.la Krempengrasse, comme des centaines d'autres artères berlinoises, avait sombré dans les entrailles de la terre sans laisser la moindre trace de naufrage à la surface. Cette impossibilité dans laquelle il se trouvait de situer avec exactitude l'emplacement de la Krempengrasse tourmentait certes l'ancien S.S, mais ce qui l'accablait plus encore, c'était la rupture brutale des liens qui l'attachaient à son passé, ces liens qui, enterrés avec la Krempengrasse, ne pouvaient plus souder ses souvenirs à sa nouvelle condition.En détruisant la Krempengrasse, les bombardiers avaient supprimé le cadre de sa jeunesse et une désagréable sensation de vide, de solitude, lui était soudain révélée. Quelque chose de terrible venait de l'atteindre et il aurait voulu pouvoir se boucher les oreilles pour ne plus entendre cette voix qui ne cessait de lui crier : " Hier, tu n'existais pas , puisque tu n'as plus rien pour le prouver ! C'était insoutenable et c'était pourtant la vérité. Il n'avait plus d'enfance, puisque le cadre avait disparu. Il lui était impossible de montrer du doigt un banc, un trottoir, une maison ou un vieil arbre et de dire : - Sur ce banc, j'ai rêvé; sur ce trottoir, j'ai marché; dans cette maison, j'ai aimé; à l'ombre du vieil arbre, je me suis reposé. Le creuset de sa vie d'homme n'était plus que poussière. Il s'agissait d'une nouvelle défaite plus cruelle que les précédentes.
la défense nationale,c'est
en somme une assurance
contre la guerre, dira le
député de Chalon sur Saône j m thomas. mais quand l,assurance coûte
trop cher,il vaut mieux ne pas s,assurer car c'est la
ruine de la maison.