Les Français du XVIIe et du début du XVIIIe siècle n'avaient pas encore transformé le système d'échanges en entreprise exclusivement économique.
Le budget du département aux Affaires indiennes représentait une “part considérable des dépenses nationales“, sans “rapport avec les services rendus“.
Le Middle Ground fonctionnait à deux niveaux distincts. C'était à la fois le produit de la vie quotidienne et celui d'une relation diplomatique formelle entre différentes peuples.
Pour sortir de cette impasse des histoires de conquête et de résistance (...), il fallait pour cela neutraliser le courant de plusieurs centaines d'années de colonialisme et d'histoire nationale : il fallait sortir des acteurs inconnus des coulisses, leur accorder des paroles autres que celles de démons ou de héros tragiques; il fallait mettre en scène des Amérindiens inconnus dans un univers social complexe et autonome, et non toujours tributaire de gestes perpétrés par les Européens d'origine.
Ce livre s’écarte de ces histoires par trop simplistes et les refond dans un récit plus complexe et moins linéaire. Il parle de la recherche d'un compromis et d’un sens commun.
En essayant de maintenir l'ordre conventionnel de son propre monde, chacun des groupes appliquait des règles qui se modifièrent progressivement afin de s' adapter à des situations spécifiques. Toutes ces tentatives donnèrent naissance à un nouveau paradigme de conventions communes.
Quelle était cette nouvelle manière de suivre l'histoire ? Dans le cas du Middle Ground, c'est l'acte de configuration dans son entier, (...), ce que c'est que d'avoir été humain à travers les siècles.
Le Middle Ground reposait sur l'incapacité des deux camps a parvenir à leurs fin par la force. Le Middle Ground ne put se développer que par la nécessité pour chacune des populations de trouver un moyen (qui ne soit pas la force) d'obtenir la coopération ou le consentement des étrangers. Pour y parvenir, chaque acteur du Middle Ground devait nécessairement s’efforcer de comprendre le monde et l'univers mental de l’autre et d’intérioriser le plus possible cet univers pour parvenir à atteindre son objectif propre.
Au quotidien, ce sont les femmes qui firent le plus gros travail d'intégration des Français dans la fabrication d'une vie franco-algonquienne commune.
Il ne faut sans doute pas s'étonner, non plus, que, pendant longtemps, les Amérindiens nommés, individualisés, demeurent rares.