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Critiques de R.M. Guéra (59)
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Django unchained

Django est pour moi la quintessence du western moderne. Quentin Tarantino a réussi a ressusciter le genre pour lui apporter un nouveau souffle et surtout une dimension nouvelle et originale. Le film est un monument que je préfère nettement aux films d'antan n'en déplaise aux vieux nostalgiques et jeunes suiveurs. Que dire de cet humour parodique souvent audacieux ? Oui, c'est son film le plus abouti car le plus cohérent. C'est le genre de film qui nous fait aimer le cinéma.



Tarantino nous livre sa version en bd. Il est vrai que le passage à ce format n'est pas sans perte. On ne retrouve plus l'humour des situations, le sadisme ainsi que le raffinement. Par contre, c'est compensé par de petites scènes inédites qu'il n'a pu mettre dans son film faute de temps. Les fans pourraient être contents mais c'est un peu comme les bonus de nos blu-ray à savoir totalement dispensables.



Pour le reste, le récit de cette vengeance demeure spectaculaire car avec le souffle d'un génie.
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Django unchained

Une fois n'est pas coutume, c'est d'un film que l'on tira une BD.

Django, Tarantino est alors au sommet de son art, s'cusez du pneu !

Scénario chiadé, bande originale mythique, que du lourd.

Les adorateurs du film devraient y trouver leur compte, la version à bulles égalant presque celle sur grand écran.

A tous les autres que j'envie et ignorant totalement de quoi il retourne, un seul mot d'ordre, ruez-vous dare-dare sur l'objet livresque qui présente la particularité de posséder quelques plans alors gommés de la version originale..



Django est aux mains de négriers lorsqu'il croise la route du bon Dr Schulz.

Cinq minutes et quelques échanges d'amabilité plus tard, c'est en homme libre qu'il chevauche à ses côtés.

Bien plus qu'un libérateur, il deviendra son mentor.

L'homme qui fera de lui la plus fine gâchette du Sud mais également celui susceptible de lui faire retrouver les bras protecteurs de Broomhilda, sa dulcinée.



On est pas loin du sans-faute.

La particularité de ce récit, l'alternance de dessinateurs se succédant régulièrement avec un bonheur presque égal. Et c'est ce presque qui fera ici toute la différence. Si trois d'entre eux se lisent avec une continuité dans les traits presque rassurante, lorsqu'apparait Danijel Žeželj, j'avoue avoir les yeux commencer à piquer.

Trait épais, sombre, imprécis, cassant véritablement une dynamique jusqu'alors irréprochable.

Ceci étant dit et purement subjectif, rien de rédhibitoire au point de vouloir faire l'impasse.

Un découpage vivant, des dialogues à la verve rafraichissante (mention spéciale à Schulz), tout concorde finalement à ce que cette variante crépusculaire tienne la dragée haute à sa version primitive.

A découvrir ou redécouvrir fissa.



4.5/5



https://www.youtube.com/watch?v=xdOykEJSXIg
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Django unchained

Avec un mode de narration différent, des passages inédits et une efficacité assez comparable, le comics Django unchained vaut une lecture. Une chose manque toutefois - parmi d'autres - par rapport au long métrage : le ton et l’usage du verbe, aussi particulier que malicieux de l’ancien dentiste allemand, sont ici noyés dans une ambiance plus sèche.
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Django unchained

Un adaptation BD qui arrive après le film, ce n'est pas banal. Et aussi très intéressant puisque, pour la BD, contrairement au film, il n'y a pas eu des scènes coupées.

Et c'est certainement pour cela que je trouve ce récit beaucoup plus complet que ne l'avait été le film : on voit la progression de "l'apprentissage" de Django en homme libre chasseur de primes.

Par contre le final, qui avait été tourné à seau d'hémoglobine, m'a semblé beaucoup plus soft dans cette version.

Encore un film à revoir.
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Django unchained

L'intrigue reste la même. Pour qui connait bien le film, il appréciera de relire cette histoire. Pour les néophytes, c'est un bel hommage au genre. [...] Ce récit ne révolutionne pas le genre. Il est prenant, passionnant et intéressant pour ceux qui sauront apprécier les "scènes additionnelles" !
Lien : http://www.sceneario.com/bd_..
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Django unchained

Django Unchained, le film de Quentin Tarantino, a remporté un très grand succès au niveau du public et des critiques en 2013.



Dès janvier 2014, la BD fait son entrée dans le prolongement du film, puisque c’est Tarantino en personne la scénarise avec plusieurs illustrateur qui assurent le dessin.

Django, ancien esclave s’associe avec le Dr. Schultz en tant que chasseurs de prime. Les deux hommes vont développer une belle amitié et tenter de sauver Bromhilda, l’épouse de Django, vendue comme esclave à l’un des plus vils « négriers » du Mississippi…



Un film que j’ai beaucoup aimé, avec le très bon casting de Jamie Fox à De Caprio en passant par Christoph Waltz dans le rôle du docteur Shultz.



Même si la BD se laisse lire, j’ai été déçue dans l’ensemble.



La transposition du script d’origine de Tarantino, avec les scènes coupées promettait d’être superbe ! Mais je n’ai pas ressenti de plaisir particulier !



La reproduction est trop identique au film, sans se démarquer, alors que le support BD, donne une liberté d’action, c’est en fin de compte une transposition du script d’origine, du coup je me suis ennuyée…



Le Dr Shultz n’a aucun charisme ! L’attitude plutôt cool de Django a disparu et la BD perd tout l’attrait que le film avait.



J’ai trouvé dommage que les dessins soient trop ressemblants aux visages des acteurs du film, au lieu de partir sur des nouveaux en accentuant peut être leurs traits de caractère, en plus les visages sont vraiment ratés (enfin pour moi)



Danijel Zezelj est le seul qui se démarque et dont j’ai aimé les dessins, il n’a pas essayé de copier le film et ça fait u bien.



Pour un western, il y a une absence quasi douloureuse de décors ! Ce qui donne une BD quasiement ans âmes.



Malgré quelques planches très sympa, cette BD n’apporte rien de nouveaux.



peut être suis-je influencée par le film, peut être qu’une personne qui ne l’a pas vu aura un oeil nouveau et trouvera à cette BD l’âme qui lui manque !



Pourtant Tarantino s’est entouré de pas moins de 4 talents, ce qui entraine différents coups de crayon propre à chacun et peut perturber la lecture.
Lien : https://julitlesmots.wordpre..
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Django unchained

1858, quelque part dans le Texas... En pleine nuit, deux négriers trainent avec eux sept esclaves noirs achetés au marché de Greenville. Un homme, se présentant comme le docteur King Schultz mais reconverti en chasseur de primes, les accoste. En s'adressant aux esclaves, il leur demande si l'un d'eux n'aurait pas résidé à la plantation Carrucan. Un nègre, Django, s'avance. Le docteur lui explique alors qu'il est à la recherche des frères Brittle, leurs têtes ayant été mises à prix, et qu'il souhaiterait l'aide de ce dernier pour les retrouver, ne sachant à quoi ils ressemblent. Schultz propose 80$ pour acheter Django mais les négriers ne l'entendent guère de cette oreille, leur esclave n'étant pas à vendre. Les balles fusent, l'un des négriers est tué, l'autre blessé. Après quelques billets jetés à terre, le docteur libère les esclaves et part avec Django. Evidemment, lorsqu'ils débarquent à Daughtrey, l'aubergiste voit d'un très mauvais œil ce noir qui entre dans son saloon. Les autorités locales sont prévenues de cette intrusion. Le shérif, qui se trouve être finalement un hors-la-loi , est abattu froidement. Les deux hommes s'en sortent bien. Le docteur Schultz va ainsi prendre Django sous son aile, lui apprendre à tirer et à devenir un véritable chasseur de primes. Mais, il va également l'aider à retrouver sa femme, Broomhilda, enlevée, martyrisée et vendue aux enchères aux frères Brittle...



Une fois n'est pas coutume, le 7ème art a inspiré le 9ème... Cette version papier reprend l'intégralité du script du film de Quentin Tarantino. En effet, des scènes ont dû être coupées dans le film pour s'adapter aux exigences du cinéma. "Django Unchained", réalisé en 2012, avec au casting Jamie Foxx, Samuel L. Jackson et Leonardo DiCaprio, a connu un vif succès dans les salles obscures.

Divisé en 7 chapitres, Quentin Tarantino et Réginald Hudlin au scénario, nous plonge au cœur de cette Amérique du XIXème siècle et nous offre un western riche, quelque peu revisité, qui fleure bon la poussière, la vengeance et les règlements de compte. L'on suit la chevauchée de ces deux hommes à travers les Etats-Unis, du Texas au Tennessee, à la recherche de Broomhilda. Les personnages sont d'une force incroyable et les scènes de violence ne manquent pas.

