- Ouais, donc voilà : on est en janvier 2005, un truc comme ça... On a des études qui disent qu'on a un problème d'identification pour les ménagères. Il nous manque une héroïne de 30-35 ans. Et donc il y a Tom, un personnage homosexuel, qui devait arriver, et là j'ai dit : « C'est absolument pas le moment, on commence à peine à remonter la pente... Un gay, ça va faire désordre. On fera venir un homo APRÈS. J'ai pas de problème avec ça, mais quand l'audience sera meilleure. » Et là, au bout d'une heure de réunion, Antoine prend la parole : « ON GARDE TOM ! SI ON DOIT EN CREVER, CE SERA LA TÊTE HAUTE, EN SE BATTANT POUR NOTRE IDENTITÉ, NOTRE IDÉE DE CE QUE DOIT ÊTRE LE SERVICE PUBLIC, C'EST-À-DIRE ÊTRE AU SERVICE DE LA TOLÉRANCE ET DES DIFFÉRENCES ! » C'est drôle parce que c'est MOI en tant qu'auteur (et j'étais pas tout seul) qui avais peur, et c'est LA CHAÎNE qui l'a imposé ! Mais le mieux, c'est que ça a crédibilisé la série ! Ça a montré que dans PJLV on raconte la réalité telle qu'elle est et qu'on se censure pas !
(p. 134-135)
[ figuration ]
- Comme il va être fier, mon père, quand il va me voir à la télé !
- C'est pas pour casser ton délire mais ils évitent un max que tu sois identifiable à l'écran. Et si tu dis 4 mots, tu deviens 'rôle' et ton cachet est encore plus élevé ! Là, en général, ils rentabilisent et te font jouer plusieurs fois.
- Alors c'est pour faire des économies que l'assistant réal[isateur] a fait de la figu[ration] ce matin ?!
- Pour un épisode sur la fête de la musique, ils avaient même fait descendre la prod' de leurs bureaux.
- Exact, le staff fait souvent ça !
- Plus radine la vie !
(p. 98-99)
- [...] j'imagine que vous n'avez pas le temps de traiter un sujet en profondeur.
- Ouais, on est toujours dans l'urgence, c'est pas évident de bien se documenter. Du coup on écrit souvent à partir de notre propre expérience et on a du mal à parler d'autre milieux.
- Surtout que vous [les scénaristes] évoluez tous dans le même milieu social favorisé.
- C'est pas faux ! On avait eu un débat autour de ce que ça peut représenter 50 euros... Y a une séquence où Sophia a 50 € dans son porte-monnaie, ça nous semblait normal. Mais y a des gens qu'ont dit « Attends, elle a 50 euros dans son porte-monnaie, c'est ENOOORME ! ».
(p. 143-144)
Les scénaristes doivent être des dealers qui rendent les gens dépendants !