AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Patrick Mauriès (49)


Mais on a tort à ne faire du baroque que pléthore béate, monotone extravagance, car le baroque le plus pur ne se fonde jamais, j’y reviens, que sur la pauvreté, le contraste entre l’or et le plâtre et ne m’apparaît jamais plus émouvant que lorsqu’il transmute, comme dans une volute de stuc, la chaux en lumière. (P.115)
Commenter  J’apprécie          62
Écrire au café: s'abs orber, suivre le fil d'une idée en dépit (ou plutôt : sur le fond) du bruit environnant (sorte de magma hypnotique), puis lever les yeux, rencontrer un regard, interlocution interdite. C'est ce courant alternatif qui vous porte, suscite un certain enthousiasme.
Commenter  J’apprécie          30
Exposition sur les débuts de la photographie : comment la couleur (non: la tonalité) d'une photo provoque, telle la réponse à un stimulus, une réaction immnédiate: d'angoisse ou de nostalgie; nostalgie face aux noirs profonds, aux aspects ivoirins, aux ciselures des détails, aux brillances des lumières dans les anciens tirages argentiques (monde jamais approché mais dont quelques éclats me parvinrent tôt dans les minus cules photos dentelées prises par mon père). Angoisse, une certaine horreur même face aux tout premiers calotypes où la photo semble naître d'une relation aux faits divers (et figure, parmi la poignée des « premières » photos, une abominable image de femme égorgée; quand on ne feint pas, comme Hippolyte Bayard, d'être noyé) ; mais aussi: elles restituent une époque où tout est suffoqué de poussière, de peluches, de tentures, de plantes sombres et menaçantes, où l'extérieur est fait de ruelles sordides et pluvieuses, de lointains perdus dans le brouillard, de végétation grouillante et immobile. Le tout sous une lumière d'astre mort, sans différence de densité, ni une quelconque vibration, mais d'une consistance cireuse et inerte.
Commenter  J’apprécie          10
Singularité de Milan: c'est une ville régulièrement parcourue par les extra-terrestres: visitée au printemps et à l'automne par des zombies à lunettes noires, cheveux courts, vêtements strictement recherchés, sacs débordant de papiers et catalogues (salon du design) ou par des corps radieux de beauté, d'une infinie délicatesse, d'une mise assurée (lors des défilés). Entités, dans l'une et l'autre engeances, absolument étrangères; et que distingue, dans le cas des mannequins, une tranquillité supérieure: confiants dans leurs privilèges, ou, lorsqu'il s'agit de novices venus là pour se lancer, certains d'une prochaine révélation. Ils sont plus finis ; et ce à tous les sens du terme.
Commenter  J’apprécie          00
La nourriture, les repas jouaient un rôle essentiel pour Manganelli. l adaptait le restaurant à son convive, différent pour chacun. Il ne vit plus jamais Einaudi du jour où celui-ci osa picorer dans son assiette. «Manger est un rite religieux, un acte sacré, disait-il, nous mangeons nos morts, nous y sommes en compagnie de nos ancêtres. »>
Commenter  J’apprécie          40
« Ha! est l'interjection du rire; Ah! une interjection de tristesse. La différence de l'une à ne tenant qu'à la l'autre est transposition de de ce qui n'est pas lettre substantielle, mais pure aspiration. Avec quelle brièveté, dans l'arc d'une mimique, dans l'inversion même d'un souffle, notre bonheur se fait-il deuil ! » (Thomas Fuller, Good thoughts in bad times, XIV, 1645.)
Commenter  J’apprécie          00
Les forêts sont parcourues de bruissements; ce sont des livres à la fois inventifs et sans originalité, des exercices d'admiration, des collections de merveilles, des galeries de miroirs, des recueils de voix attendant leur écho: « Omne meum, nihil meum »: «it is all mine and none mine », écrit Burton à l'ouverture de la plus tumultueuse des Forêts, en ouvrant son livre par un emprunt à Macrobe...
Commenter  J’apprécie          00
« Forêt» : le mot désignait au seuil de l'âge moderne un recueil mêlé de notes et marginalia, une collection de fragments et de faits récupérés chez les uns pour être proposés aux autres. Francis Bacon, le chancelier infâme, le philosophe intrépide, qui avait l'eil noisette, et le regard vif et délicat d'une vipère, consacra les dernières années de son existence à la compilation d'une Forêt des forêts, Sylva Sylvarum, qu'il ne put achever et que son chapelain, William Rawley, publia un an après sa mort en 1627. Plus prosaique, ou limité, John Evelyn, compilateur infatigable, rédigea, quelques années plus tard, une Sylva, qui connut le succès, et dans laquelle il se contenta de rass embler, en tautologue, son savoir dendrologique.. Pour Bacon, tout à son projet de réforme du savoir universel, il ne s'agissait de rien de moins que d'amasser tous les matériaux possibles, tirés tant de l'observation que de ses lectures, utiles à l'établissement d'une histoire naturelle; quiconque se sera contenté de traverser le mnonde en l'effleurant, sans le comprendre, comme je l'ai fait, ne saurait certes prétendre à pareil projet ; et serait-il ici question d'histoire naturelle, elle ne le serait que de moi-même.
