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Bashung, vertige de la vie de Pierre Mikaïloff
Il a marché sur mes plate-bandes et y a fait pousser des fleurs. Un hommage de Christophe à Alain Bashung pour sa reprise des mots bleus. |
Oui, j`ai toujours écrit de la fiction parallèlement à mes écrits autour de la musique. Ma première publication, Some clichés : Une enquête sur la disparition du rock`n`roll, était un recueil de nouvelles, imprégné, il est vrai, de références musicales. Suite au bon accueil critique de celui-ci, des éditeurs m`ont proposé d`écrire des biographies de musiciens et des essais consacrées à des mouvements socioculturels comme le punk. Les nombreux ouvrages liés à la musique que j`ai publiés depuis 2007 ont un peu (beaucoup) éclipsé ma production de fiction, mais le rapport va désormais s`inverser.
Elles sont diverses. Je connais assez bien le polar classique américain, des années 1930-50, que j`adore, les Chandler, Hammett, Thompson… Mais j`aime aussi la relecture qu`en ont fait certains écrivains qui appartiennent à la contreculture des années 1960, comme Richard Brautigan ou, bien sûr, Bukowski, avec son superbe Pulp. Je lis ici et là des polars contemporains, mais je ne m`inscris pas dans cette approche qui privilégie la précision factuelle au détriment de l`imaginaire. Je ne m`intéresse pas aux détails techniques : par exemple, la façon dont les différents services de police fonctionnent. Je ne fais pas du reportage. Ce qui m`importe, c`est l`histoire, les personnages, et les interactions entre ces derniers. En ce qui concerne le format « policier », je suis très influencé par le cinéma, peut-être plus que par la littérature : les frères Coen, les premiers Tarentino, Guy Ritchie, et leurs ainés, Siegel, Aldrich, Fuller…
Je le vois comme une sorte de Leonard de Vinci ou de Nikola Tesla, un scientifique en avance sur son temps, dont les seules limites sont les moyens techniques disponibles à son époque. Je suis loin de posséder un esprit scientifique, j`arrive à peine à effectuer une division, mais d`après ce que j`ai compris, en extrapolant un peu, les travaux de Bošković portaient sur les univers parallèles, la réalité virtuelle… Toutes choses qui intéressent particulièrement les complexes militaro-industriels. D`autre part, Bošković présentait la particularité d`être jésuite. de là à conférer à ses recherches une dimension mystique…
L`argent ! Non, ça, c`est ce qu`ils croient, mais au fond, malgré les deux décennies qui les séparent, ils se ressemblent. Ils sont seuls et inadaptés. Schmack a raté tout ce qu`il a entrepris, il a été viré des services spéciaux pour alcoolisme. Et Andy est un receleur sans ambition, pas spécialement malhonnête, simplement, il n`a pas envie de se lever chaque matin pour se rendre au bureau. Ce qui fait de lui un être censé. Tous deux sont des individualistes forcenés. Ils ne sont pas spécialement brillants, mais suffisamment lucides pour n`adhérer à aucune des philosophies en « isme » que l`humanité a produites au cours des deux derniers siècles.
Le roman est effet tapissé de références rock. Lorsque l`on aménage un nouvel appartement, on y introduit des objets familiers pour s`y sentir chez soi. C`est peut-être ce que j`ai voulu faire. On trouve notamment une courte digression sur Rod Stewart et le rock prolo anglais, entre deux actions qui font progresser l`enquête. Lorsque j`ai cherché un nom pour les deux frères, anciens du Vietnam, lancés à la poursuite d`Andy, il était tentant de faire un clin d`œil aux frères Asheton (membres fondateurs des Stooges, pour ceux qui auraient besoin d`une piqure de rappel). Les vrais Asheton étaient déjà tellement caricaturaux qu`il n`y avait pas à forcer le trait. Ron Asheton, par exemple, montait sur scène en treillis, avec une Croix de Fer en guise de sautoir, et avait appelé l`un de ses groupes New Order, en référence au projet géopolitique d`Adolf Hitler. Charmant personnage, n`est-ce pas ?
Je ne m`en étais pas rendu compte, mais peut-être que cela transparaît : je dévore au moins un film par jour et lis également des scénarios. Je suis sensible à l`impact d`un dialogue, au rythme d`une scène… J`essaie d`appliquer dans mes écrits deux règles scénaristiques essentielles : get in late, get out early et show, don`t tell.
C`est un bonheur sans partage de revenir à la fiction à travers ce roman, d`autant qu`il est bien accueilli, les lecteurs comprennent où je veux aller et ont envie de faire le voyage avec moi, enfin, avec Schmack et Andy. L`investissement est très différent de celui que nécessite une biographie. Dans le cas d`une bio, l`histoire a déjà été écrite par un autre. Tu la racontes avec ton regard et ta sensibilité, certes, mais aussi fidèlement que possible. Dans le cas d`un roman, tu poses ta petite barque sur l`immense océan et, à partir de là, tu es seul face à tes personnages. Tu as la responsabilité de les amener à destination, quel que soit la nature de celle-ci.
Je ne suis pas sûr qu`il y en ait un en particulier. le besoin de raconter une histoire préexiste à l`écriture. C`est aux histoires que j`ai d`abord été sensible, avant de songer à qui en était l`auteur. Quand j`y réfléchis, il y a sûrement un épisode fondateur : je me souviens de longues promenades en été, lorsque j`étais enfant, durant lesquelles ma tante me racontait les films qu`elle venait de voir en salle. Les promenades duraient à peu près le temps d`un long-métrage et, pendant qu`elle me racontait Soleil vert, de Richard Fleischer, mon imaginaire fonctionnait à plein régime, pour produire les images qui allaient avec. Écrire, c`est poursuivre une longue tradition qui a dû commencer au coin d`un feu, dans une grotte, pour se consoler d`une chasse à l`auroch dont on serait rentré bredouille.
