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Critiques de Robert Coover (9)
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Ville fantôme

Hélas, j'ai jetté l'éponge après une soixantaine de pages. Le roman est comlexe pour moi. Pourtant l'écriture est fluide : phrases courtes, chapitres courts.
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Noir

Quel genre de livre viens-je de lire ? Je n’en ai aucune idée. Disons que cela ressemble à un polar avec un privé qui enquête sur des meurtres mais après trois pages vous commencez déjà à vous poser beaucoup de questions du genre dans quelle galère me suis-je embarqué, est-ce un roman d’humour écrit au troisième degré ? Les clichés du genre s’empilent les uns sur les autres, page après page, le détective avec le trench-coat et le chapeau mou, les clopes et les bouteilles d’alcool, la veuve en voilette noire et jambes galbées qui font chavirer le héros, les cadavres qui s’accumulent etc. nous sommes dans le polar à la Chandler mais en complètement décalé. L’intrigue qui n’est pas palpitante s’emberlificote dans des situations grotesques ou nous perd dans des passages rêvés par le détective et le dénouement est digne d’un cartoon.

Le style d’écriture est à l’avenant, phrases très courtes à la limite de la prise de notes parfois, sujet, verbe et complément pour les plus longues. Parfois on s’étonne de tomber sur un mot rare (vicarieusement - Ca existe ce mot ? - ou viverrin) et qui fait tache comme un poil de cul dans la soupe à l’oignon ! A l’actif de l’auteur, un certain sens de l’humour comme l’histoire de la pute que se disputent deux yakuzas, la tatouant chacun leur tour d’un message pour l’autre au point final d’en faire une œuvre d’art vivante.

Robert Coover est né en 1932, son premier bouquin date de 1966 et il anime des ateliers d’écriture très sophistiqués dans différentes universités aux Etats-Unis et en Europe. Je suppose que ce n’est pas Noir qui reflète le mieux son talent d’écrivain mais je concède qu’écrire un tel livre à plus de soixante-dix ans démontre une belle jeunesse d’esprit ce qui est tout à son honneur. Personnellement je n’ai néanmoins pas trouvé le rapport qualité/prix favorable à ce livre, je vous laisse donc seuls juges pour donner suite à cette chronique …

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Playboy : posters, la collection complète

Quelque chose de Norman Rockwell…





Le livre (très bien relié) n’est pas très grand (32cm de haut pour seulement 16cm de large), mais par contre, il est bien épais et lourd (2 bons kg) et contient les reproductions (mais pas sous forme de dépliant comme dans le magazine d’origine) de toutes les playmates du mois entre 1954 et 2007 soit 636 photos pleine page (sur papier épais) en format vertical le plus souvent, horizontal de temps en temps + en bonus le légendaire nu de Marylin qui inaugura en 53 le magazine ; le tout étant décomposé en chapitres (un par décade) avec chaque fois un mot d’introduction.





Dans les années 50, les femmes montraient surtout leurs seins, mais jamais ni tétons, ni même aréoles de ceux-ci ; les fesses n’apparaissaient guère que de profil et bien sûr, les gazons restaient totalement interdits de vue.





Dans les années 60, les seins se dévoilent entièrement (tant qu’à faire !), mais rien de changé pour le reste.





Dans les années 70, les gazons bénis irradient enfin de tous leurs feux et comme ils étaient alors encore fournis, l’éblouissement est total !





Le phénomène se poursuit et s’amplifie dans les années 80 et 90, les fourrures de ces dames s’allégeant toutefois petit à petit…





Dans les années 2000 (ô malheur, ‘gross’ malheur !), les denses forêts tropicales de nos folles années de jeunesse laissent désormais la place à des minous de fillettes (« Mais où sont les ‘neiges’ d’antan ? » pleurait déjà François Villon, qui l’avait senti venir, longtemps avant)…





Les photos sont toutes superbes, jamais vulgaires (il s’agit là évidemment ici d’esthétique et non de pornographie), les femmes sont splendides (ce n’étaient bien sûr pas précisément les plus laides qui s’affichaient au centre du légendaire magazine) et donc le plaisir est total.





Il ne vous reste plus qu’à suivre le mouvement !



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Pinocchio à Venise



Je n'ai pas vraiment été convaincue par transposition à notre époque, du Pinocchio de Carlo Collodi par Robert Coover.