Pour le dessin, Tarantino s'est entouré de pas moins de 4 talents, Guera en tête. L'on pourra justement regretter les différents coups de crayon propre à chacun d'eux, ébranlant quelque la lecture. Les traits sont d'une noirceur implacable, les jeux d'ombre et de lumière sont omniprésents, créant une ambiance d'autant plus sombre. Les pleines pages entre chaque chapitre sont magnifiques.

Même si cet album comporte des scènes supplémentaires par rapport au film, cela ne gâche en rien la lisibilité du scénario, bien au contraire. Avec pas moins de 280 pages, il rend magnifiquement hommage au 7ème art tant l'adaptation est fidèle.



Django Unchained... une version papier aussi réussie que le film!
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Scalped - Intégrale, tome 2

Scalped ne vous déçoit pas. Cette nouvelle édition intégrale permet aux "retardataires" de retrouver l'une des meilleures séries de ces dernières années, d'un très haut niveau.
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Scalped - Intégrale, tome 2

J'avais emprunté le premier tome un peu par hasard, dans mon envie de découvrir davantage de comics et, si ça m'a plu, je n'ai pas non plus adoré ce second volume.



Dans ce second tome, nous retrouvons une galerie de personnages complexes et torturés, et notamment Dashiell Bad Horse qui travaille à la police et va se retrouver confrontée au meurtre de sa propre mère et Red Crow, son chef, que Bad Horse doit faire tomber en sa qualité d'agent double.



Le scénariste, Jason Aaron, a choisi comme décor les réserves des natif•ves américain•es et on voit, dans ce second tome, l'importance que cela revêt pour l'intrigue. Il n'était pas toujours facile de suivre le cours de l'histoire, mais c'était assez intéressant.



Quant aux illustrations de R.M. Guéra, elles sont très sombres et sanglantes. Il y a énormément de meurtres, de personnes passer à tabac, voire de scènes de torture dans ce comics. Je ne suis pas particulièrement sensible à ce genre de scènes sauf lorsque "c'est trop" et j'ai trouvé que l'illustrateur parvenait à bien doser cela.



Même si j'ai aimé ma lecture, je ne l'ai pas appréciée autant que je l'imaginais. Il se passe beaucoup de choses et il y a, encore une fois, pas mal de violence dans ce récit, si bien que je ne savais plus vraiment où donner de la tête. C'est une série intéressante mais je ne sais pas encore si je vais la poursuivre !
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Scalped - Intégrale, tome 2

Ce tome contient 2 tomes de l'édition initiale.



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- Dead mothers : épisodes 12 à 18 de la série, parus en 2008. Il faut impérativement avoir commencé la série par le premier tome. Tous les scénarios sont de Jason Aaron.



Épisode 12 (illustrations de John Paul Leon) - Dashiell Bad Horse passe une nuit pénible, seul chez lui. Il réfléchit à sa situation d'agent double, aux risques inhérents, à sa condition. Aaron s'attarde sur ce personnage pour donner quelques éléments d'informations supplémentaires sur son parcours, pour définir son état d'esprit. C'est également l'occasion pour lui d'approfondir la condition d'amérindien. Le discours de Lincoln Red Crow sur la réserve permettait au lecteur de bien comprendre qu'Aaron n'avait pas choisi le lieu de son intrigue au hasard. Avec cet épisode, le scénariste montre que ces personnages ne se contentent pas d'avoir la peau cuivrée ; ils ont grandi dans un milieu indien, ils sont imprégnés de cette culture, ils sont indiens appartenant à différentes tribus. Aaron inscrit la réserve et ses habitants dans l'histoire de ce peuple, ses croyances et ses coutumes. Il s'agit d'un parti pris risqué qui peut vite tourner à la caricature réductrice ou à la simplification exotique prédigérée pour tourisme de masse. Ici Aaron montre que son honnêteté de créateur l'amène à aborder cet aspect de ses personnages. Il n'est qu'à moitié convaincant pour les croyances et la mythologie (difficile de décrire avec respect et conviction des individus animistes), il reprend toute sa force et sa pertinence lorsqu'il y associe l'histoire de ces nations. Les illustrations de John Paul Leon sont sombres à souhait, avec une bonne densité d'informations visuelles. Il sait décrire avec justesse les petits gestes quotidiens tels que l'ouverture d'une bouteille de bière sur un coin de table, ou le rasage du crâne de Dashiell. Elles sont juste un cran en dessous de celles de R.M. Guéra.



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Épisodes 13 à 17 "Dead mothers" (illustrations de R.M. Guéra) - Le cadavre de femme scalpée (dernière image du tome 1) a été retrouvé dans le désert. Lincoln Red Crow se rend sur place pour rendre hommage à cette personne qu'il a bien connue. Pendant ce temps, Dashiell Bad Horse mène une descente dans un laboratoire clandestin de méthamphétamine. Il y trouve un autre cadavre de femme, ainsi que ses 5 enfants (dont Shelton l'aîné) encore en vie. Il obtient le nom de son meurtrier d'un des truands : Diesel Engine. Il s'occupe un peu de Shelton dans les jours qui suivent. Et il rencontre à nouveau son contact au FBI qui lui apprend qu'il y a un deuxième agent infiltré dans la réserve.



Après une nuit d'inauguration mouvementée et complexe du casino, Aaron revient à sa première intrigue : le destin de Dashiell Bad Horse, et sa mission d'agent double. Mais déjà la série n'est plus l'histoire d'une seule personne. Dashiell s'en incarné en tant qu'individu pour le lecteur et ces épisodes développent encore sa personnalité, ses valeurs, ses convictions, sa souffrance. Lincoln Red Crow occupe une place tout aussi importante et il incarne pleinement la génération précédente, ce qu'elle a construit et comment elle l'a construit. Aaron propose toujours un polar (intrigue policière + problématiques sociétales) brutal, méchant et viril se développant sur une intrigue machiavélique. Le lecteur découvre au fur et à mesure les ramifications des actions des uns et des autres, leurs liens, le poids de leur culture et de leur éducation. Aaron réussit un roman de genre dans ce qu'il a de plus révélateur de notre société, de la nature humaine. Même la composante la plus risquée (les traditions culturelles des nations indiennes) commence à faire sens lorsque Dashiell évoque la légende d'Iktomi à Shelton.



C'est avec un énorme plaisir que le lecteur retrouve les illustrations de R.M. Guéra. L'intérim assuré par John Paul Leon, puis par Davide Furnò permet de mieux apprécier le talent de cet illustrateur. Dès la première scène (3 pages sans texte où Lincoln Red Crow se recueille devant le cadavre scalpé en plein désert), le lecteur plonge dans cette partie monde auprès de ces individus à la présence irrésistible. Dès que Red Crow apparaît il s'en dégage un incroyable magnétisme. Guéra en fait un individu imposant aux traits fermés marqués par l'âge, au langage corporel décidé, à l'allure presque régalienne. L'attitude des personnes qui l'entourent témoigne également de son aura, de son ascendant. Les apparitions de Baylis Earl Nitz permettent également de mesurer toute l'intensité de son implication dans les affaires de la réserve Prairie Rose. Là où Guéra fait encore plus fort, c'est qu'il est capable de dessiner Shelton (très jeune adolescent) de manière crédible. Rendre plausible des enfants dans un récit très noir est un tour de force que peu de créateurs peuvent se vanter de réussir. Or dans ce cas précis, Shelton est bien un enfant déjà autonome et se comportant comme un enfant de son âge, sans mièvrerie, sans que le lecteur ait l'impression de voir évoluer un adulte de petite taille. L'apparence de Mister Brass (un nouveau venu annoncé dans le tome précédent) est également inoubliable, ainsi que ses actes de torture. Guéra continue d'être à l'aise dans la représentation des différents environnements, logements ou milieu naturel.



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Épisode 18 (illustrations de Davide Furnò) - Lincoln Red Crow a confié l'enquête sur la femme scalpée à l'officier Franklin Falls Down. Cet épisode permet d'en apprendre plus sur ce personnage et ses motivations, pourquoi il continue d'être intègre et de bosser dans ce lieu sans foi ni loi. Malgré les épreuves vécues par Falls Down (à commencer par son nom indien peu flatteur, et qui n'a rien à voir avec un animal fringant), ce personnage apporte une touche positive dans cette histoire où tout le monde voit la violence sur autrui comme une bonne solution à ses problèmes et un défouloir efficace. Aaron en profite pour intégrer un autre élément folklorique : la hutte à sudation (sweat lodge) qui trouve sa place tout naturellement. Les illustrations de Furnò sont tout aussi noires que celle de Guéra, en plus griffée. Le décalage graphique est plus important qu'avec John Paul Leon, mais l'ambiance de la série est respectée.



La mise en couleurs de ces épisodes est assurée par Giulia Brusco. Elle utilise des teintes qui évoquent celles de la terre rouge du désert, de la lumière implacable, des matériaux de construction bon marché. Brusco sait à la fois rester en retrait des images, faciliter leur lecture et renforcer chaque ambiance.



