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3.88/5 (sur 4 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Docteur en philosophie, Paul Guillibert est chercheur post-doctorant à l’Université de Coimbra au Portugal.

Il est auteur d'une thèse de doctorat intitulée "Terre et capital : penser la destruction de la nature à l'âge de catastrophes globales" soutenue à l'Université Paris-Nanterre en 2019.

Ses recherches portent sur la crise écologique, qu’il pense notamment à travers une lecture renouvelée de la philosophie de Marx, en promouvant le concept de "communisme du vivant".

Sa publication, "Terre et capital: Pour un communisme du vivant" (Paris, éd. Amsterdam, 2021), a été sélectionnée pour le Prix du livre d'Uriage.

Dans "Exploiter les vivants. Une écologie politique du travail" (2023) paru aux éditions Amsterdam (qui s'inscrit dans la continuité de son précédent livre : "Terre et capital") Paul Guillibert traite du grand absent des pensées écologistes : le travail.
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Gilets jaunes et l'écologie de la lutte des classes - Paul Guillibert


Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Selon Thimothy Mitchell, la transition du charbon au pétrole à partir des années 1910 s'expliquerait en effet par la volonté de briser le pouvoir politique du mouvement ouvrier. [...] Grâce à la matérialité du charbon, le mouvement ouvrier acquiert une plus grande autonomie politique. Mitchell avance trois raisons pour expliquer le pouvoir ouvrier sur les infrastructures fossiles. La première tient à la géographie de la mine. Avant la mécanisation des techniques d'extraction, le prélèvement et le transport du charbon du sous-sol à la surface suscite "la création de lieux et de méthodes de travail caractérisés par une autonomie inhabituelle". [...] La deuxième raison du pouvoir des mineurs tient à la matérialité de la ressource elle-même. Difficile à déplacer par voie maritime, le charbon circule grâce aux infrastructures ferroviaires. Cette centralité des voies terrestres autorise des alliances efficaces entre mineurs et cheminots. [...] Enfin, la dernière raison du pouvoir acquis par les travailleurs dans la seconde phase de l'économie fossile tient à la maîtrise sociotechnique de l'espace économique. Tous les grands centres industriels et militaires de l'Angleterre du XXe siècle sont reliés entre eux par des infrastructures ferroviaires à des mines de charbon. Les usines et l'armée coloniale dépendent de cette ressource éminemment politique. Une grève des mineurs ou des cheminots peut facilement paralyser ces secteurs clés du capitalisme colonial. (p.47)
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Ce programme philosophique vise à inventer de nouveaux imaginaires politiques et à éviter deux écueils des pensées contemporaines du vivant. Le premier renvoie aux théories de la libération animale qui formulent le problème de l'exploitation dans les termes d'une éthique, c'est-à-dire du type de comportement conforme à ce qui est défini abstraitement comme bien ou mal. Dans la plupart de ces travaux, les animaux apparaissent seulement comme des êtres souffrants, des victimes de l'exploitation humaine. Mais leur agentivité - leur capacité à entrer en relation ou en résistance, à collaborer ou à refuser le travail - est complètement niée. Les animaux ne peuvent rien nous apprendre. Il s'agit là d'un paternalisme moral dont témoignent aussi des analogies nombreuses avec l'antiracisme moral et le féminisme libéral que contiennent les textes sur la libération animale. En somme, le problème de la mise au travail relèverait seulement d'une injonction morale à "ne pas faire de mal", non du désir de transformer des rapports sociaux fondés sur une division du travail et de la propriété privée. Enfin, en se focalisant sur les animaux définis par leur individualité ou leur espèce, ces théories rejouent un aveuglement très moderne sur la richesse des relations écologiques interspécifiques.
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Je propose d'utiliser la catégorie de subsomption totale de la vie pour désigner l'étape caractéristique du biocapitalisme contemporain. La modification génétique du vivant ouvre une nouvelle étape dans la subsomption de la nature. A certains égards, il ne s'agit que d'une accentuation des formes anciennes. Mais la modification de la vie à l'échelle de l'ADN pour la rendre plus productive marque aussi une rupture historique dans les formes de l'appropriation. Bien que la subsomption totale façonne aussi les paysages, elle échappe à la perception sensible. [...] Rupture historique, la subsomption totale de la vie par le capital implique à la fois une transformation des processus d'engendrement du vivant à l'échelle de la structure génomique et une dépossession des connaissances sur la vie elle-même. Par la subsomption totale du vivant, le capital déclare la guerre aux communs naturels et aux communs de la connaissance. (p.128)
