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Citations de Radu Bata (155)


Radu Bata
Ballade pour emmener en balade

Sur les réseaux sociaux,
les chats et les souris se regardent
en chiens de faïence.

De toute façon la vie te pose des lapins
alors fais en sorte qu’il en sorte
un playboy.

Pour le dégel des relations avec les gens,
les pays ou les fantômes,
une seule solution :
mettre du gel intime.

Patchwork de neige tricoté aux syncopes,
la vieille Europe fait la guerre à l'Europe
et le sang coule à flots des espérances têtues
hourra hourra, heureux soient les vaincus !
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échantillons de bien-être
en quantités inquiétantes

une espèce d’oiseaux est devenue si rare
que les exemplaires restés ont oublié leur chant
c’est ce qui me serait arrivé
si le sort ne m’avait pas accouplé
avec moi-même
qui sait quel exemplaire sortira
de ce prototype de beauté
avec un nombre impair d’organes
et plusieurs types d’insuffisances

je suis la dernière porteuse de ces gènes
je le sais depuis mes quatorze ans
comme les grandes espèces d’aquila
qui pondent des œufs secs et maladifs
en demeurant ensemble toute la vie
ce qui est digne d’admiration
pas comme moi
un exemplaire dénué d’expérience
qui veux que tout arrive en même temps

j’ai exercé peu – presque pas du tout
toujours sous la bénédiction de l’échec
de la timidité comme un mur d’amiante autour de la bouche
je tiens les humains à distance – je casse leurs vases
et je ne sais pas recoller les morceaux
ce sont des atouts désastreux
pendant la période de reproduction
à côté du mixage hormonal
qui laisse à désirer

voilà pourquoi je planifie
une solitude supportable
comme un silence assis sur un sexe coupé
un lieu rien qu’à moi
– un studio sous le toit
avec un évier en fonte
et un bûcher de fleurs allumé
qui cache pendant les nuits d’été
l’odeur de personne âgée

(Andreea Apostu, pp. 40-41)
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les héros sont fatigués

dans le silence des livres d’histoire
les pages blanches font l’éloge des invisibles

un cliché dit :
quand ils n’ont plus rien à faire les humains se mettent à vivre.
mais parfois, ils ont juste besoin de fermer les yeux car ils sont très fatigués.
ils ont besoin de sortir au cœur de la nuit pour entendre les petits animaux
leur sommeil de lait
et se rappeler la joie.
car au début les choses sont propres et douces. c’est après que ça part en vrille.
tout commence quelque part et tout a droit au repos
quand la fatigue ne veut plus s’en aller.
toutes les choses ont le droit de rester éparpillées intactes dans le désordre
comme lorsque tu reviens après des décennies dans la maison de ton enfance
et tu reconnais ta vie dans les signes qui couvrent des murs.
un autre cliché dit que le temps guérit les blessures. les années la vie etc. servent à ça.
que les humains ont réussi à vaincre des désastres inimaginables.
on ne le sait que trop bien : bestialité, trahison, guerres contre l’humanité, barbaries dont seul l’homme est capable
et pourtant nous y voilà encore
des morts et des traumas plein les bagages
accrochés à nos arbres généalogiques.
mais que fait-on des tout petits et des catastrophes personnelles
des guerres de cuisine quand on baisse la voix pour que l’enfant n’entende pas ?
que fait-on des héros secondaires qui ne montrent jamais leurs blessures
car elles sont trop petites par rapport à celles du grand monde ?
héros secondaires tués par des blessures secondaires.
ce qui ne compte pas ne se conte pas.