Ce tome emmène le lecteur toujours plus près des personnages, plus près de leur essence, dans le cadre d'un polar toujours aussi violent, brutal, sadique et désespéré. Aaaron et Guéra réalisent l'équivalent d'un roman, en termes de densité des personnages, de complexité de l'intrigue, de substance des comportements psychologiques. Ils ne se limitent pas à tirer les bénéfices de la réserve indienne pour ce qui est de la population déshéritée, ils s'aventurent sur le territoire de l'héritage culturel des amérindiens, petit à petit, et ils s'en sortent plutôt bien.



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- The gravel in your guts : épisodes 19 à 24, parus en 2008/2009. Tous les scénarios sont de Jason Aaron.



Épisodes 19 & 20 (illustrations de Davide Furnò, couvertures de Tim Bradstreet) - Dashiell Bad Horse se heurte aux limites de ses interventions professionnelles, et à une proposition inattendue et dangereuse de Lincoln Red Crow. Carol Ellroy se heurte à son quotidien étriqué et dégradant de serveuse dans un troquet, au comportement entreprenant des clients, et à ses souvenirs.



Jason Aaron développe l'histoire de ses personnages. Il s'attache cette fois-ci à la relation entre Dashiell Bad Horse et Carol Ellroy, en revenant sur le passé de Carol. À nouveau, Aaron surprend le lecteur, il façonne petit à petit des individus complexes, au passé forcément traumatisant puisqu'il s'agit d'un roman noir, mais aussi d'une tragédie. Au fil des pages le lecteur peut commencer par sourire devant une telle accumulation de coups du sort, mais la passion des personnages et le savoir faire d'Aaron transforment ces ressorts dramatiques traditionnels en une étude de caractère psychologique qui montre plutôt qu'elle n'explique, qui fait apparaître les émotions, les liens affectifs et les horreurs de la condition humaine, à commencer par l'incommunicabilité. Ce dernier point est mis en images dans une scène d'une intensité incroyable, aussi désespérée qu'humaine.



Si les illustrations de Furnò semblent un peu fades par comparaison avec celles de Guéra, il fait la preuve dans cette scène entre Dashiell et Carol d'une sensibilité et d'une justesse remarquables au travers de sa mise en page. La densité d'informations visuelles dans ses cases est un peu plus faible, mais le découpage et la mise en scène s'avèrent vivants et adaptés au récit. La scène finale achève le lecteur, en s'inscrivant dans le ton tragique du récit. Impossible de rester de marbre devant la décision de Dashiell Bad Horse.



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Épisodes 21 à 24 (illustrations de RM Guéra, couvertures de Jock) - D'un coté, Lincoln Red Crow doit gérer les affaires courantes : Mister Brass très encombrant et très salissant (il s'agit de l'envoyé des Hmong pour s'assurer des qualités de gestionnaire de Red Crow, du fait qu'ils ont investi de l'argent dans le casino), le souvenir de l'âme d'une défunte, l'impatience grandissante de Shunka (Uday Sartana), et les magouilles de ses hommes de main. De l'autre coté, Dino Poor Bear a enfin réparé sa Camaro ce qui le met dans un pétrin inextricable.



Aaron se tourne cette fois-ci vers Lincoln Red Horse et Dino Poor Bear, en mettant en évidence les différences dans leurs parcours. À nouveau, il ne s'agit pas d'un dispositif un peu artificiel pour donner un air intelligent au récit. Comme pour Dashiell et Carol, l'histoire de ces 2 personnages s'entremêle. Ces 2 individus sont à leur manière le produit de leur environnement qui magnifie leurs traits de caractère. Le lecteur en découvre plus sur le passé de Lincoln Red Crow, ses liens avec Gina Bad Horse et Reginald Standing Rock. Il peut également observer comment Red Horse se perçoit lui-même et par quoi ses actions sont motivées. À nouveau Aaron fait en sorte que ce personnage dépasse les simples clichés pour devenir un être humain complexe avec plusieurs facettes. À nouveau il respecte les codes du roman noir, tout en décrivant des modes de fonctionnement très humains. Le parallèle avec la situation de Dino n'a rien de simpliste. Il ne s'agit pas d'une dichotomie basique entre un chemin de vie opposé à un autre. Outre l'époque de leur jeunesse qui n'est pas la même, et donc les opportunités qui sont pas les mêmes, Aaron met en lumière qu'ils sont rongés par un mal être de même nature (d'où le titre "gravel in your guts"), tout en évoluant dans 2 mondes totalement différents du fait de leur position sociale. Le lecteur est amené à ressentir de l'empathie pour l'un comme pour l'autre, bien que ni l'un ni l'autre ne puisse prétendre au titre de modèle, et encore moins de héros. Il ne s'agit pas simplement d'une fascination malsaine ou morbide devant leur malheur, il y a également un enjeu affectif pour leur devenir, et une forme sentiments partagés lorsqu'ils se cognent à des obstacles, au plafond de verre, à leur condition sociale et humaine.



Ces 4 épisodes sont aussi l'occasion de profiter des illustrations incomparables de R.M. Guéra. Sous ses pinceaux, Lincoln Red Crow est un individu toujours aussi massif, imposant et terrifiant. Mister Brass est toujours aussi abject et angoissant par sa simple présence. Guéra sait montrer juste ce qu'il faut pour donner une réalité insoutenable aux agissements sadique et dépravés de Mister Brass (et son horrible petit sourire satisfait et écoeurant), sans tomber dans le voyeurisme, un équilibre parfait et exceptionnel. Sa mise en page rigoureuse fait monter la tension pendant les confrontations psychologiques qu'il s'agisse de l'interpellation pour excès de vitesse de Dino, ou de sa rencontre avec son premier client, et cela en l'absence de toute violence physique. Le lecteur peut ressentir les fluctuations de niveau d'ascendance que les uns prennent sur les autres, par leur jeu d'acteur. Guéra utilise le langage corporel, l'apparence, les expressions du visage pour montrer les tensions, les appréhensions, l'assurance des personnages. Et lorsque la violence physique éclate, l'action est décrite avec évidence, un maximum de force et de douleur, en un minimum de cases.



Ce quatrième tome confirme la forme et le fond du récit. Il s'agit d'un thriller haletant où chaque individu est susceptible de commettre les pires bêtises, comme de ne pas en réchapper. Il s'agit d'un roman noir où l'espoir est la denrée la plus rare. Il s'agit de véritables êtres humains souffrants, prisonniers à la fois de leur environnement social désespéré, mais aussi de leur condition humaine. Il s'agit d'une immersion graphique d'une grande qualité dans un milieu social condamné, parmi des individus qui refusent de capituler.
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Scalped - Intégrale, tome 3

Ce tome regroupe les épisodes 25 à 34 de la série, initialement parus en 2009/2010.



Épisode 25 (illustrations de R.M. Guéra) - Après 4 pages introductives sur le sort des amérindiens à la fin du dix-neuvième siècle, le lecteur fait connaissance avec Wesley Willeford, tricheur professionnel qui vient se renflouer les poches aux frais du casino Crazy Horse, en ayant conscience que s'il se fait prendre, les videurs de Lincoln Red Crow seront sans pitié. Épisode 26 (illustrations de Davide Furnò) - Le temps est venu d'en apprendre plus sur Britt Fillenworth (Diesel Engine) qui possède un seizième de sang Kickapoo. Épisode 27 (illustrations de Francesco Francavilla) - Qu'est ce qui motive Baylis Earl Nitz ? Épisode 28 (illustrations de R.M. Guéra) - Que s'est-il passé la nuit du 26 juin 1975 ? Épisode 29 (illustrations de R.M. Guéra) - Quelqu'un fait chanter Dashiell Bad Horse.



Pour une personne non avertie (qui aurait l'idée saugrenue de commencer la série par ce tome), voilà 5 histoires courtes (dont 2 sont liées) qui mettent en scène des individus qu'il convient de qualifier de criminels, au comportement brutal, qui utilisent la violence comme solution privilégiée, n'hésitant pas à aller jusqu'au meurtre de sang froid, en passant par un bel éventail de comportements à risques. En fait, même déconnectés de la narration au long court de Scalped, chaque nouvelle (= chaque épisode) possède une saveur particulière et présente une unité qui en fait une histoire complète.



