Ils ne comprenaient pas que le délabrement d'une civilisation est d'abord intérieur.
"Qu'on comprenne bien : ce n'était pas simplement le manque de neutralité des journalistes qui était en cause.
Certains, à coup sûr, se livraient à des commentaires tendancieux, voire à de honteux bourrage de crâne. Et le public, parfois, devait gober d'énormes falsifications.
Mais c'était l'idée même d'une information objective qui était illusoire.
Les poètes et les prophètes, eux, savent qu'ils créent ou recréent la réalité à leur manière.
Trop de modernes, ingénument, croyaient pouvoir échapper à la nécessité d'interpréter les faits, de leur donner sens en les intégrant dans un cadre mythique."
Les activités dites ludiques se trouvaient à la fin du XX ème siècle, presque complètement colonisées par les marchands.
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(Rappel le livre évoque une étude qui serait faite en 2081 sur notre époque et les raison de son "implosion")
http://wp.me/p5DYAB-Uk
Si l'occident s'était effrité, s'il s'était culturellement décomposé, c'était parce qu'il avait fini par perdre tout sens poétique.
Car en réduisant l'âme humaine à un "appareil psychique", ils en faisaient un objet. Lequel objet pourrait être scientifiquement et expérimentalement analysé, se prêterait à toutes sortes de traitements psychologiques ou neurochirurgicaux, et serait la cible privilégiée des psychotechniciens de la propagande et de la publicité. Selon le professeur Dupin, cette grossière conception de la psyché était insidieusement répressive. Éliminer l'âme, n'était-ce pas nier ou dévaluer l'univers du Sens ? N'était-ce pas exclure la poésie ? Car un poète ne s'adresse pas à des "appareils psychiques". Il s'adresse à des hommes et des femmes qui ont une âme. faute de l'avoir compris, les Occidentaux étaient condamnée à une perpétuelle errance.
..L'institution scientifique vit dans une société où se posent des problèmes graves.Or,l'aristoscience ,par définition, est une science qui ne tient pas compte de ces problèmes "externes" ;ses orientations sont dictées par des exigences internes ,par la logique propre d'un certain système cognitif.
A tout le moins, on peut s'interroger. Je le répète :il me paraît éminemment regrettable que « la science », dans une société comme la nôtre, soit trop souvent présentée de façon simpliste — comme s'il s'agissait d'un Savoir totalement pur, neutre, objectif et transcendant.
"Car (ces notions) m'ont fait voir qu'il est possible de parvenir à des connaissances qui soient fort utiles à la vie, et qu'au lieu de cette philosophie spéculative qu'on enseigne dans les écoles, on en peut trouver une pratique, par laquelle connaissant la force et les actions du feu, de l'eau, de l'air, des astres, des cieux et de tous les autres corps qui nous environnent, aussi distinctement que nous connaissons les divers métiers de nos artisans, nous les pourrions employer en même façon à tous les usages auxquels ils sont propres, et ainsi nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature." Descartes - Le Discours de la méthode
(page 281)
… Et Descartes avait installé des cloisons. (…) L'art s'occuperait du Beau ; la religion du Bon ; la morale de l'Utile ; et la science du Vrai. L'Occidental moderne serait toujours un homme frustré et déchiré. (page 287)
À savoir que, peu après la mort de Charlemagne, certains clercs considéraient « le progrès technique comme exprimant la volonté de Dieu ». Le bon chrétien était un chrétien prêt à œuvrer au perfectionnement des machines.
Le christianisme avait-il donc été en Occident le « moteur » principal de l’essor technologique ? La réponse, on s’en doute, n’est pas simple.
(page 247)