Il y a deux semaines environ, j’ai eu la chance d’assister à une rencontre avec Philippe Lobjois et Elliot Raimbeau, auteurs de la bande dessinée « Les Tambours de Srebrenica ». Pendant près d’une heure, ils nous ont parlé de leur ouvrage, de Srebrenica, de son histoire, de la façon dont ils ont travaillé, de la façon dont ils ont vécu cette expérience. Il faut dire qu’ils savaient de quoi ils parlaient : Philippe Lobjois, grand reporter, a couvert sur place la guerre de l’ex-Yougoslavie ; Elliot Raimbeau, trop jeune pour se souvenir de cet épisode de l’histoire, quant à lui s’est rendu sur place depuis pour découvrir les lieux, en apprendre davantage. Un travail de mémoire donc, un travail aussi de transmission de la mémoire aux jeunes générations (c’est du moins ce que j’ai pensé en les entendant parler). Et ils en ont tellement bien parlé que j’ai eu envie de lire leur BD.
Srebrenica, beaucoup ont probablement déjà entendu ce nom. J’en discutais avec une personne qui avait mon âge en 1995 et qui se souvient parfaitement d’en avoir entendu parler aux infos. Moi, je n’avais que 7 ans cette année-là et très peu d’intérêt pour l’actualité (comme beaucoup d’enfants, je suppose). Il est donc probablement inutile que je rentre dans les détails à propos de l’histoire. Mais pour les plus jeunes d’entre vous, juste quelques mots quand même : Srebrenica était une enclave bosniaque à l’intérieur du territoire Serbe et fut le théâtre du massacres, durant trois jours de juillet 1995, des bosniaques musulmans par l’armée serbe, sous les yeux d’un ONU impuissant et dépassé par la situation. La bande dessinée retrace assez bien cet épisode et un dossier en fin d’ouvrage permet également de mieux saisir le contexte de tout ça.
C’est donc cette histoire que Philippe Lobjois et Elliot Raimbeau nous racontent ici à travers le biais de la fiction. Nous suivons en effet un héros fictif, enquêteur au tribunal pénal international de La Haye qui enquête sur les crimes de guerre ayant eu lieu en ex-Yougoslavie. Notre héros, alors en pleine enquête se retrouve kidnappé par un groupe de vengeance Bosniaque, les Tambours, qui lui parlent de Srebrenica, de ce qu’il s’est passé et des magouilles qui ont mené à ce massacre.
Je ne saurais dire si l’histoire est captivante. Ce n’est pas une BD de divertissement, les faits qu’elle décrit se sont réellement passés. Elle est le fruit d’années de travail de recherches effectuées par Philippe Lobjois. Dire qu’elle est captivante ne collerait pas avec le sérieux du sujet. En revanche, elle est très intéressante. Elle nous apprend des choses (enfin surtout à moi qui n’avais jamais entendu parler de Srebrenica) et elle nous amène à nous poser des questions.
Niveau illustrations, cette BD est tout simplement magnifique. La couverture happe le regard, avec ce ciel rouge et ce casque de l’ONU posé sur des décombres en noir et blanc. Ce rouge intense est d’ailleurs la seule couleur que l’on verra dans cet album, en dehors du dossier de la fin. Elliot Raimbeau possède un coup de crayon certain. Il nous donne à voir beaucoup de détail dans les décors, des visages très expressifs. Comme il le dit lui-même, certaines planches sont même la copie parfaite d’images filmées lors du massacre. Ses dessins possèdent une force évocatrice, font naître des émotions : l’horreur, le dégoût, l’incompréhension, des sentiments qui vont de pairs avec l’histoire elle-même.
Pour conclure, c’est vraiment un très bon ouvrage. Pas un coup de cœur, on ne peut pas parler de coup de cœur sur une BD d’une telle intensité, sur un sujet aussi dramatique et réel que celui-ci. Mais par contre, c’est clairement une BD à recommander.
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J'ai beaucoup apprécié cette bande dessinée, enfin si l'on peut dire au vu du sérieux et de l'horreur du sujet. Je connaissais un peu le contexte de cette guerre, mais dans les grandes lignes seulement. J'ai trouvé que la BD était vraiment bien documentée, avec des explications claires qui permettent une meilleure compréhension du contexte, j'ai appris beaucoup. Le dessin est sobre, il accompagne bien le texte. Une lecture qui chamboule tout en restant accessible, je recommande !
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L'histoire d'un légionnaire qui pête un cable. Il décide de se reconvertir dans les sociétés militaires privées, au rôle toujours plus ou moins "border-line".
L'histoire raconte, entre autre, comment l'Etat français cultive l'ambiguité afin de régler des conflits là où les militaires seraient inefficaces, ou là où il ne serait pas très politiquement acceptable qu'il s'engage.
Un récit qui donne une toute autre perspective de l'engagement des soldats dans le privé, là où le meilleur payeur devient le patron, et là où les anciens frères d'armes peuvent se retrouver ennemis le temps d'un contrat.
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Il n'y a pas de doute, ce livre est un manuel ! Il débute sur des connaissances théoriques de l'islamisme, un peu d'histoire, une analyse du phénomème, les buts, objectifs et méthodes... Suivi de tous l'aspect pratique de la survie à un acte terroriste... Un trés bon livre, didactique facile à lire, que l'on soit membre des forces de l'ordre ou ménagère de moins de cinquante ans... Le tout dans un style dynamique et accessible ! La cerise sur le gâteau est qu'il nous rappelle que: "nous sommes des cibles...mais pas que !" On sent que les auteurs ont du vécu: membre des forces spéciales pour l'un et journaliste pour l'autre.... Un livre qui nous appelle à être des citoyens responsables, qui nous pousse à nous prendre en main ! Un trés bon livre pour le citoyen lambda qui s'il applique les conseils qui lui sont donnés augmentera ses chances de survie...
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