Jason Aaron épate à nouveau son lecteur en variant les techniques narratives pour continuer de décrire la noirceur de l'âme humaine. Le premier épisode constitue un cas d'école. Aaron introduit un nouveau personnage qui arrive pour la première fois sur le sol de la réserve Prairie Rose en autocar. Il papote avec son voisin sur le sort des indiens, ce qui fournit l'occasion à Aaron de développer élégamment ce thème qui état sous-jacent au travers des spécificités de la réserve (la double juridiction du bureau des affaires indiennes et le FBI), des questions culturelles et des croyances religieuses. Il augmente la profondeur de champ sur la condition amérindienne, et donc sur la part comportementale des individus liée à leur culture, à leur éducation. Puis Aaron introduit la voix intérieure du personnage dans un premier temps pour expliquer son objectif et son point de vue. Dans une séquence suivante, il se sert de ces textes de pensée pour exposer le décalage entre ce que le personnage dit et ce qu'il pense réellement. L'effet produit est d'une noirceur exceptionnelle, encore accentuée par le fait que les personnages continuent d'effectuer leurs actions pendant ce temps. Cette histoire bénéficie des illustrations toujours aussi ciselées de R.M. Guéra. Au fil des pages, le lecteur est invité dans l'intimité de Willeford la plus physique, ainsi que dans ses déplacements et ses activités. Cet individu dispose d'une morphologie spécifique, d'un visage inoubliable, chacun de ses maquillages donne naissance à une nouvelle apparence qui reste cependant indubitablement lui-même. Du grand art. Chunka (Uday Sartana) n'apparaît que le temps d'une case (uniquement sa tête de profil, et pourtant il est inoubliable.



Avec ce premier épisode exceptionnel, Aaron démontre qu'il est capable de raconter une histoire palpitante et malsaine en 1 épisode. En 24 pages, il a campé un personnage crédible, étalé sa vie et son histoire, ses petites habitudes, et ses névroses, son destin inéluctable. L'épisode consacré à Diesel est tout aussi efficace, même s'il est moins surprenant pour le lecteur régulier de la série. À nouveau pour l'hypothétique lecteur de passage, il dispose d'une histoire complète, campant un individu singulier, tout aussi pathétique et dangereux que le précédent, né dans le camp des perdants du rêve américain. Les dessins de David Furnò sont moins riches et substantiels que ceux de Guéra, mais ils possèdent cette brutalité viscérale inhérente à la série. Ce petit miracle de concision se renouvelle avec l'épisode consacré à Baylis Earl Nitz. Les illustrations de Francavilla sont moins crues, moins brut de décoffrage, mais elles disposent d'un cachet qui évoque les films d'action poisseux des années 1970 qui génère un climat malsain du début jusqu'à la fin. À nouveau Aaron réussit à présenter une vie faite de violence et de souffrance, en 1 épisode qui est aussi satisfaisant pour lui-même que pris dans le contexte du récit global de Scalped.



Les 2 derniers épisodes marquent le retour de R.M. Guéra, toujours aussi en forme. Il se montre tout aussi convaincant qu'il dessine un jeune agent du FBI imbu de lui-même et totalement déconfit par un policier indien usé par des années de métier, qu'un quadragénaire résigné à une vie sans horizon en tant que prisonnier à vie, ou un individu en plein dans les vapes de la dope. Guéra sait tout dessiner de manière crédible. Au travers d'un jeu d'acteurs en retenu, il est capable de rendre palpable la tension qui règne dans la cour de la prison, sans effet de manche ou exagération. Il est l'un des rares illustrateurs qui me viennent à l'esprit qui ait réussi à transcrire l'attitude d'un homme agissant complètement défoncé. Sans aucune aide de dialogue ou de cellules de pensée, le lecteur voit l'état second du drogué au travers de ses gestes, de son regard, de ses mouvements d'une manière réaliste. Cette séquence mérite à elle seule 5 étoiles pour cette transcription visuelle d'un état qu'il est facile de railler ou de caricaturer, mais qui représente un défi pour le dessiner de manière crédible.



Aaron continue de raconter des histoires qui se suffisent à elles-mêmes. Celle revenant sur la nuit du 26 juin 1975 constitue une histoire convenue sortie du contexte globale. Celle mettant en scène Dashiell Bad Horse combine des scènes d'action remarquables, avec un tourment psychologique viscéral d'une rare intensité.



Mais bien sûr, la majorité des lecteurs ne sont pas arrivés là par hasard : ils ont commencé par le premier tome et ils savent qu'Aaron écrit l'équivalent d'un roman, avec une fin bien arrêtée. Dans le contexte du récit complet, ces épisodes montent encore d'un cran en intensité. Tous les développements bâtis précédemment apportent leur contribution à ces 5 récits. La connaissance de la soirée inaugurale du casino et de son importance pour Lincoln Red Crow transforme l'histoire du tricheur en un enjeu majeur pour le casino, dans la mesure où il révèle un point de fragilité. L'histoire de Diesel consolide ce personnage, aux caractéristiques jusqu'alors un peu trop grosses pour être plausibles. Il en devient un individu plausible et tragique ; le lecteur comprend l'importance qu'il attache à ses racines amérindiennes. Si l'histoire de Baylis Earl Nitz est plus classique, elle donne un poids dramatique exceptionnel au personnage. De la même manière le récit de cette fameuse nuit apporte une réponse au lecteur, à une question posée dès le premier tome, un passage particulièrement gratifiant.



Cet épisode met également en évidence le degré de maîtrise d'Aaron pour sa narration. Il doit faire avec le mode de publication américain : 1 épisode par mois. Pour une série de 60 épisodes, cela correspond à 5 ans de publication. Son lectorat se compose de ceux qui lisent les épisodes mensuellement (partie du lectorat indispensable, s'il s'amenuise de trop, la série cesse de paraître), ceux qui lisent les recueils au fur et à mesure (soit un tous les 5 ou 6 mois en moyenne), et ceux qui découvrent la série après coup qui pourraient lire tous les tomes d'un trait ("pourraient" parce que 60 épisodes de 22 pages chacun, ça fait quand même 1.300 pages, assez dense. Même si un page de BD se lit plus vite qu'une page de roman, les images apportent une quantité d'informations substantielles qu'il faut assimiler.). Aaron use donc d'un dispositif narratif artificiel qui consiste à revenir à plusieurs reprises au fil des tomes sur un même moment (la nuit du 26 juin 1975) pour en dire à chaque fois juste un petit peu plus ; ça peut sembler très convenu comme façon de raconter et peu adroit. En fait à l'usage, cette méthode se révèle très astucieuse : elle permet à Aaron de rappeler régulièrement les personnages à la mémoire du lecteur, tout en faisant avancer l'intrigue.



Et le dernier épisode est une tuerie, à la fois pour le plaisir de l'action, mais aussi pour l'évolution d'un personnage central. Pour un peu le lecteur se surprendrait presque à reprendre espoir (pas tout à fait quand même parce que la dernière fois, la chute avait suivi de peu). Magistral !



Épisodes 30 à 34 - Dans la scène d'introduction, Agnes Poor Bear évoque en quelques mots l'un des mythes cosmogoniques des Cheyennes (à base de castor) qui donne son titre au présent recueil (Rongé jusqu'à l'os), au profit de Franklin Falls Down. Dashiell Bad Horse se retrouve à ramener Arthur Pendergrass vers la réserve Prairie Rose. Par la suite tout n'est que décision. Lincoln Red Crow demande à Bad Horse de trouver la taupe que le FBI a infiltrée dans la réserve. Quelle possibilité d'action pour Bad Horse ? Lincoln Red Crow doit gérer les conséquences des mesures qu'il a prises à l'encontre de Mister Brass. Quelle stratégie développer vis-à-vis de Johnny et de son gang de Hmongs ? Franklin Falls Down a l'intuition que l'incarcération de Lawrence Belcourt cache quelque chose. Qui interroger ? Baylis Earl Nitz a la conviction qu'une preuve des activités criminelles de Red Crow est à sa portée. Comment s'en emparer ? Plus le temps passe, plus Britt Fillenworth se doute de son avenir est compromis. À qui se fier ?



Avec cette partie, Jason Aaron entame la deuxième moitié de son récit ; le temps de la mise en place est passé. Le temps des résolutions débute. Comme à son habitude, il commence par décontenancer son lecteur avec ce mythe amérindien. L'inclusion de ce morceau de folklore produit un effet surprenant. Loin de ridiculiser Poor Bear du fait de ses croyances, Aaron montre au contraire la force et la pertinence de cette parabole. Détail par détail, il continue à distiller la culture amérindienne, transformant une localisation propice à a violence et aux trafics, en un lieu enraciné dans l'histoire et une culture spécifique. Comme dans les tomes précédents, Aaron montre un savoir faire quasi surnaturel à replacer chaque personnage pour que le lecteur se remémore aisément de qui il s'agit et dans quelles circonstances il l'a déjà croisé.



