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Citations de Philippe Lacoche (18)


Il ne bougea pas non plus quand la salle entière se leva , comme un seul homme, pour ovationner le groupe et lui demander de revenir interpréter un morceau. Sûrement avait il perçu dans cette reconnaissance conventionnelle trop unanime une manière de panurgisme qu'il exécrait. Pour lui, applaudir à la fin d'un morceau revenait à se réjouir du silence; c'était quand la musique vivait qu'il fallait se manifester, pas quand elle ne disait plus rien. Cet hommage posthume empestait le cadavre.
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L'été ronronnait, lent comme les vacances d'avant, nos vacances d'enfants, parfumé par les odeurs de marée, d'ambre solaire, de café brulant le matin, et de patchouli dont s'aspergeaient nos petites conquêtes pour faire "plus hippies".
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Sous nos blouses, nous roulions des épaules comme tournaient les galets de nos solex et partions vers nos flippers adorés. Nos premiers demis pressions nous laissaient dans la tête des rêves amers
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Nous étions des fils d'ouvriers, des enfants de prolétaires; nous n'avions rien à voir avec les élèves sages des classes littéraires, les fils de bourgeois, les "allemand première langue" comme nous les surnommions avec une pointe de mépris.
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Les directrices des ressources humaines ? Des pétasses en tailleur à la solde de patrons qui, grâce à leur vocabulaire de psychologue de fêtes foraines et leurs cellules de crise qu'elles activent pour un oui pour un non, ne pensent qu'à dégraisser, à vous casser sournoisement le moral, pour vous éjecter sans indemnités. Des hyènes sapées en Agnès B.
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Il m'arrivait d'acheter, en même temps que "l'Ile noire" ou "laffaire Tournesol", l'"humanité" ou "la cause du peuple. Le propriétaire de la Maison de la Presse, un ancien commissaire de police, posait sur l'apprenti Cohn-Bendit que j'étais des regards dignes de Raymond Marcellin.
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La honte, ce dégoût de soi lui nouait les entrailles comme une mauvaise colique.
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Il lui fut encore plus difficile de se retenir lorsqu’ils remontèrent sur la terrasse couverte que Babette et son compagnon avaient transformée en salon. Elle était comblée par la vue magnifique sur l’Oise, « malgré le temps de merde », comme l’avait fait remarquer Pierre, non sans une forme de poésie aussi rugueuse que réaliste. Il avait cessé de pleuvoir ; le ciel était gris souris. D’épais nuages de coton sale caressaient la ville. Les mouettes frôlaient la surface de l’eau.
Sur l’autre rive, elle apercevait Creil. Et elle rêvait. Elle rêvait à une vie douce et culturelle dans cette ville qu’elle imaginait agréable avec cette belle et grosse rivière qui la traversait, avec ses restes historiques, ses monuments. Et elle passait en revue ce qu’elle avait pu lire et voir dans des brochures de l’office de tourisme : le château, reconstruit par Charles V au XIVème siècle, et où Charles VI soigna, dit-on, sa folie. (Ce détail à la fois l’effrayait et la fascinait.) Les vestiges de la collégiale de Saint-Évremond, édifiée au XIIIème siècle près du château. Le musée Gallé-Juillet, au fond de la cour de l’hôtel de ville, belle demeure entourée de jardins à la française. (Une autre histoire l’avait interpellée, voire bouleversée. Berthe et Auguste Gallé, dont le fils unique, Maurice, était tombé à Bouschavesnes, dans la Somme, en 1916, firent don de leur propriété à la ville de Creil afin d’éviter la disparition des souvenirs accumulés dans l’habitation, charge à la commune de lui garder son caractère.) Et ces fameuses maisons souterraines creusées dans la roche : les tufs, recherchées par les familles modestes au XIXe car chaudes en hiver et fraîches l’été.
