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3.42/5 (sur 331 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Allemagne , 1959
Biographie :

Après des études à l’université des beaux arts de Berlin, Mika Biermann s’installe à Marseille où il apprend le français.

Il est, entre autre, traducteur des Chroniques taurines de Jacques Durand (parues dans « Libération ») pour une maison d’édition Autrichienne, lauréat de nombreuses résidences d’artiste, responsable d’une galerie d’arts.

Aujourd’hui, il est conférencier aux musées de la ville de Marseille dans des domaines aussi variés que la mythologie de l’ouest dans l’art américain, Van Gogh-Monticelli, Bernard Buffet…

Après Les 30 jours de Marseille (éd. Climats, 1996), et Ville propre (éd. La Tangente, 2007), Un Blanc (éd. Anacharsis, 2013) est son troisième roman.





Source : http://www.atlantide-festival.org
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Payot - Marque Page - Mika Biermann - Trois nuits dans la vie de Berthe Morisot

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Citations et extraits (66) Voir plus Ajouter une citation
Berthe, couchée sur le dos, regarde dans le noir. Ca ne se voit pas, le noir. Ca flotte entre les choses, comme un gaz. Ou alors, ça émane des choses, comme la lumière émane du soleil. Le monde, pendant la nuit, diffuse du noir. Le monde est un poulpe géant qui vide sa poche d'encre dans l'espoir de tromper ses ennemis. Le noir, ce n'est pas une couleur, tout le monde le sait. D'ailleurs, aucun peintre n'en a sur sa palette. Ce que les gens prennent pour du noir sur les tableaux est un savant mélange de bleu, de vert et de rouge. Le noir pur n'a pas de profondeur. Il convient pour l'encre d'imprimerie, l'encre dans l'encrier, pour écrire un roman confus, une phrase mélancolique, un mot de condoléances. Il ne peut pas traduire le monde, qui est fait de couleurs. Sauf pendant la nuit.
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Eugène dort déjà, il a cette faculté de s'éteindre sans transition, sans annonce, sans soupir, comme un prestidigitateur qui sort le lapin blanc du sommeil de son chapeau. Ca l'ennuie parfois, Berthe cet égoïsme. Elle est jalouse, elle, qui pense à la peinture, ce qui l'empêche de fermer l'oeil... Dehors, une chouette ulule. Si c'est une chouette. Berthe a chaud sous la couette, elle sort une jambe, appât pour les monstres sous le lit. On distingue l'emplacement de la fenêtre, le noir y a une autre qualité, moins cotonneuse, plus fluide, parsemée de paillettes. Où est la lune, avec sa mélodie de hautbois, son exquise pâleur, ses ombres qui refusent la bataille ? La lune, loin, seule et froide. Parfois, Berthe a de la peine pour elle. Et parfois a de la peine pour elle-même, sans savoir pourquoi. La nuit, c'est l'ennemi des peintres. Demain, elle fera un tableau du jardin. Eugène refuse de poser. Allongée sur le dos, elle essaye de comprendre pourquoi ils sont deux dans ce lit. A table, c'est agréable, d'être deux. Eugène mange très proprement, malgré sa barbe. Pour la promenade ça va aussi. En hiver il porte des gants de pécari, et il est capable d'expliquer que le pécari est un mammifère de la famille des Tayassuidae présent en Amérique du Sud, en Amérique centrale, au Mexique et dans le Sud des Etats-Unis... C'est au lit, une fois couchée, qu'elle sent un malaise qu'elle ne saurait expliquer et qui est probablement dû au fait qu'ils ont fait l'amour seulement trois fois depuis leur nuit de noces il y a six mois. Ce n'est pas assez pour comprendre.
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Ils ont rêvé d'un restaurant, d'un dîner sous la tonnelle, ils doivent se contenter d'un estaminet qui sert des plats. Le seul du village. Les buveurs se taisent quand les deux étrangers entrent. La salle sent le crapaud. Berthe a mis sa robe de voyage et son chapeau de ville, Eugène porte un pantalon à rayures et un chapeau melon. Le patron donne un coup de torchon au zinc et, affable, leur indique une table. Le couple s'installe. La patronne sort de la cuisine. Il lui manque deux dents de devant, elle a du mal à prononcer les D et les T. Voilà pourquoi sur le menu il y a poulet, pas dinde, oeuf brouillé, pas omelette, flan, pas tarte Tatin. Eugène commende pour deux, la patronne, chargée d'une mission sacrée, repart dans sa cuisine.
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Une chouette hôle: sous de lointains toits un écrivain invente une histoire rien que pour utiliser ce verbe une fois dans sa courte vie. (p. 15)
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La nuit, penaude, a tout rendu au petit matin.
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Étaler du bleu sur la toile pour dire ciel... Tremper son pinceau dans des colombins de couleur et prétendre faire des arbres. Un musicien n’embête pas les oiseaux, un poète laisse vivre la fleur... un peintre, droit dans ses bottes, égorge le paysage comme on égorge une truie un matin d'hiver.
Toute peinture est un assassinat du bon sens.
Le peintre est un assassin. p. 82
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- Renoir te passe le bonjour.
- Ah.
-Vous êtes fåchés ?
- Je lui ai demandé comment il arrive à construire un tableau avec sa touche floconneuse. II l'a mal pris. Ils sont d'un susceptible, les artistes...
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Ça l’ennuie parfois, Berthe, cet égoïsme.
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Le château est le plus beau et le plus haut de tout le pays, et probablement de toute la planète, laquelle pourtant n'est pas avare en monts et merveilles et dont certaines cités - et leurs fastes et leurs guerres - ont fait rêver des générations de fillettes et de pirates. Ses tours dominent une vallée boisée où batifolent des cerfs aux andouillers dorés les jours de rut. Le château est là depuis toujours, et ses fenêtres étincelles quand le soleil se lève à l'est, se couche à l'ouest.

Un matin un aigle, volant bas, fit tomber une noix de coco, qui fendilla une tuile vernissée du batîment central. L'eau de pluie - bienfaisante pour l'agriculture, néfaste pour les fêtes galantes - s'y infiltra et mouilla un tas de tapis persans entreposés au grenier. L'humidité réveilla un acarien du désert, affamé. Les arachnides se mirent à dévorer la laine, détruisant motifs de fleurs et gazelles bondissantes avec le même bonheur. Leur prolifération attira un cafard ovovivipare, qui en fit son déjeuner régulier. Les rats des champs, grimpant le long des murs, découvrirent les blattes et festoyèrent bruyamment, fêtant ainsi l'arrivée du printemps. Aux premiers beaux jours, la moisissure rouge contenue dans leurs crottes s'attaqua à la charpente. Le bois, pourtant dur comme le marbre, vira au violet, s'effrita, une partie du toit s'incurva, puis céda. A l'automne, la pluie inonda le plancher. L'hiver venu, la neige entrait comme dans un moulin.

Les meubles, teintures, marqueteries, sculptures, livres, lettres, costumes et tableaux du rez-de-chaussée sont désormais condamnés, si personnes n'entame des réparations. Ce n'est qu'une question de temps.
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Il y a plus de culs à l’air au musée que dans un bordel le jour de l’armistice.
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