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Critiques de R.M. Guéra (59)
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Scalped, tome 8 : Le prix du salut

Dashiell Bad Horse est un agent du FBI infiltré dans la police tribale de la réserve de Prairie Rose. Il a pour mission de faire tomber Lincoln Red Crow, le chef de la police et… de la mafia locale. Dans ce volume, Baylis Nitz, le patron de Dash met enfin la main sur l'élément déclencheur susceptible de relancer son enquête sur le chef Lincoln Red Crow. De son côté, Dash Bad Horse remue ciel et terre pour retrouver l'assassin de sa mère, et l'officier Falls Down endure quant à lui une bien étrange captivité.

Je décris un personnage pour chacun des 10 volumes de la série :

Volume 08 – Catcher

Arthur J. Pendergrass, alias Catcher, est un ancien chef du mouvement radical aux côtés de Red Crow et Gina. Catcher a depuis progressivement sombré dans l’alcool et la folie. Il prétend recevoir des visions des Êtres du Tonnerre, dieux vénérés par son peuple: des visions de malheur imminent, toutes centrées sur Dashiell ou ses proches. Malgré l’amour qu’il lui portait, Catcher assassina Gina lors d’un accès mystique. Blessé après avoir tenté de tuer Dashiell, il erre depuis en pleine nature.
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Scalped, tome 9 : A couteaux tirés

A couteaux tirés joue avec nos nerfs. Jamais, vous n'aurez lu un récit aussi dur et tendu. Et pourtant, Aaron et Guéra nous ont déjà fait "souffrir" avec quelques tomes bien violents mais là... Jamais je n'ai été pris comme cela ! Vivement le prochain volume !!!
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Scalped, tome 9 : A couteaux tirés

Amputé du bras droit, le bas empire.

Après une terrible introduction du scalpeur scalpé, flashback de la tragique histoire amérindienne, le pénultième volume de la série Scalped plonge là où le précédent et trépidant opus avait laissé le lecteur sonné. Lincoln Red Crow a décidé de détruire tous ses laboratoires clandestins fabriquant des drogues de synthèse, provoquant colère, peurs et violences. Hors de la réserve lakota, le shérif Wooster Karnow veut en faire autant, mettant au trou de gros méchants, épargnant Dino le borgne. Dans sa prison de White Haven s’entassent déjà Wade Rouleau, père de Dash Bad Horse, Catcher, meurtrier mystique, James Festus Selby, minable dealer diligenté par Red Crow pour occire Catcher puis, peu après, Shunka, bras droit du caïd. Le jeu de massacre n’élimine pas nécessairement les cibles. Pour Dashiell Bad Horse, blessé et hospitalisé, la mâchoire fracturée, le moment est venu d’affronter Shunka. L’épisode se clôt sur un cliffhanger infernal.

La série ne faiblit jamais, conservant lisibilité dans l’éclatement, cohérence dans la polyphonie, souplesse dans la violence. Le lecteur ne peut bouder son séjour en enfer.
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Scalped, tome 9 : A couteaux tirés

Ce tome fait suite à Le prix du salut (épisodes 43 à 49). Il contient les épisodes 50 à 55, parus en 2011. C'est l'avant dernier tome de la série. Le scénario est de Jason Aaron, et les illustrations de R.M. Guéra.



Épisode 50 - Jason Aaron revient sur l'histoire des amérindiens à partir de 1876, sur une forme donnée à leur extermination, et sur le parcage en réserve de force. Il donne également une leçon de comment scalper (à déconseiller aux âmes sensibles). Cet épisode est illustré par R.M. Guéra et il contient quelques pages de dessinateurs invités : 1 page dessinée par Timothy Truman (auteur connu pour sa série post-apocalyptique Scout mettant en scène un amérindien, et pour ces bandes dessinées sur leur histoire, par exemple The true story of Simon Girty, the renegade, en VO), 1 par Brendan McCarthy (connu pour son penchant pour le psychédélisme, par exemple Spider-Man : Fever), 1 par Jill Thompson (l'excellent Bêtes de somme), 1 par Jordi Bernett (Torpedo), 1 par Denis Cowan, 1 par Dean Haspiel (Cuba, my revolution), 4 par Igor Kordey, et 1 par Steve Dillon.



Aaron expose une pratique ignoble liée à l'extermination des amérindiens et il intègre dans sa narration les dessins pleine page des artistes invités qui semblent correspondre à des illustrations qui auraient pu se trouver en fin de volume. Timothy Truman illustre à merveille le vent de la révolte d'une jeunesse opprimée. Jill Thompson réalise un magnifique portrait d'Agnes Poor Bear. Brendan McCarthy capture la facette la plus merveilleuse de Catcher.



