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Critiques de Rudy Ricciotti (10)
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Architecture et construction des savoirs

Je devrais remercier Babelio et les éditions Recherches pour m’avoir confié cet ouvrage mais, vu la niche ultra spécialisée de ce livre, devrais-je le faire. Bon, c’est une lecture ardue, qui concerne surtout une profession qui est le métier d’architecte, que je ne suis pas ! Mais, sans en être, je suis concepteur d’ouvrages métalliques en tant qu’artisan et aussi un spécialiste du patrimoine en fer forgé. A ce titre, sans vouloir me prendre au sérieux, je donne aussi des formations au Centre de Perfectionnement Aux Métiers du Patrimoine de la Région Wallonne (Belgique) et aussi pour l’UNESCO, notamment à Cuba, dans la Vielle Havane, à Saint-Louis du Sénégal, sur l’île de Gorée, en Palestine, au Congo (Kinshasa), Burundi, Bénin…). Je suis également membre d’ICOMOS, organisation internationale qui s’appuie sur d’éminents spécialistes et qui gère, fait et défait le patrimoine mondial classé par l’UNESCO. Pour la petite histoire, en tant qu’artisan ferronnier d’art, je donne aussi des formations pour les universités francophones de Belgique aux étudiants qui sont déjà diplômés, soit en architecture, soit en ingénierie, soit en histoire de l’art ou bien encore en archéologie et qui font un master complémentaire en patrimoine. Je collabore aussi avec beaucoup d’architectes pour des études préalables ou pour des détails d’architecture dont je suis spécialisé, comme les escaliers, les rampes, les balcons,… enfin, tout ce qui ce fait en acier ou en fer et fonte. Donc oui, je suis concerné par cette ouvrage. Je ne m’attendais tout de même pas à un ouvrage pointu sur la réflexion, faut-il que le métier d’architecte devienne scientifique car il est, à sa façon, l’avenir de l’homme et de la planète. Il est vrai que le monde change, que nous sommes peut-être à la frontière d’une catastrophe mondiale et écologique. Le métier d’architecte entre dans les sept grands arts. Il a jalonné l’histoire de l’humanité en nous laissant des chefs-d’œuvre. Certains sont devenus des légendes, comme les sept merveilles du monde dont il ne reste plus que les pyramides mais il y a encore tellement d’autres témoins architecturaux. De nos our, l’architecture contemporaine ne crée que le patrimoine de demain. Mais de plus en plus, l’architecture doit se nourrir de nouveaux impératifs. La durabilité, le recyclage, l’énergie et l’impact sur l’environnement, la convivialité, la fusion des générations, un urbanisme conviviale, qui évite la formation de ghetto, l’intégration des migrants et des populations autochtones. Devant la crise climatique, l faut s’attendre à des migrations massives car un tiers de la population mondiale vit en bord de mer. L’architecte, juste artiste, est-il capable de faire face à tous ces défis s’il ne devient pas scientifique ? La science et l’art font-ils bon ménage ? Les deux s’opposent et pourtant se nourrissent d’inspiration. Alors, faut-il créer un doctorat en architecture ? C’est les questions posés à des architectes de renom et leur profondes réflexions sur ce sujet dont est issu cet ouvrage. Synthèse entre je suis d’accord et pas d’accord. Le métier d’architecte à évolué. La plus part d’entre les architectes, quand ils commencent leurs études, rêvent de créer des chefs-d’œuvre. Mais la plupart se retrouvent à dessiner des boîtes (qu’athée murs et u toit) pour octroyer des permis de bâtir. Ca doit être frustrant. En Belgique, il y a des collaborations efficaces entre les architectes, les gens de métiers, comme moi, artisan, les ingénieurs. En France, je ne sais pas vraiment comment les chaises se passent. Mais parlons-nous de constructions individuelles ou d’urbanisme ? La est la question. Oui, l’architecture est u métier au riche patrimoine mais qui reste aussi un métier évolutif, d’avenir qui crée le bien-être de l’humanité. Personnellement , même après avoir lu ce livre, je pense que l’architecte doit avant tout rester un artiste, qu’il reste un généraliste de l’urbanisation, de la construction mais que pour nourrir son talent et arriver à créer des chefs-d’œuvre, qu’il doit trouver les bons collaborateurs et les compétences qui lui permettrons d’atteindre ses objectifs et améliorer le devenir de l’humanité. Bref, de toutes les réflexions qui jaillissent de ce livre, je pense que les architectes ne doivent pas devenir des Docs-tueurs et des scientifiques mais qu’il faut absolument qu’ils aient le pouvoir de créer des synergies entre toutes les compétences disponibles.