Au premier niveau de lecture, Aaron raconte un polar noir haletant, ayant pour personnages principaux des beaux salauds, tuant, torturant, brutalisant, pour qui la solution à tous les problèmes est dans la violence. Il n'y a aucun innocent, tout juste quelques individus qui font tout leur possible pour éviter de faire le mal, en étant obligé de fermer les yeux sur les exactions de leur entourage. À chaque épisode, le lecteur est confronté aux conséquences des actions des personnages. Aaron ne se contente pas de ressasser encore et toujours le thème du cercle vicieux de la violence qui engendre la violence, ou de la vengeance qui appelle la vengeance. Au cours des tomes précédents, il a développé les personnalités de chaque protagoniste en leur donnant des profils psychologiques propres, et des motivations spécifiques. Aucun personnage n'est interchangeable, chaque action trouve sa source dans le passé de l'individu, chaque comportement est l'aboutissement logique d'une histoire personnelle. Aucun personnage ne peut prétendre au titre de héros et pourtant Dashiell Bad Horse et Lincoln Red Crow sont toujours aussi attachants. Impossible pour le lecteur de se désintéresser de leur sort, ou de souhaiter leur perte malgré les crimes dont ils se rendent coupables, malgré le sadisme dont ils font preuve. Aaron a réussi à justifier leurs actes par leur histoire personnelle, à les transformer en héros de leur propre vie, malgré leurs défauts et leur moralité pervertie.



À un deuxième niveau de lecture, ce roman noir épate par sa maîtrise. Aaron a entremêlé le sort de plusieurs individus qui interagissent en influant sur l'avenir de la communauté de la réserve Prairie Rose. Il y a certes quelques personnages plus importants que les autres (Dashiell Bad Horse et Lincoln Red Crow), mais les épisodes consacrés aux autres protagonistes en ont fait des individus à part entière. De ce fait lorsque qu'une scène leur est consacrée, ils ne viennent pas délayer l'histoire ou la dérouter de sa trame principale, ils viennent enrichir la composition, apporter un autre point de vue, accomplir une autre partie du destin, sans cesse prouver que les plans les mieux préparés déraillent comme les autres. Aaron manie tous les codes des romans noirs (brutalité, crimes infâmes, bassesses, noirceur de l'âme, déchéance, trahison de ses idéaux, dégout de soi) dans un récit rapide, avec un niveau de suspense tel qu'il n'est pas possible de lâcher un tome avant de l'avoir fini, sans jamais donner l'impression de se reposer sur des scènes toutes faites, ou sur des clichés.



Le lecteur a le plaisir de retrouver l'illustrateur principal de la série pour les 5 épisodes qui composent le tome : R.M. Guéra. C'est une grande chance que le récit bénéficie d'un dessinateur d'une telle qualité. Pour commencer, Guéra sait camper des décors réalistes et crédibles. Pour que les méfaits qui agitent la réserve puissent être crédibles, il est indispensable que le lecteur puisse déjà croire dans la réalité de cette réserve. Guéra sait dessiner des décors qui dégagent un parfum d'authenticité indéniable. Que ce soient les cellules du poste de police, une station service paumée en plein désert, une armurerie de proximité (pour un achat inoubliable), le luxe ostentatoire du petit nid d'amour de Johnny le Hmong, le taudis qui sert de foyer à Carol Ellroy, ou les visions des canyons arides, Guéra évite les pièges des stéréotypes et de la superficialité pour tout rendre possible. C'est un vrai plaisir de lecture que de découvrir site après site, aussi exotique que vraisemblable. La force visuelle de Guéra s'applique aussi bien à la conception générale de chaque lieu qu'aux détails. Dès la première scène, le lecteur peut toucher le matériau de la canne d'Agnes Poor Bear et en apprécier la qualité de la laque. Ensuite Guéra a donné une identité visuelle forte à chaque personnage, impossible de les oublier, encore plus impossible de les confondre. Chacun dispose d'un langage corporel qui lui est propre. Lorsque Dashiell Bad Horse se retrouve dans un guêpier qui l'oblige à se planquer dans une ruelle, sa peur se lit dans sa gestuelle. Lorsque Pendergrass se retrouve à faire une emplette particulière, sa posture en dit long sur sa détermination et l'acceptation de son sort, sa résignation à accomplir un acte qui le souille. Enfin ses compositions de page sont d'une lisibilité exemplaire. Guéra utilise exactement le nombre de cases nécessaires, ni plus ni moins. S'il peut exprimer une situation en une seule image, il ne s'éparpillera pas en effets de caméra ou d'angle de vue improbable. En 1 image il peut montrer la nature de l'expédition des Hmongs embarqués dans leur énorme 4x4, leurs armes à leur coté, dans des postures détendues, dans l'attente de l'action. Aaron n'a pas besoin d'ajouter de copieuses cellules de texte, Guéra dit tout dans ses images.



Avec ce tome, le lecteur a la confirmation que le temps des présentations et des explications est passé et que le destin est en marche vers des résolutions définitives. Aucun personnage ne peut échapper à ce destin implacable qui broie les individus ; quelques uns sont plus poissards que d'autres.
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Scalped - Intégrale, tome 4

Ce tome regroupe 2 recueils de le précédente édition : Rez blues (épisodes 35 à 42) et Le prix du salut (épisodes 43 à 49).



Épisode 35 (illustrations de Danijel Zezelj) - Mance et Hazel ont choisi de vivre dans la réserve Prairie Rose, mais loin de la ville principale. Ils ont maintenant la soixantaine. Cette année, leur potager n'a pas donné la récolte escomptée. La santé d'Hazel se détériore, Mance n'a plus la force d'antan. L'hiver approche.



À la lecture, Aaron semble s'offrir un épisode gratuit qui n'apporte rien à la trame principale. Il s'agit de regarder ce qui se passe dans un coin isolé de la réserve, de montrer un autre style de vie, peu impacté par la violence de la ville. Aaron fait à nouveau preuve d'une grande habilité narrative en entremêlant les paroles prononcées par Hazel et Mance, et leurs pensées non exprimées, pour un ballet des sentiments à la chorégraphie mélancolique et touchante, dénudant l'essence de leur relation, leur condition humaine débarrassée de tout artifice, de tout superflu. Les illustrations de Danijel Zezelj sont de toute beauté. Elles n'ont pas la précision de celle de R.M. Guéra, mais elles font émerger l'ossature des personnages, les forces qui les habitent. Zezelj ne semble pas tant dessiner les individus en ajoutant de l'encre, que plutôt les faire apparaître en retirant des impuretés. Chaque case transmet ce sentiment de solitude lié à l'isolation de leur habitation, ce calme immuable.



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Épisodes 36 & 37 (illustrations de Davide Furnò) - Lincoln Red Crow envoie Shunka (Uday Sartana) dans une ville voisine pour convaincre Bobby Greenwood (propriétaire d'un casino) d'arrêter d'user de son influence pour dissuader les artistes de venir se produire au casino Crazy Horse dans la réserve Prairie Rose. Greenwood exerce également les fonctions de Chef de la tribu, et il demande à Chunka d'influencer Joseph Crane (l'ancien chef de la tribu) qui a décidé de militer en faveur des homosexuels.



Décidemment Aaron n'a peur de rien. Il décide d'aborder le thème de l'homosexualité en le mettant en perspective par rapport à la culture amérindienne. Le résultat est entièrement satisfaisant, et dénué de naïveté ou de niaiserie. Pour le coup, il ne s'agit absolument pas d'un artifice narratif. Ce thème trouve naturellement sa place dans la série ; Aaron expose la tradition amérindienne de manière intelligente par le biais d'un personnage crédible dans le rôle de passeur de savoir. Ce passage constitue une nouvelle étape dans les incursions en territoire de la culture amérindienne. À nouveau Aaron se révèle comme un auteur pour qui la réserve n'est pas qu'un décor de façade, mais bel et bien un lieu façonné par son histoire et celle de son peuple soumis par les colons blancs et leur culture imposée. Aaron évoque en particulier le rôle du moine Antonio de la Calancha (1584-1684) dans la réprobation de cette diversité d'identités sexuelles. Le lien n'est pas très clair puisque ce moine a surtout vécu en Amérique du Sud, au Pérou. Cette escapade est également l'occasion d'en apprendre plus sur Shunka, le bras droit de Lincoln Red Crow. Il va régler les affaires du patron à sa manière inimitable (force et brutalité).



Ces 2 épisodes voient le retour de Davide Furnò pour les illustrations. La comparaison avec Zezelj et Guéra n'est pas en sa faveur. Ses mises en scène sont moins inventives, et sa façon de dessiner moins détaillée, et moins sophistiquée. Il n'en reste pas moins que son style s'accommode bien avec la violence du récit et les sentiments exacerbés. La mise en couleurs de Giulia Brusco affermit la continuité des ambiances, le ton de la série lors du passage d'un dessinateur à l'autre.



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Épisodes 38 à 42 (illustrations de R.M. Guéra) - Ce n'est une surprise pour aucun lecteur : Dashiell Bad Horse a eu un père. Ces épisodes racontent son histoire, et poursuivent celle de Dashiell et celle de Carol Ellroy. Il est préférable de ne pas en dire plus.