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Épisodes 51 à 55 - Lincoln Red Crow fait appliquer les décisions qu'il a prises dans le tome précédent, malgré le désaccord de Chunka. Wooster T. Karnow s'en tient à son nouveau code de conduite à ses risques et périls. Baylis Earl Nitz essaye de reprendre contact avec Dashiell Bad Horse. Rath se fait coffrer. Dashiell récupère ses nunchakus. Arthur Pendergrass vit mal sa séparation d'avec Festus. Beaucoup de confrontations violentes et brutales s'en suivent.



Comme à son habitude, R.M. Guéra insuffle une plausibilité maximale à chaque endroit, et une personnalité intense à chaque individu. Le lecteur peut ainsi se retrouver transporté dans un laboratoire clandestin synthétisant de la méthamphétamine, dans le quartier général de Rath, avec un de ses sbires à compter les recettes, à préparer les colis de drogue et à recevoir les coursiers, ou dans une cellule de prison. Il peut tout aussi bien sentir la chaleur du soleil couchant sur le bas coté de l'autoroute à la frontière de la réserve Prairie Rose, ou la froideur de la nuit dans les collines avoisinant la réserve. En pleine planque devant une installation illicite, il va craindre ce que cache chaque ombre ; comme dans un lieu confiné, il va redouter ce qui se trouve derrière chaque encoignure. Chaque action se déroule en fonction du lieu dans lequel elle se situe, l'agencement du lieu imprime sa logique et ses contraintes sur les mouvements des personnages, leur évolution dans l'espace. Au milieu de ces espaces à la conception rigoureuse, le lecteur en vient même à ne pas remarquer que par 2 ou 3 fois, Guéra s'économise sur les décors le temps d'une page, ou une page et demie.



Ce tome est également l'occasion de revoir de nombreux personnages déjà croisés lors des précédents, et le lecteur retrouve des visages familiers dont la personnalité saute aux yeux. Il y a l'attitude posée et impressionnante de Lincoln Red Crow. La détermination silencieuse de Dashiell Bad Horse se lit sur ses traits durs et marqués. La rage de Shunka couve à fleur de peau dans son visage crispé, son attitude rigide. L'incroyable morgue et le sentiment d'impunité irradie du visage de Rath, encore un individu à la présence incroyable. Baylis Earl Nitz reste toujours aussi terrifiant dans son mépris pour les autres, l'intensité de sa haine pour Red Crow. Il faut voir son visage contorsionné hurler le nom de Red Crow dans le casino pour recevoir de plein fouet cette émotion dévastatrice.



Arrivé à ce neuvième tome, l'avant dernier de la série, la question se pose de savoir ce que le lecteur attend du récit. Il ne s'agit pas d'une question de pure rhétorique, mais plutôt de prendre conscience que le déroulement du récit lors des tomes précédents a tissé une narration d'une grande richesse, brassant plusieurs thèmes complexes, développant chaque personnage pour en faire des individus aux motivations différenciées et crédibles, aux aspirations particulières, aux défauts très humains. De ce fait le lecteur a acquis le sentiment qu'il ne peut pas y avoir de résolution simple ou définitive de chaque conflit, de chaque difficulté. Ces individus ont une vie propre, et comme pour chacun d'entre eux il n'y a pas de solution magique aux difficultés de la vie. Or Aaron choisit d'orchestrer plusieurs confrontations au travers desquelles le lecteur peut avoir l'impression de le voir tirer les ficelles de ses personnages pour apporter des résolutions bien tranchées. En fonction de l'attente du lecteur il pourra être satisfait par ces issues bien nettes, ou un peu déconcerté par ce qui ressemble à des duels qui tombent à point nommé, de manière trop providentielle. C'est comme si Aaron avait eu le souci de tenir ses promesses en matière de conflit de manière simple et directe. C'est un aspect qui peut surprendre dans la mesure où Aaron continue à faire montre d'une finesse psychologique qui met en lumière de nouvelles facettes des personnages principaux. De même les agissements de Festus s'inscrivent dans le thème de l'animisme et des croyances amérindiennes, mais le résultat verse plus dans la farce que dans le drame.



Aaron et R.M. Guéra font converger la majeure partie de leurs fils narratifs pour apporter des résolutions à plusieurs conflits. L'histoire est très prenante et très intense. La forme du récit est plus directe que dans les tomes précédents, sans rien perdre de la finesse psychologique des personnages, mais en proposant des aboutissements très tranchés. La série se conclut dans le tome 10 (épisodes 56 à 60).
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Scalped, tome 9 : A couteaux tirés

Malgré [une] violence souvent assez crue, l'écriture de Aaron garde toute sa finesse avec une caractérisation vraiment très poussée, et une étude psychologique générale vraiment très bien sentie.


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Scalped, tome 9 : A couteaux tirés

On approche du dénouement, un épisode particulièrement violent et sanglant, et graphiquement très sombre. Mais toujours aussi bon, aucune perte de souffle.
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Scalped, tome 9 : A couteaux tirés

Dashiell Bad Horse a pour mission de faire tomber Lincoln Red Crow, le chef de la police de la réserve de Prairie Rose et… de la mafia locale. Dans ce volume, l’heure de s’amender est venue pour Red Crow. A la surprise générale, il décide de mettre fin à toutes ses activités illicites. Dashiell, gravement blessé, découvre l’identité de l’assassin de sa mère.