En bref, l’ouvrage est intéressant seulement pour ceux qui s’intéressent à ce sujet. Ce n’est pas une lecture plaisir mais une réflexion intéressante pour l’avenir d’une proffession qui reste et restera toujours un métier prestigieux.

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Dossier de l'art, n°229 : Le Corbusier et l..

Un magazine d'une grande richesse iconographique qui permet de survoler l'évolution d'au moins une facette du problème de l'architecture moderne en présentant quelques unes de ses icônes incontournables : ne pas parler des grands projets d'aménagement civils et des grands travaux liés aux structures ferroviaires me semble éviter une dimension non négligeable de l'histoire. Malgré tout, il n'en demeure pas moins une sorte de dictionnaire minimal où l'on peut trouver facilement des références en matière d'histoire de l'architecture et du design contemporain.



A mon goût, si tout cela permet d'entrer plus facilement dans l'hommage qui est rendu en ce moment à Le Corbusier à l'occasion du cinquantième anniversaire de sa mort (pas du trentième comme cela est noté dans le premier article), il manque toutefois un contre-poids : une description de l'état des lieux qui donne une idée claire et nette de ce qu'était le monde avant ce type d'architecture. Je crois qu'il faut avoir vécu dans un bâtiment conçu et construit au XIXeme siècle pour bien ressentir la différence. J'ai passé une partie de mon adolescence dans une cave en demi-sous-sol éclairées par une misérable meurtrière verticale qui laissait tout juste passer quelques pauvres rayons d'un soleil méridional qui avaient déjà beaucoup de mal à percer au travers de la cour intérieure autour de laquelle étaient serrées des salles de classe pour accueillir les secondes au Lycée Thiers, célèbre établissement scolaire du centre ville Marseillais (tout le monde à lu Pagnol, lui aussi en parle). Ces lieux étroits s'ouvraient derrière des murs d'un mètre cinquante d'épaisseur ce qui réduisait d'autant, jusqu'à l'étouffement, l'espace dans lequel vivaient les élèves toute la journée exception faite des cours de sciences et d'arts - salles qui n'étaient pas beaucoup plus vastes mais peut-être légèrement mieux éclairées, pour la partie artistique, avec deux fenêtres, tout en hauteur aussi, au lieu d'une. Je ne dis rien des ruelles sombres, bordées d'hôtels borgnes par lesquelles il fallait passer pour atteindre ces "petites classes" ni du portail blindé en métal qui donnait l'impression que l'on entrait dans une prison de haute-sécurité. Entrée beaucoup moins accueillante que celle des grandes écoles (HEC, Matsup, les cagnes, autre versant du lycée) qui jouxtait l'école des beaux-arts et donnait sur une enfilade impressionnante de bouquinistes qui bordaient le cours Julien, en descendant, jusqu'à la Canebière. Que dire sur le réfectoire en second sous-sol ? On avait l'impression en sortant de notre cave humide, étroite et mal éclairée, pour descendre dans une autre encore plus basse, de passer du statut de cafards ou de rats à celui de taupes. En comparaison, le lycée Saint-Exupéry - alias Lycée Nord - construit dans la seconde moitié du XXeme siècle avec une application non systématique mais efficace des cinq points de l'architecture de style international prônés par Le Corbusier que l'on pourrait résumer à l'utilisation de la dalle de béton posée sur pilotis qui libère les murs de leur fonction de portance des étages supérieurs et permet de donner de la transparence, de la légèreté et de la lumière au bâti tout en maximisant les espaces habitables qui ne sont plus dévorés par l'épaisseur des murs, c'est le jour opposé à la nuit ; le paradis opposé à l'enfer, ou du moins le purgatoire. De plus, cette cathédrale de béton était - est toujours, il me semble - construite à flan de coteau et orientée vers le golfe de l'Estaque. Ainsi, en se mettant sur le bout des pieds, au travers des fenêtres en bandeau qui couraient tout le long du bâtiment, on pouvait entrevoir non seulement la mer mais aussi le décor qui avait inspiré le cubisme à Picasso au début du siècle. Et le cadre de vie ? On était loin du théâtre du Gymnase, certes, mais on avait à disposition pendant les récréations des jardins gigantesques descendant en étages, à la manière des parcs baroques italiens, vers les plateaux de sport, avec grotte, plan d'eau et cascades qui donnaient l'impression d'être des aristocrates de la seconde renaissance.



