Je portais l'uniforme des bannis, j'étais devenu l'un de ces redoutés « sales drogués puants » !
Un lépreux. Une Méduse.
Un intouchable.
Les seuls êtres humains à pouvoir m'approcher seraient les dealers, et d'autres camés.
Le fait que Lorraine puisse marcher dans la rue avec moi, s'asseoir avec moi dans le métro en me prenant la main, proclame la profondeur de son amour.
Les gens me voient assis sur le porche de mon immeuble et je sais ce qu'ils pensent.
« Drogué... sale... puant. »
Je le vois dans leurs yeux.
Surtout dans les yeux des mères.
Des yeux qui prient
pour ne jamais devoir regarder
leur gosse
assis comme moi,
à ma place.
Bonheur, comme cette merveille blanche cristalline que j'aspire jusqu'au fond de mon cerveau et qui déclenche ce souvenir.
J'inspecte le sol âprement.
Je mate chaque poussière blanche, chaque mouton.
Vérifiant que je n'ai rien égaré de ma béatitude.