Je décris un personnage pour chacun des 10 volumes de la série :

Volume 09 – L’Officier Franklin Falls Down

Franklin est l’officier le plus intègre de la réserve. Il est aussi un des seuls à ne pas avoir été engagé par Red Crow. Le dossier Gina Bad Horse lui a été confié, mais loin de lui apporter une reconnaissance appréciable, ses découvertes le mettent avant tout en danger. En discutant avec Laurence Belcourt, condamné à tort pour le meurtre de deux agents fédéraux, Falls Down apprend la véritable identité de l’assassin. Capturé par Catcher, il parvient à s’échapper, aidé par ce qu’il pense être l’esprit de Gina.
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Scalped, tome 9 : A couteaux tirés

Voilà donc déjà l’avant-dernier tome de cette saga Vertigo totalement indispensable pour tous les amateurs de polars bien sombres. Ce neuvième tome, qui reprend les épisodes US #50 à #55, entame donc la dernière ligne droite de cette série et cela se ressent car Jason Aaron commence à faire le ménage à Prairie Rose.



L’album s’ouvre par l’épisode #50, sorte de numéro anniversaire dont Jason Aaron profite pour revenir sur l’histoire des amérindiens à partir de 1876 jusqu’à la création de Prairie Rose et qui voit défiler bon nombre de guest stars au dessin. Si le lecteur y apprend comment scalper, il découvre surtout toute la violence et la haine qui a servi de base à la création de la réserve indienne et qui est à l’origine de la misère actuelle. Visuellement, plusieurs dessinateurs livrent des pleines pages illustrant des personnages importants de la réserve. Outre R.M. Guéra qui illustre la majorité de l’épisode, le lecteur retrouve donc également des artistes de renom, tels que Timothy Truman, Brendan McCarthy, Jill Thompson, Jordi Bernett, Denis Cowan, Dean Haspiel, Steve Dillon et Igor Kordey



La suite renoue avec l’intrigue en cours et permet de retrouver Dash Bad Horse dans un bien sale état suite à sa bagarre avec Catcher qui ponctuait brillamment le huitième tome. Suite aux événements du volet précédent, plusieurs personnages ont d’ailleurs décidé de donner une nouvelle direction à leur vie. Red Crow a choisi le chemin de la rédemption en mettant fin à ses activités illégales et même le Sheriff Karow se transforme progressivement en héros. Mais le personnage le plus intéressant de cet arc intitulé « A Couteaux Tirés » est indéniablement Shunka. Après avoir dévoilé son homosexualité, Jason Aaron continue de torturer cet homme finalement beaucoup plus sensible qu’il ne paraît.



Visuellement, le trait nerveux et dynamique de R.M. Guéra dégage énormément de puissance lors de l’affrontement final entre Dash et Shunka et parvient à restituer toute la tension et le désespoir qui règne au sein de cette enclave indienne du Dakota du sud depuis le début de cette saga sombre et violente.



Encore un excellent tome, que vous retrouverez dans Mon Top de l’année
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Tex : Romanzi a Fumetti. 9, L’uomo dalle pi..

L'homme aux pistolets d'or.

La guerre américano-mexicaine (1846-1848) a beau être terminée depuis plus de vingt ans, Juan « Golden guns » Gonzales, ennemi juré des gringos semble avoir survécu alors même qu'il avait été supposé mort après sa capture et sa tentative de fuite suicidaire, lui, ses deux plus jeunes frères et sa bande sanguinaire, faits prisonniers par les Texas rangers et tous décimés par l'armée américaine. Pourtant, les vétérans de la guerre, plus de deux décennies après les faits, se font massacrer les uns derrière les autres et Kit Carson est sur la liste puisque jeune ranger, il a participé à la capture de Gonzales en son temps. Tex Willer et Kit Carson vont devoir remonter une piste particulièrement sanglante avec, en bout de course, l'homme aux pistolets d'or, porté par une haine inextinguible.

Le scénariste Pasquale Ruju a concentré l'essence du western en 49 pages avec une vengeance au long cours et un duel explosif à la clé. R. M. Guéra, dessinateur serbe talentueux déjà exceptionnel sur la série « Scalped » réalise une histoire puissante dans laquelle son graphisme expressif et sa mise en page superbe font merveille. La mise en couleur de Giulia Brusco n'est pas en reste et concourt à densifier le récit tout en le rendant encore plus lisible si besoin était. Malgré la qualité très élevée de la série des Tex cartonnés en couleur, le 9e volume hausse encore le niveau, réussissant la gageure de rivaliser avec des histoires habituellement bâties sur plusieurs centaines de planches.
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The Goddamned, tome 1

Ce tome est le premier d'une série indépendante de toute autre. Il regroupe les épisodes 1 à 5, initialement parus en 2015/2016, écrits par Jason Aaron, dessinés et encrés par R.M. Guéra, avec une mise en couleurs réalisée par Giulia Brusco. Il contient également les couvertures originales de Guéra, ainsi que les couvertures variantes de Jock, Jason Latour, Esad Ribic, Skottie Young, Chris Brunner, et 6 pages d'étude graphique.



