Citations de Paul Watkins (23)
Les monstres sont faciles à vaincre. Avec eux, c'est seulement une question de sang et de temps, car leur seule arme, c'est la peur.
Certains hommes désirent la gloire plus que tout. Ils seraient prêts à tout pour l'atteindre. Ils trahiraient n'importe qui. Ils s'humilieraient eux-mêmes et ceux qui les entourent. Qu'ils soient aimés ou haïs, peu importe. Tout ce qu'ils désirent, c'est être connu. C'est un penchant bien triste, dans lequel ils se vautrent toute leur vie, comme des porcs dans les immondices.
Nous devons être prêts à tout sacrifier. Ou ce sera notre perte. Notre seule chance de survie, désormais c'est de ne rien tenir pour sacré.
Au bout du compte, c'était le tsar qui enviait Pekkala, et non l'inverse, non pas pour ce qu'il possédait, mais pour son absence de besoin.
"Qu'est-ce qui vous ferait plaisir, mon ami ?
- Un bateau."
Le tsar fronça les sourcils.
"Eh bien, ça ne devrait pas poser problème. Quel type de bateau ? Mon voilier, le Standart ? Quelque chose de plus grand ? Avez-vous besoin d'un navire militaire ?
- j'ai besoin d'une barque, Excellence.
- Une barque...
- Oui.
- Rien qu'une malheureuse barque ?"
Le tsar peinait à cacher sa déception.
"Et des rames, Excellence.
- Laissez moi deviner, répliqua le tsar. Il vous en faudrait deux..."
Pekkala acquiesça
"C'est tout ce que vous voulez de moi ?"
- Non, Excellence. J'ai également besoin d'un lac où la poser.
-Ah, gronda le tsar. Je préfère ça, Pekkala."
Nous avons tous une chance de prouver notre valeur. Mais cela exige du courage. Plus de courage que la plupart des hommes et des femmes n’en possèdent. Il ne suffit pas de reconnaître la souffrance du Christ. N’importe qui en est capable. Ce que nous devons faire, c’est tester la force de notre foi en démontrant que, nous aussi, nous sommes capables de souffrir pour ce en quoi nous croyons. Pour cela, il nous faut emprunter un nouveau chemin, et non pas celui qu’ont choisi pour nous ceux qui pensent nous connaître mieux que nous ne nous connaissons nous-mêmes.
Il y a des moments dans la vie d’un homme où on ne peut savoir si l’on a pris la bonne décision qu’après l’avoir prise.
-À supposer qu’on puisse le retrouver, il ne représente pas vraiment une menace… Ce n’est qu’un homme seul, après tout.
— Cet argument ne suffit pas à me rassurer. Un homme seul peut se révéler dangereux. Je le sais car je ne suis moi-même qu’un homme, et je suis très dangereux. Et quand je vois chez un autre homme les mêmes qualités que je reconnais chez moi, je sais qu’il ne faut pas faire comme s’il n’existait pas...
- L'avidité ne connaît pas de repos tant qu'elle n'a pas été satisfaite, et elle n'est jamais satisfaite...
Voyez-vous, dans le fonctionnement ordinaire de la police, il faut nécessairement attendre qu'un crime ait été commis pour incarcérer les coupables. Mais dans des organisations telles que l'Okhrana, le travail consiste parfois à anticiper les crimes, avant qu'ils n'aient une chance d'être commis.
Les trois audacieux progressaient rapidement dans l'obscurité, chacun seul avec ses pensées, et le bruit de leurs bottes à crampons martelaient un rythme semblable à un battement cardiaque sur la vieille piste de terre
Tapie au creux des arbres, à demie enfouie dans le sol, se dressait l'une de ces cabanes que l'on appelle des zemlyankas. Pekkala l'avait bâtie de ses propres mains. Il s'y réfugiait au plus fort des hivers sibériens, dont la pire caractéristique n'était pas le froid mais un silence si absolu qu'il en devenait un bruit à part entière, une sorte de sifflement tumultueux - le frôlement de la planète dans sa course folle à travers l'espace.
L'espérance de vie moyenne d'un marqueur d'arbres dans la forêt de Krasnagolyana ne dépassait pas les six mois. Travaillant seuls, sans la moindre chance d'évasion ni le moindre contact humain, ces hommes succombaient tous aux rigueurs du climat, à la faim et à la solitude. Ceux qui se perdaient ou qui se brisaient la jambe en tombant étaient en général dévorés par les loups. Au bagne de Borodok, le marquage des arbres était la seule tâche réputée pire qu'une condamnation à mort.
"Cet homme ne peut pas être l'Oeil d'Émeraude. Il est mort depuis des années. J'ai même entendu dire qu'il n'avait jamais existé, que ce n'était qu'une légende..."
Pekkala lisait sur les mains et le visage des défunts la manière dont ils avaient vécu, et cela le fascinait. Telles des tenues vestimentaires, leur corps trahissait le secret de leurs soins ou de leur négligence. En tenant la main d'un instituteur, il sentait la bosse sur l'index, là où les stylo-plume avait pris appui, creusant un sillon dans l'os. Les mains d'un pêcheur étaient couvertes d'épaisses barres de corne et de vieilles cicatrices de coups de couteau qui plissaient la peau comme une feuille de papier froissée. Les ridules autour des yeux et de la bouche permettaient de savoir si la vie d'une personne avait été placée sous le signe de l'optimisme ou du pessimisme.
La tâche du croque-mort n'avait rien de plaisant, ce n'était pas le genre de travail qu'on pouvait aimer. Pourtant, Pekkala appréciait le caractère crucial d'une telle activité, que tout le monde n'était pas apte à accomplir et qui était néanmoins nécessaire, non pas pour les morts mais pour la mémoire des vivants.
La seule manière d'avoir un futur dans ce pays, c'est de n'avoir pas de passé.
Officiellement, le restaurant Borodino, situé dans une rue paisible proche de la place Bolotnia à Moscou, était ouvert au public. Officieusement, son propriétaire et chef de rang, un homme au visage décharné qui répondait au nom de Chicherin, se réservait le droit de jauger d'abord tous ceux qui franchissaient la porte d'entrée aux panneaux de verre dépoli, ornés d'un décor de feuilles de pierre. Alors, soit Chicherin leur proposait une table, soit il dirigeait les clients vers un étroit couloir obscur menant, pensaient-ils, à une seconde salle à manger, de l'autre côté de la porte. En réalité, il les conduisait directement vers une allée longeant le restaurant. Le temps qu'ils comprennent ce qui leur arrivait, la porte s'était automatiquement refermée derrière eux.
La fin est proche, et nous devons abandonner non seulement les consolations de la chair, mais les choses qui rendent possible une telle consolation.
L’univers n’était pas régi par quelque vieillard barbu et capricieux, tendant la main derrière son oreille pour capter les lointains murmures d’adoration de ses fidèles, tout en bas, sur la terre, mais plutôt par un immense mécanisme indifférent aux souffrances des hommes, aussi infaillible qu’une équation mathématique, et dont les calculs complexes permettaient de maintenir l’équilibre du monde.