Francis Renard aura 97 ans en 2020. Il a commencé à travailler à 13 ans, certificat de fin d'études en poche, dans l'atelier de son père, charron. Pendant 80 ans il forgera le fer, sciera le bois, fabriquera charrettes, carrioles, tonneaux, outils agricoles, portes et fenêtres, meubles, etc. dans un bourg de Mayenne.
Pierrick Bourgault, dont le père a été ouvrier chez Francis, lui fait raconter la vie d'autrefois, une vie plus simple mais pas plus facile, où seul ou presque le travail rythmait le temps qui passait. Il nous fait découvrir des métiers oubliés, l'art de fabriquer une roue, un tonneau ou une charrette avec l'énergie du feu et la seule force humaine, avant que n'apparaissent les moteurs...
C'est à un véritable voyage dans le temps, au cœur d'un monde d'artisans et d'agriculteurs, que l'auteur nous invite. C'est aussi un retour vers la nature, et notamment vers les arbres, qui poussaient en liberté et dont on cherchait à tirer le maximum, selon leurs essences.
Le hasard a voulu que j'aie lu le récit de Pierrick et Francis simultanément avec L'arbre monde de Richard Powers. Il y a une évidente communauté de pensée entre ce que peut dire Francis Renard sur le bois et les arbres, cette sorte de respect de l'homme envers le matériau vivant, et le sens de ce qu'écrit Powers sur les véritables héros de son roman, les grands arbres, et sur ceux qui veulent soit les protéger, soit les exploiter le plus possible.
Un monde révolu sans doute, vers lequel on n'est pas près de revenir, du moins pour ce qui concerne l'utilisation de la force des machines, mais qui nous dit qu' il y a urgence à protéger ces sources de vie que sont les arbres, pour en exploiter les ressources à bon escient !
Un livre de mémoire, celle d'un artisanat sans doute définitivement perdu pour le grand public, mais aussi un hommage à une nature en danger.
Lien :
http://michelgiraud.fr/2020/..