Et l'Éternel vit que la méchanceté de l'homme était grande sur la terre, et que toute l'imagination des pensées de son cœur n'était que méchanceté en tout temps. Et l'Éternel se repentit d'avoir fait l'homme sur la terre, et il s'en affligea dans son cœur. Genèse 6 - 5 & 6. Quelque part à l'extrémité d'un désert, 1.600 ans après l'expulsion d'Éden, un jeune garçon est en train de se soulager, depuis le sommet d'un gros bloc de pierre, dans la mare un mètre et demi plus bas. Il ressent une petite frayeur et lâche un juron, en voyant un homme blond atteint par l'urine, se relever. Il ne comprend pas parce que l'individu est resté avec le visage dans la terre pendant toute a journée, et il devrait être mort. L'homme demande au garçon comment se nomme l'endroit où ils se trouvent : l'enfant répond qu'il ne porte pas de nom, c'est juste la fosse d'aisance. Avant c'était un point pour boire, mais depuis que tout le monde fait ses besoins dedans et qu'il y a des cadavres d'animaux, plus personne ne l'utilise pour étancher sa soif. Caïn ne se souvient que d'avoir été saoul, et il a oublié tout le reste. Le garçon lui raconte la suite : il est arrivé au campement en disant qu'il voulait acheter du feu, et les gens n'ont pas aimé sa dégaine. Ils trouvaient louche que l'individu n'ait aucune cicatrice. Du coup, le gang des garçons de l'os l'a égorgé et ils ont jeté son cadavre dans la mare. L'homme a pris un morceau de haillon sur un cadavre pendu et il s'en sert pour se nettoyer de la boue. Il explique au garçon qu'il va rentrer dans le campement et que Lodo ferait mieux de s'en tenir écarté tant que les cris n'auront pas cessé.



Toujours nu comme un ver, Caïn avance d'un bon pas et parvient dans le campement fait de tentes de fortunes, avec une dizaine de chiens en train de dévorer une carcasse. Il veut absolument savoir s'il y a un nephilim dans le camp. Les hommes se tiennent autour de l'énorme feu où se trouve la carcasse d'un grand animal quasiment entièrement dépecée, toute la chair ayant été mangée. Ils se marrent parce que l'un d'eux a bu le liquide de l'étranger, et est tombé dans le feu, complètement ivre, et s'est brulé le bras. L'un d'eux en train de mordre de bon cœur dans un gros morceau de viande juteuse reçoit un violent coup de pied sur le crâne. Il se relève immédiatement et poignarde le torse de son assaillant à plusieurs reprises : Caïn semble n'avoir rien senti. Il prend le poignard de la main de son assaillant et lui enfonce dans la bouche ouverte, d'un coup puissant qui ressort par l'arrière du crâne. Ayant ainsi capté l'attention de tous les hommes, il demande où se trouvent ses affaires. Il n'en faut pas plus pour qu'ils se jettent sur lui pour le massacrer.



La Bible est une source incroyable de mythologie, mais rares sont les auteurs qui osent s'y risquer, parce que les retours des groupes religieux peuvent être virulents et néfastes pour une carrière, et parce qu'il faut disposer d'une bonne culture en la matière pour éviter de rester en surface. Du coup, aux États-Unis, les éditeurs de comics ont tendance à se tenir à l'écart de tout ce qui peut s'apparenter à une interprétation personnelle des saintes Écritures, ou même de la mise en scène d'un personnage biblique de premier plan, comme Rick Veitch en fit les frais sur la série Swamp Thing de DC Comics, ou Mark Russell sur sa série Second Coming, créée avec Richard Pace & Leonard Kirk. Il vaut mieux avoir une notoriété déjà assise à l'extérieur des comics pour espérer y parvenir. D'un autre côté, les auteurs américains ont souvent une connaissance plus imagée des Écritures et savent les manier avec une forme de truculence très particulière. Par exemple, la série Testament (2005-2008, 22 épisodes) par Douglas Rushkoff, Liam Sharp, Peter Gross, Dean Ormston, Gary Erskine proposait une mise en perspective de plusieurs épisodes célèbres de la Bible au regard d'une technologie d'anticipation pour un résultat remarquable. Le lecteur constate tout de suite que le scénariste sait mettre à profit les Écritures pour une lecture très personnelle : en exergue de chaque épisode, il place une citation de la Genèse ou du Livre de Job, évoquant la colère de l'Éternel et le jugement qu'il passe sur les hommes. Il fait le lien avec le titre de la série : les damnés. Le lecteur comprend que le point de vue qui sous-tend ce récit est que la race humaine jugée coupable par son propre créateur.



