Projets Sillex - Teaser Féro(ce)cités
Ironique, songea Gésill, que les Funestrelles viennent secourir un roi. Groupe criminel, dissident, voleur et meurtrier, tourment de la royauté et destructeur de noblesse. La plus infâme lignée de la Rocaille avait ressuscité son souverain et s'échinait à le replacer sur le trône.
La grêle carillonnait avec une violence redoublée sur son visage, lui bleuissant les pommettes de froid et d’hématomes. Qu’importe ! Contrairement au commun des mortels, elle avait un faible pour le temps abominable de son pays. Elle adorait le grondement de l’orage, la pluie lui dégoulinant dans les yeux, les frimas givrant ses cheveux, elle saisissait la neige à pleines mains pour la goûter du bout de la langue. Elle était une Funestrelle aguerrie, fille du froid et de la glaise, attachée comme jamais à la Rocaille.
Je comptai une quinzaine de sépultures, à la pierre abîmée par le lichen. Le temps y avait creusé des fissures suffisamment larges pour qu'un de leurs occupants puisse s'en échapper. Certaines tombes s'étaient même soulevées et, lorsque je m'en approchait, la terre que je remuai exhala une senteur acide, dérangeante. (12)
Je me familiarise avec une nouvelle capacité que la mort m'a concédée. Sois très heureuse d'être en vie.
La Rocaille. L'immense plaine nue qui courait tout autour du château, étendue de roche et de terre à peine troublée par quelques arbres rachitiques et quelques cabanes vacillantes. Le vent aplanissait cet espace sans vie, la pluie et les grêlons le creusaient jour après jour. Aucune plate, aucune fleur, aucune herbe n'y poussait. Aucune tache de couleur qui rompait la monotonie grise.
Au loin, dans l'aurore sale, Gésill devinait les contreforts de son pays : la Sdière, les montagnes où s'étaient autrefois retranchés les derniers magistres. Une roche tailladée, fissurée, plus ancienne que le reste du monde, barrage naturel à un horizon dont on ignore tout.
Brume jour de poix
Ventée jour de souffle
Ore jour d’orage
Grésil jour de grêle
Nive jour de neige
Gelée jour de glace
Fonte jour de pluie
Et silence de nuit
– C’est bien lui ? demanda-t-il sèchement à Iliane. Il est beaucoup moins impressionnant que ce à quoi je m’attendais.
– Il vient de se prendre une saucée du tonnerre, Bathesme, répliqua la jeune femme. Tu as vu notre allure, quand nous sommes rentrés ? Il sera plus présentable quand nous l’aurons récuré et rhabillé.
– Je suis là, leur rappela Gésill.
C'était un grand dadais coiffé d'épis, avec le regard un peu allumé de ceux qui sortent d'un livre comme d'une insomnie.
Elle ricanait comme d'autres menaçaient de vous découper la tête à l'aide d'une scie rouillée.
Sa voix vrombit, emportée dans une langue inconnue. Des mots crachés, éructés, des mots atroces qui poinçonnent la lèvre et écaillent les dents, des mots qui suintent comme une fange puante.