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Les travailleurs et les personnes qui dépendent de leur revenu font face à un dilemme : défendre la réduction de la production ou bien défendre leur salaire. Idéologie du capital, cette alternative entre production de la planète et préservation des conditions salariales ne relève pourtant pas d'une simple stratégie de diversion. Elle vise à constituer un bloc hégémonique transclasse où les travailleurs et les capitalistes font face à un mouvement écologiste décroissant qui s'opposerait à leur intérêt commun, la poursuite illimitée de la production. Idéologique, elle l'est encore puisqu'elle nie la possibilité d'une diminution de la production sans réduction du salaire ou du nombre d'emplois. Or, on peut très bien réduire le temps de travail et donc le volume de la production sans toucher aux salaires et aux emplois. Ce sont les profits qui en seraient réduits, non les revenus du travail. (p.150)
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Les usages productifs de la nature ne sont pas nécessairement destructeurs. De même que l'appropriation sociale de la nature peut être déprédatrice ou non selon selon qu'elle respecte les conditions de "reproduction écosociale" de la vie, de même la mise au travail peut être holocénique ou anthropocénique, soutenable ou aliénée. Je reprends à Anna Tsing l'idée qu'il existe différents modes d'existence de la nature selon le type de relation que les sociétés humaines entretiennent avec elle. Holocéniques sont les relations qui assurent les conditions d'une reproduction de la biodiversité et d'une richesse des écosystèmes, anthropocéniques sont celles qui tendent à appauvrir les milieux par la simplification et la réplication à l'identique des mêmes espèces, c'est-à-dire par la standardisation des milieux enrôlés dans la production humaine.
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D'un point de vue d'une écologie de classe, la principale contradiction à laquelle font face les travailleurs provient de leur dépendance au salaire, condition de leur subsistance. [...] Fonder la subsistance sur le salaire implique donc une dépendance au marché de l'emploi et au marché de la consommation. [...] Une écologie des travailleurs doit donc arracher la subsistance au salaire, c'est à dire arracher la reproduction sociale à la production capitalisation responsable de l'exploitation et de l'écocide. [...] Cette marchandisation de la vie est l'effet d'une séparation avec les conditions naturelles et sociales de la subsistances. [...] Le salariat reproduit en permanence cet acte inaugural en privant les individus des moyens socio-écologiques de satisfaire leurs besoins sans passer par le marché. (p. 163)
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Dans la mesure où les capitalistes ont besoin de travailleurs prêts à vendre leur force de travail contre un salaire, ce mode de production suppose leur séparation d'avec leurs conditions naturelles de subsistance. Le capital ne peut se constituer que quand les travailleurs et les travailleuses n'ont plus accès à la terre et aux moyens de production agricole. Alors, contraints de vendre leur force de travail sur le marché, les producteurs directs se prolétarisent. Dans ce grand mouvement d'enclosure, les capitalistes brisent les liens entre la paysannerie et la terre, accumulent des moyens de production, transforment la force de travail en marchandises.
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Si [le cheval] résiste à sa mise au travail, c'est qu'il ressent l'activité qu'on lui impose comme une contrainte qui le prive d'agir comme il le voudrait. Un élément important apparaît ici. L'aliénation suppose une expérience de la dépossession, c'est-à-dire une forme de conscience - même minimale - de la privation d'autonomie. L'un des signes de cette conscience est la résistance que suscite la mise au travail. La littérature sur les révoltes animales témoigne de nombreux cas où des animaux ont refusé de se plier aux exigences d'une rationalité économique.
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Certaines branches de l'écologie politique issues des sciences sociales entreprennent de démasquer la structure cosmologique ou les partages ontologiques constitutifs de la modernité, sans véritablement prendre la mesure de l'histoire économique de la crise environnementale. Je soutiendrai que l'histoire du désastre écologique nécessite de transformer nos relations aux mondes naturels, nos cosmologies, mais qu'elle ne pourra se réaliser sans une transformation de l'appareil productif où les travailleurs auront une place essentielle. (p.35)
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Les peuples de collecteurs-chasseurs développent de nombreuses pratiques d'appropriation, par prélèvement ou prédation. La littérature anthropologique montre cependant que ces pratiques d'appropriation sont rarement gratuites : elles impliquent le plus souvent une réciprocité matérielle ou symbolique. Ce qui est pris doit être rendu. Le métabolisme des sociétés et de leur milieu est garanti par des rapports sociaux qui assurent la reproduction des conditions d'un échange permanent de matière, d'énergies et d'esprits.
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