(Luminita Amarie, pp. 38-39)
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« la vie devant soi »

le jeune homme à la fenêtre du bâtiment d’en face
m’aperçoit et me dit :
un pauvre homme de soixante ans.
dorénavant ses jours sont comptés.
après soixante, pourquoi vivrait-il encore ?

au-dessus de lui, au neuvième étage,
un vieil homme aux 80 ans bien sonnés
tâtonne sur le balcon
et moi je me demande :
« après 80, pourquoi vivrait-il encore » ?

j’ai ouï dire qu’au-dessus de moi, au dixième,
habitait un monsieur devenu centenaire.
on peut le voir du bâtiment d’en face.
moi, je ne peux pas, mais s’il descendait avec l’ascenseur,
j’apprendrais des choses auxquelles je n’ai pas accès.

je ne tiens pas à monter au dixième
mais j’aimerais bien le voir, lui,
au moins quand il sera descendu dans l’escalier,
s’il ne se trouve pas quelqu’un, dans la nuit,
qui l’enterre directement au ciel.

(Ioan Es Pop, p. 31)
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Séjour en tachycardie

Le cœur a quatre chambres mais aucun hall.
Il n’a ni cuisine, ni salle de bains, ni balcon
et il lui manque surtout un cellier.
Je me suis assise sur les bagages et j’attends que tu me fasses de la place.
Je t’entends jurer doucement pendant que tu jettes les affaires de ton ex sur le feu
ou par la fenêtre.
Mais attends, ton cœur n’a pas de fenêtres,
il a seulement des portes bancales qui grincent comme 4 orchestres
et sonnent faux.
Les portes de ton cœur sentent le ragoût ou les lardons frits.
Tu aimes manger gras.
Tu vas crever de cholestérol et je serai enfermée dans ton cœur mort.
4 chambres, aucun hall, aucun balcon.
Ton cœur est un appartement sans le moindre confort.
Une niche, qui diable voudrait y vivre ?
Je pars les mains vides vers le soleil.
Je te laisse en souvenir mes 16 jambes
et je cours.

(Raluca Feher, p. 95)
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l’art de la peur

bientôt tout se passera à l’envers :
tu me haïras de ton ancien amour
et je me saignerai pour ne pas te décevoir

tu l’as dit toi-même :
la beauté ne dure qu’un moment
la laideur — une éternité

(Ioan Es Pop, p. 93)
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ce pays centrifuge qui est le mien

un pays centrifuge
qui bouge sur la carte
un lieu mouvant où la seule échappatoire
est de te placer au plus près du centre
et une lutte fratricide pour ce point s’enclenche
où la force d’expulsion multiplie le zéro

quand j’étais petit
ma mère avait une centrifugeuse électrique
elle chargeait dedans le linge fraîchement lavé
et ce monstre de mécanique primitive commençait à vrombir
faisant trembler les murs et le plancher en béton
énervant tous les voisins

et par un orifice
s’écoulait ce qu’il restait de la sève des tissus
après avoir été essorés
comme les dernières gouttes de sang
d’un cadavre frais

à la fin on ôtait le couvercle
et on décrochait du cylindre métallique les habits écrasés
entremêlés drôlement
une manche qui sortait par le col
une autre fourrée dans la jambe
ou la braguette du pantalon
je sortais un mouchoir des poches
et je cherchais la face des choses
tournées à l’envers
elles étaient presque sèches et terriblement froissées
comme si elles étaient mâchées par un ogre
extrêmement attentif à sa propre digestion
mais il y avait toujours une chaussette qui manquait à l’appel
comme si elle avait voulu migrer
quitter cet endroit qui la faisait tourner en bourrique
pour des cieux plus sereins

et ce pays centrifuge qui est le mien
dont personne n'a encore trouvé le bouton
« stop »
rugit quelque part sur la carte
à rotations maximum

(Vitalie Vovc, pp. 81-82)
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Un A4, svp, pour entrer au paradis

Les affaires vont bien :
le trafic est bloqué
la radiation solaire a franchi un nouveau seuil
l’eau est contaminée
la banquise est allée à la plage
sans protection.

