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Citations de Philippe Delaveau (84)


LA FEMME


Je poserai dans le panier les fruits du temps.
Prends garde à ceux qui ont roulé dans l’herbe :
Ce sont les plus chargés du sucre de nos joies.
Voici l’hiver aux arbres vides.

Ton sourire éclaire aux fenêtres
La tambourinade grise des pluies.
Tu regardes qui vient, la vallée sombre,
La ligne de cyprès qui dodelinent.

Tes mains ont charge d’éternel
Pour des paroles qui rassurent.
Ô joie que tu fais paraître, paisible,
quand la nature se confie.

Entends les pensées qui dérivent,
Les rêves. Que sais-tu de la nuit,
Parle, dis-moi, que sais-tu de la nuit ?
J’ai veillé jusqu’ici vainement,
Comme dehors l’hiver, la page est vide.
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LES MONTS BLEUS


Les monts bleus et le ciel songeur.
Toi
Dont les yeux ardents sont
L’abri du ciel et des monts.
Source, frisson, tristesse, joie.
Je baiserai de ma langueur
Ta bouche.
Je vois les mots se former
Dans tes pupilles, sur tes lèvres.
Et je respire ton haleine.
Je me raccroche à la vie,
Je sais l’existence du monde
Lorsque je tiens ta main.
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ST PIERRE MARTYR


(San Marco)

II a posé un doigt sur ses lèvres :
Il faut se taire. Au-dehors
Les arbres continuent de trembler dans la brise.
Et l’oiseau sur le mur, par la fenêtre
De lumière, ouvre un oeil sage
Couleur de raisin noir. De l’autre main
Il tient l’écritoire et la plume. La nuit
Chaude descend sur ses épaules. Derrière,
Le mur est comme l’âme dépouillée, terne et nue.
Alors commence la lumière.
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VEILLE NOCTURNE


Peut-être alors entendrons-nous
Sur le mur blanc qui ferme l’horizon,
Lorsque la nuit ouvre ses poings de feu,
Germer les graines saintes du silence.
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L'alouette

D'abord elle se faufile, craintive, dans les prés,
Humant l'odeur végétale du vert, le lait âcre
Des coquelicots de soie rouge plissée, le bruit
Du vent dans le cliquètement des orges.
Puis s'envole, tout droit, dans l'air limpide
Au-dessus des moissons, des bois et des collines.
Alors les sons, les couleurs s'harmonisent
Dans le vent fluide, jusqu'aux nues, qui la berce:
Le soleil froid dans le ciel proche,
L'horizon qui s'appesantit sur ses ponts de brumes,
La nuit lointaine et le recel des mares,
Les fermes endormies sous leur chapeau de tuiles.
Elle, droite, exulte et traverse l'espace,
Sans perdre son chemin dans le récit
De l'herbe à terre occupée de célestes insectes,
Et boit dans la coupe du ciel
L'eau tremblante du jour.
Et d'en haut, calme, elle chérit la terre.
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Verres à pied

Le monde marche sur la tête, les verres
sur les tables miment l'erreur, les verres qui attendent,
un pied en l'air, le temps qui tarde, les longueurs,
tandis que la ville au-dehors grommelle
de moteurs trépidants et bat de mots volages ses tapis.

Alors se réfléchit sur le ventre des verres
cette folie d'un monde ridicule, et sans folie,
et toute chose alors est minuscule, et les mots ne sont rien.
Dans le pied de cristal l'air inflexible, la vérité,
sur le ventre du verre une fenêtre fine, le jour
réduit à l'essentiel, un fin rectangle clair, alors
nos mains et nos regards au matin blanc s'inclinent.

Et ils attendent sur les tables d'un vin joyeux la joyeuse mesure,
de l'eau d'une carafe la transparence claire, une main
les conduit jusqu'aux lèvres qu'effleurent
la nostalgie du pur et l'effroi de l'impur.

