MOTS
Parfois mes mots retrouvent
le pouvoir de leur magie
j'écris ciel et sur ma feuille
s'arrondit un dôme bleu
et quand vient la nuit
des astres s'y allument
j'écris rose et dans ma chambre
planent les ailes d'un parfum
j'écris femme et sur le sable
de ma page luisante d'écume
s'allonge une jeune baigneuse nue
je plonge avec elle
dans la rivière de mon poème
et si c'est une sirène
je laisse sur mon bureau ma plume
et la suis sous l'eau pour toujours
Lessive
Laver la terre
une fois pour toutes
la laver de tous ses maux
des morts, des guerres
et la suspendre propre enfin
à une corde de lumière
entre la lune et le soleil
(" Le violon vert")
Ô femme douce à la peau de lune
du violoncelle de la nuit
tu sors nue comme une mélodie
(Extrait de Amoureuses)
Ce voyage entrepris vers le soleil, les médecins l'en avaient prévenu, ne pouvait pas durer que deux ou trois années .Mais il avait redécouvert la vie , les fruits, les fleurs, les oiseaux , la lumière , il s'était peu à peu remis au monde, il avait fait de lui un homme neuf , capable même , peut-être , d'aimer de nouveau. Aimer !
Où donc est la nuit ?
Le ciel verse dans la mer
Le bleu de sa lumière
Des mouettes naissent à la cime des vagues
Et leurs ailes d'écume étincellent
Des jeunes femmes translucides
Valsent au large parmi les houles
Et leurs rires déferlent sur la plage
Où donc est la nuit ?
Même les morts que je rencontre
Les bras chargés de fleurs
Et soufflant dans les flûtes du vent
n'en gardent aucun souvenir
Au-dessus des amoureux qui s'enlacent
Luisent les soleils de leurs baisers
Où donc est la nuit ?
On ne l'a jamais vue par ici.
Ce matin par un froid boréal
je vois passer le temps.
et je l'entends
il se compose d'une myriade
de petit grains blancs
emportés par la furie du vent
chaque infime grain de neige
fut ja dis un être humain
dont il ne reste presque rien
par milliards ils sont soufflés
par le vent hurleur du vent
et j'assiste impuissant
à la poudrerie du temps.
J'écoute la musique d'un nuage
Si moelleuse et si douce
On dirait une harpe de vapeurs
Effleurée par les mains invisibles du vent
Mélodie qui apaise et guérit le coeur
Telle une houle d'ouate blanche qui caresse
Avec des huiles bleues
Les brûlures gravées sur le ciel
Par les éclairs d'un puissant orages.
Au bord d'un étang noir
Rond comme un cri muet
Je siffle dans un bois silencieux
J'imite le pinson à gorge blanche
Je remporte sur la mort
La victoire d'un chant d'oiseau
Parmi les âmes
qui me visitent
celles des femmes est une eau pure
qu'on ne voit pas mais dont le murmure
enchante parfois si bien mon coeur
que je laisse couler sur mon violon
la source de leurs pleurs
et de leurs chansons
Cet oiseau qui n'existait pas
Voici qu'il chante dans les bois
Cette fleur qui n'existait pas
Voici qu'elle s'ouvre entre mes doigts
Cet amour qui n'existait pas
Voici qu'il flambe dans mon coeur qui bat