Pas d'inquiétude, je n'ai jamais mangé de cadavre humain putréfié et pourtant, j'en connais le goût. Tout s'explique, en matière de physiologie humaine. D'une part, les odeurs de putréfaction se mélangent à la salive et permettent une certaine gustation tandis que les centres de l'odorat et du goût possèdent des interconnexions qui font ce que l'on sent, on peut aussi le goûter. Et c'est le cas des odeurs de putréfaction.
Lucette est décédée de mort naturelle, à l'âge de 85 ans, "une belle mort", me dit-on, ce qui me fait toujours rigoler, car je ne pense pas qu'il y ait de belle mort. Le medecin à constaté le décès et à complété le certificat. La famille fait venir les pompes funèbres qui préparent le corps, le lavent, l'habillent et le déposent dans un cerceuil, lui-même déposé sur une table de présentation dans la maison de Lucette. Les visites débutent le jour même et Jeannine sa voisine et amie depuis toujours, depuis l'école primaire, vient rendre un dernier hommage à son amie défunte.
Alors que Jeannine, est face au cercueil, tout à coup, Lucette se relève et dit "Oh, Jeannine, c'est gentil d'etre passée me voir!"
Jeannine s'effondre, foudroyée par une crise cardiaque.
Il me faut conclure, non que je n'aie plus d'histoires à raconter, mais parce que tout a une fin, non seulement ce livre, mais même la vie, alors n'oubliez pas d'en profiter tant qu'elle vous sourit, dans le respect des autres et de vous-même, avant que ce soit la mort qui vous sourie.
J'ai décidé aussi de ne pas traiter ces histoires sur un ton larmoyant: la mort n'est pas dramatique pour celui qui meurt, elle ne l'est pas non plus pour celui qui en fait son métier.
L'héroïne. Voilà une drogue qui fait des dégâts monstrueux et provoque des morts par centaines de milliers. Et dire qu'elle a été créée par l'industrie pharmaceutique! C'est en 1897 que la firme Bayer, celle qui a commercialisé l'aspirine, a synthétisé l'héroïne en partant de la morphine. Elle était destinée à combattre la douleur à un point tel qu'on ne la sentirait plus et que les soldats, sur les champs de bataille, pourraient continuer à combattre malgré les plaies et les blessures, faisant d'eux des héros, d'où son nom, "héroïne". L'héroïne était donc destinée à créer des héros. Un comble de cynisme quand on voit les loques humaines que deviennent la plupart des toxicomanes à l'héroïne. Des problèmes de dépendance sont rapidement arrivés et, dès la fin de la Première Guerre mondiale, son usage thérapeutique a été contesté puis l'héroïne a carrément été supprimée de la pharmacopée. Un échec retentissant qui fait toujours ses effets aujourd'hui.
Tout contact laisse une trace.
Il attend patiemment son tour. Il est bien connu qu'un médecin n'est jamais à l'heure et chez le docteur Paul particulièrement, le patient porte bien son nom, il faut effectivement l'être, patient.
Florent ne se plaint pas, il a encore un médecin généraliste à une époque où ils se font de plus en plus rares depuis que le gouvernement a décidé de limiter l'accès à la profession, imaginant que
réduire le nombre de médecins réduirait le nombre des malades. C'était aussi idiot que de penser que réduire le nombre de croquemorts réduirait le nombre de morts. C'est le genre de décision gouvernementale qui, par sa stupidité, a achevé de convaincre Florent qu'il ne sert plus à rien de voter pour une telle bande d'imbéciles qui sacrifient la santé des gens au bénéfice de l'État,
alors que ça devrait être tout le contraire.
Il me faut conclure, non que je n’aie plus d’histoires à raconter, mais parce que tout a une fin, non seulement ce livre, mais même la vie, alors n’oubliez pas d’en profiter tant qu’elle vous sourit, dans le respect des autres et de vous-même, avant que ce soit la mort qui vous sourie.
... la mort n'est pas dramatique pour celui qui meurt, elle ne l'est pas non plus pour celui qui en fait son métier.