Comment a été choisi le prénom de Dashiell ? Qu'est-il advenu de Claudine Dixon (la mère de Carol) ? Qu'est-il advenu du père de Dashiell ? La vie des principaux protagonistes continue d'évoluer, de les placer face à leurs responsabilités, à leurs choix, mais aussi face à l'héritage psychologique et affectif qu'ils ont reçu de leurs parents absents. La question de la responsabilité des parents vis à vis de leurs enfants devient centrale. Les personnages créés par Aaron ont acquis leur autonomie et vivent le plus naturellement du monde devant les yeux du lecteur. Les situations deviennent normales dans le sens où le lecteur a acquis une telle familiarité avec les usages de la réserve Prairie Rose, avec les valeurs de chaque individu qu'il peut apprécier la justesse de leurs actions. Il y a un investissement affectif qui fait que l'intérêt pour le récit est acquis d'avance. Cela ne signifie pas que le récit devient prévisible. Aaron poursuit son roman noir, ponctué de violence, de traîtrise, d'irresponsabilité dramatique, de conditions de vie déplorables, d'activités criminelles, et de mauvaises décisions. Il donne également une nouvelle chance à Carol et Dashiell lors d'une nouvelle rencontre dans le dernier épisode. Leur mode de communication évoque celui de Mance et Hazel au tout début de ce tome (décalage entre ce qui est dit, et ce qui est pensé). Il permet au lecteur d'apprécier la distance qui sépare Carol de Dashiell, et celle parcourue par Mance et Hazel au long de leur vie conjugale, pour se rapprocher.



R.M. Guéra illustre cette partie de l'histoire et, à nouveau, le lecteur peut goûter chaque page pour sa saveur extraordinaire. Le scénario d'Aaron comporte de nombreux endroits et de nombreux personnages et Guéra donne une saveur particulière à chacun d'eux. Au fil des pages, le lecteur tombe en arrêt devant un camion bâché empli d'amérindiens en costume accusant Wade Bad Horse de leur regard. Il ressent l'immensité de la nature lors d'une discussion au bord de la route avec les agents Baylis Earl Nitz et Bernston. La discussion entre Agnes Poor Bear et Carol Ellroy permet d'observer le langage corporel de la grand-mère, réaliste pour son âge. Cette fois-ci le passage par une hutte à sudation est parfaitement intégré visuellement au reste du récit, et ne présente aucune incongruité. Lincoln Red Crow est toujours impressionnant et imposant. Le repas de famille chez Agnes Poor Bear met en scène des individus normaux, très proches, dans un aménagement réaliste, reconnaissable. Cette scène de la vie ordinaire constitue également un moment psychologique d'une grande intensité, totalement transmise par les dessins, sans exagération des attitudes ou des expressions faciales. Le face à face entre Dashiell et Carol se déroule sur une route enneigée, dans une mise en scène un peu artificielle de duel, où là encore l'intelligence visuelle de Guéra fait des merveilles.



Avec cette partie, Jason Aaron et R.M. Guéra (avec l'aide de Danijel Zezelj, et Davide Furnò) démontrent avec éclat le niveau de leur réussite. Le lecteur a fini par moins se préoccuper du dénouement de l'intrigue, et plus du sort des personnages qui se sont incarnés pour devenir des individus familiers qui importent finalement plus que les manigances des uns et des autres, ou même que le plaisir cathartique de la violence et de la transgression des lois.



Épisode 43 (illustration de Jason Latour) - Cet épisode s'intéresse à un personnage déjà apparu dans les épisodes 16 et 30 : l'inénarrable Wooster T. Karnow, shérif de White Haven dans le Nebraska. Il a le déplaisir prononcé de voir débarquer Virgil Drum, U.S. Marshal de son état, à la poursuite d'Eugene Evers, un évadé de prison.



Avec cet épisode, Aaron invite le lecteur à découvrir qu'un autre personnage qui ne semblait là que pour faire souffrir Bad Horse et apporter une touche d'humour sadique dispose d'une personnalité développée et tourmentée. L'exercice de style est à nouveau convaincant, réussi et distrayant. La fin laisse supposer que le lecteur aura l'occasion de revoir Wooster Karnow. Latour utilise un style plus esquissé que celui de Guéra, insistant plus sur l'ambiance et le fardeau porté par chaque personnage. Le résultat se marie parfaitement avec le thème principal de l'histoire et le lecteur se retrouve au premier rang pour voir la souffrance de chaque individu, sa mesquinerie, ses bassesses tellement humaines.



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Épisode 44 "The night they drove old Dixie down" (illustrations de Davide Furnò) - Dans la série il y en aura pour tout le monde, c'est au tour de Baylis Earl Nitz de trinquer. Il subit les conséquences de ce qui est arrivé à Britt Fillenworth : son supérieur hiérarchique à décidé de le lourder, et les nouvelles vont vite.



Personne n'est à l'abri dans cette série, et le concept d'impunité n'y a pas sa place. Il est impossible de se retenir d'éprouver un grand plaisir à voir Baylis Earl Nitz tomber en déchéance. C'est un personnage qui n'a rien pour lui et qui représente un danger pour Dash et Lincoln depuis le début. Aaron lui réserve une série d'épreuves à sa façon qui finissent même par attendrir le lecteur le plus coriace quant au sort de Nitz. Furnò a accompli des progrès en termes de dessins : ses illustrations sont plus viscérales et disposent de plus de détails que précédemment. Il sait faire passer le feu intérieur de chaque personnage, sa détermination, et sa dangerosité. Le résultat est très intense du début à la fin, avec quelques touches d'humour noir bien malsaines.



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Épisodes 45 à 49 (illustrations de RM Guéra) - Le temps est venu pour Dashiell Bad Horse de donner sa réponse à Lincoln Red Crow quant à son engagement. La réponse n'est pas du goût de Shunka. Les élections de chef de la tribu approchent et Red Crow fait face à un candidat sérieux : Hassell Rock Medecine, son père adoptif, et mentor d'une certaine manière. Arthur Pendergrass et l'officier Franklin Falls Down ont une dangereuse discussion à coeur ouvert. Carol Ellroy se confie à Dino Poor Bear. Lawrence Belcourt s'entretient avec Lincoln Red Crow.



Tous les personnages principaux de la série sont présents pour un grand jeu de massacre. S'il est possible de ressentir qu'Aaron déplace ses pions vers une résolution à tiroirs, il est également manifeste que l'histoire réserve encore de nombreuses surprises. Au-delà des révélations, des coups de théâtre et des explosions de violence très brutale, le lecteur retrouve le thème des conséquences de la faute des pères sur leur progéniture. Aaron joue avec le concept de destin implacable, tout en montrant qu'il suffit d'un battement d'aile de papillon pour que le sort de chaque protagoniste change du tout au tout. Cette façon d'osciller entre une voie ou une autre peut s'avérer parfois agaçante. Qu'Aaron choisisse et qu'il raconte son histoire en conséquence ! D'un autre coté, c'est également une façon de tester les limites du libre arbitre de chaque individu, de montrer que chacun doit faire au mieux avec ce qu'il a. Le plus terrifiant est qu'un des personnages énonce cet état de fait dans ces mêmes termes, le plus terrifiant réside dans l'état mental de ce personnage. Aaron continue également à évoquer la spiritualité des uns et des autres au travers des traditions amérindiennes (très bien intégrées, sans aucun mépris, aucune supériorité intellectuelle). Il semble que le sort de chacun se jouera sur ce petit supplément d'âme, la qualité de sa vie spirituelle, le prix qu'il accorde à la vie humaine, à celle des autres que lui.



R.M. Guéra dessine ces 5 épisodes, et c'est un délice rare. Il est impossible de déterminer de quelles références il dispose, mais il est certain que ses illustrations de la réserve exhalent un parfum d'authenticité totalement immersif. Guéra sait créer des images qui ne donnent pas une impression d'accumulation compulsive de détails photographiques. Et pourtant dès que le regard s'attarde sur une case il découvre des éléments qui apportent une substantialité dense à chaque endroit. Il suffit de s'attarder sur la décoration intérieure de la maison de Hassell Rock Medecine pour savoir qu'effectivement ce personnage aménagerait son intérieur ainsi, ça c'est vraiment lui, le reflet de sa personnalité.



Guéra fait montre d'un sens du cadrage et du langage corporel tout aussi juste. Lorsque le lecteur voit Lawrence Belcourt se rendre à la douche, il n'a pas besoin de lire le texte pour comprendre les enjeux de ce parcours, les risques encourus, la résignation particulière du personnage. Tout se voit dans la posture des individus, dans la démarche de Belcourt, etc.



Ce qui est encore plus hallucinant, c'est que Guéra sait tout rendre plausible. 2 hommes courant tout nu dans la neige pour plonger dans un cours d'eau glacé : normal, évident même. Il ne s'agit pas d'une scène dans laquelle le scénariste se fait plaisir, il s'agit d'une scène qui en dit long sur les convictions de ces individus, sur leur degré d'implication, sur ce qui les lie, sur leurs non-dits. Un homme à cheval qui en tire un autre à pied par une corde : non, il ne s'agit pas d'un cliché sorti d'un western spaghetti bon marché, il n'y a aucun doute que ça s'est vraiment passé comme ça, que le cavalier s'est vraiment conduit de cette façon. Le talent de conteur de Guéra mène le lecteur par le bout du nez ; il souhaite savoir comment ça s'est passé parce que Guéra ne saurait lui mentir.