Peut être est dû au choix de Robert Coover c'est à dire de dépeindre Pinocchio sous les traits d'un vieil l homme tout en transposant l'intrigue dans une Venise hivernale, baroque, sombre, etc. Ce qui n'arrange rien à la morosité ambiante. On retrouve aussi tous les personnages évoluant autour de Pinocchio, mais, sous d'autres traits.



Il faut avoue, outre le fait d'avoir coisi l'hivers comme "cadre" de son roman, Robert Coover a également choisi le carnaval comme point de repère de son interprétation toute personnelle de l'œuvre de Calo Collodi. Ce qui fait qu'une atmosphère "permissive" se dégage également, et, on a l'impression que les divers protagoniste, l'histoire elle même filent dans tous les sens ainsi qu'en "vadrouille".



Par moment, j'ai eu du mal à suivre, à comprendre ce que je lisais. Cela a également quelque peu dénaturé le souvenirs que j'ai de ma lecture de Pinocchio. Peut être aurait il fallu relire et/ou parcourir le Roman de Collodi avant de me plonger dans celui ci.



Dommage pour moi, mais, cela peut plaire à d'autres.

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Les aventures de Lucky Pierre

Les aventures de Lucky Pierre



Robert COOVER

Seuil, Fiction et Cie

Traduction : Bernard Hoepffner

25 €

Dans Les aventures de Lucky Pierre, Robert COOVER pulvérise les règles de la fiction, réfléchit au problème de la réalité et de sa représentation et s’interroge sur le rôle de l’écrivain. Tout cela à travers les tribulations du personnage de Lucky Pierre, icône moustachue aux érections qui feraient pâlir de jalousie le « bandard fou » de Moebius.



Cincity, ville du sexe et des faux-semblants, fête son roi.



Et quoi de plus normal que ce « roi » soit un acteur porno ? Un souverain au sceptre fièrement dressé. Une star à la filmographie hallucinante, un professionnel sérieux et adulé, un homme dont la vie est une phénoménale et incessante partie de jambes en l’air. Lucky Pierre « est la charnalité incarnée […], la consubstantiation des tous les désirs. »



Jusqu’au jour où il ressent le besoin de prendre un peu de recul , ce qui s’avère plus compliqué que prévu.



Il va en vérité prendre conscience qu’il est au coeur d’un vaste ensemble qui le dépasse, prisonnier d’un système dont il est le plus parfait des instruments.



Commence alors une invraisemblable course poursuite à travers les rues glaciales de la ville qui entraîne dans un tourbillon les Extars (groupe de terroristes dénonçant l’injustice du Star système), les Lucky Pierre Sex Maniacs (un fan club de nymphettes), les troupes d’intervention de la Maire (en latex et cuir noir), notre héros et ses amours.



C’est l’hiver et Lucky Pierre court après sa liberté, nu comme un ver, avec pour seul compagnon son pénis malmené. Mais tout cela sous l’œil attentif de la caméra…



Les très cinématographiques « aventures de Lucky Pierre » sont composées de neuf bobines. Chacune de ces bobines/chapitres a pour titre énigmatique le prénom en C d’une femme : avec entre autres, Cléo la réalisatrice prête à tout, Catherine le robot de compagnie, Constance l’Innocence, Clara la doctoresse, Cally l’actrice des débuts qui ne s’exprime que par des répliques de ses films, etc…



Neuf muses. Neuf réalisatrices. Neuf variations autour d’un même thème. Neuf interprétations ou relectures d’une seule et même histoire. Car Lucky Pierre ne s’échappe jamais. Notamment de ses films, qui hantent la ville et les pages : ils sont ce par quoi il se définit et définit son passé et son présent. Il se heurte à sa propre réalité qui n’est qu’un enchevêtrement de séquences. Lucky Pierre n’est qu’un acteur confronté au producteur, il est sans cesse rattrapé, il est celui qu’on dirige, qu’on manipule. Sa fuite elle-même fait partie du scénario. Il n’est roi que devant la caméra.



A la manière de Thomas Pynchon(1) –- Robert COOVER élabore un univers foisonnant, aux multiples pistes et chemins détournés, qui surprend et déroute le lecteur en révèlant une construction narrative accomplie.



Virtuose de la langue, Robert COOVER sait puiser dans une palette stylistique étendue, précise et quasiment poétique, pour décrire cette ville où tout n’est que fantasme, ce monde en éternel mouvement dont les fondements menacent à tout instant de s’effondrer.