Aucun, parce que nous boxons tous dans des catégories différentes. Mais quand, dans ma catégorie, je ne suis pas au niveau, je me dis : « Là, mon petit gars, il faut bosser ! » Il y a cependant des phrases que j`aurais aimé écrire, comme : « Il y avait pire que d`être dans la dèche, mais là tout de suite, Jack Levitt ne voyait pas quoi. » (Don Carpenter)
La science-fiction. C`est passé par des romans populaires, comme la série des Fantômas, de Souvestre, puis très vite, j`ai découvert la SF américaine, et enfin, française, avec des gens comme Jean-Pierre Andrevon. Pendant mon adolescence, j`ai passionnément lu Asimov, Ray Bradbury, James Graham Ballard, A.E. Van Vogt… grâce aux collections « Présence du futur », chez Denoël, « Science-fiction », dirigée par Jacques Sadoul, chez J`ai Lu, ou encore « La Grande anthologie de la Science-fiction » du Livre de poche, avec ces titres inoubliables : Histoires de robots, Histoires de fin du monde…
Probablement Women , de Bukowski, ex-aequo avec Paris est une fête, d`Hemingway, et Jours tranquilles à Clichy, de Henry Miller.
La Guerre et la paix, de qui vous savez.
Armageddon Rag, de George R. R. Martin. Une claque !
Rien de ce qui est considéré comme « classique » ne présente d`intérêt. La vie, la création, sont dans les marges. La plupart des auteurs qui étaient au programme quand j`étais au collège, puis au lycée, étaient illisibles. J`y ajouterais ces "must read" de la littérature du XXème siècle, comme Le Livre de ma mère, d`Albert Cohen, ou les ouvrages de Le Clézio, qui, vus de (très) loin, me paraissent être des sommets d`ennui.
Issues de la littérature, je ne sais pas, mais j`aime bien cette phrase de Lou Reed, « I don`t answer questions like that », et celle-ci, de Waron Zevon, « Enjoy every sandwich. »
Je viens de terminer Armageddon Rag et ai repris la lecture de Train de nuit pour Babylone, de Ray Bradbury. En outre, je recommande celle d`Appareil volant à basse altitude, de James Graham Ballard, que je survole en parallèle.
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Bashung, vertige de la vie de Pierre Mikaïloff
Il a marché sur mes plate-bandes et y a fait pousser des fleurs. Un hommage de Christophe à Alain Bashung pour sa reprise des mots bleus. |
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V2 sur mes souvenirs : A la recherche de Daniel Darc de Pierre Mikaïloff
La mort est romantique pour ceux qui survivent.
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Téléphone ça (c'est vraiment eux) de Pierre Mikaïloff
Si Ezrin ne renverse pas des canettes de bière sur les pianos à queue pour obtenir le son ultime, comme tous les top producers, il cultive sa touche de bizarrerie : les premiers temps, il est tout simplement absent. Corinne : "ça faisait quinze jours qu'on répétait l'album tout seuls dans un studio. Bob tournait dehors dans le couloir. Et puis, un jour, après une chanson, il est entré comme un fou et à dit : "ça y est, j'ai trouvé. J'ai trouvé ce qu"il faut faire de vous sur le disque". |
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Gasoline Alley de Pierre Mikaïloff
Tandis que je versais une goutte de quelque chose dans sa tasse, il a sorti son arme et l'a posée devant lui. Je ne savais pas s'il fallait interpréter ce geste comme un signe de paix ou une menace.
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Gasoline Alley de Pierre Mikaïloff
Schmack était à la peine. Le sac de sport dans lequel il avait entassé un échantillon de son armurerie, en cas de mauvaise rencontre , le ralentissait. Il avait vainement tenté de m'expliquer le maniement d'un automatique, avant de conclure, fataliste : -Au pire, tire dans le tas. On a souvent de bonnes surprises. |
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V2 sur mes souvenirs : A la recherche de Daniel Darc de Pierre Mikaïloff
"Ce que je fais maintenant, c'est plus forcément du rock 'n' roll. Le rock'n'roll je l'ai avec moi."
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Terminus Las Vegas de Pierre Mikaïloff
Ces gars de Nashville sont tout de même un peu tordus. Trouvez pas ?
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Téléphone ça (c'est vraiment eux) de Pierre Mikaïloff
Cette agitation n'est pas vaine. Ces nuits sans sommeil, ces rappels arrachés avec les dents, ces litres de sueur déversés fidélisent peu à peu un premier noyau de fans. Les journalistes les plus perspicaces remarqueront bientôt que cette fille et ces trois freluquets ont quelque chose de plus.
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Gasoline Alley de Pierre Mikaïloff
Il m'a alors tendu son calibre en me demandant de viser les pneus. Ma nature veule m'aurait plutôt poussé à négocier , mais autant essayer de dissuader Hitler d'envahir la Pologne. Le chaos était une seconde nature chez Schmack.
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Génération(s) Téléphone de Pierre Mikaïloff
"C'est comme une pyramide, illustre Corine. T'enlèves une pierre, tout se casse la gueule."
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Qui est le père de Tristan?