Citations de Patrick Lee (30)
Presque tout le monde le tenait pour un homme bon.
Peut-être n'était-il bon que pour en avoir l'air.
S'ils nous prennent pour une menace, alors on en est une.
Il pouvait accepter la mort de n'importe qui d'autre à bord de la voiture, lui inclus. Mais pas celle de Paige.
Même pour ceux qui pouvait comprendre et pardonner ce qu'il avait fait, il serait toujours le frère qui, jusqu'à ses quarante ans, en avait passé quinze en prison. Dans vingt ans, il serait toujours ce type-là. Cet oncle-là. On ne retrouvait jamais vraiment sa liberté.
Quelles que soient les informations qui se cachent dans ma tête, elles terrifient tout le monde. Le genre de peur qui vous prend quand les choses deviennent très, très graves. Les maladies, par exemple, ou les guerres. J’ai la sensation que… quelque chose se prépare.
Quand les gens se concentrent, c’est surtout pour réfléchir à des choses qu’ils ne connaissent pas bien. Sur lesquelles ils ont des doutes. En général, ces types se posaient les mêmes questions que moi. Qui j’étais, d’où je venais. Ils n’étaient pas au courant.
C’est incroyable comme les gens ont les idées décousues. On attrape des petits bouts d’une dispute à laquelle ils repensent, et qui repasse en boucle indéfiniment. Sans doute les répliques qu’ils auraient aimé faire sur le moment. Parfois, il y a juste une chanson dans leur tête. C’est rare que j’entende des choses importantes sur eux, leur nom, leur métier, des trucs comme ça.
– Tu es capable de… lire dans mes pensées ? bredouilla Dryden.
– Lire, ce n’est pas forcément le mot le plus juste, rectifia Rachel. Ça laisse supposer que je fais ça délibérément. En fait, c’est plutôt comme si j’entendais des choses. Ça arrive comme ça, je ne peux même pas m’en empêcher.
De tous les systèmes mis en orbite par la technologie humaine, le satellite Miranda était de loin le plus impressionnant. Par rapport aux estimations les plus optimistes des journalistes scientifiques, sa capacité de réception par imagerie thermique avait une bonne décennie d’avance. N’importe où sur la planète, le Miranda pouvait distinguer des individus de différents gabarits, de jour comme de nuit, mais ce n’était pas là sa spécificité la plus marquante. Il existait des tas de satellites espions capables de résultats équivalents. La particularité du Miranda, c’est qu’il pouvait le faire depuis une altitude beaucoup plus élevée : trois mille kilomètres au lieu des deux cents d’une plate-forme moyenne. En d’autres termes, leur rayon d’action était infiniment plus étendu.
Ceux qui se trouvent de l'autre côté doivent avoir au moins une connaissance rudimentaire de notre avenir. Ils savaient quelles technologies, et même quelles compagnies, allaient faire un malheur.
- Certaines entités ont accès à l'avenir, dit Paige.
Entrer directement dans les secrets de quelqu'un, ce n'est pas facile. Comme avec la véritable hypnose, les barrages moraux entrent en jeu. Il paraît qu'on peu faire aboyer comme un chien un cobaye en transe, mais qu'on ne peut pas le pousser à tuer son meilleur ami.
- Qui appelez-vous ? demanda Travis.
- Un général de l'armée de l'air que je connais. Il dirige les forces de réserve.
- Vous lui faites confiance.
- Il me mouchardait quand je séchais les cours, mais nous nous entendons mieux depuis.
Il est bloqué. Je ne peux pas le définir autrement. L'avenir que nous montrent les cylindres, c'est comme un instantané de celui vers lequel on se dirigeait à l'instant où on les a mis en route pour la première fois.
- On peut donc toujours sauver le monde de ce côté de l'ouverture, dit Travis. Mais l'avenir qu'on voit de l'autre côté restera en ruine.
"Ville-Frontière est déserte dans le futur. Le matériel a disparu. Les ordinateurs et les archives papier aussi." Elle arqua un temps. "Toutes les entités ont disparu.
On a vérifié tous les locaux, repris Paige. On a passé la majeur partie du lundi à parcourir les salles et couloirs déserts du complexe. Pas de cadavres. Aucune trace de combat. Le mobilier de base est toujours là. Certains lits sont faits, d'autres non. Comme par n'importe quel après-midi, comme si tout le monde était parti et avait coupé le courant en sortant. Même chose dans tous les labos, les résidences, toutes les parties communes. Ensuite on est allé voir ce qui nous importait le plus."
- La Brèche", fit Travis.
Il y avait de pires façons de mourir que près du centre d'une explosion thermonucléaire. A vrai dire il n'y en avait sans doute pas de meilleure. L'explosion la réduirait en atomes dispersés dix milles fois plus vite que ses nerfs ne pourraient envoyer le message de douleur à son cerveau.
"Qu'es-ce que je suis ? Demanda-t-il. Un monstre ?
- le "monstre" est une notion humaine. C'est subjectif. Je pourrais rétorquer que tu as été un monstre il y a vingt minutes quand tu as assassiné quatre hommes avec un pied-de-biche et que ça t'as plu.
- Il le méritaient.
- Le "mérite'" est aussi une notion humaine. Il change en fonction de qui l'attribue.
C'est un serviteur qui va au marché, il y voit la Mort, et la Mort le regarde d'un air menaçant. Le serviteur revient en vitesse auprès de son maître et lui dit : "Je voudrais vous emprunter votre cheval pour aller à Samarra, ainsi la Mort ne me trouvera pas." Le maître le laisse partir puis se rend à son tour au marché, voit la Mort et lui demande : "Qu'es-ce qui vous prend de menacer du regard mon serviteur ?" Et la Mort répond: "Menacer ? Non, non, j'ai seulement trouvé étonnant de le croiser ici. J'ai rendez-vous avec lui ce soir à Samarra."
On a donné au groupe chargé de surveiller la Brèche le nom de Tangent. Ses objectifs étaient simples: classer et étudier tout ce qui en sortait; dégager un aperçu scientifique de ces observations - si possible - et faire progresser la connaissance humaine; empêcher la Brèche de devenir un jour un os à vœux entre des parties adverses.
Et le système a marché.
Un moment.
Après quoi plus personne n'a écrit d'articles pour les journaux, plus personne n'a corrigé les orbites des satellites. A un moment donné, semble-t-il, plus personne n'a plus rien fait.
Peut-être n'était-il bon que pour en avoir l'air...