A l’image de son écriture, cet univers surréaliste est à la fois hilarant, halluciné, satirique, touchant, ludique.



Mais au delà de cet exercice de style, on devine que l’élément central du livre, c’est la caméra, omniprésente et omnipotente. C’est l’image médiatique et son pouvoir bien sûr, mais c’est surtout le regard, le regard que l’on porte sur l’autre, sur le monde. Nous voilà devant le film de nos propres obsessions, confrontés à l’image de nos envies troubles que l’on refuse d’assumer.



Mais en nous embarquant dans cette histoire érotico-délirante, on devine que l’intrigue n’est qu’un moyen pour Robert COOVER de poser la problématique du réel et du réel fantasmé.



Les aventures de Lucky Pierre sont alors la métaphore de l’acte littéraire en mouvement et de son sens dans un société où domine le divertissement aliénant.



Renaud Junillon



(1) Auquel il emprunte le fameux V pour décrire une braguette ouverte, un sexe de femme ou une enseigne de métro.
Lien : http://www.librairielucioles..
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Gerald reçoit

Gérald et sa femme ont invité des amis. Ce qui n'aurait pu n'être qu'une banale soirée se transforme très vite en une fête délirante où le sexe et la mort mènent la danse. On découvre un cadavre, d'autres suivront, la police enquête, on joue, on boit, on copule, cependant qu'un plombier flegmatique s'emploie à déboucher les cabinets. Un huis-clos effarant, avec des accents de tragédie antique et de film surréaliste, avec du mime, du porno, du carnaval morbide. Le lecteur est entraîné dans ce tourbillon de folie, lequel symbolise l'insane destin de l'humanité contemporaine. Très original.



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Gerald reçoit

Une soirée dans un appartement new-yorkais. Gerald reçoit ses amis. Au fil des pages, des personnages apparaissent, puis disparaissent sans que l'on sache vraiment qui est qui. Un cadavre, des policiers, une enquête... et la soirée qui continue.

Un petit chef-d'oeuvre.
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Ville fantôme

Un homme marche dans le désert américain. Il sort du Canyon et voit au loin une ville. Il cherche à l'approcher. Il se met donc à avancer dans sa direction. Mais plus il avance, et plus elle recule.



Le désert américain est impressionnant. Il est immense, chaud, on s'y sent seul et petit. On ne sait plus ou on est. Les mirages apparaissent, on perd un peu la notion du temps.



Un peu, ou beaucoup ...



Durant son périple, il va croiser toute une tribu de personnages divers et variés, aussi curieux qu'excentriques. Des gentils et des moins gentils. Des femmes très différentes les unes des autres, mais peut-être pas tant que ça ...



Il sera lui-même tour à tour un hors-la-loi et un Shérif, le Shérif de cette ville qu'il voit au loin dans le désert et qui s'éloigne au fur et à mesure qu'il avance.



Tous ces personnages, ces lieux, cette ville qui n'arrive jamais, tout se mélange, et même les mots.



C'est un roman assez complexe. Il ne faut pas perdre le fil, et bien enregistrer les descriptions des personnages, car on retrouvera souvent des points similaires, un accessoire, un détail.



Et toujours cette ville qu'il cherche à attendre, qu'il voit au loin et qu'il ne pourra probablement jamais atteindre ...



Tout cela ne serait qu'un rêve? ... ou le fruit de son imagination ?
Lien : http://messaline.over-blog.n..
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Le bûcher de Times Square

« Le Bûcher de Times Square » est un roman de Robert Coover, traduit par Daniel Mauroc (1980, Seuil, 608 p.) de « The Public Burning » (1977, Viking Press, 544p.). C’est une satire violente des USA pendant le sinistre épisode du maccarthysme et de la guerre froide, avec le procès faussé des époux Rosenberg en 1953. Utile à relire alors que les républicains projettent de réélire un président populiste, avec des condamnations pénales à ses basques.