Pour revenir au dossier, j'apprécie la distance, et surtout la discrétion, avec lesquelles a été traité le scandale des penchants bruns de Le Corbusier. Où se trouve la pertinence de faire aujourd'hui un procès à ce type d'architecture en ressortant des amitiés mal orientées de la part d'un de ses promoteurs ? Pour se rendre compte du peu d'intérêt de cette démarche, je ne propose pas de remettre le personnage dans son époque (la montée des fascismes est générale en Europe entre 1920 et 1940, comment pouvait-on seulement éviter de fréquenter quelqu'un qui en faisait partie à ce moment-là ?) mais de comparer l'œuvre à celle des principaux architectes de ces régimes. Alors oui, il faut bien reconnaître qu'il y a une certaine ressemblance avec l'architecture italienne de l'époque. Encore faut-il replacer les choses dans leur développement chronologique et déterminer qui a copié quoi. L'architecture moderniste n'est pas inspirée par un choix politique. Ce n'est pas un projet de société mais plutôt une adaptation au développement technologique et industriel de la société. Est-ce qu'il faut se dire que tout ce qui s'est construit dans les villes modernes du siècle dernier est inspiré par une esthétique fasciste ? Faut-il tout détruire, tout casser parce qu'un ou deux journaleux en mal de publicité ont ressorti quelques faits mal odorants ? Et quels faits : on l'accuse d'avoir été d'extrême droite au début des années 20 et une taupe bolchévique à la fin - on croit rêver ! Si on doit vraiment faire une analyse plastique des œuvres, on s'aperçoit clairement que les architectes qui transigent et font des aménagements avec une esthétique passéiste, sont du coté des chemises brunes. On sent chez eux encore une certaine tendance à "habiller" l'architecture. A mon avis, rien ne justifie la superposition des idées. "Ville Nouvelle" et "Esprit Nouveau" n'ont rien à voir avec "ordre nouveau" qui n'a de nouveau que le nom. Par ailleurs, si on porte le regard sur l'architecture nazis, si on s'intéresse un instant aux idées d'Albert Speer - architecte officiel du régime - qui prévoyait au travers de ses projets à l'échelle nationale des ruines pour mille ans, on est bien loin des propos que l'on trouve dans la revue l'Esprit Nouveau où c'est clairement l'habitat individuel - la maison - qui est visé pour un accomplissement personnel et pas du tout la gloire de l'état dans des constructions colossales. Si on va plus loin encore, les goûts esthétiques d'un Adolf Hitler étaient diamétralement à l'opposé de tout ce qui animait Le Corbusier. Que l'on songe un peu : le premier voyait dans Paris la plus belle des villes du monde et le second un espace tout juste bon à être rasé pour construire des cités sur pilotis pour faciliter la circulation des citoyens et de leurs véhicules. Hitler avait beaucoup d'admiration pour l'opéra Garnier qui est à l'opposé de tout ce que peut être le modernisme et le fonctionnalisme en architecture, autrement dit une architecture du décor, un habillage et une tromperie architecturale. Enfin, n'oublions pas que le Bauhaus qui a développé des idées proches de celles de Le Corbusier pour la construction d'une maison où la place serait faite principalement à la lumière, à l'air, à l'ouverture, cet institut est fermé par les nazis en 1933. Joseph Goebbels déclarait en 1935 : « J'ai trouvé dans le Bauhaus l'expression la plus parfaite d'un art dégénéré ».