Et comme les vitraux, traversés de lumière
ils sont ainsi: dix fois, cent fois visités par le jour, cylindre clair
alors je vois non plus des hommes ou des femmes
mais le vol dans la rue mobile, exubérant, d'un vide
meurtri de gloire ancienne en sa propre lumière.
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Coeur chiffoné des roses,
pochette en soie des pétunias, charlotte en caoutchouc
des hortensias face à la mer, feux d'artifice
des agapanthes, ce sont les fleurs.
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Comment traduire

l'appel qui me traverse ? L'eau toujours me revient,
les larges palmes des colonnes, ciel sombre,
ciel de bleu sombre aussi ne sont pas rien. Je suis le fleuve.
Quelque chose promise, étoiles de coton, fécondité,
paix magnanime sur les sables stériles, chemin stable,
signe précis, signe éternel. Je suis le fleuve.
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Ombre qui tache de jus noir les sols anciens. Tant de lumière.
Le jour a l'acidité du citron.
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A l'hôtel, ville étrangère, la nuit campe
avec son armée de bruits qui déchiquettent
coups assourdis, vibrations lointaines, chocs sourds :
c'est l'heure où les horloges sur les pointes
de leurs talons aiguilles quittent les murs
et le fronton des monuments fardés du blanc gras de minuit
pour aller mendier l'heure sur la lumière parmi les places
où les autos sans visage s'élancent moins nombreuses
le long du fleuve, après la fermeture des théâtres, sous un masque
de lune.
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Je suis le lac et le glacier, le lent choral de ceux qui veillent.
J'accède au froid d'une justice. Je traque l'éternel. J'escalade
ce que j' ignore. Et quelqu'un me connaît. Quelqu'un
m'appelle et me connaît. Les mots de glace il les confie
à nos yeux éreintés, à la paralysie sur la coursive de nos mains
vaines.
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QUI VEILLE ?


Les étoiles n'ont pas de mémoire, les pierres
Sont silencieuses sur le lit des jours. Seuls,
Les arbres parlent, nous ne savons entendre
Le Vert murmure de leurs branches. Nous cheminons
Dans ce monde indifférent aux signes,
Pourtant nous écoutons le moindre bruit :
Le vent dans la récolte, les pas dans le couloir,
Les éclats de tambour d'un robinet dehors
Dans le seau de métal, la joie de la lumière. L'arbre ni l'océan
N'ont pour voir la splendeur du monde ces yeux
Qui nous ont fait aimer l'aube et les fruits du poème.

Pourtant quelqu'un chemine à nos côtés. Qui veille
Dans la chambre haute, au dessus des étangs ?...
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Un seul oiseau sur les plis du grenier
Hulule et la nuit s'ouvre comme un livre.
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I

Ciel noir, lune blanche -
silence enfin, vaste cour
aux mains les étoiles

II

En nous ta présence
Toi caché dans l'univers
léger vent de branches
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LA MUSIQUE

La musique toujours nous parle de notre vraie patrie.

Sitôt que son chant s'élève, nous appelle,

Comme le vent du soir dans l'arbre aux feuilles douces,

Nous voguons dans les embrasements d'une mer infinie.

Est-ce la vague avec les rimes de la houle,

L'opulente clarté de la fugue de sèves :
Le soleil brame sur les délices du lac transparent,
Et nous nous connaissons comme l'eau qui s'écoule.

Le monde est vertical : tel est l'amour de l'arbre

Où le renard du vent se faufile et s'empourpre,

Et la nuit plus terrible, née pour un seul amour.

Nous te reconnaissons pays sans visage, terre

Où nous avons grandi sous le chêne immortel; ciel semé


de grandeurs,


Puisque nous sommes l'infini qui se dilate et sa muette

raison;


Nous te reconnaissons pour avoir oublié

Ton ciel sublime et le nom de cristal

Qui nous fut donné dans l'orchestre céleste.

Libres toujours, et marchant dans les forêts

Obscures, nous dérivons comme la feuille prise au

ruisseau

De la branche, l'œil incomplet, le cœur inachevé,

Mais balbutiant le seul langage de l'azur,

Tous désespoirs réduits et toute mort traversée.
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LES TRANSPARENTS

Ils sont debout à l'avancée de la lumière,

Transparents et bleutés.
Parfois la brise

Les soulève au-dessus de la tourmente qui saisit l'arbre,

Près de la plaine où bataille l'armée.

La torche du soleil consume la lavande et le désir

De gloire.
Dans l'ombre qui s'allonge,

La confiance grandit.
Des yeux, dans le silence,

Les considèrent depuis le tronc de l'arbre, la voix

Trop suave retentit, mais ils n'écoutent pas.

La clarté odorante des roses

Cache la guêpe; le sourire innocent dissimule

Une pensée coupable afin qu'ils sombrent bas, profondément,

Où l'autre se démène, cherchant qui déchirer.