Aaron et ses illustrateurs renouvellent le miracle de tome en tome : ils impliquent émotionnellement le lecteur sur le sort d'individus violents englués dans leurs conditions et les conséquences de leurs actes et de leur nature. Il n'y a pas de bons et de méchants, il n'y a pas d'âme noble, il n'y a pas de héros. Et pourtant chaque personnage est attachant.
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Scalped, tome 1 : Pays indien

Scalped est une peinture de la vie des amérindiens dans une réserve. Le tableau est loin d’être idyllique, la misère côtoie l’addiction aux drogues, l'alcoolisme, la prostitution et le meurtre.

Dashiell Bad Horse revient à la réserve après des années d’absence, tente de s’intégrer, de mettre à jour ce qui est enfouie et de garder un oeil sur le nouveau casino. Et quel casino, un espoir pour l’avenir de la réserve ? un édifice construit sur un lit de misère qui profite à une poignée d’individus abominables ?

Les personnages sont charismatiques, les dialogues crus, quelques mots en amérindien sont échangés et posent une ambiance.

Scalped est un polar noir brutal !

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Scalped, tome 1 : Pays indien

Moisson rouge

Après quinze années d’absence, Dash Bad Horse revient dans la réserve sioux de Prairie Rose où il a vécu enfant. Là, tout n’est qu’horreur, fureur et noirceur. Dash a des comptes à régler avec son passé mais pour le moment, diligenté en sous-main par le FBI, il doit infiltrer le gang de Lincoln Red Crow afin de faire tomber les têtes dont celle du leader mouillé dans de sordides trafics et impliqué dans le meurtre d’agents de la police fédérale. Red Crow a beaucoup misé dans la construction d’un casino sur la réserve et il ne veut aucun couac lors de l’inauguration. Les Blancs doivent être plumés consciencieusement. Dash est un cheval retors et une sacrée bourrique. A force de harangue et de castagne, il se fait remarquer et embaucher par Red Crow dans la police tribale. Il ne lui reste plus qu’à faire ses preuves et les occasions ne manquent pas.

Couverture et titre opèrent comme repoussoirs et dissuadent d’ouvrir le comics. Si le lecteur pousse la porte de la réserve et ouvre les premières pages, il plonge immédiatement dans la noirceur et la violence, le graphisme et les aplats noirs accentuant encore des dialogues rudes et des combats où le sang rutile. Si on passe outre la brutalité du propos et le choc visuel immédiat, la narration tendue et la mise en page électrisée entraînent de force le regard. L’histoire est simple à suivre et la psychologie des personnages est peu fouillée. Pourtant, à mesure, les flashbacks resserrent les liens entre les protagonistes et la complexité augmente avec les chausse-trapes en regard. Le suspense de la dernière image incite vivement à continuer le chemin dans le monde délabré de la réserve Lakota.
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Scalped, tome 1 : Pays indien

C'est la bande dessinée reçue à Masse critique. Et j'avoue qu'Urban Comics, l'éditeur, a fait preuve de rapidité et d'un timing parfait pour que je reçoive ce livre pour Noel. Reçu dans la boite au lettre le 24 décembre!



Bon par contre c'est tout sauf une histoire de Noel. Magie et bisounours restez dans vos paquets cadeaux encore quelques temps.

Une histoire sombre de déchéance sociale, de violence...

Le décor : la mal nommée "Prairie Rose". Une réserve indienne où ses habitants crèvent à petit feu sous l'indifférence américaine par l'action de la drogue, l'alcoolisme, le chomage, les gangs... Un de ces chefs de Cartel pense pouvoir changer cela, ou en tout cas changer cela pour lui, en montant un grand casino. Quand Dashiel Bad Horse, reviens dans sa région natale pour y régler de vieux souvenirs, ce chef se dépêche d'enroler ce dur à cuire dans sa police tribale afin de faire régner sa loi dans la réserve.



Une histoire interessante mais très noire. Et qui ne va pas en s'améliorant en cours du récit. Entre relation familiale tendue, ancien amour pas vraiment oublié, patron exigeant et retord, et flic infiltré : le scénario a la complexité suffisante pour en faire une histoire avec du suspence et de l'action.



Le gros bémol pour moi a été les dessins. Les traits sont assez grossiers, les visages très grimaçants, les couleurs peu affinées. Je pense que c'est surtout une affaire de gout. Néanmoins les personnages ne sont pas toujours faciles à identifier.
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Scalped, tome 1 : Pays indien

La réédition de qualité des deux premiers tomes de Scalped offre une excellente occasion de découvrir ce must du catalogue Vertigo. A la croisée du roman noir et du western, la série enchaîne les portraits de ces gueules cassées d’un autre continent, aux prises avec leurs démons. C’est particulièrement dur, mais vraiment très bon. A ne pas manquer !


Lien : http://bulles-et-onomatopees..
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Scalped, tome 1 : Pays indien

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Merci babelio, merci panini France.



C’est avant hier que je me suis dit : « va p’tête falloir que je lise quand même. »



Je ne vais pas vous mentir, je voulais une BD érotique, comme je n’ai jamais lu de BD érotique, je voulais comprendre l’intérêt de voir une nana nue coloriée et figée, à savoir si il est possible d’être émoustillé par des dessins de cul. Manqué, j’ai eu le droit à « Scalped » mon 28 ème choix, connerie de bordel, j’avais oublié de brancher le réveil, trop occuper à bosser comme maintenant, je n’avais pas vu le temps passer que déjà à 9h30 : tous les rapaces de Babelio avaient picoré les meilleurs graines et donc pas de branlette possible sur un peau rouge chauve qui n’a pas l’air très avenant, ambiance Cow boy alcoolo, qui se ballade avec un nunchaku dans le froc…



Alors l’envoi par la poste s’est très bien passé, la bd est de qualité voyez-vous, ça sent le truc de professionnel … On a le droit à une petite biographie sur les auteurs puis sans crier gare on entre dans une débauche de violence alcoolisée, à coup de :



Indien alcoolisé 1 : « Je vais baiser ta mère fils de pute, comme tous les bâtards de cette putain de ville, et je vais lui enfoncer Jésus christ dans le cul… »



Indien alcoolisé 2 : « Ouais mais c’est peut-être ta mère aussi raclure de bite… »



Bon là j’ai inventé, mais c’est à peu près le style des dialogues.



Donc comme vous avez pu le constater, il y a une histoire de famille là-dessous, de la rancœur, une débauche de misérabilisme, proche du malsain, c’est glauque, noir, les dessins sont chouettes et surtout à la hauteur des dialogues…



Alors J’ai bien aimé sans adorer, mitigé dirons nous… en plus je ne suis pas violent, d’ailleurs je ne vous ai pas raconté la dernière fois que je me suis battu :



C’était il y a 3 ans, le jour de mon emménagement dans mon nouvel appartement (ou j’ai tout refait), bref ce n’était pas beau à voir, je voulais simplement couper le ziguigui en plastique qui retenait ma rallonge prisonnière, rallonge qui allait nous servir à brancher la machine à raclette… J’ai donc empoigné le cutter et j’ai forcé, le cutter à dérapé et le sang a coulé :



- Moi : Aieuhhhhhhhhhhhh

- Choupette : quoi mon bébé, quoi quoi quoi mon bébé…

- Moi : Trouve du sopalin, il y du sang sur le parquet, vite ça va tacher…



Après avoir consciencieusement nettoyé le parquet, me voilà dans les bras de choupette allongé dans la salle de bain perdant connaissance ½ seconde, parce que bon le sang ce n’est pas trop mon truc…

15 minutes plus tard en route pour les urgences…



3 heures d’attente à me demander si les points de suture sur le bout du doigt faisaient chanter les fillettes comme moi…L’infirmière badigeonne la plaie de Bétadine, puis m’anesthésie sans me prévenir au préalable que la piqure : elle va me la faire directement dans la plaie…



Moi : Aieeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeuhhhhhhhhhhhhh



Une fois l’effet de surprise passé et 6 piquouses plus tard, elle entame les points :



Moi : Aieuuuuuuuuuuuuuuuuuhhhhhhhhhhhhhhhhhh



10 minutes plus tard elle recommence, et même pas mal… Jusqu’au troisième ou j’ai tout senti jusqu’au … 7 points de suture, photos floues de Choupette à l’appui…



Tu parles d’un homme tiens, pas peau rouge alcoolo pour un sioux…



A plus les copains…
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Scalped, tome 1 : Pays indien

Cette série en 10 volumes se déroule de nos jours dans la réserve indienne des sioux oglalas du Dakota du Sud. La réserve est ravagée par le crime organisé, la drogue, l'alcool et la violence.



