’en finit pas de fuir et écarte une cascade de temps en temps. L’élément fantastique ne sert pas à grand chose ici, si ce n’est à justifier quelques deus ex machina opportunistes.

Le tout a pourtant de quoi convaincre au début, notamment dans cette vision désabusée d’un monde rural tellement replié sur lui-même qu’il en devient haineux et xénophobe à souhait. Mais là où la grand-mère Julienne nous apparaît comme nuancée et digne de compassion, les autres ne suscitent que dégoût extrême ou indifférence. Des extrêmes difficiles à comprendre dans un monde en niveaux de gris.



Une vengeance qui tourne en rond

Mais le véritable problème ne vient pas forcément de cette peinture monochrome du monde paysan.

Patrick Courdeau, après avoir dévoilé le drame de Mathias et avoir emmené le lecteur auprès d’Elia et de sa mère, revient sur la traque et n’en sort jamais.

Maître des eaux est un roman répétitif et rébarbatif au possible où Mathias se planque et où les méchants paysans cherchent en grommelant des « On t’aura Crevisse ! ». Le récit se replie sur lui-même à l’image de ce village à l’écart du reste de la France. L’histoire piétine et l’on se fatigue devant le jeu du chat et de la souris des deux partis dont on finit par se désintéresser totalement.

Le pire, dans cet échec narratif, c’est que l’écriture de Patrick Courdeau a quelque chose d’envoûtant, avec son parler franc gouaillant qui dit la haine et l’impossible pardon des uns et des autres.

Malheureusement, la chose ne suffit pas et les péripéties manquent, les histoires ne se creusent pas ou apparaissent à peine effleurées.

Après un énième chapitre sur un Mathias nostalgique ou sur un Préret bouffi de médiocrité, Maître des eaux lasse.

Incapable d’utiliser l’élément fantastique pourtant prometteur du départ, le récit s’assèche pour délivrer une fin à l’image de son parcours : fade et oubliable.



Maître des eaux peut compter sur sa prose maîtrisée pour capter l’attention du lecteur mais cela ne suffit guère en fin de compte. Piégé par son histoire répétitive condamnée à répété les mêmes motivations et sentiments, Patrick Coudreau oublie de donner d’autres souvenirs et sentiments à ses personnages qui apparaissent fades ou caricaturaux.

Et le récit, dans son ensemble, prend l’eau.
Lien : https://justaword.fr/ma%C3%A..
Commenter  J’apprécie          120
Maître des eaux

Ce roman est d'abord une réelle mise en abîme de la bêtise humaine. L'histoire d'une famille persécutée jusqu'au drame et puis le retour d'un petit garçon traumatisé devenu grand sur les lieux du drame, retour faisant de nouveau émerger les comportements odieux des auteurs du premier drame.



Le récit prend aux tripes, tient en haleine jusqu'à la fin. C'est parfois un peu répétitif mais la relation entre le personnage principal et cette jeune fille à l'enfance pas très heureuse est particulièrement touchante et bien décrite par l'auteur.



Je suis resté un peu plus perplexe sur cette histoire de magie, il y a un intérêt pour l'histoire puisque cette croyance sert un peu d'excuse aux villageois mais sur le côté véritable des pouvoirs qui vient donner un côté conte fantastique au récit, je suis plus mitigé, cela m'a un peu décontenancé par moment. Par ailleurs, la fin est un peu banal mais à la limite pourquoi pas, elle est maîtrisée et compréhensible c'est peut être mieux qu'une fin un peu trop hors sol.



Il n'empêche que cela reste un roman agréable à lire, bien écrit, le lecteur ressent des émotions, s'énerve face à la stupidité dont font parfois preuves les êtres humains. Une découverte intéressante et un style certain, l'auteur est à suivre.
Commenter  J’apprécie          80
Maître des eaux

Encore une fois une belle découverte de la Manufacture de livres, ce premier roman d'un auteur.

Patrick Coudreau nous balade à travers une campagne qui pourrait se situer dans divers coins de France, à la suite de personnages bien décrits, qui vivent des sentiments très humains, à tous les âges de la vie, du meilleur au plus mauvais : indignation, fougue, compassion, haine, jalousie, lâcheté, aigreur, vengeance…

On peut dire que c'est un polar, voire un thriller, c'est noir c'est sûr, ça fait vibrer. Mais la nature aussi est présente. Pour moi ce n'est pas fantastique comme beaucoup l'ont perçu, paranormal peut-être, un peu.

Une belle découverte et un excellent moment de lecture.
Commenter  J’apprécie          70
Maître des eaux

Elle dégage un sentiment de calme, cette couverture. Et le titre Maître des eaux laisse à penser que celui qui le détient a trouvé l’équilibre.



Il n’en est rien. Car Mathias Grewicz qui revient dans le village de son enfance cherche à se venger de la mort de ses parents et de son grand-père, brûlés dans l’incendie de leur ferme.



Malheureusement, les eaux ne lui ont pas obéit, et les anciens incendiaires sont à sa recherche. Ils sont prêts à tout, même à traverser le bois maudit. Le maire et ses acolytes cherchent Grévisse, encore surnommé Ecrevisse.



Elia, la belle-fille du maire, aide Mathias en lui apportant du ravitaillement.



La tension monte peu à peu, au milieu d’une nature que personne ne dompte.



Une chasse à l’homme qui ne fera pas de quartier.