Il est fort probable que le lecteur ait été alléché par la perspective de retrouver le duo de créateurs de l'extraordinaire série Scalped, 60 épisodes parus de 2007 à 2012. Il remarque tout de suite que l'artiste se concentre beaucoup plus sur les personnages que sur les décors, ceux-ci étant majoritairement réduits à de la boue, de la roche, de la terre desséchée, et quelques végétaux assez rares et plutôt souffreteux. De temps en temps apparaissent d'autres éléments comme des tentes, des cages, une charrette, des animaux fantastiques. Giulia Brusco effectue un excellent travail de mis en couleurs pour habiller tout ça, établir des ambiances par séquence. Le lecteur veut bien accepter que 1.600 ans après Éden, la communauté d'êtres humains mise en scène évolue dans une zone désertique, mais il faut quand bien qu'ils trouvent de quoi manger de temps à autre. Il peut aussi choisir d'y voir plus un environnement de conte qu'une description factuelle d'une réalité.



Caïn erre donc sur Terre à la recherche d'un individu qui parviendra à lever la malédiction qui pèse sur lui, après qu'il eut commis l'impensable, le premier meurtre de l'humanité, devenant en plus fratricide. La nature même de sa quête le mène à se confronter à des individus usant de violence, dont la communauté fonctionne sur le mode de la violence. L'artiste se fait donc un malin plaisir d'opposer le corps parfait de Caïn et la blondeur de ses cheveux à des hommes sales et rustres, à la peau burinée et marquée par les cicatrices, à la chevelure hirsute, aux expressions de visage veules et agressives. Il n'y a que le seul personnage féminin du récit qui présente une allure moins repoussante. Même les enfants sont animés par une rage inextinguible, reproduisant l'attitude de leurs ainés. Le lecteur ne doit donc pas s'attendre à pouvoir s'identifier à un personnage positif dans ce récit : les êtres humains sont d'une agressivité permanente, avec une bonne dose d'avidité, et le personnage principal ne souhaite qu'une chose : mourir et laisser cette humanité répugnante s'autodétruire sans lui. À nouveau, cette vision de la race humaine passe mieux si le lecteur se place d'ans l'optique d'un conte, plutôt que d'une reconstitution historique. Ce choix de mode de lecture se trouve également justifié par le bestiaire du récit, qui comprend un ou deux animaux dont la présence semble décalée, ainsi qu'un véritable géant (un nephilim).



Le lecteur s'immerge donc dans un environnement peu accueillant, côtoie des individus qu'il espère bien de jamais devoir croiser dans la réalité, et finit par s'attacher au pas de Caïn, non pas par sympathie, mais parce que c'est l'individu le plus évolué dans cette bande de néanderthaliens bas du front, durs de la comprenette, où quelques individus un peu plus intelligents, mais encore moins recommandables les exploitent et les manipulent. À la recherche d'un moyen pour mourir, d'un individu assez brutal pour le tuer définitivement, Caïn n'a d’autres choix que de se mêler aux populaces. Son apparence caucasienne tranche par rapport à celle des autres êtres humains, un choix caustique pour le faire ressortir et montrer qu'il n'appartient au même peuple. Non seulement il trucide ses opposants sans une trace de cas de conscience, sans une once de remords, mais en plus il tient des propos d'un cynisme à toute épreuve. D'ailleurs le lecteur remarque que toutes ces petites communautés se comprennent sans aucune barrière de langage. Il commence par mettre ça sur la forme du conte, puis il se souvient que la Tour de Babel n'a pas encore été détruite par un Éternel susceptible et de mauvaise humeur. Il se rend également compte que ces histores de bagarre et d'éventreurs sont des histoires d'hommes, et qu'il n'y a qu'une seule femme dans le récit. Dans le même temps, il est emporté par la force de la mise en scène des pires comportements de l'humanité, tout en remerciant le ciel que l'humanité ne dispose pas à ce moment de son histoire, d'armes automatiques, ni d'armes de destruction massive.



Il n'y a pas à hésiter un seul instant : un comics par Jason Aaron & R.M. Guéra, c'est forcément bon et au-dessus du tout-venant de la production, même s'ils sont en petite forme. De prime abord, le lecteur est pris à la gorge par l'âpreté des dessins, par la violence omniprésente, par le discours fataliste. Trop tard, il a déjà été happé dans le récit. Il profite de la page noire entre chaque chapitre pour reprendre un instant son souffle et constater à quel point les auteurs ont su s'approprier cette phase-là de la mythologie biblique pour mettre en scène le pire de la sauvagerie de l'humanité, avec un personnage principal aussi antipathique que ses opposants, proposant une interprétation sélective des Écritures, personnelle et qui fait sens, parlant tout simplement de la nature humaine avec une franchise brutale.
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The Goddamned, tome 1

Avec ce nouveau titre, le trio de « Scalped », Jason Aaron (scénario), R.M. Guéra (dessin) et Giulia Brusco (colorisation), s’amuse à revisiter l’histoire de Caïn.