Il n'en demeure pas moins qu'habiter la modernité pose un problème et on peut se demander comment les idées qui sous-tendent si généreusement l'architecture moderniste ont pu être pénalisées, abâtardies, détournées et tordues au point de rendre aussi invivables les grands ensembles construits pour reloger les sinistrés de la seconde guerre mondiale - puis la vague de rapatriés d'Algérie dans les années 1960 et celle des émigrés à la fin des années 60 début des années 70. Raison pour laquelle je vais maintenant me plonger dans les actes du colloque éponyme : "Habiter la modernité" (et peut-être creuser encore un peu les écrits de Le Corbusier en continuant la lecture de Vers une Architecture).

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Dossier de l'art, n°229 : Le Corbusier et l..

Un Dossier de l'Art, qui fait bien sûr écho à l'exposition "Le Corbusier Mesures de l'homme" au Centre Pompidou (pour le cinquantenaire de sa mort), et prend le parti de présenter l'architecte sous la bannière du modernisme dont il fut l'une des figures dans l'entre-deux guerres ; ce numéro s'attarde judicieusement sur quelques-unes parmi les plus belles réalisations liées à ce courant, de l'Europe aux Etats-Unis, comme ces villas luxueuses des années vingt et trente, où furent parfois tournés des films, que la photographie met somptueusement en valeur. Villa Noailles, Villa Paul Poiret, Villa Savoye ou Villa Cavrois, pour n'en citer que quelques-unes en France, ou encore l'incroyable maison sur la cascade de Frank Lloyd Wright en Pennsylvanie, la villa Mairea en Finlande d'Alvar Aalto. Un patrimoine parfois abandonné, mal aimé et qui fait maintenant l'objet de toutes les attentions, comme en témoigne la restauration récente et spectaculaire de la villa Cavrois près de Roubaix. L'article consacré à son créateur, Mallet-Stevens (1886-1945), et à la renaissance de la villa donne vraiment envie d'aller la visiter. L'architecture privée fut un terrain d'expérimentation remarquable pour Le Corbusier (1887-1965) aussi, dont la villa Savoye (1928-1931) à Poissy peut être regardée comme le manifeste d'un modernisme international. Sauvée de la destruction en 1958, elle est classée monument historique en 1962, grâce à l'intervention d'André Malraux.



L'entretien accordé par l'un des commissaires de l'expo , Frédéric Migayrou, à Armelle Fayol du magazine, retient l'attention et apporte quelques éclaircissements sur les objectifs de l'exposition : montrer que les sources artistiques, intellectuelles ou scientifiques de la pensée de Le Corbusier, nourrissant sa vision du corps humain, offrent la possibilité d'une (re)lecture de son oeuvre qui ne soit pas essentiellement métrique et rationaliste. Sa peinture est largement associée à cette nouvelle approche où la perception tient une place importante. Si le contexte politique de la création n'est pas évoqué, reproche essentiel adressé au Centre Beaubourg au moment où paraissent trois livres mettant en cause les affinités fascistes de Le Corbusier, l'expo que j'ai vue ne m'en paraît pas moins très convaincante. Elle contribue efficacement à mieux faire connaître l'oeuvre et ses sources, conditions préliminaires indispensables pour l'évaluer d'un oeil nouveau, prendre de la distance et rester critique à son égard, et plus fondamental, elle interroge directement sur la place tenue par l'idéologie dans le processus créateur de l'artiste, d'une manière générale.



L'origine du modernisme est à rechercher en Allemagne (Werkfund), né en 1907 du rapprochement entre des artistes, des architectes et des industriels auxquels Le Corbusier s'est joint. Le pragmatisme des débuts se cristallise ensuite autour de l'idée de "l'homme nouveau", après la première guerre mondiale, que l'enseignement du Bauhaus, créé à Weimar en 1919, relaie dans toute l'Europe, grâce à la diffusion de nombreuses revues qui voient le jour un peu partout. Une vision neuve et fonctionnelle de l'habitat s'impose où tous les arts sont sollicités. Bâtir une architecture de l'avenir intégrée à un rêve social qui soit en rapport avec l'homme nouveau, dans un nouveau style de vie, tel est plus ou moins le credo. L'historienne de l'art Fabienne Chevallier ("Le modernisme en neuf architectures phares") revient sur les enjeux qui soutendent les logiques du modernisme : technologiques, artistiques et sociaux. Ayant travaillé quelques mois dans le cabinet berlinois de Peter Behrens aux côtés de Walter Gropius et de Mies van der Rohe, Le Corbusier, sensibilisé au contexte culturel allemand, s'installe en France (1917), fonde la revue "Esprit nouveau" en 1920, construit le pavillon de l'Esprit nouveau en 1925, l'une des icône du modernisme. Neuf réalisations très emblématiques du modernisme, en Europe et aux Etats-Unis sont soumises au lecteur et complètent utilement un dossier dejà riche en textes et en images.