On cherche des diplômes
On ne cherche pas la connaissance.
La recherche a un dénominateur commun avec le mépris
du format officiel reconnu :
le laxisme de plus en plus folklorique.
Il s’exprime dans les parades
orange et magenta
– les mêmes couleurs chaudes et fortes
des boutons responsables de la vie
sur lesquels on appuie pour transporter les malades
et effacer les bons sentiments.
Le temps s’est fractionné
entre ce qu’on aurait dû faire
et je-m’en-fichisme.
Personne n’a rien à se reprocher
et le pardon s’obtient en complétant un formulaire A4.
On cherche des diplômes
On ne cherche pas la connaissance.

On cherche une nouvelle année
sous les feuilles de l’automne.
Je cherche,
tu cherches,
il cherchouille…
Ils, elles attendent toujours
le printemps.

(Elsa Dorval Tofan, pp. 157-158)
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poème indolore

la douleur n’existe pas
il existe seulement des blocs de glaces sur lesquels nous accrochons nos vêtements
comme sur un porte-manteau
le vide n’existe pas
il existe seulement des couvertures qui cachent des bulles de savon
en revanche nous
nous existons bel et bien
l’identité est greffée dans nos peaux comme un code numérique
et parfois
— ce qui est la chose la plus grave —
nous donnons notre avis
oui la parole est la chose la plus grave qui puisse nous arriver

aujourd’hui on ne monte plus l’escalier marche après marche
les bandes roulantes nous élèvent sans hésiter
aujourd’hui on n’a plus rien à faire
absolument rien
on n’a même pas à rester droit
aujourd’hui on se laisse faire par les bandes
et on se tait
on avale les mots comme des boulettes de papier
et on est rassasié
suffisamment rassasié
pour croire que le savon puisse laver
que les blocs de glace puissent encore fondre
que la douleur n’existe pas
que tout ceci
n’est que le fruit de l'imagination
un fruit truffé
de vers

(Adela Efrim, pp. 37-38)
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le chat

c’est ton tour, mon enfant,
de me crier après
je vais t’écouter et me taire
jusqu’à ce que ta furie passe
je ne vais pas pleurer
comme tu as pleuré
quand tu attendais
que ma furie passe
je vais rester debout dans ton orage
je n’ai pas peur pour moi
comme tu as eu peur de ma furie
j’ai peur pour toi
que tu ne l’élèves
que tu ne la transmettes
à la naissance
et jusqu’alors
que tu n’écrases pas avec elle
les êtres qui auront le courage
et la force
de t’aimer

rends-moi ton cri s’il te plaît
ta mère le prend
et en fait
un chat
le cri ne se jette pas
le cri se berce
jusqu’à ce qu’il s’endorme

Ana Barton
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job 2.0

pendant mon temps libre
je suis soigneuse d’égos
c’est un travail dur
extrêmement mal payé

je me suis spécialisée
dans le soin des égos masculins
ce sont eux qui se dégonflent plus vite
et nécessitent des rechapages successifs

j’ai acquis des techniques efficaces
par exemple quand je les prends par la main et les promène dans la foule
les hommes deviennent soudain beaucoup plus grands
leur ventre disparaît leur dos se dresse leurs épaules s’élargissent
et le pénis oooh n’en parlons plus il croît infiniment
il arrive jusqu’à la lune

les plus malades d’entre eux
ont besoin de traitement permanent au lit
jour et nuit
semaines entières de veille de sueur de corvée
mais ça vaut la peine
car après quelques mois ils se rétablissent complètement
et disparaissent subitement
alors moi je reçois en cadeau un diplôme
sur lequel est écrit en majuscules :
FÉLICITATIONS
L’ÉGO A ÉTÉ RÉINSTALLÉ AVEC SUCCÈS

Petronela Rotar (p. 74)
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Radu Bata
l'amour avoué
———————
est à demi pardonné
——————————
on n’examine pas
les dents
des araignées au plafond
et des éléphants roses
ainsi les utopies
plongent doucement
dans le luxe de la luxure
quotidienne
ainsi l'extase
fleurit
et retourne
d'où elle vient
et tu passes ta vie à aimer
ici et maintenant
sur la terre
comme au ciel
de toute façon
tu restes avec ta moitié
qui sera dissoute
demain
dans la lettre o
du mot homme
comme dans un zéro
barré