Robert Cooper, auteur américain né en 1932 dans lowa, il s'inscrit tout d’abord à la « Southern Illinois University » puis « Indiana University » avant de recevoir son avis de conscription et servir dans la Réserve navale américaine pendant la guerre de Corée, d’où il revient lieutenant. Puis mariage avec l’espagnole Maria del Pilar Sans-Mallafré en 1959. Le couple revient aux USA, au « Bard College », New York. Il publie son premier roman « The Origin of the Brunists » (1966). C’est l’histoire d’une fondée, après un accident minier par le seul survivant, un catholique déchu, adonné à des visions mystérieuses. La secte gagne en notoriété internationale et ses membres se rassemblent sur le « Mont de la Rédemption » pour attendre l'apocalypse. Robert Coover met à nu la folie de la frénésie religieuse et la folie des citoyens ordinaires. Il remporte le prix William Faulkner du meilleur premier roman

Parmi l’avant-garde des écrivains postmodernes américains devenus majeurs à la fin des années 1960, Robert Coover est considéré comme un expérimentateur essentiel. Convaincu dès le début de sa carrière que les modes de fiction traditionnels étaient épuisés, il a introduit une variété de techniques narratives inventives, notamment des structures métafictionnelles complexes et des pastiches ludiques de divers genres pour satiriser la société américaine contemporaine, mettant ainsi le rôle essentiel des écrivains. Son travail donne un aperçu de la nature de la création littéraire, des formes narratives et des mythes culturels.



Best-seller controversé à sa sortie en 1977, « The Public Burning » est depuis devenu l'un des romans les plus influents de notre époque. Il est remis au goût du jour par l’actualité récente. Pour cela, l’auteur mêle des personnages et des événements réels, restitués ici avec une minutie étonnante, avec des personnages fictifs. Le sénateur républicain Joseph McCarthy, nouvellement élu, se fait connaitre par un discours sur les « ennemis de l'intérieur » dans lequel il affirme détenir une liste de « membres du Parti communiste et [...] d'un réseau d'espionnage » qui « infestent » le Département d'État des États-Unis et « façonne sa politique ». Cela contribue à créer un climat de paranoïa anticommuniste, et une « Chasse aux Sorcières » (Second Red Scare).

Le roman réinvente les trois jours fatidiques de 1953 qui ont culminé avec l'exécution des prétendus espions atomiques Julius et Ethel Rosenberg. On y voit le vice-président Richard Nixon en mauvais garçon ambitieux du régime d'Eisenhower. C’est le narrateur dominant il y a aussi Ethel Rosenberg, qui joue un rôle essentiel. Mais aussi Nixon Crocker, Joe McCarthy, les Marx Brothers, Walter Winchell en tant que personnages secondaires. On lira avec attention le combat que se livrent les deux chefs de bande, Oncle Sam à la tête des Fils de la Lumière et le Spectre qui conduit les Fils des Ténèbres. C’est sous les traits de Yankee Peddler, l'esprit éternel d'une nation sous contrôle de Dieu, dans le rôle de « Slick Sam », le bonimenteur qui parle vite et qui vend de l'huile de serpent nationaliste à une population consentante.

Le tout est sous la direction du républicain Ike Eisenhower, encore sous l’aura d’avoir gagné la guerre, mais vieillissant tout de même. « Sa maladresse, pensais-je, fait partie de son déguisement, de son armure, d’une sorte de mécanisme d’auto-défense – il semble le plus sincère juste quand il a le moins de sens ». Sous ses ordres, le vice-président Richard Nixon. « Que le meilleur gagne tant que c'est moi… Je voulais que cela se joue avec la rhétorique et l'industrie, mais au fond, je savais que même dans ses aspects les plus insignifiants, la politique flirtait avec le meurtre et le chaos, le vol et le cannibalisme ». On voit que ce ne sont pas les scrupules qui l’étouffent. Avec lui Joseph McCarthy, le sénateur, tout d’abord républicain, qui est passé démocrate pour se faire élire plus vite. « Il défile comme un paon, arborant toutes ses médailles et pointant ses doigts trapus en signe d'indignation devant tout signe de taches roses sur la façade du monument ». Le paon est paré pour l’hiver, ou du moins jusqu’à Thanksgiving, fin novembre. Des histrions, aux commandes d’une puissance qui a, pour l’instant, le quasi-monopole du feu nucléaire. Le reste des administrés ? « Les doux n’ont hérité que de regrets et d’échecs dans ce monde ! ».