Le Corbusier naturalisé français en 1930 se présentait comme "homme de lettres" ; des écrits, il en a produit beaucoup, sur bien des sujets, (une quarantaine d'ouvrages et des centaines d'articles). Souvent assez dogmatiques ou plus lapidaires. Son manifeste "Cinq points pour une architecture nouvelle" (1927) a fait de lui une vedette internationale mais ne saurait résumer son programme. Le Corbusier a surtout pris la mesure des changements induits par le développement des transports et la part prise par la vitesse dans une révolution des habitudes et des moeurs. Théoricien mais expérimentateur, il a pu en traduire les répercussions immédiates dans des formes architecturales adaptables partout sur la planète. C'est l'un des nombreux paradoxes de ce créateur, aussi fascinant que dérangeant, qui peignait chaque jour, sculptait aussi, mais qui n'a en somme que peu construit : un peu plus de soixante dix oeuvres au total, comme le souligne finement Gilles Ragot de l'Université Bordeaux Montaigne ("L'oeuvre universaliste de Le Corbusier"). Vision planétaire et sociale de l'architecture, dont Gilles Ragot pointe bien toutes les contradictions en germe et qui n'a pas fini de produire du discours et autant de débats ; son travail s'amorce dans les lignes pures de la splendide villa Savoye (1928-1931), se décline ensuite à Chandigarh en Inde (1955), ou dans l'unité d'habitation de la Cité radieuse de Marseille (1945-1952), comme dans la courbe du voile de béton de la chapelle Notre-Dame-du-haut de Ronchamp (1950-1955) ; autant de créations dont l'architecture post-moderniste utilise encore souvent le vocabulaire.



"Le Corbusier peintre" est évoqué par l'historienne de l'art Cécilia Braschi : c'est l'une des découverte que l'on peut faire de l'artiste polymorphe dont on connaît beaucoup moins ou peut-être pas du tout l'oeuvre peint ou l'oeuvre sculpté, et cependant à l'origine du purisme en 1918, avec Amédée Osenfant. Cycle pictural orienté autour d'une recherche formelle d'ordre et de rigueur qui se manifeste dans la production de nombreuses natures-mortes composées d'objets manufacturés jusqu'en 1925, auxquelles viennent s'adjoindre ensuite des figures féminines et l'introduction d' "objets à réaction poétique", jusqu'à des formes dites "acoustiques", développées en série, plus tard. Sa collaboration très réussie avec l'ébéniste Joseph Savina s'inscrit dans l'idée d'une synthèse des arts. Ce versant de sa création est parfaitement montré, dans son rapport entretenu avec le travail d'architecte, dans trois des douze salles que permet le parcours de l'exposition du Centre Pompidou et que Dossier de l'art restitue pour partie. Le modernisme affecte aussi les arts décoratifs, ce que ce dossier n'oublie pas, en présentant quelques créations issues du cabinet que Le Corbusier, associé à son cousin Pierre Jeanneret, avait créé en 1922 ; de leur fructueuse collaboration avec Charlotte Perriand ou Jean Prouvé ; les créations de Mallet-Stevens, Eero Saarinen ou Charles Eames réjouiront les amateurs de design ("Le mobilier moderniste").



Lecture que je conseillerais absolument à tous ceux qui s'intéressent à l'architecture ; pas forcément indissociable de l'exposition. Le contexte moderniste valorisé par l'image et les textes très nuancés permettent d'élargir l'angle de vue plus strictement corbuséen retenu par l'exposition qu'on peut encore voir jusqu'au 3 août.
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HQE les renards du temple

Un pamphlet contre le HQE et ses dictats et le bien penser ambiant.

C'est plein d'humour, bien écrit, enfin style oral à la Ricciotti quoi!