Je choisis de décrire un personnage pour chaque volume de la série :

Volume 01 – L'agent spécial Dashiell Bad Horse.

Encore adolescent, Dash a quitté la réserve de Prairie Rose sans même un regard en arrière, en se jurant de ne plus jamais y remettre les pieds. Il ne veut plus revoir sa mère, à qui il reproche d'avoir été accaparée par ses activités de militante de la libération amérindienne au lieu de s'occuper de lui pendant son enfance. Pourtant des années plus tard, les circonstances l'ont contraint à revenir sur ses pas. le FBI, dont il est devenu membre, lui a donné une mission : faire tomber le chef Lincoln Red Crow qui tire les ficelles de toutes les activités criminelles, en infiltrant les rangs de sa police tribale. Au FBI, son supérieur espère surtout qu'il sera capable de mettre à jour des éléments sur le meurtre de deux agents survenu dans les années 1970.

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Scalped, tome 1 : Pays indien

Ce tome regroupe les épisodes 1 à 5 de la série, parus en 2007. La série compte 60 épisodes au total, écrits par Jason Aaron, regroupés dans 10 recueils.



Le 26 juin 1975, 2 agents du FBI ont été abattus par un groupe de 4 personnes dont une femme dans une réserve indienne dans le Dakota du Sud. De nos jours Dashiell "Dash" Bad Horse, le fils de cette femme (Gina Bad Horse), revient dans la réserve Prairie Rose et se fait embaucher par Lincoln Red Crow (le chef de tribu Oglala Lakota) comme agent de police. Red Crow est également l'instigateur de la construction d'un casino qui n'est plus qu'à quelques jours de son inauguration. Dashiell participe à plusieurs opérations musclées de la Police Tribale. Il s'avère violent et brutal, prêt à foncer dans le tas et à prendre des coups. Il est revenu à la réserve 15 ans après l'avoir quittée pour beaucoup de raisons, pour solder des comptes, pour prouver sa force. Il y a sa mère, mais aussi Red Crow qu'il a connu enfant, Carol Ellroy (son amour de jeunesse, la fille de Red Crow) et bien d'autres encore. Il est à la fois manipulé et un individu incontrôlable.



Il faut à Jason Aaron, le scénariste, moins d'un épisode pour mettre en place tout ce que contient le paragraphe précédent. Avec cette série il situe son polar aussi noir que violent dans un coin déshérité des États-Unis : une réserve indienne. Red Crow en dresse le portrait : plus de 80% de chômage, le plus haut taux d'alcoolisme du pays, une espérance de vie de 15 ans inférieure à la moyenne nationale. Cette réserve est le lieu idéal pour implanter divers activités illégales telles que des laboratoires clandestins de fabrication de méthamphétamine, une drogue de synthèse. La position de Red Crow dans sa communauté favorise toutes les magouilles, puisqu'il cumule les pouvoirs de police et de chef tribal. Aaron a choisi un environnement dans lequel tous les crimes sont plausibles, tous les sentiments sont exacerbés par l'alcool et la pauvreté.



Au fur et à mesure que Bad Horse reprend contact avec la réserve, Aaron en profite pour introduire de nombreux personnages : Baylis Earl Nitz, Dino Poor Bear, Franklin Falls Down, Chunka, Lawrence Belcourt, etc. Il sait peupler l'entourage de Bad Horse, d'individus ayant tous quelque chose à cacher, tous des objectifs troubles, tous des pourris d'une manière ou d'une autre. Il n'est possible de faire confiance à personne. Au fil des pages, il apparaît également qu'Aaron a pensé son histoire sur au moins 2 générations. Les motivations des uns et des autres s'en trouvent d'autant plus riches, et les actions de Bad Horse ont des conséquences qu'il ne peut soupçonner. Lorsqu'il obéit à un ordre ou à un souvenir, il est plus manipulé par son entourage et son histoire, que maître de son destin.



Ce scénario est mis en images par R.M. Guéra qui utilise un style détaillé, avec des décors crédibles et un soin particulier apporté aux textures pour rendre cette atmosphère si poisseuse, aride et délétère. Toutes ces cases sont immédiatement lisibles tout en contenant une forte quantité de détails. Guéra utilise un encrage appuyé qui accentue les zones d'ombre, les marques du temps sur la peau des personnages, les cicatrices, la poussière, la brutalité de la violence. Il dessine des maisons qui s'apparentent à des masures et des taudis, des constructions bon marché peu solides. Il intègre les restes d'une civilisation en décomposition, telles que les carcasses de voiture en pleine nature. Lorsqu'il dépeint un intérieur de maison, il y insère à la fois des meubles récents bon marché, et quelques éléments de décoration indiens. La répartition entre les 2 permet au lecteur de se faire une idée des orientations du propriétaire, de la manière dont il dépense son argent et ce qu'il souhaite donner comme image de lui. Il est aussi convaincant pour l'évocation de la ville principale de la réserve, que pour les paysages naturels arides autour de la réserve. Son style un peu sec et lourd d'encrage lui permet de croquer des visages peu sympathiques, marqués du poids du passé et des démons intérieurs des individus.



Dans ce récit, chaque situation est une bagarre ou un règlement de compte, ou une fusillade qui ne demande qu'à éclater et qui commence par un affrontement verbal d'une rare agressivité et d'une rare inventivité en termes d'insultes, de propos racistes et de grossièretés. Enfin Aaron est un fin connaisseur de la littérature policière américaine et sème quelques pépites pour ses lecteurs (à commencer par le prénom de son héros qui est un hommage à Dashiell Hammett). Il insère également des références musicales par le biais d'un jukebox (Johnny Cash ou Kris Kristofferson). Aaron et Guéra racontent un récit de genre : un monde d'hommes virils et violents, réglant leurs affaires à coup de poings et d'armes à feu, des durs qui ont l'insulte aussi grossière qu'inventive, et la violence chevillée au corps. Tout est pourri, et chaque confrontation dégénère en bain de sang. De ce fait, la lecture de ce tome est à réserver aux adultes à la fois pour la violence et pour la cruauté qui imprègnent ces pages. Le scénariste et le dessinateur se complètent à merveille. L'histoire vous prend par les tripes dès la première page et vous aurez du mal à reposer ce recueil avant la fin. Enfin cette série n'a pas volé son titre puisque vous croiserez les restes d'une personnes ayant été scalpée.
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Scalped, tome 1 : Pays indien

« Il n’est pas qu’arrogant… Il est désinvolte, têtu et complètement incontrôlable. C’est un sociopathe borderline guidé par une colère profonde et peut-être même un désir de mort inconscient. C’est un volcan de violence pouvant à tout moment entrer en éruption. Un danger évident pour quiconque l’entoure. En d’autres termes … Il est parfait. »



Quinze ans qu’il n’avait pas donné signe de vie et le voilà de retour, bien décidé à chercher les ennuis ! Provoquant des bagarres dans tous les bars des environs, Dashiell Bad Horse se fait vite remarquer par Lincoln Red Crow, politicien véreux et caïd ayant main mise sur toute la région. A la recherche de muscles pour conforter son emprise sur la réserve indienne, ce dernier décide de mettre à profit les talents de « Dash » et lui offre un poste au sein de la police tribale.



Scalped, le nouveau destrier de l’écurie Vertigo, aura donc mis près de trois ans à traverser l’Atlantique. Si sur base du titre de cette saga signéé Jason Aaron et R.M.Guéra, la présence d’un héros chauve peut surprendre, c’est surtout la vulgarité des dialogues et l’omniprésence de la violence qui risquent de choquer. Jason Aaron plante en effet son tomahawk en plein territoire Lakotas et livre un récit sans concessions, à mille lieus des westerns classiques, peuplés de cowboys et célèbres pistoleros. Rongée par la misère, l’alcoolisme, la criminalité et le chômage, la réserve amérindienne de Prairie Rose porte bien mal son nom et l’auteur n’hésite pas à restituer les conditions de vie déplorables avec beaucoup de réalisme et de dureté. Les différents personnages incarnent le malaise de tout un peuple et portent les stigmates de cet environnement régi par le crime et la misère.



Le scénario ne se limite pourtant pas à une simple histoire de vengeance et à de l’action pure et dure. Les rebondissements sont nombreux et derrière l’apparence brutale et irréfléchie du héros se dissimule un homme aux motivations bien plus ambiguës. Au fil des pages, l’auteur fait ressurgir les fantômes du passé et finit par développer une intrigue complexe et prenante. Le trait nerveux et dynamique de R.M. Guéra (Le lièvre de mars chez Glénat) parachève l’ambiance sombre de ce polar et fait ressortir toute la tension et le désespoir qui règne au sein de cette enclave indienne du Dakota du sud.



Bienvenue en pays indien !
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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