Comment diriger les choses ? Du moins du point de vue de Nixon ? « Tout comme une nation n'a ni amis ni ennemis, seulement des intérêts, de même il n'y a pas de loyauté durable en politique, sauf lorsqu'elle est liée à des intérêts personnels ». Ces intérêts personnels sont cependant aussi compliqués que possible, et surtout bien enchevêtrés avec le bien commun. Par contre, ils montrent que « la politique est le seul jeu qui se joue avec du vrai sang ». De Nixon encore : « Voici une vérité politique : la sournoiserie remporte les votes. La malhonnêteté est souvent la meilleure politique ».

Nixon, sa grand-mère lui a inculqué les quatre valeurs : le respect de soi, l’autorégulation, la retenue et la réalisation de soi. Il est néanmoins devenu un animal politique dont la plus grande qualité est sa capacité de travail acharné « le zèle est mon charisme » et un soupçon d’opportunisme et de cynisme. « Une situation moche, mais, comme le dit l’homme, ce sont les conditions qui prévalent ! ». Nixon le savait avec tant d’ambition « n’est-ce pas une sacrée chose que le sort d’un grand pays puisse dépendre des angles de caméra ? » Il a finalement réussi à trouver le bon angle de vue, plus tard, lorsqu'il a déplacé son attention des communistes vers les Noirs en tant que principale menace pour la nation. C’est bien le « Farting Quacker », indéfendablement stupide et flatulent.



On en arrive au procès et aux trois jours qui précèdent l'exécution de Julius et Ethel Rosenberg dans la soirée du vendredi 19 juin 1953. Ils ont été reconnus coupables de complot en vue et d'espionnage, lié à la transmission d'informations sur la bombe atomique à l'URSS. Pour cela, selon les accusateurs, ils n’ont ni directement volé des informations, ni transmis quoique ce soit à un agent soviétique. Au contraire, ils ont tous deux joué un rôle tout à fait insignifiant, comparé à ceux qui ont témoigné pour le peuple. L’idée du gouvernement était que les condamnations à mort imposées à un couple marié avec deux jeunes enfants les forceraient à avouer. Puis à identifier d'autres membres d'un réseau d'espionnage sûrement plus étendu. Leurs culpabilités ont été fabriquées de toutes pièces par deux des autres accusés que sont son frère et sa belle-sœur.

Le seul rôle d'Ethel était d’avoir rédigé des notes d'une réunion censée avoir eu lieu dans leur cuisine. Il a ensuite été prouvé que les preuves selon lesquelles elle avait agi ainsi avaient été montées de toutes pièces par David et Ruth Greenglass, le frère et la belle-sœur. Eux aussi sont accusés et avaient également de jeunes enfants, mais ils ne voulaient pas être exécutés. Bien après, David reconnaitra son mensonge

Historiquement, ils sont jugés coupables en avril 1951 et exécutés en juin 1953 dans la prison de Sing Sing. Dans « The Public Burning », un bûcher est monté à Times Square à New York, conformément au titre du roman. C’est écrit dès les premières pages. L'exécution « symbolise la fusion et l'organisation, la justice et le tempérament ; la ville célèbre cette année le tricentenaire de sa propre fondation sous le nom de New Amsterdam, son axe, la Times Tower, fête son jubilé d'argent, et la Statue de la Liberté - Notre-Dame du Port, Refuge des Indigents, Arche d'Alliance, Regina Coeli, Mère Pleine de Bonté, Étoile de la Mer et Joyau de l'Océan, a soixante-neuf ans ; Times Square lui-même est un lieu saint américain longtemps associé aux festivals et à la renaissance ; et le printemps est toujours dans l'air ». Tout ce qu’il faut, façon des dépliants touristiques autant à destination des touristes étrangers que des américains moyens ». Au passage, un gros clin d’œil à la religion « Les voleurs de lumière doivent être brûlés par la lumière - avec la chaise électrique, car il est écrit que « tout homme qui est dominé par des esprits démoniaques au point de donner voix à l'apostasie doit être soumis au jugement des sorciers et des magiciens » ».