Et je suis assez d'accord avec ce qu'il nous dit.
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L'architecture est un sport de combat

Un dandy, électron libre, un poil anar', une gouaille à l'image du personnage : ne mâche pas ses mots, un homme entier et passionné à qui l'on ne peut coller d'étiquette (et c'est tant-mieux), le mordant de ses mots, son éloquence accrochent le lecteur, ses convictions et la teneur de ses propos font mouche à tous les coups.
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L'exil de la beauté

Un manifeste percutant, provocateur sur un constat important: nous avons de plus en plus de mal à trouver de la beauté dans les choses.



Pour l’auteur et architecte Rudy Ricciotti, « la beauté ne s’exile pas volontairement. Son départ est conditionné par une fatigue généralisée des curiosités. Invisible à force d’être ignorée, nos comportements là chassent. Et nous seuls portons la responsabilité de sa disparition. »
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Architecture et construction des savoirs

N'étant pas du métier, j'ai tenté de lire cet ouvrage très spécialisé, mais ayant peur de ne pas être la meilleure lectrice (je ne pense pas être dans la cible) j'ai demandé à ma fille étudiante en dernière année d'architecture, de me seconder dans l'analyse. Voilà donc son retour:

"D'abord, l''ouvrage permet de comprendre, à travers la plupart des entretiens, de situer l'importance de la recherche architecturale dans un contexte de réforme de l'enseignement de l'architecture en France. Par ailleurs, la richesse des entretiens présentés apporte des clefs explicitement décrites, reposant sur des expériences concrètes des praticiens interrogés, pour aider ceux qui choisiraient de se former à la recherche à se positionner et définir finalement quel architecte chercheur ils pourraient devenir. Sont également posées des questions de production de connaissance collective, de partage, de communication et de conservation de celle-ci, qui nous prouvent qu'un.e chercheur.se mène sa recherche non seulement pour sa formation personnelle, mais surtout pour l'inscrire dans une communauté de recherche ou la connaissance produite peut être consultable et poursuivie par tous.

J'ai apprécié de lire en chaque fin d'entretien une double page dédiée à une présentation plus précise de chaque intervenant, par des éléments de biographie, les réalisations principales et les travaux de recherches de chacun qui apportent des références complémentaires aux entretiens. Un focus sur les ouvrages qui ont pu influencer ces architectes est aussi un point positif qui pourrait avoir pour effet de nourrir de futurs chercheurs/euses.

En revanche je déplore le manque d'une conclusion générale en fin d'ouvrage qui aurait pu reprendre les questions initialement posées en introduction et apporter des enseignements possibles à tirer des connaissances recueillies à travers les quatorze échanges effectués."

Merci à Babelio et aux Editions recherches
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L'architecture est un sport de combat

Quelle verve ! Certes il ne mâche pas ses mots et égratigne tous ceux qui le méritent, mais il valorise et magnifie aussi le savoir-faire des artisans, le talent des charpentiers et des maçons, la beauté des matières, le génie des matériaux locaux. Les pages sur le béton sont de la poésie pure. Jamais plus je n'aurai le même regard sur le béton !

Prose vibrante, lecture décoiffante et salutaire.

Ah quel bonhomme !
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L'architecture est un sport de combat

Après la visite du MuCEM (Musée des Civilisations de l'Europe et de la Méditerranée ) jeudi dernier à Marseille, j'ai eu envie de connaître un peu plus l'architecte de ce superbe musée.

Avec un franc parlé incontestable, Rudy Ricciotti aborde la question de l'architecture dans la ville.

Pas question d'être un mouton, "l'uniformisation colonise les habitudes et abrutit les cervelles."

Au travers des exemples de ses dernières réalisations, l'homme dévoile son combat pour l'étude et la profession qui l'anime depuis son plus jeune âge.



Un essai très intéressant et très réussi.
Lien : http://bibliobleu.blogspot.fr/
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L'architecture est un sport de combat

Une nouvelle fois, Rudy Ricciotti ne mâche pas ses mots.

Avec une verve et un talent fou, il dézingue le système, bouscule les codes et met allègrement les pieds dans le plat.

Bref, c'est bel et bien un orchidoclaste.
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