Commenter  J’apprécie          00
On annonce à Drouot la vente de la bibliothéque Lucien Scheler.
Mais l'on ne vend jamais une bibliothéque ; tout au plus les livres qui la composaient, perdant ainsi l'essentiel : leur voisinage, leur jointure, tant dans l'espace que dans l'esprit.
Commenter  J’apprécie          00
Pour moi dont les auteurs favoris ont pour toujours l'apparence et l'odeur des éditions de poche dans lesquelles je les ai lus pour la premiére fois, rien de moins pensable que de remplacer la texture fibreuse et jaunie d'une page par le scintillement omniscient d'un écran.
Commenter  J’apprécie          10
L'expression Grand Homme s'applique à ces hommes dont les gens pensent qu'ils sont grands, j'ajouterais " à ces hommes qui pensent qu'ils sont grands"
Commenter  J’apprécie          00
L'ordre est le plaisir de la raison, mais le désordre est la volupté de l'imagination.
Commenter  J’apprécie          20
Les forêts sont parcourues de bruissements ; ce sont des livres à la fois inventifs et sans originalité, des exercices d'admiration, des collections de merveilles, des galeries de miroirs, des recueils de voix attendant leur écho : "it's all mine and none mine".
Commenter  J’apprécie          40
Pour les écrivains des cafés – cette espèce si particulière qui avoue ne pouvoir écrire qu'au milieu du passage et du frôlement, parmi les arômes de thé ou de café-, nul doute que l'espace, en l’occurrence, de « travail » ne soit l'antidote (le correctif ? Le complémentaire?) de celui, ramassé, hostile dans sa familiarité, de la maison. Lieu d'ouverture aux bruits de perméabilité : qui rende sensible à des murmures, des « fréquences » inaudibles, des échos qui se développeraient au fur et à mesure de l'écoute. Peut-être pourrait-on en tirer une conséquence : que le café, réagissant pour ainsi dire sur l'écrivain, produise une qualité très particulière d'écriture : fasse tomber le fantasme de l’œuvre fermée, du projet planifié, et fasse naître un corps fluent, impur, expansif, ne cessant d'augmenter avec les occasions et les surprises, les causes les moins justifiables les moins nobles, paresseusement étalées dans le temps, baignant dans un bonheur improbable, un plaisir intense (analogue à celui que provoque l’excitation du café) ; plages heureuses que ne bloquent pas les moments de malheur, les pannes d'inspiration, etc.
Commenter  J’apprécie          00
L’extrême puissance de fascination de John Wilmot, comte de Rochester, se mesure au fait qu’il devient, de son vivant même, le héros d’une pièce à succès, The Man of Mode d’Etheredge, où tout Londres applaudit aux méfaits gracieux de son transparent alter ego, Dorimant.
Commenter  J’apprécie          20
La plupart des dramaturges du règne de Charles II, Voltaire, Bayle, Defoe, Pope, Goethe, Hazlitt, Taine – tous se sont exprimés sur Rochester, homme de plaisir, victime de la philosophie de Hobbes, écrivain aussi lumineux que négligent, sensualiste à l’existence convulsée, prodige injustement frappé (on trouvera une utile compilation de ces passages dans le Rochester de David Farley Hills, Londres, 1972).
Commenter  J’apprécie          00
John Wilmot, comte de Rochester, naquit le 19 avril 1647 au manoir de Ditchley, dans l’Oxfordshire, une vieille, et basse, maison de bois agrémentée, écrit John Evelyn, d’un joli boulingrin.
Commenter  J’apprécie          00
(Thomas Hobbes et Rochester)

Ils étaient, l’un et l’autre, l’expression d’une même certitude : convaincus de ce que l’homme n’est qu’un animal de proie, dont la passion est de nuire, la condition de craindre.
Commenter  J’apprécie          00
Hobbes « ne considéra jamais la nature humaine qu’avec terreur et mépris », aussi « prit-il refuge dans les arts les plus vils du subterfuge » ; n’écrivant jamais que sur un mode indistinct, « between jest and earnest » * ou s’enveloppant de mystères, expert dans « l’art de couper les cheveux en quatre ».

* « entre le sérieux et la plaisanterie ».
Commenter  J’apprécie          00
Rochester dans le dicton mémorable « all men would be covards if they durst » : nul ne manquerait à être couard, s’il osait.
Commenter  J’apprécie          00



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Auteurs proches de Patrick Mauriès
Lecteurs de Patrick Mauriès (106)Voir plus

Quiz Voir plus

Pretty little liars

Quel est le nom des 4 filles ?

Mona,Alison,Paige,Jenna
Hanna,Aria,Spencer,Emily
Melissa,Carolyn,Kate,Beth
Ella,Veronica,Ashley,Pam

10 questions
193 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}