Roman qui se termine par deux scènes irracontables. L’une est un ultime effort de Nixon d’obtenir les aveux d’Ethel, qu’il va voir dans sa cellule « Elle a essayé de crier, mais j'ai étouffé sa bouche avec la mienne, gardant un œil sur la porte au fond. Elle s'est tordue sous mon emprise, s'est battue, m'a frappé avec ses poings, mais j'ai tenu bon. Dans un accès de faiblesse, je me suis senti coupable de l'avoir maîtrisée ainsi, j'ai même commencé à la relâcher et à m'excuser – mais non, bon sang, ça avait été mon problème toute ma vie, je ne savais pas ce que je faisais mais je le savais ». Il en aurait presque des remords. Le brave homme. Mais ils passent vite. « Je sais que j'en avais fini d'être poli, j'en avais fini d'être M. Nice Guy, j'en avais fini d'essayer de déjouer les femmes, ou les hommes non plus, y compris l'Oncle Sam, au diable le respect et la considération, je savais mieux. Si j'avais appris quelque chose de sept années de politique, c'est qu'on n'obtient rien en traitant poliment par faiblesse ! Les doux n’ont hérité que de regrets et d’échecs dans le monde ! ». D’ailleurs elle sur le bûcher ne lui donnera pas ces mêmes sensations. « Son corps, grésillant et éclatant comme des pétards, s'illumine avec la force du courant, projetant un rayonnement vacillant sur tous ceux qui l'entourent, et ainsi elle brûle - et brûle - et brûle - comme si elle était maintenue en l'air par sa propre volonté incandescente et auréolée ».

La seconde scène se passe entre, d’un côté, l’Oncle Sam, sans son pantalon à étoiles et rayures, et de l’autre, Richard Nixon, alors vice-président (et non président des vices). Cette scène li donne ainsi l'imprimatur pour un futur succès politique.



Le roman se compose de deux fils conducteurs, alternés et entrelacés. Dans les chapitres pairs, Coover utilise un narrateur omniscient à la troisième personne. Par opposition, les chapitres impairs sont ostensiblement racontés par le vice-président Richard Nixon. Non pas que ce dernier soit omniscient, ou son contraire, idiot. Non il est ambitieux.

Un de mes premiers livres de la littérature nouvelle américaine. A relire et à méditer au moment où les politiques populistes reprennent du poil de la bête. Il n’est pas anodin que certains parlent de « chasse aux sorcières », sachant ce que cela peut recouvrir.

Reste l’écrivain. Formant l’avant-garde des écrivains postmodernes américains devenus majeurs à la fin des années 1960. Il est reconnu comme un expérimentateur essentiel dont le travail stimulant continue de donner un aperçu de la nature de la création littéraire, des formes narratives et des mythes culturels. Il est convaincu dès le début de sa carrière que les modes de fiction traditionnels étaient épuisés. Il va donc être le pionnier d'une variété de techniques narratives inventives, notamment des structures métafictionnelles complexes et des pastiches ludiques de divers genres pour satiriser la société américaine contemporaine et le rôle de l'écrivain. Ce n’est pas pour rien qu’on le place à l’égal des Thomas Pynchon, William H Gass ou William Gaddis.





Il est très surprenant que ce livre n’ait pas eu plus de succès en France, tout comme sa renommée a fortement augmentée après les années Trump. A lire les critiques américaines, il y a deux phases. Dans la première, à la sortie du livre et dans le début des années 80, clairement, il y a ceux qui dénoncent la satire. Ceux qui n’y voient que cela pratiquement. Les passages plus osés sont considérés comme de la pornographie, sans plus de commentaires.

Les critiques changent vers 2018. La demande est alors que Robert Coover fasse une suite réactualisée. Il faut dire que son premier roman « The Origin of the Brunists » date de 1966, Coover avait alors 34 ans. Il a depuis publié une suite de près de 1000 pages « The Brunist Day of Wrath » Le Jour de la Colère Bruniste) (2005, Dzanc, 1005 p.). On se dit qu’il n’est pas trop vieux pour faire une suite à « The Public Burning ». Trois générations sont passées, mais les problèmes restent entiers, gouvernés par la religion. « La simple vérité est que la vie est pour la plupart de la merde, qu’elle est très courte et qu’elle se termine mal. Peu de gens peuvent vivre avec ça, alors ils adhèrent à un environnement plus heureux ailleurs, un autre monde où la vie est ce que vous voulez qu'elle soit, où rien ne fait mal et où vous ne mourez pas. C'est la religion. C’est le cas depuis son invention. Totalement fou, mais totalement humain ». Par conséquent, toute religion n’est qu’un fantasme mais ce fantasme tend à se transformer en un dogme dominateur contrôlant la conscience. « Bienheureux les fantasmes car ils ne seront pas consternés par l’oubli ! Mais damnés soient ceux qui projettent leurs folles fantaisies sur les autres ! ».



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