L’image que je retiendrai :



Celle de la grotte dans laquelle se cache Mathias.
Lien : https://alexmotamots.fr/mait..
Commenter  J’apprécie          40
Maître des eaux

C'est l'histoire d'une vengeance, celle de Mathias Grewicz, jeune garçon devenu adulte qui a fuit le village des années plus tôt, après que ça famille ait péri dans un incendie criminel. Le jour où il revient pour se venger, Les gens du village sont partagés, il y a ceux qui représentent la majorité silencieuse, ceux ou plutôt celle qui va l'aider et ceux qui le traque tel une bête à travers la campagne.Ce roman pourrait faire un excellent scénario pour un téléfilm policier, comme la série "Alex Hugo" par exemple. Il se lit d'une traite et on vit la poursuite avec le narrateur.
Commenter  J’apprécie          40
Maître des eaux

Cette rentrée littéraire 2020 nous offre de belle découverte, et pour un premier roman celui-ci est vraiment réussi.



Dès le début de ma lecture, je me suis retrouvée dans une ambiance qui m'a fait penser à » La maison assassinée » le film adapté du magnifique roman de Pierre Magnan.



Le monde rural, le retour d'un exilé, les habitants contrariés qui apparemment cachent de lourds secrets, et une bonne âme disposée à prêter main-forte dans une atmosphère sombre et inquiétante.



Mais la comparaison s'arrête là, laissons à César ce qui est à César.



Même si la plume de Patrick Coudreau est dans la lignée d'autres auteurs de cette maison d'éditions, l'auteur fait son entrée avec panache en nous offrant un roman noir surprenant, captivant, et magnifiquement écrit. Un déluge de bons mots et des passages de toutes beautés donnent à l'histoire une allure poétique comme seule la nature et certaine plume peuvent nous offrir.



La nature est depuis longtemps mise en péril par les mains de l'homme, mais il y a d'irréductibles protecteurs qui grâce à leur écriture aussi belle qu'un coucher de soleil l' immortalise comme à travers ce récit.



Ici, il est question de vengeance suite au destin tragique d'une famille d'immigrés, installée dans cette campagne, qui souhaitaient juste vivre en paix, mais qui a subi la jalousie et son pouvoir destructeur. Une famille qui avait un don qui aurait pu tout détruire sur son passage mais qui savait s'en servir à bon escient. Mais hélas tous ne l'entendaient pas de cette oreille…



Même si j'aurais préféré au final sentir une odeur de pluie plutôt qu'une odeur de poudre (impossible d'être plus explicite…) cette lecture pleine de suspense, de poésie et de magie a été un pur ravissement.



J'attends le prochain avec impatience.
Lien : https://dealerdeligne.wordpr..
Commenter  J’apprécie          40
Maître des eaux

Commenter  J’apprécie          20
Maître des eaux

Maître des eaux est un roman que j’ai trouvé assez sombre. En effet tout part d’un drame que l’on peut qualifier d’horrible. Ce roman nous raconte l’histoire d’un petit village et de ses habitants, l’histoire d’une famille ayant décidé de s’installer dans ce village, mais n’ayant jamais été acceptée.



Patrick Coudreau nous montre dans son roman la noirceur et la méchanceté humaine envers l’inconnu et la différence. Sous fond d’insultes, de racisme, d’antisémitisme et d’une folie incroyable, il nous plonge dans cette histoire et dans la tête des différents protagonistes. C’est vraiment très bien écrit, par moment même très poétique, la plume est simple mais incisive, c’est un roman qui se lit d’une traite.



J’ai bien aimé le petit côté fantastique présent dans ce livre et le fait que l’on ne nous donne pas d’explications, il y a de ce fait un mystère planant tout au long de la lecture qui rend celle-ci attrayante. Ce côté fantastique justement, met en avant un personnage qui a toute son importance dans ce roman, il s’agit de la nature. Et c’est là également un point fort, cette nature est extrêmement bien décrite et c’est très beau à lire.



Par contre, il y a quelque chose qui m’a un peu dérangé dans ma lecture, c’est l’impossibilité de me situer au niveau de l’époque. En effet, il n’y a pas de marqueur de temps précis, au début de ma lecture, je pensais me situer dans la période d’après-guerre, puis ensuite un plus dans les années 70/80 et au final on me sort des téléphones portables … Cela m’a complètement paumé et ce n’est pas le plus agréable pour moi.



Voilà, en tout cas c’est un très bon roman, avec une belle morale et une merveilleuse nature. Je vous le recommande.
Lien : https://readlookhear.wordpre..
Commenter  J’apprécie          10
Maître des eaux

Mathias est de retour dans son village natal, dans lequel il n’est clairement pas le bienvenu. Ses premières intentions sont mises à mal, et il est contraint de fuir. Commence alors une chasse à l’homme au cœur de la campagne environnante.



Par moments, on pourrait croire que l’action se déroule à une autre époque, un siècle où les querelles entre villageois avaient encore cours, et où les comptes se réglaient sans l’intervention d’un juge.

Mais on est vite remis dans le contexte : c’est bien aujourd’hui que cette histoire se passe. Une fuite en forêt, sur fond de xénophobie, jalousie, vengeance… des sentiments qui malheureusement sont intemporels…



Une histoire qui se lit comme un conte. Un hommage à la nature, magique et poétique. L’intrigue est courte, et sans grand rebondissement, mais j’ai été charmée par le style d’écriture, la simplicité des relations entre les personnages. Je me suis laissée porter, au fil de l’eau…



Une agréable parenthèse, à lire pour s’échapper des tumultes de sa vie quotidienne.
Commenter  J’apprécie          00


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Patrick Coudreau (33)Voir plus


{* *}