Le damné de Dieu dont il est question est en effet le fils d’Adam et Ève, celui qui fût condamné par Dieu à assister à la déchéance de l’Humanité jusqu’à la fin des temps pour avoir tué son frère Abel. Ce comics délicieusement irrévérencieux s’ouvre donc en compagnie du célèbre immortel, couvert d’excréments, au moment où il émerge d’une fosse à purin alors qu’il se fait uriner dessus par un gamin manchot. Vous aurez donc immédiatement compris que l’ami Jason Aaron ne compte pas faire dans la dentelle lors de ce récit à l’ambiance post-apocalyptique.



L’histoire se déroule 1600 ans après l’Eden, dans un monde barbare, impitoyable et violent, que notre anti-héros arpente à la recherche de ce qui pourra enfin le tuer. Tout n’est que désolation au sein de cet univers glauque condamné au Déluge et même l’ami Noé, chargé de sauver toutes les espèces de la noyade divine, est dépeint comme une véritable ordure.



Si cette relecture de la Genèse parvient à plonger le lecteur dans un monde aussi sombre que prenant, R.M. Guera et Giulia Brusco n’y sont pas étrangers. Le trait crasseux du yougoslave et la colorisation adéquate de sa collaboratrice attitrée contribuent en effet à plonger le lecteur dans un univers dénué d’espoir, tout en proposant des personnages repoussants et sans pitié, au sein d’une histoire certes connue, mais revisitée de main de maître par le trio de « Scalped ».



Yeah !!! Jason Aaron rules !!!



Retrouvez d’ailleurs cet album dans mon Top Comics de l’année !
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The Goddamned, tome 1

L’ambivalence s’invite dans un récit qui prend soin d’éviter, justement, tout manichéisme. Cela lui octroie une profondeur qui lui permet de rester sur le fil dans son traitement d’un sujet pourtant compliqué et particulièrement casse-gueule.
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The Goddamned, tome 1

Renversant graphiquement par moments, The Goddamned estomaque surtout par le pessimisme assumé de son propos. Du noir, du vrai. Et du grand !
Lien : http://www.bodoi.info/the-go..
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The Goddamned, tome 1

Je me suis lancée sans lire la synopsis et... j'ai adoré. Ce monde avec une cruauté extrême et pourtant tout à fait humaine... Déjà rien que pour ça c'était gagné !



Cette nouvelle vision de la Bible et de ses personnages est vraiment incroyable (Noé en bûcheron esclavagiste : top). Il n'est pas nécessaire de connaître la Bible pour apprécier cet ouvrage, mais ça ajoute tout de même un petit plus !



Les planches y sont gorgées de détails tous plus morbides les uns que les autres.



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The Goddamned, tome 1

Aux premières heures de l'humanité, le monde n'est que barbarie et des hordes de pillards et de cannibales règnent sur Terre. Caïn, le meurtrier originel, immortel mais maudit par Dieu, erre dans ce monde de désolation en cherchant celui qui pourra le libérer.



"The Goddamned", que l'on pourrait renommer « Caïn le Survivant » ou « Caïn le Barbare » est une réécriture de la Genèse mais dans une version sous testostérone. le monde qui nous est présenté est ultraviolent, autant visuellement que dans les dialogues, et ce comics ne s'adresse pas aux âmes sensibles. Mais le talentueux Jason Aaron nous tient en haleine avec son scénario qui nous montre toute la noirceur de l'âme humaine tout en laissant apparaître quelques lueurs d'espoirs…



Un œuvre sanglante et provocante mais portée par un souffle épique !
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The Goddamned, tome 1

Aaron nous donne envie d'en lire plus, avec quelques surprises et un final à la hauteur de l'histoire.
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The Goddamned, tome 1

Un univers glauque et violent, mais fascinant.
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The Goddamned, tome 1

C'est le mythe de la Genèse qui est revisité par les auteurs à la sauce Conan le Barbare avec une flopée de vulgarité à chaque page. Sur le mode bourrin, il n'y aura pas mieux ! Certes, les fans de la série Scalped pourront s'y délecter mais les autres seront forcément déçus et même horrifiés devant ce désastre apocalyptique où l'enfer est condamné au déluge.



Ainsi Caïn qui a tué son propre frère est condamné à l'immortalité et il rencontre alors le fameux Noé. Ces contes bibliques sont mêlés à différents genres qui oscillent entre la fantasy, parfois le western et également le fantastique. J'avoue ne guère goûter à la brutalité et à la vulgarité des propos. Certes, cette oeuvre volontairement provocatrice (voir le titre un peu offensant) peut plaire et il faut accepter ce triste constat.
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The Goddamned, tome 2 : The Virgin Brides

Ce tome fait suite à The Goddamned, tome 1 (2016) qu'il faut avoir lu avant. Il regroupe les 5 épisodes de la seconde saison, initialement parus en 2020/2021, écrits par Jason Aaron, dessinés et encrés par R.M. Guéra et mis en couleurs par Julia Brusco.