Mais ils demeurent sur le sentier où leurs épaules ploient,

Sous la charge invisible qu'ils transportent,

Et la lumière transfigure leurs yeux,

Pour que la paix fragile y soit plus assurée.
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POÈME

Il a posé un doigt sur ses lèvres :

Il faut se taire.
Au-dehors

Les arbres continuent de trembler dans la brise

Et l'oiseau sur le mur blanc, par la fenêtre

De lumière, ouvre un œil sage

Couleur de raisin noir.
De l'autre main
I

Il a posé un doigt sur ses lèvres :

Il faut se taire.
Au-dehors

Les arbres continuent de trembler dans la brise

Et l'oiseau sur le mur blanc, par la fenêtre

De lumière, ouvre un œil sage

Couleur de raisin noir.
De l'autre main

Il tient l'écritoire et la plume; la nuit

Chaude descend sur ses épaules; derrière,

Le mur est comme l'âme dépouillée, terne et nue.

Alors seulement commence la lumière.

II

À peine le bruit d'un silence ténu

Fait-il trembler l'ombre des feuillages.

Ni l'orage grondant au-dessus de la grève,

Ni le ronronnement des automobiles dans l'avenue,

Ni le sifflement des lourds avions d'argent,

Moins que la brise parmi les feuilles.

Heureux dans l'obscure ténèbre, celui
Qui écoute et se prosterne.

III

Peut-être alors entendrons-nous
Sur le mur blanc qui ferme l'horizon
Lorsque la nuit ouvre ses poings de feu,
Germer les graines saintes du silence
Et poindre l'aube.

IV

Les poèmes vieillissent confusément,

Parlant encore de forêts, d'or et de roses; toutefois,

Quel sage aurait pu dans une seule fable,

Serpentant au-dessus des hommes et des fleurs,

Dire comme la perle un peu l'attente

Qui est au creux du monde, et peut-être à la fin composer

Pour un prince las du soleil et des livres,

Un autre chant qui ne vieillirait pas,

Qui parlerait sans fin de ce qui recommence, au gré

Des libellules bleues, des armoiries de l'onde?

Alors l'image en ce poème serait plus limpide

Que le bruit continu de l'eau, plus sombre qu'un silence

Au pied mauve de l'arbre, à celui

Qui écoute la nuit parfaire les saisons,

En quête de sagesse nébuleuse et d'ordonnance.

V

Voici la plus belle heure, les arbres

Sont roses dans le jour qui se lève.

Les parfums n'ont encore épuisé leurs timides

Secrets, dans le lacis des herbes, parmi les fleurs.

Alors le soleil blanc et rond quitte son écurie,

Perdue dans la douceur du ciel au-dessus de la crête

Des arbres centenaires; le lourd charroi qu'il tire

De la chaleur d'été d'où tombe le foin rouge,

S'engage sur l'ornière de la
Loire jusqu'au soir des collines,

Que des merles, des hirondelles, veillent de leurs cris.
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Tout simple et digne ici…



Tout simple et digne ici respire et salue l’air

De mai très bleu et gai dans la stabilité nouvelle de ses formes,

Le tremblement des feuilles, les couleurs neuves recréées.
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Qui témoigne de la sollicitude?
Qui

Passe dans l'ombre bleue des ifs?
L'ange

Sur le mur blanc ne projette aucune ombre, et s'avance

Vers la chambre modeste, au cœur du monde, traversant

Le jardin bleu semé de buis où chante suavement

La tourterelle.
Et vous étiez assise,

Songeant à la maison cachée dans l'ouvrage de l'aube,

Qu'éclairent des soleils qui ne s'épuisent pas.
Que selon la

parole,
Il en soit fait ainsi.
Et la parole irradie le vitrail
De votre corps, au jour qu'avait fixé selon votre douceur
Celui qui nidifie le mercure des eaux, pour que
Se renouvelle le jardin, plus suave que la nuit captive
Au cœur humide et capiteux des roses du matin.
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La maison est proche, à peine visible mais si belle,

Saurons-nous l'atteindre?

Les routes dorées sur l'envers des champs

Finissent par pourrir; ainsi les feuillages

Ruissellent ensemble, et les eaux volages

Courent à l'envi jusqu'aux embouchures,

Pour se perdre aux vents - et la mer lascive

Essuie les douleurs, efface les pages.

Il reste le murmure très aimant des branches;

L'écharpe des fumées salue les nuages,

Et ce frémissement si proche : qui

Déplie le vent, ouvre la page,

Puisque tout s'enfuit, même le souvenir?

Les mots maladroits qu'assemble le poème

Tentent bien de dire qui n'a pas de nom.

Un soir souviens-toi du murmure des étoiles,

De la nappe où l'on a disposé

Le pain azyme et blanc, le cratère doré

Où se dresse un agnelet de neige.
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