Francis admire ces arbres qui nous dépassent. Ce sont les plus grands des êtres vivants et ceux qui durent le plus longtemps, des témoins immenses à la mémoire de plusieurs siècles. Francis les respecte et sait les économiser, tirer le maximum d'une planche lors du tracé avant de lancer la scie.
Le lieu que Jeannine a créé à son image est plus éloquent, avec ses photos, les cartes postales des amis et tant de souvenirs. Tout parle d'elle, de même qu'une œuvre révèle l'artiste. Tenir un bistrot est un art très vivant.
Fallait pas les enlever ! Les toiles d'araignée ça protège le jambon des mouches !
Ses souvenirs sont d'une précision admirable : "Tu ne l'as pas connu, lui. Ça fait quatorze ans qu'il est mort."
Les temps se mélangent, les épopées de comptoir reviennent en mémoire.
A force de parler du bon vieux temps ,de prétendre que c'était mieux hier, on oublie de préparer demain !
Lorsqu'un bistrot ferme un groupe humain se disloque.
Au café du coin, certains thèmes ne doivent pas être abordés. Jeannine apprécie peu que l'on parle du travail. "Qu'est-ce-que tu fais dans la vie ?" n'est pas une question taboue ni déplacée, mais la patronne rembarre volontiers celui qui étale son statut social. A hauteur de comptoir, tout le monde se retrouve au même niveau et occupe la même place, celle d'un tabouret.
Les écrivains paysans sont trop souvent fils ou petit-fils d’agriculteurs, qui ont fait carrière ailleurs et, à la retraite, la nostalgie prenant, qui commencent à écrire. Les vrais paysans, ce sont leurs parents qui se sont saignés aux quatre veines pour payer leurs études.
Le tintement des cuillères résonne dans les tasses. En Mayenne, le café est servi dès votre arrivée., ou lorsque vous exprimez l'intention de partir, afin de vous retenir encore un peu.