TABLE DE TRAVAIL PRÈS DE LA FENÊTRE ET IL NEIGE
Les oiseaux épient plus longtemps
qu'ils ne picorent
Et de nouveau je demeure
immobile
Votre reproche de perdre du temps
je le repousse
Le silence s'amoncelle autour de moi
terre pour le poème
Au printemps nous aurons
des poèmes et des oiseaux
1980
L’HEURE FACE À TOI-MÊME
De ses ailes noires s’est envolée la sorbe rouge,
les feuilles ont leurs jours comptés
L’humanité envoie un mail
Tu cherches le mot dont tu ne sais plus rien,
si ce n’est qu’il te manque
(poème paru dans la revue Diérèse 84 / traduction Joël Vincent)
CREDO PAR UN BEAU MATIN
«... ceux qui vont le cœur pied-nu »
(Jan Skácel)
Quand tu écris un poème, et dans ton cœur donc
t’en vas pied nu,
évite les places sur lesquelles
quelque chose en toi se brisa
La mousse
n’émousse pas les tessons
Il existe,
le poème sans blessure
1978
(traduit de l’allemand par Mireille Gansel)
Revue Po&sie n°84 - 1998.
Chardon argenté
S’en tenir
à la terre
Ne pas jeter d’ombre
sur d’autres
Être dans l’ombre des autres
une clarté
Traduction Mireille Gansel.
CAPTURE FACILE
Ils s’accrochent à leur portable.
Du bout du doigt
peut s’afficher à l’écran
ce qui est et ce qui était.
Mais ils ne savent déjà plus
ce qu’ils ne savent plus.
/Traduction de l'allemand par Elisabeth Gerlache
Chardon argenté
S’en tenir
à la terre
Ne pas jeter d’ombre
sur d’autres
Être dans l’ombre des autres
une clarté
1978
//traduction Mireille Gansel
Repas du soir dans les labours
Quand grand-père au soir
attisait le feu de fanes
il faisait les étoiles
qui après étaient au-dessus de nos têtes
Nous les reconnaissions
Et la lune était une petite sœur des pauvres
qui allait mendier auprès du soleil
( parfois elle recevait quelque chose,
Parfois rien)
Je ne savais pas encore que la lune
est le visage anticipé
de la terre
Je n’étais pas encore Adam
et grand-père ressemblait à dieu
Autrefois quand je mangeais encore à la table du ciel
/traduit de l’allemand par Mireille Gansel.
J’espère qu’un jour – TRÈS PROCHAIN – sur cette terre
ce satané virus disparaîtra.
Je vous souhaite à toutes et à tous une meilleure année !
Il savait ce que savent les ponts :
Ils relient sur l'eau
ce qui sous l'eau est relié.
Table de travail près de la fenêtre et il neige
Les oiseaux épient plus longtemps
qu’ils ne picorent
Et de nouveau je demeure
Immobile
Votre reproche de perdre du temps
je le repousse
Le silence s’amoncelle autour de moi,
terre pour le poème
Au printemps nous aurons
des poèmes et des oiseaux
/traduction Mireille Gansel
Réponse
Mon père, dites-vous,
mon père au fond de la mine
a des entailles dans le dos,
cicatrices,
traces croûteuses des pierres éboulées,
mais moi, je
chanterais l’amour
Je dis :
justement, pour cela même
1956
//traduction Mireille Gansel