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« Les cachets étaient dérisoires ; les remorques agricoles et boueuses des maires cultivateurs remplaçaient parfois les estrades des salles des fêtes. Alors fébrile, Bernard se dépêchait de bâcler la soirée dansante ; nous remontions dans la voiture et empruntions de tortueux itinéraires avec l’espoir d’éblouir un lapereau… En revanche, les lendemains de soirs de pleine lune, « quand les lapins vont au bal » comme l’écrit Daudet, nous mangions souvent du civet. »

« Rico était assis dans la salle à manger de la modeste maison de ses parents, des partitions devant lui…. Il portait un gilet de laine marron tricoté à la main. Une gauloise se consumait dans un cendrier posé sur la toile cirée ; il tirait sur le cylindre de tabac, aspirant très profondément, et reprenait la conversation de sa voix joyeuse. Quand il parlait, on eût dit qu’il chantonnait. »
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C'était au tout début du printemps. Vers la fin mars, je crois. Un printemps mou, indécis, qui refusait de se débarrasser des vieilles peaux glacées et usées de l'hiver.
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Il faisait lourd. On ouvrit la fenêtre de la salle à manger. Un petit vent, venu du jardin, nous rafraîchit. On entendait les merles siffler dans les cerisiers. Quand je fermais les yeux, je voyais des bouchons s'enfoncer et ne plus remonter. Touches définitives, comme toutes ces minutes de la vie qui s'enfoncent dans le temps et qui ne remontent jamais.
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"Pour se sentir européen, il faut d'abord se sentir picard." - Philippe Carruette, p.54
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J'entends encore leurs rires qui se mêlent et qui s'éloignent, pour laisser place au silence infini et profond de ce qui n'est plus. Car la vie n'a rien d'une chanson ; il n'existe pas de vitrier pour recoller les morceaux des existences brisées.
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Lucas savait qu'il rentrerait fort tard ce soir, qu'il sentirait très fort le mauvais scotch, que sa mère lui en ferait le reproche, et que des cris, encore des cris, couvriraient les dialogues du film dominical.
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- La maison ? Un héritage, bien sûr ; j'aurais pu la revendre. Je ne l'ai pas fait. Et tu sais à cause de qui ?
- Non.
- A cause de Rimbaud. Oui, Charleville... Pour me rapprocher de Rimbaud. Je le lisais quand nous étions en opération au Tchad. Là-bas, la lecture de Rimbaud m'a permis de continuer et d'oublier toutes ces horreurs...
Puis, il se tut. Chaunier contemplait, du coin de l'oeil, son ami. Cette grosse masse capable de tenir un recueil de Rimbaud dans ses énormes paluches d'ours. Il en fut tout attendri.
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Pierre se pencha à la rambarde du pont, contempla l'eau du sous-affluent. Elle était toujours aussi vive. Il y aperçut 3 gros chevesnes qui luttaient contre le courant. Il ne sut pourquoi mais une envie de pleurer lui tordit les mâchoires. Il se retint : il se retenait toujours. Son éducation de petit prolétaire, fils de cheminot devait y être pour beaucoup. Les larmes, il les laissait aux poètes maudits de la bourgeoisie dégénérée. Chaunier, par moments, était très con ; il le savait. Il savait combien cet assaut de mélancolie n'avait rien de dévirilisant ; au contraire. Il était l'interpellation d'un mec en questionnement perpétuel sur la fuite du temps, la fuite de l'eau, cette chère eau qui l'inspirait tant. Et la présence de ces 3 chevesnes benêts ne symbolisait rien d'autre que la condition humaine qui, condamnée d'avance, faisait ce qu'elle pouvait sur cette fichue terre.
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Chaunier ronchonnait, serrait contre lui le sachet contenant le GPS. Il se disait que Boucles d'or, le type du SAV, lui avait menti, ou qu'il était paresseux ou incompétent. En tout cas, il lui était impossible de reconnaître que son Tom Tom était fichu.
"C'est donc ça, cette saleté de société de consommation ? Jeter pour un oui, pour un non ! Jeter pour remplacer, pour acheter toujours et encore ?"
Il avait envie de vomir. En ces instants de révolte, il ne se sentait même plus communiste, mais bolchevique. Couteau entre les dents pour éventrer le capitalisme ; faucille pour décapiter les représentants du haut patronat ; marteau pour assommer les profiteurs.
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Rico est là, sous la dalle, au cimetière.
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