Blanc d’os est un roman aux frontières du thriller et du fantastique. L’action se déroule, pour l’essentiel, dans une petite bourgade minière de l’Alaska, à une heure et demie de route de Fairbanks, dans les White Mountains : Dread’s Hand. Cette petite ville, dont le nom indique d’amblée l’ambiance : La main d’effroi, n’existe pas et sort de l’imagination de Ronald Malfi, même s’il est aisé de la situer géographiquement. Outre le nom, le décor lugubre est rapidement posé : une ville en cours d’abandon, avec tout de même une épicerie, un hôtel et un bar-restaurant. Les habitants ne sont guère accueillants et semblent cacher un lourd secret qu’il vaut mieux fuir et les étrangers ne sont pas les bienvenus.
Un individu, sorte d’homme des bois, se constitue prisonnier et s’accuse de l’assassinat de huit personnes. Des blancs d’os, ces personnes, dont le démon s’est emparé et qui ont le teint livide, blanc comme un os. Alors que les forces de police découvrent, les huit corps décapités, enterrés dans les bois, l’affaire, qui fait la une des journaux télévisés, ravive chez Paul Gallo, un professeur d’université, le souvenir de son frère jumeau. Ce dernier, Danny, a disparu depuis un an. Sa dernière trace de vie, un selfie, a été envoyé depuis Dread’s Hand. Et si ce frère figurait parmi les victimes du meurtrier en série ? Paul se rend sur place et se met en quête de ce jumeau, cet autre lui-même, qu’il ressent, à distance, jusque dans sa chair.
Ce roman est surtout remarquable par l’atmosphère de l’étrange et du doute, qu’installe l’auteur.
Etrange : des enfants aux curieux masques en peau d’animal, des ombres furtives et sombres qu’on croit distinguer, des lumières qui s’éteignent d’elles-mêmes, des relations très fortes entre les frères-jumeaux, quasi paranormales.
Doute : l’homme qui s’accuse des meurtres est-il vraiment coupable ? Danny est-il encore vivant ? Les habitants de Dread’s Hand sont-ils des complices ? Les hallucinations, dont Paul est victime, ont-elles une explication rationnelle ou le professeur sombre-t-il dans la folie ?
Alternant les épisodes tragiques de Dread’s Hand (les enquêtes policières, puis la quête du frère) et les retours en arrière sur l’enfance des jumeaux, Ronald Malfi nous conduit, pas à pas, vers le dénouement final. On ne peut pas dire qu’il est spectaculaire, mais au moins est-il inattendu. Les dernières pages amènent encore à s’interroger sur l’aspect fantastique de l’histoire : assiste-t-on à des phénomènes irrationnels ou est-ce le fruit d’imaginations en proie au désordre mental et à la superstition ?
Lien :
http://www.polardesglaces.com/