Conférence de Philippe Joutard, historien, le jeudi 11 décembre 2014, dans le cadre de #Traversées2. Un cycle organisé par la librairie L'Alinéa (Martigues) avec les médiathèques Louis Aragon de Martigues, Boris Vian de Port-de-Bouc et Charles Rostaing de Saint-Mitre-les-Remparts les 11, 12 et 13 décembre 2014.
Une conférence Les mémoires ont transformé les livres d'histoire, offrant à l'événement et à la biographie une nouvelle jeunesse. L'histoire orale a donné à comprendre, de l'intérieur, les invisibles, restés à l'écart de l'écriture. Les mémoires obligent les historiens à questionner leur métier, leur fournissent de nouveaux objets d'étude et la possibilité de saisir une réalité jusque-là inaccessible. En contrepartie, l'histoire demeure le seul moyen d'apaiser les mémoires blessées, de permettre aux mémoires concurrentes de cohabiter.La meilleure manière de vaincre l'oubli et de se prémunir contre les excès mémoriels.
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Vers la fin août, étant avec le frère Rolland, il me dit que depuis quelques jours un homme, Monsieur Flotard, était venu de la part de la Reine d'Angleterre, et de Messieurs les Estats d'Hollande s'informer de notre état, nous promettant de leur part tout le secours possible soit par mer ou par terre; que Monsieur le Marquis de Miremont sollicitait pour nous, lequel était prêt de répandre son sang pour notre délivrance; que Cavalier et lui avaient donné plein pouvoir à M. Flotard d'agir au nom de nous tous auprès des Puissances protestantes et que nous reconnaissions Monsieur de Miremont pour notre général etc. - cette commission fut signée par nous ayant été écrite avec du lait de femme;
775 - [10/18 n° 266, p. 81]
Les dragons, les soldats, les autres sortes de gens papistes du pays qu'on avait armés contre nous et les miquelets auxquels on avait donné toute licence sur les pauvres protestants, ces gens dis-je, les plus inhumains du monde, violaient les femmes et les filles et les égorgeaient impitoyablement. Ils massacraient indifféremment les vieillards, les infirmes, les jeunes gens et les enfants à la mamelle, tous ceux qui tombaient sous leurs cruelles mains. Rien n'échappaient à leur fureur, ils saccagaient, ils brûlaient, ils exterminaient tout, n'épargnaient que ceux qui, suivant l'ordre du roy, les proclamations de Messieurs les Maréchaux de France et du cruel Intendant Baville, se retiraient dans les villes murées et allaient à la messe.
773 - [10/18 n° 266, p. 87-88]
En définitive , des fidèles qui se réunissaient en 1686 aux réactions de 1752 en passant par le Camp des Enfants des Dieu, la continuité est évidente et les grandes différences de comportement, visibles d’une époque à l’autre, sont des réponses plus ou moins conscientes à des conjonctures changeantes, mais l’expression unique d’un refus d’une autre foi qui serait en même temps une acculturation.
Cette permanence de la résistance s’enracine profondément au cœur des hameaux cévenols autour des familles qui fournissent à chaque génération « des militants ».
Ce fut après la mort de Poul que l'on commença de nous appeler Camisards. Je ne sais si c'est parce que nous donnions souvent la camisade (attaque de nuit) qu'on nous donna cet épithète, ou parce que d'ordinaire nous nous battions en chemise ou en camisole. On nous appelait aussi " fanatiques" à cause de nos inspirations.
772 - [10/18 n° 266, p. 66]
Guerre des Camisards, guerre de Vendée, la comparaison n'est pas nouvelle. Déjà, en 1862, dans son roman Les Misérables, Victor Hugo compare les agissements du maréchal de Louis XIV, Montrevel, à ceux du représentant en mission de la Convention, Carrier
L'un des premiers objectifs de la Révolution fut d'unifier la mosaïque qui composait le royaume, cet "agrégat de peuples désunis", pour créer une nation, une et indivisible.