(traduit du roumain par Laure Hinckel & Radu Bata)
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La rencontre

j’ai rencontré un homme
qui avait été foudroyé
au milieu d’un champ

non seulement il n'est pas tombé
mais il a continué de marcher
connecté à l’éclair du ciel
comme un jouet téléguidé

je lui ai dit - méfiant -
que dieu était grand
il m’a répondu en souriant
que Dieu était enfant

(Robert Șerban, p. 78)
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la facture de gaz

il est neuf heures du matin
un samedi
ta femme met du lait dans ton café
(tu lui as dit maintes fois que tu n’aimais pas ça)
elle allume la cigarette à la table de la cuisine
et t’ignore quand tu lui dis d’ouvrir une fenêtre
elle ne te regarde pas et a les cheveux secs
le blond ne lui va pas bien
et le rouge rose flashy qu’elle persiste à se mettre
tache ses dents et rend ses lèvres asymétriques
mais tu ne lui dis rien, c’est ainsi qu’on t’a appris
à être homme, à tolérer, l’amour est un privilège
elle te jette une enveloppe blanche
c’est la facture de gaz
« tu peux la payer en ligne »
ton enfant, que tu n’as pas vu naître,
(tu n’as pas voulu rester dans le salon avec ta femme)
descend, ouvre le frigo, le ferme sans rien prendre
il t’ignore lui aussi.
tu regardes un peu par la fenêtre
du 3ème étage on voit les arbres déjà effeuillés
et un frisson te traverse
tu prends l’enveloppe et tu te diriges vers la porte
« je préfère la poster »
quand l’air frappe ta narine et tes pores
c’est comme si tu ressentais pour la première fois quelque chose
après beaucoup beaucoup de temps
devant la bouche de métro tu te demandes
comment les choses se seraient passées si tu étais resté
si tu avais fait encore plus d’efforts
et tu sors du portefeuille une photo,
la même que celle d’alors
personne ne sait que tu l’as encore
ta femme se fâcherait
et tu devrais lui acheter des fleurs après le travail
ou des bombons n’importe quel arôme
elle les aime tous
et ça lui passerait.
à côté de toi passe une fille qui pleure en silence
elle attend le métro les fils des écouteurs mêlés
et les mains dans les poches
son mascara a voyagé jusqu’au cou
elle te rappelle quelqu’un
pour une seconde tu la crois un fantôme
qui surgit pour te confirmer quelque chose.
la pluie commence à tomber
et tu voudrais être resté, avoir fait plus d’efforts,
t’avoir permis à l’aimer complètement, quand tu as aimé,
ne pas t’être dit qu’il te restait encore du temps pour le faire.
un vent léger éveille de sa transe la fille à côté de toi
elle efface son visage avec la manche
se lève
et tu te rends compte que tu l’as fixée, oh mon dieu.
on voit les phares, tu te lèves aussi
tu jettes un regard à la facture de gaz
le métro arrive
tu fermes les yeux et tu fais un pas.

(Elena Stîngă, pp. 112-113)
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Une réputation taillée sur mesure

Le verre en cristal – quand il tombe de haut –
Sait mourir en beauté, en morceaux longs et beaux,
Semant sur le tapis des arcs-en-ciel coupants.
Hélas, moi seul ne sais mourir de mon vivant.