Les fils de Dieu vinrent vers les filles des hommes, et elles leur donnèrent des enfants. Genèse 6:4. Dans un village situé sur un plateau non loin du sommet d'une montagne, de nombreuses jeunes filles avec des motifs sur le visage et un panier de fleurs sous le bras, se tiennent devant des femmes adultes. C'est une magnifique cérémonie de mariage qui va se tenir. Les vieilles mères sont prêtes dans leur long habit noir, et bien alignées en rang. Elles accueillent la troupe des grandes guerrières de la montagne. La prieuresse s'avance vers la doyenne en indiquant qu'elle a reçu l'information qu'une nouvelle rose a éclos dans son jardin. Elle et ses guerrières sont venues chercher la vierge pour la conduire au sommet où son promis l'attend. Lillian, une jeune adolescente en courte tunique blanche s'avance, tenant un superbe bouquet dans sa main gauche. La prieuresse pose les questions rituelles. Comme s'appelle-t-elle ? Depuis combien de temps a-t-elle fleuri ? Est-elle restée pure de tout contact d'un mâle ? Est-ce qu'elle accepte de sa propre volonté de chérir et d'obéir son promis ? De le vénérer de son corps aussi longtemps qu'elle vivra ? Satisfaite par les réponses, la procession se met en branle, Lillian et la prieuresse en tête du cortège. Elles atteignent bientôt une étendue herbue sur un promontoire.



Lillian s'avance jusqu'à l'extrémité de l'éperon rocheux et une lumière transperce les nuages, brûlant les yeux de la jeune adolescente qui ne parvient pas à détourner le regard. Elle sent la présence de son promis, elle sent ses pieds quitter le sol alors qu'elle s'élève doucement vers les nuages. Et dans les bras de l'ange, elle n'est plus une vierge. Alors qu'elle est entièrement cachée par les nuages, invisibles aux femmes restées au sol, un cri horrible retentit, venant des nuages. Le lendemain, Les mères en robe noire surveillent les jeunes filles pas encore réglées, en train de travailler à la cueillette des pommes. Parmi elles, la rousse Jael papote avec sa copine la brune Sharri, en particulier sur ce qui est arrivé à Lillian et sur ce cri horrible. Jael récite : leur amie a été conduite au sommet de la montagne pour se marier avec quelqu'un qu'elle n'avait jamais vu avant. Une sorte de créature qualifiée de fils de dieu sur laquelle aucune d'entre elles n'a jamais posé les yeux. Avec une grande trompe entre ses jambes, qu'elles sont supposées vénérer comme la manne venue des cieux. Qu'est-ce qui pourrait mal tourner ? Sharri sait bien que ce jour est supposé être le plus beau jour de leur vie, mais peut-être est-elle en difficulté ? Jael répond que si c'est la cas, Lillian ne peut pas compter sur l'aide des doyennes et que c'est à elles de se rendre en haut de la montagne.



Dans le premier tome, les auteurs ont su s'approprier une tranche de la mythologie biblique pour mettre en scène le pire de la sauvagerie de l'humanité, avec un personnage principal aussi antipathique que ses opposants, proposant une interprétation sélective des Écritures, personnelle et qui fait sens, parlant tout simplement de la nature humaine avec une franchise brutale. Le lecteur commence ce deuxième tome avec un horizon d'attente défini par le premier. Il commence par être surpris. Le premier extrait de la Genèse n'est pas si explicite que ça, et un peu tronqué. Ensuite, Caïn n'est pas présent, le récit se focalisant sur deux adolescentes tout juste pubères : Jael et Sharri. Le deuxième extrait de la Genèse est plus connu, mais ne semble pas apporter un éclairage sarcastique à l'épisode 2, comme c'était le cas pour les extraits du premier tome. Le troisième passage biblique est extrait du livre d'Isaïe (40:313) et évoque les prouesses de ceux qui se confient en l'Éternel, qui renouvellent leur force. Ils prennent le vol comme les aigles. Ils courent, et ne se lassent point. Ils marchent, et ne se fatiguent point. Ce passage fait écho directement, peut-être avec une pointe d'ironie à la fuite des deux donzelles. Les deux autres extraits (Genèse et évangile selon saint Marc) illustrent de manière tout aussi littérale ce qui se passe dans l'épisode correspondant. Enfin les créateurs mettent en scène la présence d'un ou plusieurs anges ainsi que celle d'un serpent doué de conscience, et de plusieurs nephilims. Cette utilisation de la mythologie de la Bible ne s'avère pas aussi subversive que dans le premier tome, sans être hors de propos ou facile pour autant.