Emil Brumaru (p. 98)
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expat’

décembre est le pays
où l’on s’expatrie
quand tous les autres
ne t’accordent plus
de visa

et c’est ainsi
tout doucement
que le rêve entre
dans ta vie réelle
par la porte de derrière

dorénavant
je prépare mes empreintes
digitales
pour les champs
de rossignols

(p. 93)
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l’insoutenable légèreté des choses

l’organisation du monde me perturbe :
c’est une succession d’étapes que tu suis à la lettre
– mot après mot –
en remplissant péniblement
toutes les cases

quel est l’ordre des choses ?
mystère et boule de gomme :
un matin gris
faire un café devient une épreuve
éprouvante
une fois remplie
la bouilloire disparaît
ensuite l’eau se répand sur l’œil du poêle
et dans le vide qui t’entoure
comme une chemise fidèle
à la fin
il ne te reste que le marc à boire

je n’ai jamais su quel est l’ordre des choses
je suis persuadée que la naissance est le produit
d’une erreur mathématique
– un calcul malheureux –
j’aurais dû débuter
avec une mort lente et bruyante

[...]

où vas-tu
avec cet air sérieux qu’a l’enfant
qui joue un adulte ?
tu regardes l’heure
comme si tu avais un programme chargé
or tu te prends les pieds
dans les aiguilles des minutes
comme dans l’ordre des choses
établi par une loi inconnue
tu regardes l’heure par réflexe
car tu vis
par réflexe

où vas-tu ?
viens plutôt par ici
ici tout est dysfonctionnel mais encore vivant
le GPS se trompe souvent
les distances prennent du retard
les précipitations annoncées à la météo
s’effacent devant le ciel personnel
mais tout est encore possible
– même l’amour –
entre les plis des jours
qui ne tournent pas rond

(Dana Nicolaescu, pp. 138-139)
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bonne nuit le salut

aujourd’hui nous ne sommes plus vraiment
sur les mêmes longueurs d’onde de la radiation orange
émise par krypton 36

si on visitait la grosse pomme cet été
on fonderait aux pieds des gratte-ciels
dressés comme des bêtes
entre les deux guerres
et tes cheveux seraient aussi mouillés
qu’après une pluie d’apocalypse
ou après que nous avons fait
un amour si intense
qu’il en resterait des vagues
à nos arrière-petits-enfants

des vagues pour rire
jouir
ou mourir

(Felix Nicolau, p. 65)
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Un ange qui rêve

Un matin d’hiver
tu dormais si profondément

ta respiration était moins tranquille
que la blancheur de la neige

pendant que je te regardais
tirer les rideaux rouges du froid

(Traian T. Coșoveim p. 62)
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BIOGRAPHIE

Sans regarder l’heure, je me demande pourquoi il est si tard.
Je suis vie. Je suis moi.
Un être en parfaite relation avec le néant.
Je ne me regarde dans la glace que la nuit.
Je suis un bon être : je partage ma solitude avec les murs
et ses yeux d’agate lapis-lazuli mer sombre,
ses yeux mélange d’Octobre et de Mai
que je vois sans ouvrir les paupières.

J’attends une pluie d’automne,
le pardon des pierres et l’oubli.
L’oubli qui ne vient pas. L’oubli qui ne pardonne pas.
L’oubli, cette douceur tant quémandée
qui reconnaît l’amour, la vérité
et qui ne vient plus nous habiter.
L’oubli, seul ami à défier le temps.

Je suis en vie, me voici.
Mon cœur bat, mes jambes obéissent.
Je peux boire de l’eau et écouter la Terre.
Je peux être tout ce que j’imagine
même en deçà de la carte terrestre.
Le chant des vallées connaît la solitude
des côtes dont je suis arrachée.

Un deuil blanc habille mon parcours.
Si je savais jusqu’où mène ce chemin,
j’écrirais le Curriculum Vitae
de l’homme qui porte la croix d’un autre.
Mais voilà, le vent tourne et les gens ne gardent la foi
que pour la montrer aux voisins
pendant la messe dominicale.

J’ai marché dans les pas dessinés
sur la mappemonde
et je suis restée seule en regardant mes traces.
Sur la dernière page,
mes lettres tremblent
et ses yeux lazuli
sont des points sur les i.

(Luminita Amarie, pp. 57-58)
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