De même, la fuite des deux jeunes adolescentes sert de métaphore à la condition féminine réduite en esclavage par une religion patriarcale, et décidant de rejeter tous ces dogmes les réduisant aux fonctions de donneuse de plaisir sexuel et de matrice de reproduction. Le scénariste donne l'impression de ne pas être allé chercher bien loin, et de rester dans une critique très basique du dogme religieux pris au pied de la lettre. En revanche, l'artiste met l'histoire en images, toujours sans concession. Il a décidé de ne pas se soumettre à la pudibonderie de mise dans les comics, et de représenter les poitrines féminines dénudées quand cela se justifie, en particulier la tenue révélatrice des guerrières qui arborent fièrement cet attribut féminin. D'un autre côté, ces représentations n'ont rien d'érotique dans leur présentation, ou par les cadrages : c'est juste comme ça, une coutume dans une société de femmes. Ensuite Guéra a conservé cette façon de détourer avec des traits irréguliers, parfois très fins à en être cassants, parfois plus gras apportant des ombres sur les silhouettes et sur les visages. Cela confère une certaine âpreté aux personnages, reflétant la dureté des conditions de vie dans ces temps primitifs. Les jeunes filles sont montrées comme pures pour la cérémonie du mariage, plus marquées par le travail lors des corvées. Jael et Sharri portent la marque de la poussière du chemin, des chutes, des coups. Les nephilims ont une peau irrégulière, abîmée et sale.



Dans ces épisodes, l'artiste représente des décors plus fournis que dans le premier tome, le récit se déroulant sur montagne, dans un village aménagé avec des constructions, dans les bois alentours, etc. Il représente une nature qui peut être calme et accueillante, presque domestiquée, ce qui correspond à la zone que les mères appellent le jardin, une autre référence à un jardin biblique même si ce n'est pas celui d'Éden. Il y a également des zones rocheuses impropres à la vie, des pentes escarpées, des bois de ronces, une large rivière. En cours de route, le lecteur apprécie la qualité de la mise en couleurs, la coloriste mettant en œuvre des teintes différentes en fonction du milieu rocheux ou végétal, aquatique, ou envahi par le brouillard. Le lecteur éprouve la sensation que les deux demoiselles évoluent dans un monde encore sauvage, où l'être humain est minoritaire et n'a pas conquis chaque espace. Elles évoluent au milieu des mères et des guerrières, une société avec une réelle culture, et se heurtent à plusieurs reprises à des êtres humains beaucoup plus rustres, vivant en clan comme des hommes préhistoriques. Plusieurs séquences et visuel arrêtent le lecteur par leur force : la vision d'ensemble du domaine des mères, la découverte de l'apparence des enfants, le drap tâché de sang, la course en carriole, etc.



Dans un premier temps, le récit retrouve un peu de sa subversivité : les anges ne sont finalement que des violeurs qui profitent sans vergogne du culte qui est rendu à Dieu et comme le dit le verset 6:4 de la Genèse, ils leur donnent des enfants. Mais très vite, cet iconoclasme rentre dans le rang d'une dénonciation plus facile, plus banale. Les mères qui s'occupent des jeunes filles sont privées de leur sens critique par leur obédience à la Foi, même si elles entendent les cris des promises enlevées dans les cieux par les anges. De même, elles se conduisent facilement de manière tyrannique avec les jeunes filles. Cela ne correspond pas au credo du Nouveau Testament, mais il est vrai que ces récits correspondent plus à la mythologie de l'Ancien Testament. Jael et Sharri s'échappent car elles ont perçu l'horreur de ce qui les attend, la première se montrant même dessalée pour son âge, expliquant à sa copine qu'elle ne voit pas pour quelle raison elle devrait révérer la trompe entre les jambes des anges. Le lecteur en vient à se demander comment elle a pu acquérir cette connaissance, dans une société dépourvue de toute présence masculine, où les anges ne se montrent jamais physiquement. Il voit la fuite des jeunes adolescentes comme une prise d'indépendance vis-à-vis d'un dogme religieux profondément misogyne et d'une société qui les considèrent à peine mieux que du bétail précieux. On est loin du renversement total de point de vue du tome 1. Pour autant le récit est prenant, haletant même dans cette course-poursuite, et le serpent joue un rôle beaucoup plus ambigu que celui du jardin d'Éden.



Au fur et à mesure de ce second tome, le lecteur se rend compte que l'artiste semble plus impliqué que dans le premier, ce qui provient en partie du fait que les environnements sont plus variés et plus sophistiqués. La narration revêt une apparence primordiale, conférant bien cette sensation d'un monde primitif, avec des personnages marqués par cet environnement, et des scènes très fluides à l'esthétique personnelle. Il prend également conscience que ce deuxième tome est consacré à d'autres personnages que le premier, ce qui laisse augurer un récit de longue haleine prévu pour compter plusieurs autres chapitres, le lecteur espérant bien qu'ils verront le jour. Celui-ci est prenant et provocateur, mais la thématique de la mythologie biblique donne lieu à une interprétation et à un thème plus classiques.
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